SOS hormones en ébullition


Mme Bourreau sonne enfin l'heure de la pause. Alleluia ! Je meurs de faim et la cafetière me fait de l'œil depuis le début de la matinée. Je me précipite aussitôt pour me servir une tasse et là, ma main reste en suspens. Il faut savoir qu'il y a quelque chose de sacré chez les enseignants : la pause-café. Chacun sa tasse et prendre la tasse d'un autre équivaut à une déclaration de guerre ouverte. Je me tourne alors vers le groupe, un peu crispée.

- Est-ce qu'il y a une tasse qui n'appartient à personne ? Je n'ai pas pensé à prendre la mienne.

- Il y a des gobelets sur le côté, me montre la blonde intello.

Faut vraiment que je commence à intégrer les prénoms. Bizarrement, celui d'Adrien est rentré tout de suite.

- Merci...

- Florianne.

- Merci Florianne.

Bon ! Blonde = Florianne. Et la métisse, c'est Rozenn. Facile ! il rime avec le mien. Je sais, c'est un peu bête, mais on mémorise comme on peut. Reste donc la hippie et Miss Carré impeccable. Pour la directrice, ça va être plus difficile de l'appeler par son prénom. Elle m'impressionne trop.

Tandis que je porte le gobelet de liquide brûlant à mes lèvres, je ne peux m'empêcher de lorgner sur les viennoiseries étalées sur la table. Eilenn, sois forte ! Ce n'est pas bon pour ta ligne ! Résiste à la tentation.

- Il y en a assez pour tout le monde. Tu peux te servir, me souffle Rozenn. Nellie et moi n'en mangeons pas. Elle est végétarienne et ne jure que par le bio. Et moi, ce n'est pas dans mes habitudes alimentaires. Tu sais combien de temps il faut pour éliminer un pain au chocolat ?

Je la détaille un moment. Rozenn est le genre de femme qui tout le monde envie. Une plastique de rêve, musclée et une jolie couleur caramel. Les hommes doivent la dévorer des yeux, et les femmes crever de jalousie. Bref, rien à voir avec moi. Je lui souris timidement.

- Je ne sais pas, mais bien trop longtemps.

- Exactement. Alors je ne vais pas rallonger mon entrainement quotidien pour l'éliminer.

Quotidien ! Rien que ça. Si elle savait depuis combien de temps je n'ai pas approché une de ces machines de torture qu'on retrouve dans les salles de sport. Je baragouine une excuse pour m'éclipser et glisse tel un ninja en direction de la table. J'en profite pour chiper, ni vu ni connu, un pain au chocolat. Rapide comme l'éclair, je m'éloigne du lieu du crime et sort pour le manger en douce.

Et oui, non seulement, j'ai un sens de l'orientation déplorable (merci l'inventeur du GPS), mais aussi une fâcheuse tendance à conserver le gras aux endroits qu'il ne faut pas. En gros partout, sauf dans les seins. Bref, tout ça pour dire que j'oscille entre mon obsession maladive pour le chocolat et ma conscience qui se tâte les hanches en me narguant. Tant pis. De tout manière, je me suis dit que cette année, j'allais me remettre au sport. Peut-être devrais-je demander conseil à Rozenn ? Il faut dire que tout est nouveau pour moi cette année. Nouvelle ville, nouveau job, nouvelle vie de célibataire, nouveau rythme de vie plus sain (enfin je vais essayer).

Alors que je savoure ma dernière bouchée de pain au chocolat, une petite voix m'interpelle.

- Alors tu le trouves comment notre chouchou ?

Miss carré impeccable m'a rejoint à l'extérieur. C'est vraiment une commère de première. Note à moi-même : ne jamais, JAMAIS lui confier quoi que ce soit.

- Il est sympa.

- Sympa ? c'est tout ! Je suis déçue. J'aurais cru que tu le trouvais mignon. Vous formeriez un si beau couple.

Non mais je suis dans une école ou dans une agence matrimoniale ? Je viens d'échapper à un « je trompe ma copine avec n'importe qui mais je joue l'amoureux transi ». Ce n'est pas pour retomber dans une routine de couple. Non, non ! Je veux profiter un peu de la vie : sortir, me saouler, draguer, m'envoyer en l'air sans me prendre la tête. Ce genre de trucs quoi !

Je me contente de sourire à la commère de service, mais j'ai l'impression que ça va être difficile de lui faire lâcher prise. Elle se lance alors dans le récit des potins de l'école. J'ai une furieuse envie de fuir. Je déteste ce genre d'échanges. De loin, je vois la grande hippie et Adrien sur le parking, une cigarette à la main. Ouf ! Il n'est pas aussi parfait que ça en fin de compte. Je vais peut-être pouvoir le classer dans la catégorie « Beau gosse, mais pas pour moi ». C'était sans compter les regards qui lancent dans notre direction et qui me filent des frissons partout. Bon sang, Eilenn ! Tu es gravement en manque. Deux œillades et il met le feu à ta petite culotte.

J'écoute à peine Miss commère tellement je suis obnubilée par lui. Et maintenant il me sort sa démarche « motard rebelle » alors qu'ils reviennent vers nous. Pour m'achever, il me balance un sourire en coin, genre « Je sais, je suis beau gosse ». J'ai presque envie de gémir en le regardant s'avancer, comme une ado neuneu devant un film romantique.

- Allez les filles ! On reprend.

La blonde intello vient de nous rappeler à l'ordre, mettant fin à mon supplice. Je fais volte-face et me précipite à l'intérieur. Arrivée à ma chaise, je me laisse tomber, avant de soupirer bruyamment. Faut que je me trouve un mec, moi ! Ca ne va vraiment plus.

- Ariane a essayé de cuisiner ?

Adrien s'est rapproché de moi pour chuchoter à mon oreille. Bordel ! mon corps entre en transe en sentant son souffle sur moi. Il ne faut plus qu'il fasse un truc pareil. Sinon la prochaine fois, je fais une crise cardiaque, à défaut de pouvoir lui sauter dessus.

- Non, ça va.

- Alors elle a voulu nous caser ensemble ?

Je me retourne vivement vers lui, surprise. Je ne sais pas trop quoi lui répondre. En effet, elle me l'a fortement suggéré (et c'est peu dire). Mais surtout, j'ai les hormones en ébullition et il me fait un peu trop d'effet.

- Ben heu...

- Je suis désolé. Elles ont tendance à me materner, vu que je suis le seul mec de l'école. J'ai beau leur dire que je sais gérer ma vie amoureuse tout seul, mais elles continuent.

Je compatis. Ma meilleure amie aussi a cette fâcheuse manie.

- Ce n'est pas grave. Je comprends.

En ce moment-là, la directrice nous lance un regard à faire pâlir un zombie. Je plonge aussitôt sur mon calepin et fais mine de noter quelque chose de super important. Quand je me redresse, elle a repris son discours et Adrien m'affiche un sourire à vous faire fondre sur place. Bon ok. Beau comme un dieu, un sourire et une voix qui vous scotchent au mur. En plus, il a l'air d'être gentil. Où est la faille ? Parce qu'il doit y en avoir une, la cigarette n'étant pas un défaut rédhibitoire. Il y en a toujours. Il faut juste que je la trouve pour me le sortir de la tête. 

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