Trois.
Cela suffit à calmer Aloys, qui avait les yeux grands ouverts en entendant sa confession. Il allait lui répondre quand il entendit des pas s'approcher d'eux. Aussitôt, Vahé le lâcha et s'écarta de lui.
— Il se passe quoi ici ? demanda l'entraîneur à l'autre bout de la pièce.
— Rien, je vais me changer et je pars, répondit-t-il.
Heureusement que les lumières étaient faibles et qu'il ne pouvait pas voir les blessures récentes des deux garçons. Il acquiesça et repartit dans son bureau, laissant seul Aloys. Il sortit donc dehors, et devant, il se demanda un instant s'il devait l'attendre ou non, finalement, il prit la décision de s'enfuir, pas sûr de vouloir connaître ce qu'il pourrait se passer s'ils restaient ensemble.
Sur le chemin du retour, Aloys reçut un message qu'il s'empressa de regarder.
De Vahé : désolé mec pour ce qu'il s'est passé, je voulais pas m'en prendre à toi et te frapper. Oublies ce que j'ai dit, je suis à cran en ce moment et pour la résidence, je voulais t'en parler moi-même, je savais qu'on se verrait demain à la boxe, tout est ok ?
Il réfléchit un moment et il était persuadé que Vahé lui mentait encore, après ce qu'il lui avait balancé, il espérait vraiment qu'ils passent à autre chose ? Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'il entendait par ses mots ? Aloys n'y comprenait rien, ou ne souhaitait pas comprendre. Pourtant, cela ressemblait à une déclaration, est-ce que Vahé... ? Non, il ne l'aimait pas dans ce sens. Comme il lui avait dit, il l'appréciait beaucoup et sa révélation sur sa sexualité l'avait légèrement perturbé, au point de croire qu'il pourrait l'être lui-aussi. C'était comme de voir un ami bien dessiner, on pouvait vouloir s'y mettre aussi pour voir ce que ça donnerait. Vahé n'était absolument pas gay.
Le lendemain, il n'eut pas le courage de se rendre à son cours habituel de boxe et Vahé lui avait envoyé un autre message pour lui demander si tout allait bien et si c'était à cause de lui qu'il ne venait pas, auquel il lui répondit que « tout était ok et non, je suis juste malade ». Il passa sa matinée dans son lit, à surfer sur le net et sur ses nombreux réseaux sociaux. Etonnement, il tomba sur ceux de son ami à chaque fois et se mettait à lire ou regarder ses derniers post.
De Vahé : c'est ok pour la résidence alors ?
Aloys se posa des questions, est-ce qu'il devait y aller ? Alors que normalement, il ne devait pas être de la partie.
A Vahé : C'est ok.
Finalement, c'était tous ses potes et il ne voulait pas s'éloigner d'eux, surtout en étant différent à présent. Persistait en lui la peur qu'ils le délaissent.
Lundi, ce furent leur premier jour des vacances et ils étaient tous réunis pour prendre l'avion, direction l'Espagne pour la seconde résidence d'un d'eux. Ils étaient tous extrêmement excités à l'idée de draguer des petites espagnoles et de faire la fête tout les jours. Dans l'avion, Aloys se retrouva à côté d'Ossian et Hadriel, qui le taquinaient – encore – sur le fait qu'il aime les mecs. Ils s'amusèrent à lui montrer plusieurs mecs sur leur téléphone en lui demandant s'il était « baisable » ou non, n'étant pas encore tout à fait à l'aise avec ça, il répondit majoritairement non, alors que la majorité aurait dû être oui. Ils recommencèrent avec leur « tu préfères qui dans le groupe ? », ils l'avaient même poussé jusqu'à « tu embrasses qui ? Tu te maries avec et tu couches une nuit avec qui ? » mais Aloys n'avait pas voulu y répondre.
Heureusement que le trajet ne fut pas long et qu'il put enfin se libérer de ses psychopathes de potes aux idées tordues et trop pervers. Avant, il était parfaitement à l'aise quand ils parlaient de sexe ensemble, maintenant, ça le gênait un peu ; étant le seul de la bande à aimer le même sexe. Cependant, il savait que c'était uniquement à cause de la récence de la nouvelle, plus tard, il redeviendra le bon vieux Aloys.
