|LES CARNETS BLEUS| Remus Lupin
Attention : Lors de la première publication de cet OS, j'avais prévenu qu'il serait réécrit un jour. Il ne l'est toujours pas, désolée mais j'ai vraiment pas le temps. Il fait plus de 7000 mots. Je vous préviendrai quand ce serait fait ;). Bonne lecture !! (je ne l'ai pas relu non plus, désolée)
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Les carnets bleus
Remus était nonchalamment assis sur sa chaise de jardin, essayant désespérément de profiter du soleil de cette chaude journée d'été. Depuis ce 31 octobre 1981, sa vie n'avait été qu'ombres, rejets et peine. Lorsqu'il avait appris la nouvelle, la trahison de Sirius, il avait été dévasté. Et ce pauvre Peter... Tué parce que son ancien meilleur ami en avait eu envie. Comment, par Merlin, Sirius avait-il pu retourner sa veste aussi vite ?
Remus était tourmenté par ses sombres pensées depuis douze ans. Douze années d'errance. Il avait sombré dans le pessimisme et la dépression. Il ne pleurait plus -ses canaux lacrymaux étaient asséchés depuis bien longtemps- et pourtant ce n'était pas l'envie qui lui manquait.
Remus avait tout perdu. Plus rien ne le rendait heureux. Pas même sa petite bicoque au sud de l'Angleterre et encore moins la clairière ombragée particulièrement bien cachée et protégée qu'il s'était trouvée pour les soirs de pleine lune.
Assis dans sa chaise de jardin, Remus luttait. Remus luttait contre la furieuse envie d'aller ouvrir son précieux coffre. Il savait que cela ne servait à rien d'enfouir son amertume dans des objets et des photos qu'il connaissait par cœur à force de tout le temps les regarder, les toucher, se rappeler.
Remus luttait. Il luttait contre tout. Ses souvenirs, son coffre, sa dépression, la trahison de Sirius qui lui brisait le cœur, sa détresse et la canicule. Brusquement, il se leva et rentra chez lui. Cette chaleur d'été devenait insupportable et lui embrouillait l'esprit. Inconsciemment, il se dirigeait vers le placard où était rangé le coffre mais il se ravisa juste à temps. Il allait boire quelque chose de frais pour se remettre les idées en place. Oui, c'était une bonne idée. Il attrapa la carafe d'eau et se servit un grand verre. Sauf qu'après avoir bu, il ne se sentait pas mieux. Comprenant que rien n'y ferait, il alla chercher le fameux coffre d'un pas soumis. Il s'assit sur son fauteuil et l'ouvrit.
Une écharpe de Gryffondor effilée. Des brouillons de la Carte du Maraudeur. Des vieux emballages de Chocogrenouille. Et les photos. Remus en attrapa une au hasard et son cœur se serra. C'était la tout première photo qu'il avait prise d'Harry. Quelques heures seulement après sa naissance. James avait encore les larmes aux yeux et Lily rayonnait. Sirius, quant à lui, un minuscule Harry dans les bras, semblait un peu perdu. Cette photo lui faisait encore plus mal que ce qu'il ressentait d'habitude mais il n'arrivait pas à comprendre pourquoi. Soudain, dans sa tête, cela fit tilt. Si cette photo l'émouvait autant, c'était parce qu'il y avait désormais treize ans qu'elle avait été prise. Remus s'en voulait. Comment avait-il pu oublier la date de ce jour ? Comment avait-il pu oublier que cette journée était celle de l'anniversaire d'Harry ?
Alors qu'il se faisait cette réflexion, on toqua à sa porte. Surpris et sortant de ses pensées, il se leva, posa le coffre encore ouvert sur le fauteuil, la photo à la main et partit ouvrir la porte.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit Albus Dumbledore lui sourire.
- Bonjour Remus. Je suis désolé de faire irruption chez vous ainsi mais j'ai à vous parler.
Encore un peu sous le choc, Remus lui adressa une rapide salutation et le fit rentrer. Il ne manqua pas le coup d'œil triste du directeur de Poudlard sur le coffre de ses souvenirs et sur la photo encore à sa main. Remus le fit asseoir à sa table et lui proposa un rafraichissement. Enfin, il osa demander :
- Excusez-moi Monsieur mais... Que faites-vous ici ?
- Appelez-moi Albus, je vous en prie. Je devais vous parler d'un sujet important, Remus. Mais je crois bien devoir aborder un sujet plus délicat d'abord.
Remus soupira. Voilà. Douze ans après, on y était enfin. Il fallait qu'il parle de son deuil impossible à faire. Il n'en avait nulle envie. Pourtant, il s'y obligea.
- Ecoutez, Monsieur... Enfin, Albus... Je ne comprends pas. Pourquoi auriez-vous envie que je vous parle de cela alors que ça fait douze ans que personne ne s'est soucié de savoir ce que devenait Remus Lupin ?
Remus sentait la colère l'envahir et il ne put faire autrement que la laisser monter en lui. Jusqu'à l'explosion.
- Franchement ! Qu'est-ce que ça peut vous faire qu'aujourd'hui je n'aille pas bien !? Peut-être avez-vous déjà entendu que les apparences sont trompeuses ?! Peut-être que cette journée est différente parce que ce sont les treize ans du fils de mes meilleurs amis, les treize ans d'Harry ?! Et qu'une fois de plus je ne peux pas le voir pour au moins les lui souhaiter ! Vous y avez pensé à ça ?!
- Remus, dit calmement Dumbledore, je sais que ce n'est pas qu'aujourd'hui. Ca se voit à votre visage et votre apparence que vous n'allez pas bien et vous m'en voyez désolé...
