Tome 2 - Chapitre 03 - partie I


ORPHÉLIA

Jeudi 28 juillet

≈ ≈ ≈ ≈

C'est quand...

Nous nous rendons chez le psychiatre.

Celui qui suit de près Tristan et pas l'espèce de rigolo, que j'ai eu au téléphone et qui ne connaissait même pas Tristan. Je me rends chez lui afin de le convaincre de me laisser le voir malgré le règlement.

Je me pointe directement, sans rendez-vous, mais avec conviction et certitude. Il va sans doute m'envoyer bouler comme l'autre ce matin, mais j'espère qu'il n'est pas aussi strict et borné, et qu'il m'écoutera et surtout qu'il approuvera ma demande.

Par contre, je me dis que s'il est rigide avec Tristan, le courant ne doit pas du tout passer. Il a horreur des psys. Donc si en plus, il applique une psychologie comportementale conventionnelle avec des règles inflexibles. Il va se braquer, ne parlera pas, et il ne fera pas de progrès dans son analyse...

- Allô la lune, ici la terre !

- Oui Lina, excuse-moi j'étais en train de réfléchir.

- Ben il serait temps que tu réfléchisses à comment tu vas aborder ce psy.

Je sais que j'aurais dû y réfléchir un peu plus. Me pointer comme ça est impoli et insensé. Mais j'ai tellement besoin de lui, que j'ai réagi à l'instinct. Je me suis laissée emporter et j'ai peur d'être déçue maintenant.

Et si Lina avait raison ?

La crainte d'avoir fait une connerie me gagne et je l'apostrophe soudainement :

- Oh ça va ! Tu ne vas pas me faire la morale. Si ?

- Non mais tu t'entends, Elya ? me reprend-elle en colère.

Elle a raison en plus. Je ne me reconnais pas. J'ai l'impression de ne plus rien gérer. De perdre pied...

- Désolée.

- Arrête de t'excuser ou d'être désolée et parle-moi plus tôt.

- Tu veux que je te parle de quoi ?

- De la pluie et du beau temps, tiens ! Merde Elya, on est amies non ?

- Bien sûr qu'on est amies, mais...

- Il n'y a pas de mais qui tiennent, tu crois que je ne te vois pas dépérir aux fils des jours ? Tu crois que je ne peux pas comprendre que tu sois mal parce que Tristan est en cure ?

- Si, réponds-je confuse.

- Alors on est coincée dans cette voiture pour encore - elle jette un regard au GPS - dix-sept minutes et je compte bien que tu me parles. Là tu ne vas pas pouvoir te défiler et partir faire autre chose pour changer de sujet.

Je la regarde en fronçant les sourcils, je n'aime pas que l'on me mette la pression comme elle est en train de le faire. J'allume la radio et monte le son, assez pour ne plus l'entendre.

Et bien sûr, il fallait que je tombe sur cette chanson, cette balade qui me donne envie de pleurer à chaque fois que je l'entends.

Parce qu'elle parle un peu de nous, de notre histoire, de notre amour...

≈ ≈ ≈ ≈

https://youtu.be/1UQzJfsT2eo

Perfect de Ed Sheeran

Extrait :

J'ai trouvé une femme, plus forte que quiconque que je connais

Elle partage mes rêves, j'espère qu'un jour je partagerai sa maison

J'ai trouvé l'amour, pour supporter plus que mes secrets

Pour transmettre de l'amour, pour porter nos enfants

Nous sommes encore des enfants, mais nous nous aimons

Luttant contre toute attente

Je sais que nous irons bien cette fois-ci

Chérie, tiens ma main

Sois mienne, je serai ton homme

Je vois mon futur dans tes yeux

Refrain

Bébé, je danse dans le noir en te tenant dans mes bras

Pieds nus dans l'herbe, en écoutant notre chanson préférée

Quand je t'ai vue dans cette robe, tu étais si belle

Je ne mérite pas ça, chérie, tu es parfaite ce soir

Bébé, je danse dans le noir avec toi dans mes bras

Pieds nus dans l'herbe, en écoutant notre chanson préférée

Je crois en ce que je vois

Maintenant je sais que j'ai rencontré un ange

Et elle est parfaite

Je ne mérite pas ça

Tu es parfaite ce soir

≈ ≈ ≈ ≈

Et bien sûr cette fois encore, je n'y échappe pas. Cette mélodie me retourne l'âme et le cœur. Ces mots me fracassent, me tourmentent, et m'arrachent le peu de larmes qu'il me reste. Il n'est pas question de lui donner raison. Je me tourne vers la vitre pour faire semblant de regarder dehors, mais Lina n'est pas dupe.

