Tome 1 - Chapitre 49


C'est quand il me comprend !

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Le groupe fait une pause bien méritée pendant qu'ils sont remplacés par une playlist enregistrée sur leur ordinateur. Tout le monde s'installe à la même table, rejoint par Tony et William, délivrés de leurs trois sangsues. Mon père m'ayant glissé à l'oreille qu'il avait gentiment demandé à Tony de les renvoyer. C'est un poids, en moins, de ne plus les avoir devant les yeux à se donner en spectacle. Par contre, ça laisse tout le loisir à William de se concentrer sur moi et ses regards me rendent de plus en plus mal à l'aise. Des flashs de notre danse et de notre conversation me reviennent sans cesse en tête, pourtant j'essaye au mieux de me concentrer sur la discussion du groupe, mais rien n'y fait. Ces gestes déplacés, ses caresses, son obstination à me prouver que j'ai envie de lui me font rager. Je lui en veux, ainsi qu'à mon traître de corps. Il lui a donné raison, en lui cédant et je ne peux pas nier le fait que j'ai eu envie de lui, de ses caresses et je me dégoûte, d'avoir pu ressentir tout ça...

Comment je peux réagir aux caresses de William, alors que j'aime Tristan de tout mon cœur ? Il sème le trouble dans mon corps et dans ma tête. Il profite de mon état de faiblesse pour essayer de me convaincre. Ses paroles tournent en boucle dans ma tête. Il me parle de plaisir, d'abandon de soi, de liberté, d'indépendance... Comme si le fait d'aimer Tristan pouvait me retirer tout ça ! La stupeur a fait place à la colère envers ses gestes et ses mots. Mais il se prend pour qui de me dire ce que je dois penser ou ressentir ? Il désapprouve ma relation en la trouvant étouffante, mais lui, il fait bien pire en imposant ainsi son point de vue !

Pour qui se prend-il ?

Il ne me connaît que depuis trois jours et il vient me donner des leçons.

Des leçons et des ordres... J'en ai reçu toute ma vie et justement, s'il y a bien quelque chose que je ne veux plus, c'est en recevoir. Je veux être libre de faire mes propres choix, de prendre mes décisions sans être influencée par quiconque. Et encore moins par lui, ce mec est arrogant, fier, dédaigneux et pense être supérieur.

Il croit quoi ?

Qu'il est meilleur que Tristan ?

Qu'il me rendra plus heureuse, qu'il m'apportera plus d'amour ?

Il se trompe lourdement. Personne ne pourra m'aimer plus que Tristan et personne ne lui arrivera à la cheville et au diable son passé. Je veux vivre le présent et mon futur avec lui. Le passé doit rester le passé. Son intervention était de me faire réfléchir, douter et bien il a lamentablement échoué. Car ses réflexions et ses doutes n'ont fait que confirmer et renforcer mon amour pour Tristan.

Je sais que des moments durs ou pénibles peuvent encore nous percuter. Mais à deux, nous ferons face. Et c'est de cette détermination retrouvée, que je lance un regard à William pour lui faire comprendre qu'il a échoué dans sa tentative de déstabilisation. J'ai été troublée, certes, mais qui ne le serait pas face à un tel homme ? J'ai douté... Mais tout ceci, c'est fini.

Je me tourne vers Tristan qui est assis à mes côtés. Je place ma main sur sa cuisse, il place sa main sur la mienne, il entrelace nos doigts et me regarde à son tour, en attendant sans doute que je parle. Je pivote, il en fait autant en enjambant le banc, pour que l'on se retrouve face à face. Il a dû ressentir mon trouble et ses yeux sont emplis de doutes et de tristesse. Je prends son menton entre mes doigts, caresse sa joue dans laquelle il vient instinctivement se nicher.

- Regarde-moi, ma voix l'implorant. Mon amour, je t'aime, n'ai aucuns doutes là-dessus, jamais...

- Je ne doute pas de toi mon cœur, mais de ta capacité à accepter mon passé et à encaisser toutes les casseroles que je traîne.

- Je te mentirais si je te disais, que tout ceci ne m'affecte pas. Mais mon amour pour toi est plus fort, que toutes les personnes ou actions de ton passé.

- Si tu savais... Sa voix se brise. Je suis anéanti de te faire subir tout ça. De te confronter à toutes ces merdes. Encore et encore... Je ne peux même pas te garantir, que ça ne se reproduira plus.

- Je le sais... Mais je sais aussi, que tu m'aimes et que tout ça est derrière toi. Alors laissons le passé là où il est et vivons tout ce qui nous attend à fond et ensembles. Car tous les deux, nous sommes plus forts pour faire face.

- Et pour William ? Je me raidis et me tends.

- Quoi William ? Qu'est-ce qu'il vient faire dans notre conversation ?

- J'ai bien vu pendant votre danse, qu'il te parlait et te mettait mal à l'aise.

- Il a tenté sa chance et je l'ai repoussé, dis-je gênée.

- Donc je n'ai pas besoin de m'inquiéter...

- Non Tristan, tu n'as pas besoin de t'inquiéter. Je pense qu'il a compris le message.

