Spécial 1 an : Extrait de roman
Et voilà donc un extrait de mon roman révolution. J'ai hésité entre trois extraits (ne voulant pas donner le début pour que se soit un inédit pour tous), la première scène où l'on découvre la reine, celle avec les enfants et la compagne du chevalier et celle-ci la première se déroulant à Puydes. Il n'y a pas besoin d'explication du coup, puisque cette partie présente que des choses nouvelles.
1
- Vous avez là une fille des plus sublimes ! affirma un client à son père.
Clothilde offrit un sourire au client qui venait de la complimenter en emportant son assiette.
Elle avait l'habitude de recevoir des compliments sur son physique ou des promesses de mariage par des clients trop enivrés. On disait d'elle qu'elle était la plus belle fille de Puydes et elle était bien prête à le croire. Pourtant elle était une bonne fille, du moins assez sage pour se contenter de répondre par de charmants sourires ou des éclats de rire à toute entreprise venant d'un homme. Elle n'avait passé que quinze hivers, trop peu pour penser au mariage d'ailleurs et de toute façon son père serait celui qui choisirait son futur époux. Certes il lui arrivait de rêver au grand amour, de vivre une aventure romantique et passionnée mais aucun des hommes qu'elle ne croisait ne l'attirait réellement. Peut-être parce qu'elle avait déjà une bonne idée de l'homme qu'elle souhaitait si cela devait lui arriver et qu'un riche noble en passage à Puydes il n'y en avait pas beaucoup. Et aucun de ceux-là n'étaient resté assez longtemps pour qu'ils la remarquent. D'aucuns diraient qu'elle misait trop haut. Peut-être était-ce vrai, mais elle portait elle aussi un titre de noblesse. Il n'avait plus vraiment de valeur, on ne savait même plus avec certitude s'il venait d'une ancienne famille qui s'était appauvri ou d'une branche bâtarde et l'auberge était la seule propriété de son père, mais quand on s'entendait dire qu'on était la plus belle fille de la région, ce titre qui ne signifiait rien pour les autres signifiait l'espoir d'un avenir plus luxueux où elle n'aurait pas à servir le repas à des clients et leur préparer une chambre.
Elle croisa sa mère sur le chemin de la cuisine et elles échangèrent un sourire complice.
- On vous fait encore la cour ?
- Au moins celui-ci l'a fait auprès de père.
- Peut-être nous donnera-t-il un bon pourboire si vous continuez de lui sourire comme ça !
Sa mère rejoignit la salle à manger, prête à amener les clients à leur chambre maintenant qu'ils étaient bien repus. Et Clothilde continua son chemin sourire aux lèvres. Chaque fois qu'on soulignait sa beauté, elle se sentait de bon humeur,c'était après tout son plus grand atout, ce qui la différenciait des autres, ce qui l'a rendait exceptionnelle. Mais en passant la porte de la cuisine son sourire tomba comme ce qu'elle avait en main. Cela la reprenait encore. Un frisson parcourait son corps, elle se sentait suffoquer et elle percevait une présence à sa droite.
Elle ferma les yeux la gorge serrée, tourna le dos à la scène en tentant d'apaiser sa respiration et elle se répéta ce que ses parents disaient toujours :
- Ce n'est pas réel. Il n'y a rien dans cette salle, juste ce que mon imagination y a apporté. J'ai quinze ans. Je suis une grande fille. Je ne dois plus croire à ces enfantillages.
En rouvrant les yeux elle ne sentait plus la présence, plus de frisson, plus rien. Elle se retourna et entreprit de ramasser le désastre qu'elle avait causé.
Alors la porte de derrière s'ouvrit et son frère Ovide avança vers elle. C'était un petit jeune homme de vingt et un ans, au charmant sourire à fossette et aux cheveux châtains pareil à de la paille, attaché sur sa nuque. Il était mal rasé comme toujours et ses vêtements semblaient avoir été enfilé à la hâte. Dans ses petits yeux noirs une lueur rouge lui indiqua ce que son haleine lui aurait révélé autrement.
