Tome 2 - Chapitre 02 - partie 1

ORPHÉLIA

Lundi 25 juillet

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C'est quand...

La vie doit reprendre son cours après tout ce que nous avons vécu côte à côte. Après la peur de le perdre, après l'avoir soutenu de toutes mes forces, l'avoir aidé à traverser cette période de sevrage en l'entourant de tout mon amour. Il faut que je me mette en retrait et que je le laisse se soigner dans ce centre réputé pour leurs bons résultats dans lequel mon père a pu le faire admettre.

Alors pour éviter de trop penser à son absence, à son manque, j'ai entrepris de m'occuper de mon emménagement à Villedard. Je dois tout mettre en œuvre pour que notre cocon d'amour soit parfait et prêt à son arrivée. Je ne sais pas de combien de temps je dispose avant sa sortie définitive, ni même si pendant son séjour Tristan aura droit à des permissions sur le week-end.

Alors en attendant de pouvoir le retrouver après ces deux semaines de séparation obligatoire et imposée par le centre, je m'attelle à la tâche. D'abord, un grand nettoyage de l'appartement s'impose, je lave, récure tout du sol au plafond, je pense que c'est tout aussi nécessaire pour l'appartement que pour moi-même.

Je dois m'épuiser pour essayer de ne pas penser à son absence, à son manque, à son amour retrouvé, à ses mains sur mon corps, à mes lèvres sur les siennes, à ses yeux qui me dévoraient du manque d'intimité dont peut faire preuve une chambre d'hôpital. Du peu de temps à deux à se câliner sans avoir peur d'être surpris par le service médical.

Mais comment pouvions-nous résister, comment ne pas succomber en sachant que son admission au centre est de plus en plus proche ? Comment ne pas passer au-delà de ces interdits qui ajoutent même du piquant à nos étreintes. Au début timides, comme si nous avions besoin de nous apprivoiser à nouveau, de se redécouvrir petit à petit, d'effacer par des caresses, tout le mal qui avait pu être fait. Mais très vite notre amour a repris le dessus ainsi que notre envie de l'autre. Nos lèvres, nos mains, nos cœurs avaient besoin de se toucher, de s'embrasser, d'enfiévrer l'esprit de nos corps abîmés, de nos cœurs brisés et endoloris.

Après l'avoir exprimé, après l'avoir expliqué, après l'avoir excusé et compris, il est temps de reprendre notre vie mise entre parenthèses pour que son corps se remette de cette énorme connerie qui aurait dû lui coûter la vie sans la clairvoyance de Thomas qui m'a fait comprendre que toute cette histoire mise en scène par Gaia ne pouvait pas être vraie.

Malgré ses nuits de débauche, on ne pouvait pas reprocher ce genre de chose à Tristan, il avait souvent joué avec les limites, mais il y avait des choses qu'il n'aurait jamais faites, même complètement défoncé, il avait cette lucidité qui lui permettait de savoir où s'arrêter. Thomas avait su démonter les arguments de Gaia les uns après les autres et me prouver que tout ceci n'était qu'une mise en scène pour nous faire du mal.

La vengeance de Gaia envers moi était facile à comprendre, elle voulait faire payer à mon père, son éviction de la famille, le divorce qu'il lui imposait, la révélation aux yeux de tous sur ma vraie mère et quoi de mieux pour lui faire du mal que de s'attaquer à moi le soir de mon anniversaire. Par contre, je n'aurai jamais pensé qu'elle vouait aussi une vengeance envers Tristan et je ne l'ai compris que quelques jours plus tard, grâce à mon père.

Comme il l'avait promis à Tristan, mon père aidé de son détective privé fit le jour sur toutes ces accusations. Heureusement qu'il gardait précieusement tous ses carnets de filatures, ce qui lui a permis de remonter cinq ans en arrière et de comprendre ce qui avait motivé cette vengeance. En fait, Gaia avait rencontré Tristan à une soirée chez des amis où il était passé avec son dealer pour approvisionner en diverses substances tout ce petit monde de la bourgeoisie.

Elle l'avait tout de suite remarqué et avait demandé plus de renseignements sur ce jeune homme à son hôte. Et depuis cette rencontre, elle demandait à ses amis que ce soit systématiquement Tristan qu'y fassent les livraisons.

En fait, Tristan l'obsédait et au cours d'une soirée, elle l'avait abordé - d'après des personnes que le détective avait interrogées - et Tristan l'aurait repoussée en lui disant qu'il ne "baisait pas avec des vieilles" et il serait parti.

Il faut croire que Gaia avait la rancune tenace parce qu'en apprenant que je sortais avec Tristan, elle avait vu rouge et voulait à tout prix se venger. Le fruit pourri que j'étais pour elle, avait eu ce qu'elle n'avait pas pu obtenir, ni acheter...

Cette révélation, nous avait tous choqués, mais au moins elle nous permettait de comprendre son geste dans son entièreté.

Une vengeance qui aurait pu coûter la vie à Tristan si nous n'étions pas arrivés à temps avec Thomas. Si nous n'avions pas prévenu Dimi. S'ils n'avaient pas effectué les premiers gestes de secours en attendant l'arrivée du SAMU. Si je n'étais pas restée en contact avec lui en lui parlant, en lui tenant la main, en gardant ce lien si précieux entre nous, si...