- Tu en es sûre ?

- Oui, j'en suis sûre, alors embrasse-moi.

Ses lèvres se posent sur les miennes sans en demander plus et j'ai besoin là, tout de suite, de tout son amour pour me faire oublier que je ne lui ai pas tout dit. Mais comment j'aurais pu, là, devant nos amis et tous les invités lui avouer ce que William m'a fait et ce que j'ai ressenti. Je sais que je vais devoir trouver le courage de le lui en parler. Mais pas maintenant et pas ici. J'attendrai lundi que William soit réparti chez lui, pour éviter que Tristan ne lui fasse la peau.

Et puis, j'ai besoin de comprendre mon comportement avant de pouvoir le lui expliquer. Je ne peux pas le lui balancer comme ça. - Ah au fait, Tristan, j'ai mouillé pour William suite à ses caresses et à ses paroles, mais tout va bien - Mon Dieu, rien que d'y penser je me dégoûte et plus je me dégoûte et plus j'accentue notre baiser. Comme pour me laver de ma faiblesse, pour que mon corps efface ce que m'a fait ressentir William et remplace ses empreintes, par l'amour de Tristan, par ses baisers, par ses bras qui m'encerclent, par ses mains qui me caressent le dos, par son odeur qui m'enivre.

Pour que mon corps s'imprègne de toutes ses sensations et se souvienne à qui j'appartiens et pour qui mon cœur bat. Nous sommes à bout de souffle, front contre front, main dans la main et nos cœurs battant à l'unisson. J'ai retrouvé mon équilibre, mon centre de vie et nos sourires timides se forment en même temps.

Tristan a compris, je le sais, je le sens... Il ne pouvait en être autrement avec notre lien. Son regard compatissant me le prouve, ses caresses sur mes joues qui effacent mes larmes silencieuses me rassurent et ses lèvres douces sur les miennes me prouvent tout son amour, pour en effacer le moindre doute qui aurait pu persister. Il me prend dans ses bras, il place sa main sur ma tête et la dirige vers son torse, là où cogne son cœur, là où il a tatoué mon nom...

- Je t'aime trop pour douter de ton amour.

Je lève mes yeux humides vers lui et murmure :

- Pardonne-moi mon amour.

- Il n'y a rien à pardonner, car il ne s'est rien passé que tu n'as pas su gérer. Alors arrête de donner de l'importance à ce qui n'en a pas et vivons l'instant, ensembles, comme tu l'as si bien dit !

William et Tony se lèvent et ce dernier lance :

- Vous nous excuserez les amis, mais on est attendu à l'hôtel. Si vous voyez de quoi je parle.

- C'est donc là, que tu les as planquées. Je me disais aussi, que tu cédais trop facilement à la demande de Gildas, l'invective Lina. Vous êtes vraiment irrécupérables...

- On n'allait pas se priver de chair fraîche et consentante, se marre-t-il.

- Allez, arrête de parler, on a mieux à faire, balance rageusement William en me regardant.

Un regard que je lui rends aussi détaché que possible en relevant fièrement la tête. Il a compris que ses manigances n'ont pas eu le retentissement voulu. Je peux lire la colère sur son visage, dans ses poings fermés et dans son regard devenu glacial.

- Bonne baise les mecs, vous aurez assez de capotes j'espère, ricane Dimi.

Ce qui a le don de tous nous détendre et de faire retomber un peu la pression.

- Julien, tu ne viens pas avec nous ? demande Tony.

- Non, j'ai mieux à faire, faisant signe à Thomas qui se lève, suivi d'Elena et de Dimi.

- T'es vraiment trop con. Si tu changes d'avis tu nous trouveras dans ma chambre, lui lance Tony en emboîtant les pas de William, qui ne s'est pas retourné.

Ils montent tous sur l'estrade, même Lina les accompagne. Je me tourne vers Tristan ne le voyant pas bouger :

- Tu ne les rejoins pas ?

- Non, ils n'ont pas besoin de moi. Ses yeux s'illuminent comme un gamin au matin de noël.

- À quoi tu joues ?

- À rien, me tendant sa main pour m'aider à me lever. Tu m'accordes cette danse ma Princesse ? me demande-t-il au moment où les premières notes se font entendre.

Il m'enserre de ses bras sécurisants, dépose un baiser tout doux dans mon cou et me chuchote amoureusement :

- Tu sens toujours, toi... Sa main se pose au creux de mes reins. Ma place est toujours, là... Son pouce trace des ronds imaginaires, comme pour effacer ceux de William. Les miens sont parfaits...

Je lève les yeux pour sonder son regard et je n'y trouve ni colère, ni rancœur. Seulement son amour, qui me transperce le cœur quand je sens sa main glisser sur ma hanche et s'y accrocher avec force comme pour s'interdire d'aller plus loin. Sentant son bassin se presser contre le mien, je gémis en sentant son manche tendu et dur.

- Tu vois mon cœur, je n'ai pas besoin de vérifier, moi...

Je sens mes jambes flancher, quand je comprends qu'il sait tout, qu'il n'a pas été dupe et qu'il m'a laissé faire mes choix. Il me soutient pour ne pas que je m'écroule sur place.