Les retrouvailles avec les autres se passèrent bien, même s'il se crispait en disant bonjour à Vahé, ayant son altercation en tête avec lui et ses mots étranges balancés avec rage et... tristesses ? Il n'en savait foutrement rien, mais il faisait tout pour les oublier.
Ils prirent tous des taxis, se répartissant et une fois dans la maison, ou villa plutôt, tout les mecs choisirent la meilleure place pour dormir et Aloys se coltina le vieux matelas gonflable dans le salon. Il soupira avec désespoir, résigné. Le reste de la soirée, ils la passèrent tranquillement, une bière à la maison, une musique en fond sonore et des bavardages, comme d'habitudes. Cependant, personne n'accorda de l'attention à Aloys et cela renforça son idée qu'il ne se trouvait pas, ou plus, à sa place. Il décida de prendre l'air avant que ses pensées négatives ne l'envahissent.
Sur la terrasse, il sortit une cigarette et un briquet de la poche de blouson d'Indy et l'alluma. Il s'accroupit pour caresser les poils du chat qui se frottait à ses jambes, il le trouvait très mignon, il était tout petit et roux. Il sourit en entendant les ronronnements de celui-ci, c'était apaisant, déstressant.
— Je savais que tu allais aimer Mymy, lança une voix derrière lui.
— C'est ton chat ? demanda curieusement Al'.
— Non, celui des voisins, mais il vient tout le temps ici quand il voit du monde.
Il se releva, laissant le chat disparaître dans les feuillages, probablement pour rejoindre sa maison. Vahé arriva à sa hauteur et le regarda, tandis que lui fuyait son regard, tirant sur sa cigarette de longues bouffées. Il toussota en ayant pris plus qu'il ne le fallait, ce qui fit rire son voisin.
— Je crois que je vais rentrer chez moi, lança-t-il finalement, s'avançant pour jeter son mégot au loin.
Cependant, une main lui retint son poignet et le fit se stopper net.
— Non restes, entendit-il d'une petite voix.
Il ne se tourna toujours pas, fixant ses yeux au sol, dans le flou.
— S'te plaît, restes ici, avec nous. C'est ici ta place, que tu sois gay, pan, bi, trans ou quoique ce soit d'autres.
Sans qu'il le veuille, un sourire se dessina sur ses lèvres. Il était si heureux d'entendre cette phrase qu'il aurait pu lui sauter dans les bras. Il se tourna enfin, lui faisant face.
— Merci Vahé.
Vahé lui sourit sincèrement en retour, plongeant sa main dans ses cheveux en lui ébouriffant affectueusement. Ils rentrèrent dans la maison ensemble, côte à côte et le visage heureux d'Aloys, enfin le cœur soulagé du dernier poids qui lui restait.
La nuit venue, ils décidèrent tous d'aller se coucher. Ossian l'aida à gonfler son matelas, ils partirent se brosser les dents et tous en boxer, se mirent sous leurs draps.
Cependant, alors qu'il s'était à peine allongé dans son matelas de fortune, que celui-ci se dégonfla aussitôt, faisant soupirer Aloys, qui se tenta de chercher aussitôt une solution pour tenter d'amoindrir les dégâts.
Vahé, qui passait par là, se mit à rire en voyant son ami au sol.
— Allez viens avec moi, j'ai un lit de deux places, finit-il par proposer.
Aloys en fut légèrement gêné mais il accepta tout de même, souhaitant passer une bonne nuit après le programme qu'ils avaient prévu pour le lendemain.
Quand ils entrèrent dans sa chambre, aucun de parla et ils prirent place silencieusement, Aloys pouvait jurer que l'atmosphère avait changé autour d'eux. Dans le lit, ils ne bougèrent pas, tout les deux sur le dos, fixant le plafond blanc au dessus d'eux. Puis en même temps, ils bougèrent pour prendre place, faisant s'entrechoquer leurs jambes. Ils s'excusèrent automatiquement chacun en ayant un rire gêné. Finalement, Aloys resta sur le dos et Vahé se mit sur le côté, face à son ami. Il pouvait sentir son regard sur lui.
