un 26 décembre 2017 à minuit 39 (texte impulsif sur ordinateur)

inspiration
expiration
et c'est parti

ça fait dix minutes que je caresse ce clavier d'ordi en me rongeant la peau autour des ongles et j'hésite encore à taper
mais bon au pire on s'en fout
c'est juste des mots
c'est juste des pensées
des déjections de mon esprit
j'attends pas qu'on me dise que c'est bien
j'ai pas envie qu'on les lise
j'ai juste envie que ça sorte
j'ai juste envie d'ouvrir le robinet
et juste laisser couler

et là mes doigts vont tous seuls
ils hésitent et s'arrêtent par moments, ils cherchent le bon mot ou la bonne touche
mais ils s'activent enfin
ils se relâchent et ils laissent couler
tout ce bordel que sont mes pensées
parce que c'est pas si simple de s'exprimer
même pour soi même
c'est pas si simple de comprendre, de se comprendre
de savoir ce qu'il se passe et de l'expliquer
parce qu'une fois que t'es parti tu sais pas si tu vas t'arrêter
si tu peux ou si t'as envie
parce que ça te fait du bien de lâcher, de jeter, de soulever et laisser tomber
tu prends tes neurones à pleines mains et tu les essores où tu peux

et ça coule

les sentiments bizarres qu'on comprend pas
les problèmes des autres auxquels on peut rien faire
les morts qu'on peut pas ramener
les vivants qu'on peut pas sauver
les choses qu'on te dit et que tu dois accepter
parce que t'es grand et mature et que c'est bon t'as l'âge maintenant
c'est pas ce qu'on disait avant
"tu comprendras quand tu seras plus grand"
bah non on comprend pas
on est perdu, on nage mais on entend pas l'eau qui est remuée

une fois qu'on commence à s'exprimer on s'arrête plus
on lâche tout et n'importe quoi
parce qu'on arrive enfin à se concentrer
sur une seule chose
et arrêter de voir et recevoir tout le reste sans savoir quoi en faire

puis y'a toujours ce moment où je m'arrête d'un coup
parce que j'ai perdu le fil et que je sais plus quoi dire, je sais plus où j'étais
mais c'est pas grave, parce que je me suis un peu retrouvé.e

et maintenant je respire mieux

j'attend plus quelque chose qui viendra pas
parce que c'est moi que quelque chose attend que je vienne

c'est un peu le bordel
mais ça s'organise, au fond.

Voilà.