- DÉSOLÉ ? Rugit Remus. DÉSOLÉ ? Par la barbe de Merlin, elle est bien bonne celle-ci ! Ca fait douze ans que je vis ici comme un reclus ! Je n'ai plus de quotidien ! Les pleines lunes sont insupportables parce qu'à cause d'un de mes amis, je me retrouve seul ! Vous ne vous rendez pas compte ou quoi ?! Comment pouvez-vous être simplement désolé ?! Je... C'étaient Lily et James ! C'était Peter ! C'était Sirius qui les a trahis ! C'étaient tous les membres de l'Ordre qui ne sont plus ! Et le peu encore en vie ? Aucune nouvelle ! Pas une seule ! Bah non, pourquoi on se préoccuperait de Remus Lupin ? C'est vrai ça, pourquoi ? Ce n'est pas du tout comme si en une seule nuit, trois de ses meilleurs amis avaient été tués et celui qui lui reste étant celui qui les avait trahis ! Enfin, voyons, il s'en remettra ! C'est le deuil ! Ca lui passera ! Dites-moi franchement s'il vous est venu à l'esprit ne serait-ce qu'une seule fois qu'il serait possible que je n'arrive pas à remonter la pente ?! Dites-le moi !
Remus ne s'énervait à ce point que très rarement. Il pensait même que ce n'était peut-être jamais arrivé. Mais il n'en pouvait plus et il avait eu besoin d'extérioriser. Il regardait intensément Dumbledore et quand celui-ci reprit la parole, Remus crut apercevoir des larmes retenues dans ses yeux azur.
- Ecoutez-moi bien Remus. Il est vrai que l'Ordre et moi vous avons délaissé. Je m'en veux maintenant, savez-vous. Il est vrai que je ne savais pas ce que vous enduriez. Comme vous l'avez très bien souligné, je pensais que vous essayiez de faire votre deuil normalement. J'aurais dû m'apercevoir qu'avec une situation comme la vôtre, c'était presque impossible. Voulez-vous m'excuser mes terribles erreurs ?
Remus était abasourdi. Sa colère retombée, il ne savait pas trop à quoi s'attendre. Ce qu'il savait, c'est qu'il ne s'attendait pas à ça. Il ne s'était pas attendu à ce que Dumbledore prenne conscience du désastre qu'avait été ces douze dernières années aussi vite. Un peu perturbé, il balbutia :
- Je... Oui, je... J'accepte vos excuses...
Dumbledore lui sourit.
- Je n'en attendais pas moins de vous Remus. Puis-je vous parler du sujet qui m'a amené ici, désormais ?
- Je vous écoute.
- Remus, je ne m'attendais pas à ce que vous soyez encore aussi vulnérable et ce que je vais vous dire risque de ne pas vous aider. Mais je suis obligé de vous le dire, vous comprenez ? Vous ne lisez plus les journaux et je ne pense pas que vous écoutiez la radio ?
- Non, c'est vrai, approuva Remus. Je n'en pouvais plus que le même sujet revienne chaque jour alors je me suis peu à peu coupé du monde sorcier.
- Bien. Prenez cela, alors. Je ne pense pas devoir approfondir le sujet plus que cela. Ensuite, j'ai un autre sujet à aborder, l'idée vient de me traverser. Tenez, il s'agit de l'édition de demain. J'ai pu me la fournir en avant-première.
Et Dumbledore lui tendit un exemplaire de la Gazette du Sorcier. Remus aurait dû se méfier. Il aurait dû se douter qu'au ton employé par son ancien directeur, c'était à nouveau lié au passé. Et cela ne manqua pas. En voyant la photo, Remus hoqueta. Malgré la lueur de folie dans ses yeux, son sourire dément, son corps décharné et ses cheveux beaucoup trop emmêlés, il avait reconnu Sirius. Cette image suffit à lui donner la nausée. Cependant, il se résigna à lire l'article.
« BLACK TOUJOURS RECHERCHÉ
Sirius Black, le plus dangereux criminel retenu à Azkaban, est toujours recherché. Deux jours après son évasion, le ministère de la Magie a déclaré ne pas comprendre. Cornelius Fudge, ministre de la Magie, a assuré prévenir son homologue moldu de la situation problématique d'ici quelques heures. »
Remus ne voulait pas en lire plus. Savoir que Sirius s'était échappé le dégoûtait. Il rendit son journal à Dumbledore et d'une voix sourde :
- Est-ce qu'on sait comment... ?
- Non, Remus. Nous ne savons pas du tout. Maintenant que vous savez cela, laissez-moi vous prévenir. Ce n'est pas vous que Sirius cherche.
Remus n'y avait même pas pensé une seule seconde. A aucun moment il ne s'était dit que c'était pour lui que Sirius était parti de sa prison. Mais en y réfléchissant, il reçut un coup au cœur.
- Harry ! s'exclama-t-il, horrifié.
- Vous avez mis le doigt dessus. C'est ainsi que l'on arrive à la dernière chose dont je voudrais traiter avec vous...
- Albus, attendez ! Parlez-moi de lui. Parlez-moi de Harry.
- Je ne vais pas vous en parler, Remus. Que diriez-vous de le rencontrer vous-même ? Après tout, mon poste de professeur de Défense Contre les Forces du Mal est à nouveau vacant.
- Mais, Albus ! Vous ne comprenez pas que j'ai besoin de...
Un large sourire fendit le visage de Dumbledore, assez fier de lui. Remus mit quelques secondes à comprendre.
- Vous plaisantez, j'espère ? souffla-t-il.
- Pas le moins du monde. Il m'arrive de faire quelques plaisanteries mais je sais où est la limite, Remus.
- Vous devenez sénile, Dumbledore ! Avez-vous pensé à la lycanthropie ? Ni les professeurs, ni les élèves ni les parents ne voudront de moi !
- Tout le monde ne saura pas. La Cabane Hurlante est toujours là, opérationnelle. De plus, il me semble que Severus Rogue maîtrise la Potion Tue-Loup.
- Je ne sais pas Albus... Et que vient faire Rogue là dedans ? C'est quoi cette potion ?