Une jambe nue vint se coller à la sienne, et croyant que son ami ne l'avait pas fait exprès, il s'écarta un peu de lui. Cependant, la jambe vint se remettre contre son mollet quelques minutes après. Il retint sa respiration en sentant cette fois une main glisser sur son ventre et tourna le visage vers Vahé. Il ne pouvait pas le voir dans le noir, ce qui l'inquiétait encore plus.
— Va' ? murmura-t-il.
Mais personne ne lui répondit, à la place, la jambe passa au dessus des siennes et fit des petits mouvements pour se frotter contre la peau, tandis que la main caresser la peau sensible de son ventre, faisant des ronds autour de son nombril jusqu'à remonter plus haut sur son torse. Aloys peinait à reprendre sa respiration, sentant son ventre se tordre de façon délicieuse. Il savait très bien ce qui lui arrivait pour l'avoir vécu un nombre incalculable de fois : ses attachements commençaient à l'exciter.
Il attrapa cette main tentatrice fermement pour la stopper.
— A quoi tu joues Vahé ?
Toujours aucune réponse. Mais la jambe continuait à se frotter doucement, puis, il sentit un corps se poser au dessus de lui et un souffle chaud très proche de lui. Son corps se paralysa en pensant à ce qu'il était en train de faire. D'ailleurs, que faisait-il ? Bon sang ! Il perdait la tête ou quoi ? Ou alors, il cherchait une expérience avec un mec ? Non, il ne voulait pas être une simple « expérience » ! Surtout pas avec l'un de ses potes !
— Arrêtes ça tout de suite, ordonna-t-il sur un ton qui se voulait le plus autoritaire possible.
Cette fois, Vahé posa son bassin contre le sien et Aloys ne put s'empêcher de soupirer d'aise. Qu'il le veuille ou non, son corps réagissait à celui brûlant de son voisin de lit, à son souffle de plus en plus proche de ses lèvres mais surtout, à cette érection pressée contre son bassin. Son bas-ventre s'éveillait d'un coup en sentant un coup de hanches sur celui-ci, sa tête se pencha et son dos se cambra. Il avait envie qu'il recommence ! Qu'il se frotte contre lui lascivement. Aloys l'attrapa par les hanches et le fit basculer, se retrouvant au dessus de lui. Il passa une jambe entre les siennes et remonta son genoux jusqu'à son sexe, caressant cette chose dure dans son caleçon. Entendre Vahé gémir termina de lui donner une érection. Il souleva son bassin et se cala en dessous, soutenant ses jambes qui étaient écartées pour lui, pour lui laisser la place de s'y installer.
Sauf qu'au moment de l'embrasser, il sentit une main sur son torse qui le repoussait doucement.
— Attends... Attends, je crois que.. J'crois pas que ce soit une bonne idée, finit par dire Vahé.
Aloys fronça les sourcils. Est-ce qu'il se foutait de sa gueule ? Il le chauffait clairement pour ensuite le repousser en pensant que « c'est pas une bonne idée » ? La frustration le gagna aussitôt, mais il força la chose en penchant son visage, mais de nouveau, cette main vint le stopper dans son élan.
— Ecoutes Aloys, je t'aime bien, mais je pense pas être comme toi... Je suis pas gay, et j'ai pas envie qu'on aille plus loin et que ça brise quelque chose entre nous, tu comprends ? dit-il doucement, comme s'il s'adressait à un enfant.
Ledit Aloys se crispa et ses dents se serrèrent. Il comprenait parfaitement, mais dans ce cas, il ne fallait pas le chauffer autant ! C'était lui qui avait commencé et au final, il n'avait pas eu les couilles de continuer !
Il soupira pour reprendre ses esprits.
C'est ton ami, ne l'oublie pas, se dit-il, remettant de l'ordre dans ses pensées.
Il tomba lourdement sur le côté en lâchant :
— Je comprends, pas de problème, mentit-il. Bonne nuit.
— Bonne nuit Al'... Et désolé, je me suis emporté.
Il décida de ne pas y répondre. Il voulait lui montrer que tout de même, ses actes lui avaient fait du mal. Il s'endormit difficilement, avec un gros problème entre les jambes, en sachant que Vahé avait le même et qu'ils auraient pu se soulager ensemble... Mais il avait un goût amer après l'énorme vent qu'il s'était pris. Ce n'était même pas un vent, c'était carrément une tornade !
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