Tome 1 - Chapitre 27

C'est quand on parle toute la nuit !

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Tous les jours, j'en apprends un peu plus sur mon amoureux. Et tout à l'heure sur la plage, pendant qu'on faisait connaissance, j'ai appris que Tristan avait une sœur. Sur le coup, je l'ai senti gêné et après sa réponse, j'ai pu voir que je n'étais pas la seule à ne pas avoir cette information. Forcément, Cerise, elle savait, mais ses autres amis étaient tout aussi étonnés que moi. Je ne l'avais pas questionné sur le moment, mais maintenant que nous sommes que tous les deux, couchés dans mon lit dans les bras l'un de l'autre, tranquilles, au calme après notre fabuleux câlin et notre douche en duo, j'ai envie d'en savoir un peu plus sur cette sœur mystérieuse.

_ Tristan, tu veux bien me parler de ta sœur ?

Il se racle la gorge, je sens qu'il est gêné, alors je m'empresse de lui dire :

_ Ce n'est pas grave, tu m'en parleras une autre fois !

_ Non, au contraire je veux que tu saches tout de moi, c'est juste que j'en ai jamais parlé à personne. Et que ça me fait drôle de parler d'elle...

Il inspire fort et reprend :

_ Elle s'appelle Héloïse, elle a cinq ans de plus que moi.

_ Héloïse et Tristan... Ce sont deux prénoms magnifiques.

_ Mes parents étaient branchés littérature, ironise-t-il.

_ Je vois ça, dis-je en rigolant pour le détendre un peu.

_ Elle vit en Écosse avec son mari et ses deux enfants, Manon et Baptiste. Je ne les connais même pas...

Sa voix se casse et il a du mal à faire passer son sanglot.

_ Elle est partie de chez mes parents le jour de mes quatorze ans. Mes parents ne voulaient pas entendre parler de son copain, qui est devenu son mari par la suite et avec qui elle est heureuse apparemment. Parce que c'était, un petit voyou pour eux et qu'il n'était pas assez bien pour leur fille adorée. Il avait fait des conneries de jeunes en faisant le guet pour des voleurs de bagnoles et avait dû faire deux mois de prison. Alors, quand ma sœur leur a annoncé qu'elle voulait faire sa vie avec Jeff, ils l'ont foutue dehors.

_ C'est à partir de là que tu es partie en vrille, comme tu dis !

_ Oui... Moi, j'étais l'accident, l'erreur de parcours, l'enfant non désiré. La seule personne qui m'aimait, c'était ma sœur, mon soleil... Et ils me l'ont arrachée. Alors j'ai commencé à faire n'importe quoi, de toute façon, je n'avais plus personne pour me dire, si c'était bien ou pas. Mes parents s'en foutaient royalement. Ils pleuraient encore et toujours leur fille.

_ Mais c'est pourtant eux qui sont responsables de son départ !

_ Ils étaient persuadés qu'elle ne partirait jamais. Mais quand au bout d'une semaine ils n'ont pas eu de nouvelles, ils se sont inquiétés. Ils sont même allés la porter comme disparu à la police. Mais elle était majeure et avait le droit de partir où elle voulait sans leur donner signe de vie. Je crois qu'ils ont arrêté de vivre ce jour-là.

Je le serre un peu plus fort dans mes bras et lui embrasse le torse et le visage de milliers de bisous doux. Je respecte son silence et attends qu'il soit prêt pour continuer de me raconter, car je me doute, vu sa tête que ce n'est pas tout.

_ La seule chose qui me rendait le sourire, c'est quand je recevais ses lettres ou ses cartes postales.

_ Mais comment c'était possible, si même tes parents n'avaient pas de nouvelles ?

