Quand le lendemain je sors du lycée je vois la grosse voiture d'Emilia garée sur le parking. Il faut dire qu'elle ne passe pas vraiment inaperçue, un énorme 4x4 noir avec des vitres teintées...on ne voit pas ça ici tous les jours. Je me tourne vers Leïa.

- Ça va aller je vais me débrouiller.
- Tu es sûre ?
- Ouais. Je suppose qu'Emilia va insister pour me ramener et...tu as du boulot à faire. Ne t'en fais pas ça va aller.
- Ok. A demain alors.
- Ouais.

On se sourit et elle part jusqu'à sa voiture tandis que moi je pars vers celle d'Emilia. Et justement quand je m'approche la fenêtre avant du côté passager se baisse pour laisser apparaître ma sœur.

- Salut Andy.
- Salut. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je suis venue te ramener à la maison. J'aimerais qu'on parle toi et moi.
- A propos de quoi ?
- De la raison de mon retour.
- Tu peux me le dire maintenant.
- Andy-
- Emilia. Tu es partie de la maison et tu n'es pas revenue pendant cinq longues années. Tu nous appelais uniquement pour nos anniversaires. Tu te rends compte à quel point on était inquiets ?
- Oui. Oui je m'en rends compte. Et je suis désolée. Mais tu ne peux pas comprendre, je devais partir. Toute cette pression sur moi...je n'en pouvais plus.
- Et tu ne t'es pas dit qu'en partant c'est moi qui en hériterait ?

Elle comprend aussitôt ce que je veux dire et un air de culpabilité apparaît sur son visage.

- Oh mon dieu Andy je suis désolée. Je ne savais pas.
- Tu ne sais rien. Papa et maman étaient morts d'inquiétude. Quelques jours après ton départ ils ne t'ont pas écoutée et ils ont décidé de te chercher. Ils ont fait le tour de la Californie pour ça, ils ont appelé tous leurs contact, la famille...mais personne ne savait où tu étais.
- Je sais. Et je comprends maintenant.
- Comment ça ?
- C'est pour ça que je suis venue. Je voulais vous présenter quelqu'un.
- Quelqu'un ? Tu n'es plus avec Tim ?
- Si. Si au contraire.
- Alors qui tu veux nous présenter ?

Elle me sourit et baisse la fenêtre de la portière arrière. Et quand je tourne la tête...je découvre avec émerveillement un bébé. Minuscule, plus que Jordan. Il est adorable. Non. Il est parfait.

- C'est mon fils, m'annonce Emilia en souriant.

Je me tourne vers elle presque les larmes aux yeux.

- C'est mon neveu ?
- Oui.

Elle aussi elle a l'air très émue. Je n'arrive pas à détacher mon regard du petit humain qui dort paisiblement.

- Il s'appelle Benjamin.

Benjamin ? Comme...comme...

- Comme grand-père, finit ma sœur.

Notre grand-père paternelle. Il a toujours tout fait pour nous. Aujourd'hui il est dans une maison de retraite mais...autrefois dès qu'on avait besoin de lui il pouvait faire des milliers de kilomètres juste pour nous voir. La mort de notre grand-mère l'a détruit. Et je crois qu'une partie de lui est morte avec elle parce qu'il n'a plus jamais été le même après ça. Cette fois les larmes coulent toutes seules en me rappelant tous ces souvenirs que j'ai eu avec mes grands-parents et à la vue de ce petit ange.

- Monte dans la voiture Andy. On a beaucoup de choses à se dire.

Je hoche la tête et cette fois je n'hésite pas à monter. On roule pendant quelques minutes dans le silence jusqu'au parc où elle s'arrête et sort. On venait tout le temps ici quand on était petites elle et moi. Bon je pense que c'est surtout elle qui venait avec moi mais...même avec sept ans d'écart on a toujours su nous amuser comme deux vraies gamines. Je sors à mon tour et je vois qu'elle a détaché Benjamin qui est maintenant réveillé. Ses yeux.

- Il a les mêmes yeux que nous, je dis toujours émue.
- Oui. Les yeux de sa mère et le nez de son père.

C'est vrai qu'il ressemble beaucoup à Emilia. Mais il a aussi beaucoup hérité de Tim. Tim c'est le copain de ma sœur comme vous vous en doutiez. Ils sont partis ensemble il y a cinq ans.