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Jeudi 28 juillet

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Je me réveille en sursaut, je suis en sueurs, je grelotte, je tremble de peur. Ce cauchemar, je le fais toutes les nuits depuis que Tristan est dans ce centre, toutes les nuits je revis son overdose, toutes les nuits, je me réveille et j'ai peur. J'ai tellement peur au fond de moi. Je n'ose pas lui en parler mais ça me ronge. C'est la deuxième fois qu'il essaye de mettre fin à ses jours, volontairement. Et s'il recommençait un jour ? Je sais, il fait tout pour s'en sortir cette fois, il se fait soigner, parle sans doute avec ce psy de ses parents, de son enfance, de sa sœur, de ses années de débauche... Mais est-ce que cela sera suffisant pour qu'il guérisse ? Est-ce que je vais devoir vivre toute ma vie avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête ? Avec cette crainte au fond de moi qu'un jour, il recommence ? Son overdose l'a énormément affecté et c'est ce qui l'a convaincu de se faire soigner.

Mais je pense aussi que j'en garde des séquelles, j'ai subi un véritable traumatisme émotionnel. Je sais que je devrais en parler, me confier à Lina ou à ma mère. Leur dire à quel point j'ai eu peur de le perdre, à quel point je panique de ne pas retrouver "mon Tristan" après sa thérapie.

Et si le passage dans ce centre le changeait, au point qu'il attende autre chose de la vie. Et si ce présent, ce n'était plus moi ? Je me prends la tête entre les mains, je ne sais plus ce que je raconte, ces cauchemars que j'affronte toutes les nuits me font dire n'importe quoi. Il est dans ce centre pour aller mieux et pour éviter justement de replonger, alors pourquoi ai-je si peur ? Il me manque tellement que ça en est affreusement douloureux, et là, dans ma poitrine, j'ai ce poids qui m'oppresse, qui me serre le cœur, et m'empêche de respirer. Je dois me calmer avant qu'une nouvelle crise de panique ne se montre.

Je file sous la douche pour la faire taire, l'eau qui coule sur moi me fait un bien fou, elle m'aide à me détendre, à réfléchir à nouveau, à me concentrer sur Tristan. C'est lui, la priorité, c'est lui qui est dans ce centre et je dois être forte pour lui, pour nous, pour notre amour. Je sors de la douche, pacifiée et déterminée. Je m'habille et j'appelle le centre afin de parler à son psychiatre, il est un peu tôt mais tant pis, je verrais bien s'il est déjà à son bureau.

- Centre de soins des oliviers, j'écoute.

- Allô, bonjour, je suis Orphélia de Saint-Péone.

- Oui bonjour, que puis-je faire pour vous ?

- Est-ce que je pourrais parler au docteur Gomain ?

- Je vais voir s'il est arrivé, veuillez patienter s'il vous plaît.

Une musique classique et douce a remplacé la voix de la réceptionniste qui m'a mise en attente. Vous savez une de ces musiques qui est censée vous apaiser et vous faire croire que l'attente est moins longue...

- Mlle de Saint-Péone ?

- Oui, je suis toujours là.

- Je vous passe le docteur Gomain, bonne journée.

J'entends le clic puis le combiné que l'on décroche et une voix nasillarde me répond :

- Bonjour Mademoiselle.

- Bonjour Docteur, excusez-moi de vous téléphoner si tôt, mais...

- Pas de souci, j'étais de garde cette nuit et je viens de quitter Monsieur Rousseau à l'instant.

- Il va bien ? Il y a eu un souci ? m'angoissé-je.

- Rien que je ne peux gérer. Alors vous m'appeliez pourquoi ?

Sa réponse me laisse un goût amer dans la bouche et renforce encore plus mon inquiétude et mon envie de le voir. Qu'est-ce qu'il a eu ? A-t-il fait une rechute ? Les questions se bousculent dans ma tête et font écho à mon appréhension. Je dois être convaincante parce que je dois absolument le voir.

- Je vous appelle pour avoir l'autorisation de venir dimanche, dis-je d'une voix calme que j'essaye de maîtriser.

- Vous connaissez le règlement mademoiselle.

- Oui je le connais, deux semaines sans visites, réponds-je agacée malgré moi.

- Alors je ne vois pas l'intérêt de me déranger de si bon matin.

- Excusez-moi docteur, c'est vous qui êtes en charge du suivi de Tristan ?

- Tristan ? De qui me parlez-vous ?

- Je voulais dire, de Monsieur Rousseau Tristan.

- Ah Monsieur Rousseau. En fait oui et non.

- Comment ça ? m'affolé-je.

- Il est suivi par le docteur Vallois, qui doit me rendre compte de l'avancé du dossier.

Je fulmine intérieurement, il est sérieux lui ? Il ne connaît même pas son prénom et parle de Tristan comme d'un dossier. Je ne veux pas avoir à faire à lui mais à celui qui le suit vraiment et qui travaille avec Tristan pour qu'il aille mieux. Mais s'il est aussi obtus que celui-ci, sa thérapie ne marchera jamais. Je dois en avoir le cœur net.

- Alors c'est au docteur Vallois que je veux parler !

- Mademoiselle, sachez que de toute façon la décision m'appartient.

- Je l'ai bien compris Docteur Gomain, tenté-je en radoucissant ma voix.

- Donc la discussion est close, vu que la permission de visite est fixée au jeudi. Au revoir Mademoiselle et le bonjour à votre père.

- Je n'y manquerais pas, au revoir Docteur, sortis-je d'une voix envenimée par la colère.

≈ ≈ ≈ ≈

Voici le premier PDV de Orphélia dans ce chapitre II 🤶🎅

Que ça fait du bien de la retrouver 🎁

Elle est épuisée, angoissée mais prête à tout pour son amour 💖

Que pensez-vous de l'attitude du Dr Gomain ?

Est-ce que le Docteur Vallois, le psy de Tristan voudra la recevoir ?

La suite du chapitre II arrive en fin de journée 🎄🎁

≈ ≈ ≈ ≈

Gros bisous mes Loulous 😘

Kty

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