Tome 2 - Chapitre 01 - partie 2
TRISTAN
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C'est quand...
Dès mon réveil à l'hôpital, j'ai appris que ces voix étaient celles de Dimi et de Thomas qui m'avaient prodigué les premiers soins en faisant leur possible pour me réanimer en attendant l'arrivée des secours. Mais aussi celle de ma Princesse qui avait maintenu ce lien entre nous. Elle me parlait sans jamais lâcher ma main même quand les secours étaient arrivés, elle ne m'avait pas quitté, ne m'avait pas lâché, ni même quand ils m'avaient transporté à l'hôpital. Elle était restée à mes côtés dans l'ambulance. Elle avait tenu tête à tout le monde pour être avec moi le plus longtemps possible, m'accompagnant jusqu'aux portes des urgences, se résignant à ce moment-là. Mais elle ne m'a jamais abandonné. Elle avait posé son ruban couleur coquelicot dans ma paume, et avait resserré mes doigts autour, le dissimulant. Ce ruban ne m'a plus jamais quitté depuis ce jour. À présent, il est plié dans mon portefeuille pour me rappeler la plus grosse connerie de ma vie mais aussi pour entretenir ce lien si spécial entre Orphélia et moi.
Après mon overdose et les quatre jours de coma dans lequel on m'avait plongé, je suis resté en surveillance pendant une semaine à l'hôpital le temps de faire de multiples examens et de vérifier que mon corps n'avait pas trop souffert de mon acte inqualifiable.
Pendant mon coma, elle ne m'avait pas quitté une seconde. Elle avait tenu ma main sans jamais flancher malgré la fatigue et l'inquiétude. Elle m'avait parlé de tout, de rien, réconforté en m'expliquant qu'elle me croyait, qu'elle savait que Gaia et Cerise avaient menti, qu'elle m'aimait toujours, que je devais me battre, qu'elle ne pourrait pas vivre sans moi. Souvent l'après-midi, elle me faisait écouter les chansons de son iPod ou me lisait des passages de livres qui se trouvaient chez moi. Elle avait repoussé toutes les tentatives de nos amis pour la remplacer. Acceptant seulement de s'éclipser quand son envie d'aller aux toilettes était la plus forte ou quand tous les matins sa mère l'obligeait à prendre une douche en venant lui apporter des vêtements propres.
Ces onze jours nous avaient encore plus rapprochés, nous les avions traversés ensemble, soudés comme jamais et plus amoureux que jamais contre les symptômes de sevrage qui me bousillaient.
Aussi mon départ pour le centre de désintoxication, nous l'avions vécu comme une véritable déchirure en sachant que nous allions être séparés pendant au moins deux semaines.
J'y allais pourtant à ma demande et en accord avec Orphélia. Elle m'avait même aidé avec ses parents dans mon choix pour cette cure. Gildas avait fait son possible pour que je puisse intégrer ce centre réputé pour leur suivi physiologique. Cette fois-ci, je voulais que l'on m'aide à m'en sortir pour de bon, je voulais être suivi afin de ne plus jamais replonger et comprendre pourquoi à chaque fois, la seule réponse à mon désespoir était de me détruire au lieu de faire face.
Alors, même si c'était le règlement, même si ces deux semaines faisaient partie de la thérapie, elles n'en seraient pas moins invivables. Devoir me séparer de ma petite femme autant de temps m'était plus intolérable que mon sevrage. D'après les médecins, je n'avais pas besoin de passer par l'isolement, enfermé et surveillé en permanence vu que ma rechute était due à mon overdose et que l'hôpital avait déjà commencé le traitement de substitution.
Je fus donc placé dans l'aile du centre réservé aux sevrés. J'étais bien conscient pour une fois, de faire partie des nantis et cela grâce aux parents de Orphélia qui m'apportaient leur soutien inconditionnel et faisaient tout leur possible pour que j'aille mieux.
C'est donc grâce à eux que mon séjour entre ces murs se faisait dans une chambre individuelle donnant directement sur le grand parc où je me rendais à chaque fois que l'on m'y autorisait. Je m'asseyais toujours sur le même banc, celui qui faisait face à cette chapelle. Je n'avais jamais été croyant et je pouvais même dire que j'étais athée et pourtant, elle m'attirait sans que je ne comprenne encore pourquoi.
Tous les jours, je me plaçais face à elle, bras croisés sur mon torse, jambes tendues tenant dans ma main le ruban de ma petite femme, notre lien et j'attendais de comprendre...
Les jours se succédaient gardant ce même rythme immuable qui m'apportait une certaine sécurité et me permettait de gérer de mieux en mieux les quelques crises de manque. Elles se faisaient de plus en plus rares et leurs intensités étaient de moins en moins fortes au point que je ne prenais même plus le traitement de substitution.
