PDV Eijiro:
Lorsque j'ouvre enfin les yeux, mon premier réflexe est de toucher mon front. Je les sens encore... ses lèvres...
Je me lève de mon lit et mes pieds rentrent en contact avec le sol froid. Je ne sais pas comment je dois me sentir. Toujours déprimé? Triste? Ou puis-je me remettre à espérer l'impossible?
Et puis, peut-être que ce n'était qu'un rêve, ça aussi. Certes, il était beau mais ce n'était qu'un rêve...
Je sors de ma chambre. Mon père est assis à la table. Il regarde par la fenêtre, une tasse de café entre les mains. Cette fois, il ne se tourne pas vers moi pour me saluer. Il reste là à fixer un point dans le vide.
Je comprends alors que son attitude est lié à cette nuit. Il n'a pas du dormir beaucoup. Je n'ai donc pas rêvé, Denki est venu...
Depuis des jours que je ne sors pas un mot, je décide enfin à briser le sceau qui lie mes lèvres.

-Papa...

Ma voix est plus enroué que je ne le pensais.
Surpris, mon père se tourne vers moi.

-Je... Je suis désolé...

Je suis désolé pour ce que j'ai dit sur maman. Je suis désolé de t'avoir inquiété. Je suis désolé de t'avoir laissé parler dans le vide.
Mais je ne lui dis pas tout ça. Je sais qu'il l'a compris.
Mon père se lève et vient me prendre dans ses bras. Je le serre contre moi alors que je le sens trembler.

-Eijiro, j'ai eu si peur pour toi... Ne me refais plus jamais ça, ne te renferme pas sur toi-même. Parle-moi, je veux t'aider...

Il se recule et pose ses mains sur ses épaules, les yeux brillants.

-Tu sais que je t'aime Eijiro?

Je hoche la tête.

-Moi aussi papa.

Il revient s'asseoir et je me rends compte que mon petit déjeuner est prêt. Je me rends alors compte à quel point j'ai faim.
Je m'assois et prends une énorme boucher de jambon. Mon père m'observe. Gêné, je repose mes couverts.

-L'appétit est revenu?

Je hoche la tête.

-Je... Papa?
-Oui?
-Il est passé cette nuit, pas vrai?

Mon père se crispe puis hoche lentement la tête.

-Il... Il t'a calmé alors que tu faisais un cauchemar.
-Est-ce qu'il... a dit quelque chose en partant?

Je sens qu'il hésite mais il finit par me dire:

-Je crois qu'il regrette...

Je sens mon coeur faire un bond dans ma poitrine.

-Papa... Tu crois... Est-ce que tu penses que je devrai aller le voir?
-Je ne sais pas Eijiro. C'est à toi de décider ce que tu veux faire. N'oublie juste pas qu'il t'a fait du mal.

Je hoche la tête.

-Est-ce que je peux y aller?
-Finis de manger. Et dès que votre histoire est réglé, tu reviens m'aider chez Aizawa. Il veut nettoyer sa ferme.
-Pas de soucis. Merci...

Je finis rapidement de manger, vais embrasser sa joue et cours jusqu'à la ville.
Denki m'a dit cette nuit que c'était faux, qu'il n'avait pas de petite amie. Il regrette ce qu'il a fait. Ça veut dire que j'ai une chance!
Une fois que j'arrive devant la petite boutique, je n'arrive pas à ouvrir la porte. Je me rends alors compte de l'heure bien matinale à laquelle j'arrive.
J'attrape un caillou au sol et le lance contre la fenêtre de Denki. Je réitère plusieurs fois l'opération jusqu'à ce que celui-ci ouvre sa fenêtre.
Il a l'air extrêmement fatigué et frotte plusieurs fois ses yeux lorsqu'il me voit dans la rue.

-Kaminari Denki, ramène tout de suite tes fesses ici ou je monte par la tuyauterie pour te passer le savon de ta vie!

Il écarquille grand les yeux puis ferme la fenêtre. Il ne met pas énormément de temps à descendre.

-Eijiro, qu'est-ce que tu fais là? Je...

La première chose que je fais, c'est de lui mettre une énorme gifle.

-Tu n'es qu'un abruti! Tu es le pire abruti que je connaisse!

Il titube et me fixe, sa main sur sa joue, les yeux grands ouverts.

-Eijiro, je...
-Non, tu te tais et tu me laisses parler! Ce n'est pas à toi de dire qu'est-ce qui est mieux pour moi. Je veux être heureux avec toi et non pas avec quelqu'un d'autre! Alors je t'interdis de me jeter une fois de plus.

Il baisse la tête et ses yeux se remplissent de larmes.

-Eijiro, je n'ai pas envie que tu aies à te cacher. Je veux que tu sois heureux avec la personne que tu aimes devant tout le monde...
-La personne que j'aime, c'est toi triple idiot! Et c'est pas une population de dégénéré qui va m'empêcher de sortir avec toi. Je me fiche de savoir ce qu'ils pensent! Si je veux t'embrasser au milieu de la rue, alors je le ferai!
-Mais...
-Non! Je ne veux plus rien entendre. Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir de m'embrasser avant que je t'en colle une autre!

Je n'ai jamais été aussi heureux et en colère de ma vie.
Denki s'approche très lentement, presque timidement. Je tends la main et il pose la sienne dessus. Je le tire contre moi et n'attends pas plus longtemps pour goûter à ses lèvres.
Le baiser n'est ni long ni désespéré. C'est un baiser d'amour plein de promesses futures et d'excuses passées. Je m'accroche à Denki de peur qu'il ne s'envole encore loin de moi et lui s'agrippe à moi comme s'il avait peur que je ne sois rien de plus qu'un rêve éveillé.
Je me sépare enfin de ses lèvres mais continue à le tenir fermement contre moi. Ses joues sont aussi rouges que les tomates qui rougissent au soleil.
Dans la rue, une dame qui sort de chez elle se fige en nous voyant. Je lui lance un regard mauvais.

-Un soucis? Quelque chose à dire?

Elle secoue la tête, effrayé, et s'empresse de déguerpir. Je souffle un bon coup.

-Je te jure que s'ils nous regardent tous de travers, je vais faire un carnage...

Denki me regarde, mi-apeuré mi-incrédule.

-Eijiro, tu es vraiment là?

Je lui souris tendrement et caresse sa joue.

-A ton avis?
-Mais... Tu ne me détestes pas? Je t'ai fait du mal...
-Et je vais mettre du temps à te pardonner. Mais je ne veux pas te laisser partir. C'est avec toi que je veux faire ma vie.
-Donc tu ne m'as pas pardonné..?
-Pas tout à fait. A toi de voir comment faire pour que je t'excuse totalement de tes actes aussi idiots que blessants.

Il hoche la tête et ferme les yeux alors que je le serre contre moi. Il se met alors à pleurer sans pouvoir s'arrêter. Je le soutiens comme je peux en lui caressant le dos.
C'est un idiot. Mais c'est pourtant avec lui que je veux passer le restant de mes jours.