- Remus, si vous acceptez de prendre le poste, vous pourriez rencontrer Harry ! Il entre en troisième année et Merlin sait qu'il a déjà accompli nombre d'épreuves et pose des questions sur son passé. Vous y répondrez sans doute mieux que moi. Ensuite, en acceptant ce poste, vous auriez un bureau, à manger tous les jours, vous serez rémunéré et personne ne vous mettra à la porte. Ensuite, Severus Rogue est notre professeur de potions et quant à la potion, vous verrez par vous-même lorsque vous viendrez.
Remus soupira. Après tout, ce n'était pas une mauvaise offre qu'on lui faisait là. Et même si la perspective de revoir Rogue après toutes ses années ne l'enchantait pas trop, il connaissait apparemment une potion intéressante. Quant à revoir Harry... Ce serait son plus grand bonheur. Même s'il ne pouvait pas lui révéler qu'il était un ancien ami de son père dès la rentrée. Il en perdrait son statut de professeur. Il faudrait attendre que l'occasion se présente. Merlin ! Son esprit pensait comme si le fait de devenir professeur à la future rentrée était déjà acquis. Comprenant que l'offre était réellement alléchante et lui donnait envie, Remus accepta d'un signe de tête. Ravi, Dumbledore lui donna rendez-vous à Poudlard le premier septembre et commença à partir. Avant qu'il ne passe le pas de la porte, Remus l'intercepta :
- Attendez ! Quand vous avez dit « Merlin sait qu'Harry a déjà accompli nombre d'épreuves ». Qu'est-ce que ça voulait dire ?
Dumbledore haussa un sourcil puis sourit énigmatiquement.
- Vous l'apprendrez bien assez vite, Remus.
Et il ferma la porte. Remus ne savait que penser. Trop d'information d'un coup sans doute. Sirius a faussé compagnie aux Détraqueurs pour chercher Harry. Remus espérait qu'on le retrouverait vite, cela l'effrayait. Il va enfin rencontrer Harry. Remus avait peur de cette rencontre car Harry ne saurait même pas qui est Remus Lupin, car Harry aurait les yeux de Lily, il s'en rappelait, car c'était fort probable qu'Harry ressemble en d'autres points à ses parents. Oui, Remus avait peur de cette rencontre. Il va devenir professeur. Remus était fier d'avoir accepté et était enthousiaste : il allait avoir un emploi stable.
Impatient, il commença à se faire une liste de ce dont il aurait besoin. A commencer par acheter un double de son calendrier lunaire. Remus partirait dans les jours qui suivront sur le Chemin de Traverse. Mais avant, Remus devait faire son deuil. Il était hors de question de partir sur le Chemin de Traverse sans avoir remonté la pente. Et Remus venait de trouver la solution. Le carnet bleu. Ou plutôt les carnets bleus. Ces carnets que sa mère lui offrait à chaque rentrée scolaire depuis ses onze ans. Ces carnets qu'il avait continué d'acheter tous les ans après sa sortie de Poudlard. Jusqu'en 1981. Il dirigea sa main tremblante vers le tiroir fermé à clé. La serrure cliqueta et le tiroir céda. Ils étaient là. Les dix carnets bleus. Il les prit, les épousseta, les posa sur son bureau. Il ne chercha pas à les relire, ouvrit simplement celui qui n'était pas rempli. Celui qui s'arrêtait à la date du premier novembre 1981. Cette date où il avait arrêté d'écrire car il ne voyait plus à quoi cela servirait. Il ne lut pas le feuillet où l'encre avait été diluée sous ses larmes et tourna la page.
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31 juillet 1993
Aujourd'hui, Albus Dumbledore m'a rendu visite. Il était venu me voir pour me faire part d'informations sorcières. C'est étrange. Je ne sais même pas si tout a changé. Ca fait douze ans que je ne suis pas retourné dans un lieu magique et pourtant, voilà que d'ici un mois, je serai retourné sur le Chemin de Traverse et je m'apprêterai à rejoindre Poudlard en tant que professeur. Dumbledore a commencé la conversation par le sujet difficile. Je ne te fais pas de détails. Tu as vécu douze années avec ton passé, tu sais de quoi je parle. L'air de rien, j'ai enfin espoir de m'en sortir. Ironie du sort : je crois bien que c'est le fait que Sirius soit parti d'Azkaban qui m'a fait réagir. Je ne comprends toujours pas comment il a pu faire cela, et je ne le comprendrai sans doute jamais. Trahir Lily et James... Je n'avais vraiment rien vu venir. Tuer Peter ! Sans raisons ! Parce qu'il en avait envie ! Je me hais de n'avoir jamais remarqué, je me hais d'avoir eu confiance en lui.
Sans doute te demandes-tu pourquoi est-ce lui qui me fait réfléchir. C'est une question légitime. Il cherche Harry. Et lorsque Dumbledore m'a dit cela -ou plutôt l'ai-je deviné- je me suis rendu compte que Harry a treize ans désormais. Treize ans aujourd'hui. Il est en troisième année à Poudlard ! Dumbledore reste évasif sur lui. Sais-tu ce qu'il m'a dit ? C'était assez révoltant. Il m'a dit « Merlin sait qu'il a déjà accompli nombre d'épreuves et pose des questions sur son passé. ». C'est censé me faire comprendre quoi ? En bref, ça a éveillé ma curiosité et surtout, j'ai pris conscience que le monde ne s'est pas arrêté de tourner. La vie a continué. J'ai cru recevoir une claque en pleine figure à ce moment-là. C'est aussi pour ça que j'écris ici. Le monde ne s'est pas arrêté de tourner mais mon monde, si. La preuve dans ce carnet. Après le premier novembre, je n'ai plus écris. Comme si ma vie ne pouvait pas reprendre son cours normal. Aujourd'hui, j'ai ressorti mon carnet bleu et j'ai tourné la page. Métaphoriquement ou non, à toi de voir. Sache que je me sens sourire et léger. Dans une semaine ou deux, je retournerai sur le Chemin de Traverse. Avant, il faut que je prenne le temps de reprendre un abonnement à La gazette du Sorcier et que je m'habitue à écouter la radio. Aujourd'hui, 31 juillet 1993, je te le dis, Remus John Lupin a décidé de revivre.