- Vous êtes encore allé boire ! commenta sa sœur.
- Ouais. J'étais à l'anguille fringante.
Clotilde eut une moue méprisante. L'établissement était un cabaret, tenu par une veuve à la moralité plus que trouble, ce qui était logique en sachant qu'on y trouvait facilement ceux qui venaient s'y dévergondés, par le jeu, les prostitués ou l'excès de boissons. Que son frère ose pénétrer ce genre d'endroit de débauches ne lui plaisait pas du tout, même si elle était consciente qu'il y trouvait ce qui lui plaisait, ce qui lui plaisait encore moins. Elle ne ferait jamais un bon mariage cela venait à se savoir.
- Je ne vous félicite pas !
- Oh et vous allez me dénoncer !
- Vous le mériteriez bien ! Comment voulez-vous séduire Eugénie en vous conduisant comme ceci. C'est une fille bien, qui recherche un bon parti pas un dévergondé de votre espèce.
- Je ne comptais pas lui dire que je sortais. Ne vous en faite pas, avec elle je sais être un jeune homme convenable.
- Eh bien vous devriez peut-être commencer à l'être avec nos parents aussi. Ils ont encore râlé après vous et s'ils apprennent que vous traîniez à l'anguille fringante plutôt que de nous aider...
Il balaya l'argument d'un mouvement d'épaule qui agaça sa sœur. Elle aimait Ovide, alors même qu'il exaspérait tout le monde à la maison, mais il avait aussi un don pour l'horripiler
- Figurez-vous qu'il y avait le vieux Hugues à l'anguille fringante.
Cela ne l'étonnait guère. Il avait beau être mystérieusement riche, il passait son temps à boire et dans des lieux pas toujours bien réputés.
- J'espère que vous ne cherchez pas à lui ressembler ?
- Non mais il était dans un sale état et a quand même commander un nouveau pichet de vin.
- Et ?
- Si on allait chez lui ?
C'était bien une idée saugrenue qui ne pouvait fleurir que dans un esprit empoisonner par la boisson.
- Pourquoi donc ?
- Il paraît qu'il a des tas de bizarreries chez lui : des potions, du poison, des armes étranges, des cartes de mondes inconnus, des livres dans des langues bizarres.
- En quoi ça nous intéresserait ?
- Je pourrais y trouver une émeraude pour Eugénie ou un poison pour Hector.
Elle rit à cette idée, Hector était leur frère aîné de vingt-trois ans, Ovide et lui se détestait.
- Il n'y a rien qui m'intéresse là-dedans, observa-t-elle.
- Pas même une émeraude ? Enfin voyons vous ne voudriez pas qu'Eugénie ait encore quelque chose de plus précieux que vous ?
Jetant un regard entendu à son frère, elle le maudit intérieurement. Il la connaissait trop bien elle et son goût du luxe. Et Eugénie et Joséphine avaient beau être ses amies, elle ne pouvait que constater qu'elles, elles vivaient dans un bel hôtel particulier, qu'elles n'avaient pas à servir des clients toute la journée et portaient de bien plus beaux atours.
- C'est du vol ! rétorqua-t-elle quand même.
- Il possède tellement de choses, qu'il ne remarquera pas la disparition de l'un d'eux.
Elle hésita, tout cela la tentait. Et se retrouver loin de ses parents quand ils arriveraient en cuisine et constateraient qu'elle avait encore cassé de la vaisselle était un atout non négligeable.
- Allez ! Anatole est dehors avec Joséphine je suis sûr ! Ou trop occupé avec elle pour faire attention à qui rentre chez eux. Personne ne nous verra.
- D'accord. Mais seulement si je peux avoir un plus beau bijou qu'Eugénie.
- Ça me va !
Elle se releva et le rejoignit.
- Dépêchons-nous ! le pressa-t-elle.
Et elle ouvrit la porte, le froid de la nuit la frappa alors, lui donnant la chair de poule.
Extrait du chapitre 3 : "Nuit" de Révolution tome 1 : Complots
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