- Tu veux le porter ? me propose ma sœur en voyant que j'en meurs d'envie.
- Oui je veux bien.

Elle me tend le tout petit bébé et je le prends dans mes bras en souriant. Son petit visage rond reste un instant dirigé vers sa mère, puis il se tourne vers moi et après avoir posé sa petite main sur ma joue, il se met à sourire. Je souris à mon tour comme je n'ai jamais souris et lui parle.

- Salut Benjamin. Je suis ta tante Andromède.

Je prends sa main.

- Viens on va s'asseoir, me propose Emilia avant de se diriger vers le banc sur lequel nos parents s'asseyaient pour nous regarder jouer.

On s'installe et mes yeux continuent d'être rivés sur le petit bonhomme. En même temps comment quitter des yeux une petite frimousse si adorable.

- Il a quatre mois.

Je me tourne enfin vers ma sœur.

- Pourquoi tu ne nous as rien dit ?
- J'avais peur. Je ne voulais pas que papa et maman me jugent encore.
- Ils ont changé.
- Je ne le savais pas.
- Parce que tu n'appelais jamais.

Encore la culpabilité.

- Mais je voulais le faire. Depuis que je suis mère...je me rends compte de la douleur qu'ont dû éprouver nos parents. Si Benjamin m'était enlevé ou...si il se mettait à me détester...je ne sais pas ce que je ferais. Je crois qu'une partie de moi serait détruite à jamais. C'est pour ça que je suis venue. Pour présenter mes excuses et...pour présenter Benjamin à ses grands-parents.
- Tu les as déjà vu ?
- Non. Tu es la première à faire la connaissance de ton neveu. Je veux que Cameron et toi le sachiez avant. C'est pour ça que je l'ai appelé. Il arrive.
- Il était d'accord pour venir ?
- Au début il ne voulait pas mais je suis parvenue à lui faire changer d'avis.
- Tu sais que Cameron a toujours détesté montrer ses sentiments.
- Ouais.
- Quand tu es partie je crois que c'était la seule fois où il n'a pas réussi à se cacher. Et qu'il n'y parvient toujours pas. Il t'admirait.
- Je sais oui. C'est pourquoi je dois lui présenter mes excuses même si je sais que je ne pourrai jamais assez le faire. Tu crois que vous pourrez un jour me pardonner ?
- Tu viens de me présenter mon neveu de quatre mois qui est terriblement mignon. Bien sûr que je te pardonne.

Elle me sourit et prend ma main que je sers. Elle m'avait manqué. Vraiment. Je suis tellement soulagée de retrouver ma grande sœur que je ne peux pas lui en vouloir plus longtemps. Quelques minutes après Cameron se pointe enfin. Il fait tourner les clés de sa moto entre ses doigts et a les yeux rivés sur son téléphone. C'est seulement quand il arrive devant nous et qu'il voit Benjamin dans mes bras qu'il s'arrête.

- Il est à qui ce gosse Andy ? Ne me dis pas que tu l'as volé.

Je me tourne vers Emilia qui se lève.

- Cameron. Je te présente ton neveu.

Notre frère se fige aussitôt et se met à regarder Benjamin dans mes bras.

- Mon quoi ?
- C'est mon fils.

Il continue de le regarder puis il se tourne vers notre sœur avant de se retourner et de partir. J'allais me lever mais Emilia m'arrête.

- J'y vais. Surveille Benjamin.

Elle se lève et le rattrape. Je les vois parler plus loin, enfin...Cameron a surtout l'air de crier. Je me tourne donc vers Benjamin.

- Tu as de la chance Benji. Toi tu ne vois pas tout ce qui se passe autour de toi.

Il me sourit et fait un petit bruit trop mignon qui me fait sourire.

- Tu sais j'ai toujours voulu être Tata Andromède. Et...même si on se connait depuis seulement quelques minutes je t'aime déjà bonhomme.

Il prend mon pouce entre ses petits doigts.

- Quelque chose me dit que toi aussi tu m'aimes bien non ?

Je lui souris puis je me tourne à nouveau vers Cameron et Emilia qui ont l'air de s'être calmés. Tant mieux. Je déteste les voir se disputer.

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Voilà c'était le chapitre 37. Si ça vous a plu, n'hésitez pas à commenter et à voter pour donner votre avis.