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Remus marchait tranquillement dans l'avenue londonienne magique la plus prisée. Son retour dans le monde sorcier lui avait le plus grand bien et lui avait rendu le sourire. Il y avait plusieurs jours qu'il n'avait pas touché à son coffre, tout allait pour le mieux. C'était la veille de la rentrée, le trente-et-un août, et la pleine lune atteindrait son apogée le soir même. Mais il se sentait bien. Remus n'était pas anxieux. Il s'agissait là de sa dernière pleine lune avant qu'il n'entre dans son rôle de professeur et il s'en réjouissait. Si l'on avait dit à Remus un mois plus tôt que rompre sa solitude le rendrait heureux, il ne l'aurait pas cru. Et pourtant ! Cet après-midi là, il marchait le long de l'avenue centrale. Il passa à côté du marchand de glaces, Florian Fortarôme, et hésita à prendre un goûter. Soudain, une voix cria près de lui.
- Harry ! HARRY !
Remus fit volte-face et vit deux adolescents, un garçon roux et une fille brune aux cheveux emmêlés, assis à une table, faisant des signes à un autre adolescent qui regardait la vitrine d'un magasin de Quidditch. Celui-ci aussi se retourna et cette vue convainquit Remus qu'il avait envie de manger quelque chose avant de rentrer chez lui. L'autre adolescent s'empressa de rejoindre ses amis. Il souriait.
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31 août 1993
Je prends le temps de t'écrire rapidement avant la pleine lune de ce soir. J'étais sur le Chemin de Traverse aujourd'hui. Tu ne devineras jamais sur qui je suis tombé. Oui ! Harry était là. Ses amis l'ont appelé et ils ont mangé une glace ensemble. Je n'ai pas pu m'empêcher de m'asseoir aussi et de les observer.
Quand la jeune fille l'a appelé... Mon cœur battait tellement fort, j'ai cru imploser ! Je te rassure, je ne suis pas mort. Quand je l'ai vu et qu'il a sourit... Merlin ! Tu n'imagines même pas. J'ai cru que j'allais faire une attaque. Un instant, j'ai cru voir James. Evidemment, il a les yeux de Lily. Je m'y étais attendu mais pas préparé. Je me suis senti tout drôle ; heureusement que j'étais assis. Je les ai entendus parler, j'étais assez près. Encore heureux, il n'a pas la voix que James a dans mes souvenirs. Car dans mes souvenirs, James a sa voix d'adulte. Celle d'Harry est en pleine mue apparemment et j'en suis soulagé. Je n'ai pas vraiment écouté ce qu'ils disaient, c'aurait été impoli. Ensuite, je suis rentré pour t'écrire, vérifier que mes valises soient prêtes et dans quelques heures, je partirai dans les bois pour entamer ma transformation. La dernière avant de retrouver l'ambiance familière de la Cabane Hurlante.
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Remus Lupin était dans le Poudlard Express bien avant les élèves. La pleine lune l'avait épuisé et il tombait de sommeil. A peine assis dans un compartiment, il s'endormit et n'entendit pas le brouhaha de rentrée.
Un brusque freinage le réveilla. Il remarqua que sa cabine était plongée dans le noir et il entendait des voix. Un frisson le secoua. Les souvenirs de la pire journée de sa vie revenaient et il met quelques instants à comprendre. Il ordonna aux élèves de se taire et il la vit. La main grise, visqueuse et couverte de croûtes d'un Détraqueur. Il se leva, alluma une lueur dans la lumière et demanda aux enfants de rester où ils étaient. Sa baguette brandie, il réfléchit à un souvenir heureux. Exercice difficile pour un homme qui sort à peine de plus d'une décennie de tristesse. La photo de la naissance de Harry lui revint en mémoire et il se projeta cette journée. La créature n'avait pas attendu et avait jeté son dévolu sur un garçon. Il dit d'une voix rauque :
- Sirius Black n'est pas ici ! Sortez de ce compartiment !
Son Patronus réussit quand même. Incorporel mais il avait réussi. Le Détraqueur partit et la lumière finit par revenir. Remus jeta un coup d'œil et il eut un coup au cœur. Le garçon était évanoui et il avait fallu que ce soit Harry. Le garçon roux et la fille brune se jetèrent sur Harry en essayant de le réveiller. Remus reprit contenance et dit :
- Laissez-le respirer. Il reviendra à lui très vite, ce n'est pas grave. Ce sont des choses qui arrivent.
Pour dire vrai, Remus était inquiet lui aussi. Il continua :
- Qui êtes-vous ?
La brune répondit en première.
- Hermione Granger, Professeur.
- Ronald Weasley.
- Neville Londubat, Monsieur, répondit un garçon au visage lunaire que Remus ne pouvait s'empêcher de comparer à celui d'Alice Londubat en tremblant.
- Ginny Weasley, dit une petite voix appartenant à une fillette rousse elle aussi.
Enfin, Harry se réveilla. Remus lui donna du chocolat. Rien de tel pour reprendre des forces. Mais Harry ne mangeait pas. Il avait entendu crier. Remus savait que ça ne pouvait être qu'un souvenir. Rien d'autre n'aurait pu faire ça. Perturbé, il incita Harry à manger et partit se reprendre dans le couloir.
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12 septembre 1993
Après l'incident du train, j'ai beaucoup réfléchi et lorsque je suis revenu dans le compartiment, je n'ai pas pu m'empêcher de demander à Harry s'il allait mieux. En utilisant son prénom. Quel crétin ! J'ai de la chance que son visage et son nom soient connus dans le monde entier, autrement mes résolutions auraient été fichues.
Severus n'a pas confiance en moi. Il doute de ma parole. Il croit que je suis de mèche avec Sirius. Je pense surtout que, lui aussi, est encore envahi par le passé et n'arrive pas à s'en défaire. Je le plaindrais presque.