- Je n'ai jamais douté que tu me reviendrais.

- Je ne comprends pas ce qu'il s'est passé, je m'en veux terriblement, si tu savais...

- Tu t'en veux de quoi ? D'avoir cédé ? D'avoir répondu à sa demande ou d'avoir aimé ?

- Que mon corps réagisse à ses caresses et à ses mots, alors que mon cœur et mon amour pour toi lui demandaient d'arrêter.

- Tu étais en pleins doutes et il a profité de ta faiblesse en se posant en noble chevalier venant te délivrer des serres de l'affreux Tristan.

- Comment tu peux rester aussi calme en sachant tout ça. Pourquoi tu ne m'en veux pas ?

- Parce que tu as le droit d'hésiter et que je suis mal placé pour te faire la morale. Au final tout ce qui compte, c'est que tu me sois revenue. Et si tu as eu besoin de ça pour dissiper tes doutes, alors je l'accepte, parce que je t'aime plus que tout.

À ce moment-là, ce baiser est le plus tendre que nous ayons échangé. Confirmant notre amour, notre attachement, effaçant les derniers doutes, les dernières questions et nous laissant à nus avec seulement nos sentiments réciproques pour nous recouvrir de ce voile d'amour profond et indestructible.

Des applaudissements se font entendre au loin et nous n'y prêtons même pas attention, pensant qu'ils viennent de nos amis ou de ma famille. Et puis... Cette voix me stoppe, me pétrifie, je ne peux plus bouger, c'est tout juste si j'arrive à respirer.

La panique contamine chacune de mes cellules, j'ai chaud, j'ai froid, les gouttes de sueur coulent le long de ma nuque et de mon dos. Recouvrant mon corps de terribles tremblements. Je ne veux pas l'entendre, je ne veux pas l'écouter. Si je reste dans notre bulle, elle ne pourra pas nous atteindre. Nos yeux se croisent et je sens la même détresse dans ceux de Tristan.

Mais que vient-elle faire à mon anniversaire ?

Pourquoi parle-t-elle de Tristan.

Je ne comprends plus rien.

Je ne veux pas comprendre.

Je ne veux plus l'entendre.


Si je reste là sans bouger, elle disparaîtra.

Si je ne l'écoute pas, je ne souffrirai pas...

Si je reste dans notre bulle, elle ne pourra pas me le prendre.


Non, ce n'est pas possible...


Elle ne peut pas dire ça.

Elle ne raconte que des mensonges.


Il ne peut pas avoir fait ça.

Il ne peut pas m'avoir fait ça.


Je mets mes mains sur mes oreilles pour ne plus l'entendre.

Je ferme les yeux le plus fort possible pour ne plus les voir.

Je repousse ses bras qui veulent me réconforter.

Ses mots qui veulent m'expliquer.

Son amour qui veut me protéger.


Je m'écroule au sol.


Mais pourquoi ?

Pourquoi, nous faire ça... Encore ?

Pourquoi nous en vouloir à ce point ?


Laissez nous vivre notre amour...

Est-ce que c'est trop demander de vouloir être heureux ?

De vivre avec l'homme que l'on aime plus que tout.


Ses mots m'arrachent le cœur, bribe par bribe...


Elle piétine notre amour de sa méchanceté.

Elle nous broie sous ses accusations.

Elle m'achève avec ses révélations.


Ses rires me tétanisent.


Je deviens folle...

Je hurle, quand on me parle.

Je me débats, quand on me touche.

Je ne veux plus rien entendre.

Je ne veux plus rien voir.

Je veux être seule pour crier ma détresse.


Alors, je m'enfuis.


Je cours sans me retourner.

Je cours sans écouter ces voix qui m'appellent.

Je cours sans me retourner sur mon amour perdu.

Je cours sans savoir où aller.

Mais je cours...


Pour oublier.

Pour ne plus l'entendre.

Pour ne pas totalement sombrer.

Pour. Pour. Pour...


Je m'effondre sur le sable encore chaud, je m'allonge, recroqueville mes jambes contre ma poitrine. Les encercle pour m'empêcher de trembler, de penser, de sombrer.

Pour empêcher quiconque de m'approcher, de me toucher. Je veux être seule avec ma détresse. Je veux être seule avec cette lame qui me déchire les entrailles. Seule face à ce grand vide qu'il a laissé en emportant,

Mon cœur... Ma vie... Mon âme...

Je ne veux plus rien ressentir.

Je veux me laisser aller et couler.

Me laisser emporter vers ce fond qui m'attire.

Vers ce noir qui est à présent, mien...

- Orphélia.


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Nous voici arrivés dans la dernière ligne droite,

car ce chapitre est l'avant dernier.

Tristan a compris le manège de William, il n'a pas été dupe !

Orphélia se reprend et fait bien comprendre à William qu'il a perdu !

Leur amour est si beau, mais qui veut encore le gâcher ?

Cette fois-ci, Orphélia lui pardonnera-t-elle ?

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Bisous mes Loulous

Kty


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