- Tu veux que j'éteigne ?

- Non, hurlé-je presque, laisse-la.

- Tu te fais du mal, tu le sais ?

- Non, ça me fait du bien, contesté-je.

- Du bien ? Tellement, que tu en pleures, Elya.

Je ne lui réponds pas parce qu'elle a raison. Je me fais du mal, me tourmente, quitte à me torturer. Mais en ce moment, j'en ai besoin. Je veux profiter de tout ce qui me rapproche de Tristan ou me rattache à lui, par n'importe quel moyen ou n'importe quel support.

- Tristan me manque terriblement, soufflé-je.

- Elya, je me rends compte à quel point c'est dur, mais cela fait seulement une semaine que tu ne l'as pas vu ! C'est bon, ce n'est pas le bout du monde, non plus !

Je la fusille du regard.

- Si c'est pour me sortir des conneries pareilles, tu ferais mieux de te taire. De toute façon, tu ne peux pas comprendre...

- Qu'est-ce que je ne peux pas comprendre ? Hein Elya, me défie-t-elle.

- Que je ne suis rien sans lui, que je meurs à petit feu sans lui, que j'en crève de son absence, que j'ai mal là - en lui montrant ma poitrine - à un point que tu n'imagines même pas !

Je m'arrête à bout de souffle, la gorge nouée. Je suis envahie par une sensation d'oppression liée à l'angoisse. Lina dépose sa main sur la mienne en attendant que je retrouve mon calme. Je sais qu'elle m'a poussé à bout pour que je lui parle enfin...

- Je suis terrorisée. Si tu savais...

- Tu as peur de quoi ma puce ?

- Peur des conséquences qu'aura cette cure sur Tristan.

Je triture le bas de mon tee-shirt en me mordant l'intérieur de la lèvre.

- Parle-moi Elya ! Tu ne peux pas garder tout ça pour toi, tu ne vois pas que ça te bouffe !

- J'ai la crainte que cette thérapie le change. Et s'il ne voulait plus de moi après ? Et si son futur était ailleurs ?

- Comment tu peux penser ça ma puce, Tristan est fou amoureux de toi, il a même voulu...

Elle s'arrête sachant que ces paroles vont trop loin, mais c'est trop tard. Elles doivent être dites et entendues.

- Dis-le qu'il a voulu mourir à cause de moi !

- Pas à cause de toi Elya, souffle-t-elle.

- Non ! Pour moi... C'est pareil ou même pire encore et ça m'effraie de penser qu'un jour, il pourrait recommencer. Comment je peux vivre en étant terrorisée par cette angoisse ? Comment, hein ?

- Je ne suis pas à ta place et je ne peux pas te dire : « fait pas ci ou fait pas ça ». Tout ce que je peux ajouter, c'est que tous les deux vous avez un amour hors-norme, comme je n'en ai jamais vu. Je ne sais pas, si c'est ce lien entre vous, si c'est ce que l'on appelle l'âme sœur, je ne sais pas ? Tout ce dont je suis sûre, c'est que l'amour qui vous unit est unique, intense et passionné. Je comprends que tu flippes, mais pose-toi la bonne question...

- Laquelle ? m'empressé-je de lui demander.

- Est-ce que tu te vois vivre sans lui ?

Je souffle, je ferme les yeux. Je n'ai pas besoin de réfléchir pour savoir que ma vie sans lui n'existerait pas. Que je ne serais rien. Que je ne survivrais pas sans son amour. Alors dans un murmure, je lui réponds sûre de moi :

- Non.

- Alors ressaisis-toi, tu vas voir son psy pourquoi ? Pour lui ? Pour toi ?

- Pour obtenir une visite ce dimanche.

- Mais tu sais que c'est contre le règlement et que...