Aujourd'hui, j'ai eu mon premier cours avec sa classe. Comme avec chaque troisième année, je leur ai fais étudier un épouvantard. Je préfère la pratique à la théorie. J'ai commencé par Neville. J'étais sûr qu'il y arriverait. Si seulement il savait que, lui aussi, je l'ai connu bébé dans les bras de ses parents.
Quand est arrivé le tour de Harry, je me suis interposé. Je ne savais pas quelle forme allait prendre son épouvantard mais j'ai bien cru qu'il allait se transformer en Voldemort. Or, il n'était pas question d'effrayer une vingtaine d'élèves. Il a été déçu. Je l'ai vu dans ses yeux. Ce n'est pas bien grave. Une prochaine fois, j'en parlerai avec lui.
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31 octobre 1993
Cette horrible date, une année de plus. Aujourd'hui, j'ai croisé Harry dans un couloir. Il venait de se faire rabrouer par Rusard et il était seul, tous les autres étaient à Pré-au-Lard. Je n'étais pas étonné qu'il n'ait pas d'autorisation de sortie. Les rares fois où j'ai entendu parler des Dursley, ses responsables légaux, ce n'était pas en bien. Le pauvre gosse n'a pas du avoir une enfance facile.
Je l'ai invité à entrer dans mon bureau. Je lui ai montré le strangulot et lui ai proposé un thé. Nous avons parlé de la séance avec l'épouvantard et lorsqu'il m'a avoué avoir peur du Détraqueur, j'étais très impressionné. Avoir peur de la peur, rares sont ceux qui en ont conscience. Et bien sûr, il a fallu que la seule personne qui m'avoue cela fût Harry. Severus est arrivé au même moment avec la potion Tue-Loup. J'ai expliqué que c'est une potion compliquée qui m'aide à aller mieux bien que très amer. C'est là que je me suis rendu compte que Severus était toujours hanté par son passé. Quoiqu'il ne me fasse pas confiance, Harry déteste manifestement Rogue aussi. J'ai remarqué qu'il aurait bien voulu m'empêcher de boire mon verre.
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10 novembre 1993
Harry est manifestement aussi bon sur un balai que son père. Mais encore une fois, il a réussi à marquer sa différence avec celui-ci. Il est attrapeur alors que James était poursuiveur. Et même si de sa quatrième à sa sixième année, James se trimballait toujours avec un vif d'or sur lui, ils sont différents. De jour en jour, j'arrive à mieux voir Harry plutôt que James.
Malgré la tempête, les Détraqueurs sont arrivés et Harry s'est évanoui. En plein match. Il va mieux mais son balai est détruit. Je n'ose imaginer ce qu'il a ressenti devant les brindilles qui restaient de son Nimbus...
Je lui ai parlé à la fin du cours sur les Pitiponks. Il s'inquiétait de savoir pourquoi les Détraqueurs ne faisaient cet effet là que sur lui. J'ai dû lui expliquer mais... je ne m'attendais pas à ce qu'il me dise ce qu'il entendait ou voyait. J'ai failli lui prendre l'épaule pour les rassurer mais juste à temps, je me suis ravisé. Ce n'était pas le bon moment. La conversation a inévitablement dérivé sur Azkaban et j'ai beau avoir prié Merlin pour que le sujet Sirius ne soit pas abordé, on ne m'a pas écouté. J'ai fait tomber mon cartable pour que je puisse me baisser et qu'il ne remarque pas la peine dans mes yeux. Il m'a demandé de lui apprendre à combattre les Détraqueurs. Son ton féroce et sa mine convaincue m'ont rappelé James le jour de la rentrée 1972, lorsqu'il a déclaré se présenter au poste de Poursuiveur et j'ai été obligé d'accepter. Après les vacances de Noël, j'essaierai de lui apprendre à faire un Patronus.
Autre chose avant de laisser ma plume. Sirius est entré dans le château. Il a essayé d'entrer chez Gryffondor et a déchiré la Grosse Dame. Severus me soupçonne toujours de complicité.
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6 janvier 1994
Pendant les vacances, Harry a reçu un Éclair de Feu pour remplacer son Nimbus 2000. Minerva pense qu'il aurait pu être envoyé par Sirius pour tuer Harry. J'y ai pensé aussi même si je ne vois pas vraiment comment il a pu acheter un balai alors qu'il est recherché dans tous le pays.
Ce soir, j'ai eu ma première leçon avec Harry. J'ai cru que c'était une mauvaise idée. Il est pourtant évident que produire un Patronus est très complexe. J'ai bien failli l'obliger à arrêter lorsqu'il s'est mis à entendre la voix de James. C'était sans compter sur son orgueil de Gryffondor. Il a voulu continuer et il a réussi à produire un Patronus incorporel pendant quelques secondes. J'étais admiratif, je dois bien l'avouer. J'ai mis fin à la séance mais avant de partir il m'a demandé si je connaissais Sirius étant donné que je venais de lui dire que j'étais ami avec James. Je lui ai dit la vérité mais je crois qu'il s'en est voulu d'avoir posé la question. Je n'aurai pas dû réagir aussi sèchement. Après tout, il ne pouvait pas savoir.
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02 février 1994
A la fin de cette énième séance d'apprentissage du Patronus, nous avons parlé et j'ai encouragé Harry. Je lui ai donne une Bièraubeurre, persuadé de la lui faire découvrir. Sauf qu'il m'a dit qu'il connaissait déjà, que Ron et Hermione lui en avait ramené de Pré-au-Lard. C'est étrange parce que je suis presque certain que Rosmerta ne donne rien à emporter aux élèves. Privilège de professeur. Je me demande s'il ne cache pas autre chose...On a aussi parlé du Baiser du Détraqueur. Harry est persuadé que Sirius le mérite. Je pense personnellement que personne ne devrait subir cela. Cependant, je commence à me méfier de certaines réactions d'Harry. Il dit que Sirius mérite cette punition car on la mérite -je cite- « Quand on a commis... certaines choses... ». Je me demande vraiment s'il n'en sait pas plus qu'il ne le prétend.