Pour une fois je sentais au fond de moi ce supplément de volonté qui me poussait à me dépasser pour aller mieux, pour guérir. J'avais eu la chance de m'en sortir les deux fois et il ne tenait qu'à moi de tout faire pour qu'il n'y en ait plus jamais de troisième.
La vie m'offrait une dernière faveur et je ne devais pas la gâcher. Je devais la saisir pour guérir, pour me reconstruire, pour comprendre le mécanisme d'autodestruction qu'était le mien jusqu'à présent. Et pour cela je n'avais pas le choix. Je devais parler de mon passé douloureux. Fouiller dans celui-ci pour défaire un à un les nœuds qui me retenaient et m'entraînaient inexorablement vers le fond.
Mes séances avec le psychiatre étaient ce que je redoutais le plus. Parler de mon passé s'avérait être une véritable épreuve, certes nécessaire, mais difficile. Patrice Dallois avait la quarantaine et sous ses airs stricts, j'avais au fil de nos séances, découvert un homme compréhensif, ne me jugeant pas et m'aidant au contraire à me poser les bonnes questions pour avancer. Il avait cette façon de faire qui me mettait en confiance et le long de nos promenades, j'arrivais à poser des mots sur ces failles et ces fêlures qui me hantaient. Il s'était adapté à moi en comprenant rapidement que de rester dans son bureau allongé sur son canapé avec un bloc-notes dans les mains ne nous mènerait à rien. Que ce n'était pas comme ça que j'arriverai à parler, à me lâcher.
Après trois séances infructueuses où je n'avais pas pu aligner plus de deux mots je le surpris la séance suivante m'attendant devant sa porte avec un sac à dos et un ballon à la main. Sans rien dire je l'avais suivi, enfonçant bien profondément mes mains dans les poches de mon jean, baissant la tête et traînant quelque peu les pieds en attendant de savoir ce qu'il me réservait. Après plus de dix minutes de marche silencieuse, nous étions arrivés sur un terrain de basket défraîchi où trônaient deux paniers aux anneaux sans filet.
Les règles qu'il m'avait énoncées étaient simples : chaque fois qu'il arriverait à marquer un panier je devrais répondre à sa question. J'avais accepté pensant être plus fort que lui, vu sa stature. Cela avait été ma première erreur. Il n'avait rien d'un sportif avec sa blouse blanche lui arrivant sous les genoux et ce fut sans aucun doute ma première leçon : ne jamais juger sans connaître. Il avait déposé sa blouse ainsi que sa chemise à fines rayures sur le seul banc se trouvant encore debout, me laissant stupéfait devant son dos noircit d'encre. Une fois son tee-shirt enfilé, je découvris ses avant-bras eux aussi entièrement recouverts de tatouages.
Profitant de ma surprise, il marqua un premier panier sans que j'aie eu le temps de réagir.
- Ça ne compte pas, râlai-je.
- Incroyable, tu m'as dit plus de mots là, quand trois séances, me railla-t-il.
- Ah c'est comme ça !
Je lui pris le ballon des mains et à mon tour j'inscris un panier.
Après vingt minutes, il avait marqué cinq paniers et moi, seulement deux. Il m'avait bien eu sur ce coup-là et une fois assis tous les deux directement sur le sol afin de reprendre notre souffle, il avait sorti de son sac deux bouteilles d'eau que nous avions vidé à la vitesse de l'éclair, avant que je réponde à une partie de ses questions. Les autres, il me les posa sur le chemin du retour. Ces séances n'avaient rien de conventionnelles, ni de banales, mais c'était devenu notre mode de fonctionnement.
J'avais appris au cours de nos discussions que lui aussi avait eu un départ difficile dans la vie et que c'était dans un centre pour jeunes délinquants qu'il avait rencontré un psy qui l'avait aidé grâce au sport et à la musique. Il avait ensuite repris les études pour à son tour devenir psy. Mais il n'avait pas eu les moyens d'ouvrir une structure comme il en rêvait et avait atterri ici, en oubliant les motivations qui l'avaient poussé à choisir cette voie. En fait, nous nous faisions du bien mutuellement : lui en retrouvant la flamme et moi en déballant mon passé. Cette méthode me convenait et je me sentais plus à l'aise pour lui parler, les mots me venaient plus naturellement. Je m'exprimais à travers le sport, la musique, l'écriture et surtout je lui faisais confiance.
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Alors ce chapitre 1 vous en avez pensé quoi ?
Heureuses de retrouver nos amoureux ?
Je tenais à vous préciser que je posterais 1 chapitre par semaine, sans doute le samedi, ce qui me permettra de continuer mon autre histoire en parallèle.
Alors à la semaine prochaine pour le chapitre 2 !
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Bisous mes Loulous
Kty
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