- Oui, je le sais et d'ailleurs le psy en chef du centre me l'a bien fait comprendre au téléphone ce matin. C'est pour ça que je veux parler avec celui qui le soigne, celui qui le voit tous les jours. J'ai besoin de savoir qu'il va bien, qu'il s'en sort, que je lui...

- Que tu lui, quoi ? Tu as peur qu'il t'oublie ?

- Dis comme ça, c'est vrai que cela paraît ridicule, je sais. Mais chaque matin...

Je m'arrête avant d'aller trop loin et de devoir parler de mes trop nombreux cauchemars.

- Chaque matin quoi ?

- Heu...

La voix robotique nous sort de notre discussion :

« Vous êtes arrivés à destination ».

- Ben merde alors ! Je n'avais pas fait gaffe qu'on y était déjà, m'informe Lina.

Ouf ! J'échappe de peu à des explications que je n'ai pas envie de lui donner. Je dois me ressaisir.

Je baisse le miroir de courtoisie du pare-soleil pour constater l'étendue des dégâts. Je me prends la tête entre les mains. Mon maquillage à couler sur mes joues creusées, mes cernes sont encore plus marquées que d'habitude et que dire de la pâleur de mon visage...

- Tiens, refais-toi une beauté, me balance Lina en me tendant une trousse argentée, qu'elle sort de son sac.

- Tu te trimballes toujours avec ton maquillage ?

- Oui, c'est ma trousse de secours : lingettes, eye-liner, fards, rouge à lèvres et blush, s'amuse-t-elle.

Nous éclatons de rire.

D'un rire libérateur qui efface mes doutes et mes craintes, et ça me fait un bien fou après tout mon déballage. J'essaye d'ouvrir la trousse sans montrer à Lina que je tremble encore un peu. Je dois prendre sur moi, me maîtriser, si je veux être crédible devant le psy.

- Allez tourne-toi vers moi, je vais t'aider, m'annonce-t-elle gentiment.

- Tu es un amour avec moi, ma Choup.

- Je sais, je sais !

- Ça va aller les chevilles ?

- Elles vont bien et elles te remercient de prendre de leurs nouvelles.

Cette fille est folle mais qu'est-ce que je l'aime.

Après dix minutes de soins, de gestes sûrs et précis, me voilà à nouveau présentable.

- Voilà, tu ressembles de nouveau à une humaine, respires un bon coup et vas-y !

- Et si...

- Stop ma puce, tu ne m'as pas fait venir jusqu'ici pour te dégonfler. Alors sors de cette voiture et va lui parler. Montre-lui qui est Orphélia!

Je quitte la voiture les jambes chancelantes, j'essuie mes paumes transpirantes sur mon jean. Je lance un dernier regard à mon amie qui lève un pouce d'encouragement. Je souffle, une fois, deux fois puis je m'approche de la porte. J'arrange mes cheveux, mince j'aurai dû faire une queue-de-cheval. De toute façon, c'est trop tard ! J'appuie mon doigt sur la sonnette, quand la porte s'ouvre sur un homme plutôt grand. Il porte un bas de jogging noir et un simple tee-shirt gris, ses cheveux bruns sont en pétards. Il arbore un large sourire accroché à ses lèvres entourées d'une barbe de deux jours. Il ressemble plus à un bad-boy avec ses bras tatoués qu'à un psy.

- Mlle de Saint Péone, je suppose ?

- Heu oui... Bonjour. Docteur Vallois, je suppose ? Enchantée, réponds-je étonnée, qu'il sache qui je suis.

Je serre la main qu'il me présente en me retournant mon "enchanté" de politesse.

- Vous vouliez me parler apparemment ! Entrez, je vous en prie.


≈ ≈ ≈ ≈

J'espère que mon retour vous fait plaisir, parce que moi je suis ravie de revenir !

On retrouve Orphélia toujours aussi déterminée à voir le psy de Tristan.

Lina est vraiment une amie pour elle !

Même si cela ne plait pas à Orphélia, Lina appuie là où ça fait mal.

Trouvez-vous que Lina a raison de la pousser à lui parler ?

Pensez-vous que Orphélia va arriver à convaincre le psy ?

≈ ≈ ≈ ≈

Demain, je vous posterais un chapitre de Milo !

Gros bisous et bonne lecture mes Loulous.

Kty

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top