J'ai aussi appris par Minerva que l'Éclair de Feu était un balai plus que normal. Qui a bien pu l'envoyer ? Telle est la question qui tourne dans la salle des professeurs.
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23 avril 1994
Voilà bien longtemps que je n'avais pas écrit.
Le match contre Serdaigle était assez incroyable, sa performance était époustouflante je dois l'admettre. Des imbéciles de Serpentard se sont déguisés en Détraqueurs. Mais cela a permis à Harry de lancer un Patronus presque corporel et attraper le vif en même temps. Je crois bien que même James n'aurait pas pu faire cela.
Sinon, Ronald Weasley dit avoir vu Sirius, un couteau à la main sur son lit une nuit. Le pauvre Neville Londubat avait noté tous les mots de passe sur un papier et Sirius les as trouvé. Je me demande... Oui, je me demande ce qu'il se serait passé si Sirius ne s'était pas trompé de lit.
Enfin, j'ai repris à Harry la Carte du Maraudeur. Je n'ai aucune idée de la manière dont il se l'est procurée ni de comment il a su son fonctionnement. Je l'ai lourdement réprimandé. Je pense que mon inquiétude a pris le dessus et comme je ne peux lui montrer, j'ai essayé de me montrer en colère.
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Remus étais patiemment assis à son bureau en cette belle journée de fin mai. La Carte du Maraudeur, parfaitement ouverte devant lui, il pensait à Peter qui avait dessiné cette carte. Ce pauvre Peter qui n'avait pas mérité ce qu'il avait subi. Personne ne méritait ce qu'ils avaient subi. Soudain, il vit Harry accompagné de Ron et d'Hermione se diriger vers la cabane d'Hagrid. Il soupira ; ces gamins allaient le rendre fou. Il remarqua autre chose. Un autre Harry et une autre Hermione étaient cachés derrière le potager de Hagrid. Il continua d'observer tranquillement jusqu'à ce qu'ils sortent de la cabane. C'est là qu'il les vit. La carte indiquait clairement que Ronald Weasley, Hermione Granger et Harry Potter s'étaient lancés à la poursuite de Peter Pettigrow et que Sirius Black les attendaient devant le Saule Cogneur. Tout s'enchaîna un peu trop rapidement dans l'esprit de Remus. Il ne comprenait pas. C'était un casse-tête sans nom. Comment Peter pouvait-il être en vie puisque les douze moldus avaient été tués ? Comment cela se faisait-il que trois de ses élèves lui courraient après ? Lorsqu'il vit Sirius tirer Ron dans le souterrain, il n'hésita plus. Il se leva d'un bond, attrapa sa baguette et oublia de fermer la Carte. Il courut aussi vite qu'il le pouvait. Il se doutait depuis bien longtemps que Harry en savait plus qu'il ne le faisait croire. S'il n'arrivait pas à temps... Dans le tunnel, son pas dut se faire entendre car on l'appela :
- ON EST ICI ! ON EST ICI AVEC SIRIUS BLACK ! VITE !
Il reconnut la voix d'Hermione. Remus pressait le pas et il arriva enfin dans la pièce principale.
- Expelliarmus !
Il récupéra les trois baguettes et observa la scène. Enfin, Remus demanda d'une voix étranglée par l'émotion :
- Où est-il, Sirius ?
Remus avait ancré son regard dans celui de son ancien ami. Il voulait savoir où était Peter. Enfin, Sirius leva la main et pointa Ron du doigt. Remus murmura :
- Mais, dans ce cas... Pourquoi ne s'est-il pas montré avant ? A moins que...
Remus ouvrit grand les yeux. Sirius n'était pas le traître. Sirius ne pouvait pas être le traître parce que Lily et James avaient dû changer de Gardien du Secret à la dernière minute. La voix tremblante et visiblement très ému, Remus continua :
- A moins que ce soit lui qui... A moins que vous ayez changé de... sans me le dire ?
Sirius hocha la tête très lentement. Remus était tellement heureux de savoir que Sirius était innocent qu'il l'aida à se relever. S'en suivit une grosse dispute avec les trois adolescents éberlués qui ne comprenaient pas. Harry en voulait à Remus, il pensait qu'il était de mèche avec Sirius. Hermione s'en voulait à elle-même de n'avoir dit à personne que Remus était un loup-garou. Quant à Ron, il avait mal à sa jambe. Remus rendit leurs baguettes aux trois élèves et entreprit d'expliquer comment il était arrivé là.
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01 juin 1994
Si j'avais su ce qui m'attendait l'autre soir... J'aurais pris du chocolat avant de partir. Et surtout, j'aurais bu le verre que Severus m'apportait avant qu'ils ne l'envoient valser.
Peter. Peter est le traître. Sirius est innocent. J'ai encore du mal à y croire. Jamais ça ne m'avait traversé l'esprit. Mais maintenant, je me demande comment j'ai pu croire cela ? Sirius a toujours prôné sa différence par rapport aux Black, lui et James avaient toujours eu une relation très fraternelle. Si l'on était venu me demander si Sirius était capable de mourir pour Lily et James, j'aurais répondu oui. Alors pourquoi ai-je cru qu'il avait trahi ? Je n'en sais rien. Parce que c'était logique et que je ne voulais pas réfléchir, sans doute.
Severus a laissé échapper -ou pas- le lendemain que j'étais un loup-garou. J'ai dû démissionner et rentrer chez moi. Harry voulait que je reste mais c'est impossible. Les parents d'élèves ne voudront pas de moi.
Parlons de Harry d'ailleurs. Il doit être déçu. En sortant de la cabane, Sirius lui avait proposé d'habiter chez lui. Il était drôlement heureux mais... Tu te doutes bien qu'étant donné la fuite de Sirius, c'était impossible. J'essaierai de leur envoyer des lettres, à Sirius et à Harry, pour m'assurer qu'ils vont bien.