_ Elle les envoyait chez sa meilleure amie, c'était la sœur de Cerise. C'est comme ça que j'ai pu suivre leur périple à travers le monde. Ils ont fait le tour du monde en vivant chez l'habitant, en faisant des petits boulots pour se payer la suite du voyage. Jusqu'au jour, où ma sœur est tombée enceinte, ils ont décidé qu'il était temps pour eux de se poser et n'ont plus bougé depuis.

_ Tu as toujours de ses nouvelles ?

_ Non pas depuis quatre ans...

_ Mais pourquoi ?

_ C'est de ma faute, quand ils ont emménagé en Écosse, j'ai compris qu'elle ne reviendrait plus. Alors, j'ai encore plus déconné... Et plus le temps passait et moins je répondais, j'en étais incapable le plus souvent. Mais elle tenait bon, elle continuait à m'envoyer des lettres, des photos, jusqu'au jour où chaque lettre, je la renvoyais en marquant dessus "destinataire inconnu". Et petit à petit, elle a espacé les envois puis a arrêté de m'écrire il y a environ deux ans. La dernière était pour mon anniversaire...

_ Tu l'as renvoyé celle-là aussi ?

_ Non...

_ Et tu l'as lue ?

_ Non...

Il s'effondre dans mes bras, pris de sanglots. Tristan pleure à chaudes larmes, il est inconsolable. Mon amour, mon écorché vif, c'est cet enfant rejeté par ses parents que j'avais dans mes bras, ce jeune homme qui s'était senti abandonné par sa sœur, c'est cet homme marqué par toutes ces douleurs et ces chagrins que j'aime tant et qui vient de me dire tout de sa vie. Je dois trouver les mots pour le consoler. Mais pour le moment, je le berce en lui caressant les cheveux comme il aime tant que je le fasse. Je sens que ses pleurs se calment, puis il me dit d'une voix hachurée encore par les sanglots :

_ Tu es comme ma sœur, aussi douce et aimante. Héloïse, aussi me berçait et me caressait les cheveux comme tu le fais là. Elle me disait toujours, que j'étais son amour de petit frère, qu'elle m'aimait et qu'elle ne me laisserait jamais...

_ Moi aussi, je t'aime mon amour et je ne te laisserai jamais.

_ Pourtant, elle l'a fait... Elle m'a abandonné.

_ Mais elle n'a pas eu le choix, Tristan.

_ Je sais, mais ça fait tellement mal. Même regarder les photos, je n'y arrive plus.

_ Tu as envie qu'on les regarde ensemble ? Tu n'es plus seul à présent, je suis là, maintenant.

Il me donne un baiser et me dit :

_ Merci de m'aider ma Princesse.

Puis, il sort son portefeuille de la poche de son jeans se trouvant au sol, l'ouvre et en retire plusieurs photos usées. Sur la première, c'est lui avec sa sœur, j'essaye de regarder leurs ressemblances. Ils ont les mêmes yeux noisette avec des pigments verts, aussi rieurs, aussi expressifs. Elle a les cheveux mi-longs, un peu plus bruns que ceux de Tristan. Elle est grande et élancée, il est placé devant elle, elle a ses bras autour de son cou. Sa tête est relevée vers elle et il la regarde tout comme elle. Ils ont ce regard rempli d'amour fraternel l'un pour l'autre. Cette photo est magnifique...

_ Tu avais quel âge sur cette photo ?

_ Dix ans je pense, il n'y a pas de date au dos.

_ Ta sœur est vraiment belle et toi tu avais déjà ta jolie petite bouille. Et ce regard que vous vous échangez laisse passer tout votre amour réciproque.

Je le sens se raidir, quand il me tend une autre photo.

_ Ma sœur, son mari Jeff et Manon, elle a deux mois, regarde ma sœur l'a indiquée derrière la photo. Et sur celle-ci, c'est Manon avec Baptiste. Elle a quatre ans et lui deux ans. C'est la dernière que j'ai reçue.

_ Mon Dieu comme Baptiste te ressemble, c'est fou. Ça veut dire, qu'ils ont huit et six ans maintenant ?