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24 juin 1995
Je le savais. Je le savais depuis le début que ça allait mal tourner. Depuis que le nom d'Harry est sorti de la Coupe de Feu, je le savais. Les deux premières épreuves se sont tellement bien passées, il a été brillant et je me suis reposé sur mes lauriers, finissant par croire qu'il pourrait même gagner. Je ne voyais pas ça comme cela. Dumbledore m'a envoyé un Patronus à l'instant, je ne peux pas aller le voir. C'est somme toute assez injuste lorsqu'on sait que Sirius, lui, peut le voir. J'espère qu'il s'en remettra, je n'ai pas tous les détails, Dumbledore passera chez moi lorsqu'il en aura le temps.
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30 juin 1995
Dumbledore est venu et m'a tout raconté. J'espère qu'Harry ne restera pas trop longtemps seul, il a besoin de soutien. Il m'a dit aussi qu'il comptait rétablir l'Ordre du Phénix et m'a demandé si je voulais le réintégrer. Je pars demain pour le QG. Il est sous Fidelitas, je ne peux ni l'écrire ni le révéler, mais le plus important étant que je sais où c'est. Encore une étape. Revoir les anciens membres de l'Ordre. Et les nouveaux. Se rappeler que certains ne sont plus là.
Et Sirius. Je me demande ce qu'il va penser. Il est toujours autant recherché par le ministère et je crains qu'il ne puisse pas faire grand-chose. Surtout qu'il va devoir rester dans cette maison qui le relie à de mauvais souvenirs...
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2 août 1995
C'est arrivé. Harry a utilisé la magie à Little Whining. Deux Détraqueurs dans une rue alors qu'il était avec son cousin et un Mondingus Fletcher incapable de rester sur sa garde. Maugrey et Dumbledore préparent un plan pour aller le chercher demain.
Il réclame des nouvelles et ce n'est pas étonnant. Il a vu Voldemort revenir et Cedric Diggory mourir en juin et personne ne peut le tenir au courant. Je ne trouve pas que sa réaction soit exagérée et l'Hedwige furieuse qui est arrivée tout à l'heure a, au moins, fait réfléchir Molly.
A mon arrivée au QG début juillet, Sturgis Podmore est venu me voir est s'est excusé de ne pas avoir pris de nouvelles. Je me demande si Dumbledore ne lui aurait pas parlé de moi...
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3 août 1995
On a été cherché Harry en fin d'après-midi. Il m'a encore appelé Professeur. Je dois dire que ça m'a fait bizarre. Il y a aussi Maugrey qui arrive à rire de ce qui était encore sa situation il y a quelques semaines, c'est-à-dire enfermé dans sa propre boîte. Tonks était toute excitée à l'idée de rencontrer Harry. Tellement excitée qu'elle a mal atterri en transplanant, qu'elle a cassé une assiette et optionnellement fait peur à Harry qui a cru à un cambriolage. Tonks -ou Nymphadora de son prénom- fait partie des nouveaux de l'Ordre. Elle est diplômée Auror depuis peu et est la préférée de Maugrey. Métamorphomage, elle est vraiment un atout pour l'Ordre. Son humour -et sa maladresse, bien que Molly refuse de l'accepter- permettent de détendre l'atmosphère. Rien que pour ce genre de rencontres, je suis heureux d'être revenu dans ce « deuxième opus de l'Ordre » comme l'a appelé Emmeline Vance le jour de mon arrivée.
Harry était assez en colère. Quand il est arrivé et que nous l'avons obligé d'aller à l'étage à cause de la réunion, on a entendu les éclats de voix de la cuisine. Ron et Hermione, même si je pense qu'ils étaient de son avis, ont dû s'en prendre plein la figure alors qu'ils ne sont pas du tout responsables. Revoir Sirius l'a calmé, je pense. Surtout que son parrain lui a proposé des réponses. Il en avait besoin.
Harry est assez stressé par l'audience mais, juridiquement parlant, il avait le droit. C'était de la légitime défense. J'espère tout de même que ça se passera bien.
Je viens de me dire que je parle beaucoup d'Harry dans ce carnet et je me suis demandé pourquoi. Pour me dire que Lily et James sont encore là par le biais de leur fils ? Parce que j'ai espoir que ceux-ci lisent mes mots quelque part et aient des nouvelles de lui ? Je n'en sais rien. Mais parler de lui me fait penser à autre chose et me fait prendre conscience de responsabilités que je n'ai pas dans ma vie et que je n'aurai jamais. Je sais que Sirius est son parrain et qu'Harry est plus proche de lui que moi mais je ne peux m'empêcher de me sentir responsable de lui. Si jamais James lit ces mots (on ne sait jamais, je ne pense pas que les morts soient définitivement partis) j'aimerais que tu saches une chose importante : Harry est capable de crier beaucoup plus fort que toi au même âge et -d'après les têtes démunies de Ron et Hermione et les propos de Fred et George- capable d'exposer des arguments valables.
Sirius ne va pas tarder à aller se coucher, je vais lui laisser sa chambre qu'il m'a gentiment prêtée pour être au calme.
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12 août 1995
L'audience est passée, les charges sont abandonnées. C'est un énorme soulagement. D'après Dumbledore, Fudge a eu du mal. Visiblement, il en veut encore au monde entier. Sirius tire une drôle de tête. Je crois qu'il s'était persuadé qu'Harry serait renvoyé de Poudlard et viendrait vivre avec lui.
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30 août 1995
Ce soir, il y a une fête au QG. Ron et Hermione ont été nommés préfets. Honnêtement, je pensais vraiment que Dumbledore choisirait Harry mais comme il le dit lui-même (bien qu'il n'y croit pas quand il le dit) : il attire sans doute trop les problèmes. Je lui ai dit que James n'avait pas été préfet non plus, il a été rassuré. Je me demande parfois s'il ne faudrait tout de même pas que Sirius et moi lui disions tout. Et par tout, je ne veux pas dire que ce qu'Harry a envie d'entendre. Il a quinze, il est grand et je ne pense pas qu'il sache que Lily haïssait James jusqu'en septième année. Que James s'amusait à harceler Rogue pour se faire remarquer par Lily. Parfois, ça me paraît une bonne idée. Parfois, je me sens stupide de penser ça. Il n'a que quinze ans et quoiqu'il dise, à mes yeux, c'est toujours un enfant que l'on doit protéger parce que James et Lily auraient voulu qu'on le fasse. Dans cette situation, je réfléchis, je pèse le pour et le contre et la question qui revient à chaque fois c'est « Est-ce qu'en tant que parents, ils lui auraient dit ? ». Sauf que là est le problème. Je n'en ai aucune idée.