_ C'est ça...

_ Tu te rends compte de tout le bonheur dont tu t'es privé ? Pourquoi, tu as arrêté de lui parler il y a quatre ans. Tu étais en train de t'en sortir, ta sœur aurait été fière de toi et aurait pu te soutenir, même par lettre !

_ Oui je m'en rends compte ! Mais putain, justement j'étais en train de m'en sortir et je voulais commencer une nouvelle vie. Et pour ça, je devais faire table rase du passé et de tout ce qui me rendait malheureux.

_ Tu te rends compte, que tu l'as volontairement éloignée de toi ?

_ Mais qu'est-ce que tu en sais, hein ?

Je le sens bouillir et son regard me fusille.

_ Comment ça ? Ce n'est pas toi peut-être qui as arrêté de lui parler ou qui as arrêté de répondre à ses lettres ?

_ Non ce n'est pas moi ! hurle-t-il. Jamais je n'aurai pu faire ça.

_ Alors qui ? Je vois qu'il évite mon regard, dis-le moi Tristan !

Je dois le pousser dans ses derniers retranchements, il doit comprendre que sa sœur est nécessaire à son bonheur.

_ C'était pendant ma cure de désintox, Cerise m'a dit qu'elle ne recevait plus de lettre de ma sœur et qu'elle avait même essayé de lui écrire mais que les lettres étaient revenues avec la mention "destinataire inconnu".

Nous restons abasourdis tous les deux, lui pour me l'avoir avoué et moi, parce que je n'arrive pas à le croire. Donc son histoire de me dire qu'il avait renvoyé les lettres de sa sœur était fausse. Pourquoi la protège-t-il ?

_ Tu crois que Cerise aurait volontairement renvoyé les lettres à ta sœur ?

_ Je n'en sais rien, je n'ai aucune preuve, dit-il en se prenant la tête entre les mains.

_ Alors comment tu expliques, que tu en aies eu une, il y a deux ans ?

_ Je sais pas ! Ce jour-là, j'étais pas bien, comme tous les ans à mon anniversaire. J'étais resté dans ma chambre chez Cerise. On vivait encore en collocation et quand le facteur est passé, je suis allé voir le courrier. Et là, je suis resté comme un con devant la boîte aux lettres, il y avait cette lettre de ma sœur.

_ Je comprends que tu étais sous le choc... Mais pourquoi tu ne l'as pas ouverte ?

_ Parce que j'étais en colère contre ma sœur. Tu peux comprendre ça ? À l'époque, je lui en voulais énormément, je pensais qu'elle ne m'écrivait plus depuis deux ans déjà !

_ Malgré ça, tu l'as quand même gardée ?

_ Oui... J'ai failli la déchirer ou la brûler, je ne sais combien de fois, mais j'y suis jamais arrivé.

_ Et pourquoi d'après toi, Tristan ?

Il ne me répond pas, il n'y arrive pas. Je sais que je suis dure avec lui, mais pour qu'il le réalise, il doit l'entendre et surtout, le dire pour en être convaincu. Je me lève, je m'accroupis face à lui, et pose mes mains sur ses jambes pour attirer son attention et lui murmure :

_ Tu sais bien pourquoi, mon amour... Tu as gardé cette lettre, parce qu'elle est le dernier lien que tu avais avec ta sœur.

Il lève la tête, me regarde, place ses mains autour de mes joues humides et m'embrasse délicatement.

_ Je le sais... Mais jusqu'à maintenant, je ne voulais pas le reconnaître. Je préférais mettre ça, dans un coin de ma tête de peur de trop souffrir, de peur de savoir ce que contient cette lettre, de peur de me dire que Cerise m'a peut-être menti. De peur de replonger en cas de mauvaises nouvelles, tu comprends ? J'ai peur, j'ai tellement peur...