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18 mars 1996
Après un Noël qui a failli virer au drame, j'ai parlé à Sirius. Longuement. On s'est rendu compte que, bien que l'on se soit retrouvé depuis bientôt deux ans, on n'avait jamais eu le temps d'avoir une conversation véritable et profonde.
On a parlé de tout et de rien. De Harry mais aussi de nos souvenirs. Se replonger dans le passé a été plus facile que je ne l'imaginais lorsqu'on a dérivé sur ce sujet. On a beaucoup ri, on s'est rappelé des souvenirs avec nostalgie et, aussi étonnant que cela puisse paraître, nous n'avons pas insulté Peter. Dans nos souvenirs, il n'est pas quelqu'un de mauvais, un traître. Il était simplement Peter. On s'est -encore- demandé pourquoi il ne nous avait pas dit qu'il avait peur mais, bien évidemment, on n'a pas trouvé de réponse.
Hier, la tête de Harry est apparue dans la cheminée. Il a forcé le bureau d'Ombrage, j'imagine, puisque Severus nous as dit qu'il n'y a pas d'autre cheminée qui ne soit pas surveillée constamment. Il a vu le souvenir de Rogue, quand nous étions des enfants, des adolescents immatures. Je ne sais pas si c'est une bonne chose. En soit, c'est bien qu'il ait enfin su la vérité mais je ne crois pas qu'il ait fallu que quelqu'un d'autre que Patmol ou moi le fasse. De toute manière, le mal est fait et, même si je regrette ces actes méprisables, ils ont fait de nous ce que nous sommes et c'est ainsi.
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07 avril 1996
Aujourd'hui, j'ai vraiment cru que Sirius allait craquer et allait sortir. Nouveaux ordres de mission obligent, tout l'Ordre s'est retrouvé affecté quelque part au même moment, le laissant seul. Heureusement, j'ai réussi à le convaincre de rester Square Grimmaurd (grâce à Harry. Il est l'argument le plus fiable lorsqu'il s'agit de faire rester Sirius au QG).
J'ai un peu angoissé toute la journée, de peur qu'il finisse par réellement sortir, mais lorsque je suis rentré, il était en train de préparer à manger.
Et pourtant... je sais qu'un jour viendra où je ne pourrai plus le retenir. Il est raisonnable depuis bientôt un an et, franchement, je ne sais pas combien de temps il tiendra...
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Severus Rogue entra en trombe dans le QG de l'Ordre. Remus n'eut pas le temps de lui demander ce qu'il faisait là, qu'il lui demanda :
- Black ? Où est-il ?
- A l'étage. Pourquoi ?
Si encore c'était possible, Rogue pâlit. Il expliqua à Remus la situation et en comprenant la gravité de celle-ci, ils firent appel à d'autres membres de l'Ordre.
- Patmol, tu restes là !
- Quoi ? Hors de question !
- Sirius, s'il-te-plaît, pense à Harry ! Qu'est-ce qu'il va faire s'il t'arrive malheur ?
- En attendant, ce n'est pas moi qui risque de me faire tuer par Voldemort parce que je suis au Département des Mystères
Remus souffla de mécontentement. Il ne pouvait pas lui donner tort et il décida de lui laisser le choix.
Ils arrivèrent au Département des Mystères alors que Harry et Neville étaient en situation critique. Ils se battirent aussi longtemps qu'ils purent jusqu'à ce qu'un cri résonne.
- Allons, tu peux faire mieux que ça !
Remus fit volte-face et ne put bouger plus. Il vit le jet rouge du sortilège de Bellatrix foncer sur Sirius et le projeter à travers le voile. Ses oreilles bourdonnaient, sa vue se brouillait. Il reprit conscience de la réalité lorsqu'il vit Harry se jeter vers l'arcade. Il se précipita vers lui pour l'empêcher de rejoindre son parrain dans un monde duquel il ne pourra jamais revenir.
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13 juin 1996
Les larmes coulent sans que je ne puisse les arrêter. Un flot continu, mouillé et froid sur mes joues chaudes du début de l'été.
Sirius est parti. Il a rejoint Lily et James. Bellatrix l'a envoyé derrière le voile.
Je ne sais pas ce qui est le pire de la mort de Sirius ou de la douleur de Harry après. Le retenir pour l'empêcher de traverser l'arcade, c'était... Je crois bien que c'est la pire chose que je n'ai jamais eu à faire. Entendre ses sanglots et sa colère sans pouvoir le réconforter parce que je suis bien placé pour savoir que ça ne sert à rien, ça m'a réellement brisé le cœur. Fait réaliser plus vite, trop tôt.
Sirius est mort. Il nous a laissé, moi et Harry, seuls. Moi et Harry, désormais les seuls liens qui nous retiennent vraiment au passé. Ou plutôt, je suis le seul lien qui retient Harry à son passé. Il nous a laissé seul. Il est mort. C'est fini. Plus rien ne me retient, moi, à mon passé. Pas même Harry. Car le Harry de mon passé était un bébé, avait des parents et un parrain qui l'aimait. Je n'ai plus le choix. Soit je me relève, je fais mes deuils. Soit je sombre dans la noirceur du chagrin et de la dépression. Je n'en sais rien. Ma douleur est encore trop forte, ce n'est pas le moment de prendre une telle décision. Pas lorsque j'ai l'impression que mon cœur se brise en mille morceaux irréparables pour une énième fois.
Aujourd'hui, les larmes coulent sans que je ne puisse les arrêter. Un flot continu, mouillé et froid sur mes joues chaudes du début de l'été.
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