_ Bien sûr que je comprends et je ne suis pas là pour te donner de leçon ou te dire ce que tu as à faire. Je voulais juste que tu ouvres les yeux sur l'amour que tu ressens toujours pour ta sœur, pour ta nièce et ton neveu.

_ Et tu as réussi... Tu es arrivée à me faire comprendre, que je me planquais depuis deux ans, derrière de fausses raisons.

_ Tu sais, tout ce que je veux, c'est que tu sois heureux et ta sœur fait partie de ton bonheur, mon amour.

Et comme à chaque fois qu'il entend son petit nom, il m'embrasse.

_ Mais maintenant, je comprends mieux pourquoi ce nom à autant d'importance et ce qu'il représente à tes yeux.

_ Si tu savais, comme je suis heureux avec toi mon amour.

Il m'embrasse à nouveau, puis il rajoute :

_ J'ai aussi compris, que je serais complètement heureux, que quand j'arriverais à lire cette lettre. Mais laisse-moi un peu de temps, pour digérer tout ça, tu veux bien ?

_ Mais bien sûr, tu dois aller à ton rythme et le jour où tu seras prêt, si tu veux je serais là pour t'épauler, pour t'apporter tout mon soutien, mais si tu préfères le faire seul, je comprendrai aussi.

_ Je préférerais que tu sois là, au cas où...

Je le prends dans mes bras, pour le réconforter et lui dire :

_ Si tu as besoin de moi, je serais là, je ferais tout pour toi, tu dois le comprendre ça aussi. Tu n'es plus seul, je suis là, je t'aime et je ne t'abandonnerai jamais.

_ Tu sais à quel point je t'aime ?

_ Tu m'aimes ? Ça, c'est une nouvelle, le taquiné-je pour essayer d'alléger un peu l'ambiance.

_ Et tu sais quoi espèce de chipie, j'ai galéré comme jamais pour t'avoir, mais tu en vaux vraiment la peine !

_ Comment ça, tu as galéré ?

_ Ben pour moi, un an pour avoir une fille, c'est très long !

_ Non, mais je ne suis pas n'importe quelle fille, dit donc, ris-je en lui tapant dans l'épaule.

_ Ça c'est sûr ma Princesse, tu es unique, rigole-t-il.

Quel bonheur de l'entendre rire à nouveau, de voir ses yeux pétillants de malice.

_ Donc ta technique de drague était de me rembarrer, de me balancer des piques et de me faire coquelicoter à tout va, c'est ça ? Et tu t'étonnes d'avoir mis un an ?

_ En fait, c'est parce que tu m'intimidais et que je ne savais pas comment m'y prendre avec toi, car au premier regard, j'ai su que tu serais spéciale pour moi.

_ Tu plaisantes là ? Tu me fais marcher Tristan ?

_ Non, je t'assure, je voulais tellement bien faire, que je faisais tout de travers.

_ Mais, tu te rends compte de tout le temps qu'on a perdu !

_ Comment ça ?

_ Eh bien, je suis tombée sous ton charme à l'instant où j'ai croisé ton regard et encore plus quand je t'ai entendu chanter, ta voix... J'en ai encore des frissons rien que d'y penser, j'ai su de suite que j'étais foutu. Mais je pensais ne pas te plaire parce que je ne ressemblais pas aux nanas qui te draguaient.

_ Tu rigoles là ma Princesse ? Tu es cent fois mieux qu'elles et dire qu'on aurait pu être ensemble depuis un an déjà !

Il me prend dans ces bras, je pose ma tête sur son torse.

_ Tu sais, l'essentiel, c'est que maintenant nous sommes ensemble et que nos sentiments n'en sont que plus forts.

_ Oui mon amour, soufflé-je tout en baillant.

_ Je crois qu'il est temps de dormir ma Princesse. Bonne nuit mon amour à moi.

_ Bonne nuit...

*******

Tristan

Ma princesse s'est endormie avant même d'avoir fini sa phrase. Elle est épuisée, c'est vrai que ça a été une sacrée journée où nous avons vécu tellement de belles choses mais aussi de moins bonnes. Les journées avec elle, n'ont rien de banales ou de lisses. Rien qu'à elle seule, elle remet en question ma façon d'être, de penser et d'aimer. Jamais, je ne m'étais conduit aussi bien avec une nana, mais elle, c'est mon tout. Elle est à la fois ma Noisette, ma Princesse et mon amour à moi. Rien qu'à moi...

Si on m'avait dit ça un jour, je n'y aurais jamais cru et pourtant elle est bien mienne. Je l'ai possédée, mais en fait c'est elle qui m'a fait sien, car ma noisette a du caractère et sous sa timidité se cache une lionne prête à rugir. Je ne l'aurais jamais cru aussi entreprenante pendant que nous faisions l'amour. Elle n'a pas peur d'être elle, de montrer ses sentiments et de se mettre à nue au sens propre comme au figuré. Quand elle donne, elle donne tout et j'ai cette putain de chance que celui à qui elle s'offre, ce soit moi...

Elle est même arrivée à me faire parler de ma sœur. Mon Héloïse, ma sœur, mon soleil, mon plus gros chagrin, ma perte... Elle a raison, je dois admettre que mon bonheur passe aussi par reparler à ma sœur, à ses enfants. Maintenant, que je vais mieux, je ne peux plus être une menace pour eux. Je ne peux plus leur faire du mal, comme je le pensais à l'époque. C'est aussi pour ça, que j'avais laissé ce silence s'installer entre nous. Mais maintenant, qu'elle est à mes côtés, qu'elle sera là pour me soutenir au cas où le contenu de la lettre serait négatif, je me sens plus fort. Son soutien me donne la force de faire ce pas vers ma sœur. Ma Princesse a entrouvert cette partie de mon cœur dans laquelle je les avais enfouis profondément. Cette nouvelle force me donne envie de lui parler, d'avoir de leurs nouvelles. J'ai conservé précieusement une autre lettre dans mon portefeuille, celle où ma sœur avait écrit son numéro de téléphone. J'espère juste qu'il soit toujours valide, car maintenant que cette envie de la retrouver est revenue, ça serait trop bête que je n'arrive pas à la joindre.

Ma Princesse me permet de voir les choses différemment, m'apporte son point de vue, sans me forcer, sans m'influencer, juste assez pour que je réfléchisse, que je me pose les bonnes questions ! D'ailleurs est-ce qu'elle a raison aussi, pour Cerise ? Pourquoi est-ce qu'elle m'aurait caché les lettres de ma sœur. Elle savait à quel point je tenais à ce moment de bonheur que m'apportait cette lecture. Elle savait combien j'en avais besoin... Alors, pourquoi aurait-elle fait ça, je suis son ami, on se connaît depuis la maternelle, on a grandi ensemble, on est même sorti ensemble un temps. Avant ma Princesse, je pensais qu'une fille comme Cerise, c'est ce qui s'approchait le plus, de ce que je voulais comme nana dans ma vie.

Mais ça, c'était avant, car depuis que j'ai rencontré Orphélia, je sais vraiment ce que je veux. Demain, il faut que j'aie une discussion avec Cerise pour en avoir le cœur net. Mais demain est un autre jour et la nuit porte conseil dit-on. Alors moi aussi, je me laisse glisser dans les bras de ma belle, en la regardant encore un peu dormir avant de m'endormir à mon tour.

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Tristan a trouvé le courage de parler de sa sœur avec sa Princesse.

On comprend mieux pourquoi son petit nom est si important pour lui !

Cerise est-elle responsable de la disparition des lettres d'après-vous ?

Tristan arrivera-t-il à reprendre contact avec sa sœur ?

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Bon dimanche mes Loulous ♥ ♥ ♥ ♥

Kty

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