Le dernier bastion
Ce serait sa dernière mission. Il touchait au bout de son aventure. Après cela, il devrait rentrer chez lui et prétendre que rien de ces cinq dernières années avaient existées. Il aurait perdu les centaines de cicatrices qui couraient sur sa peau désormais hâlée. Il n'aurait plus ses vêtements gris beige aussi confortable que pratique. Il n'aurait plus son pouvoir qui le connectait aux éléments de son environnement. Par contre, il aurait de nouveau son corps flasque et ses cheveux exagérément et excessivement longs.
Bien entendu, il n'aurait pas perdu ses souvenirs, il saurait toujours combattre. Mais il devrait rentrer chez lui et reprendre son ancien caractère, faire comme si il n'avait pas subi de bouleversements profonds.
Il ne voulait pas rentrer à l'endroit qu'il avait quitté et perdre les cinq ans qu'il avait gagner. Il ne voulait pas revoir ses parents trop intrusifs, presque malsains. Il savait que rentrer lui causerait des tas de problèmes. Mais il devrait le faire. Il y avait des centaines de vies à la clé
En enfilant pour la dernière fois son sac à dos couleur poussière, il savait pourtant qu'il le ferait. Il avait le plan de sa mission en tête. Il le connaissait par cœur, les cartes et les ordres. Il finirai le chemin seul, pour plus de discrétion.
Pour la dernière fois, il avala la pilule qui lui permettrai de supporter l'atmosphère de la planète. Pour la dernière fois, il franchit les portes de l'endroit qui l'avait accueilli. Pour la dernière fois, il s'en eloigna. Pour la dernière fois, il descendit d'Equinoxe, sa monture, et lui donna, pour la dernière fois, une gentille tape sur son pelage de la couleur de la terre brûlée qui constituait le sol. Pour la dernière fois, il salua les gardes qui l'accompagnaient.
Il était à present seul, totalement seul. Il s'orientait, comme à son habitude, à l'aide du soleil. Il savourait chaque pas sur la terre sèche et poussiéreuse comme si c'était le dernier. Il observa l'horizon en le savourant, comme un condamné à mort qui mangerait son dernier repas. Il appréciait le ciel violet qui constituait le paysage, et lanca même un regard furtif au soleil vert qui brûlait les yeux. Il tenta de se remémorer le paysage de son ancienne planète, la Terre 1353, cet endroit auquel il avait échappé cinq années durant.
Le ciel y était bleu, le même bleu que celui des yeux d'Equinoxe. Les adultes maniaient des armes violentes, qui ne laissaient aucune chances à l'ennemi, et les enfants ne pouvaient y toucher. Personne ne l'y avait jamais pris au sérieux. Personne ne le prenais jamais au sérieux. Quand il y retournerai, il devrait choisir entre écrire ses aventures ou devenir soldat.
Il changea d'idée, et voulu se remémorer les cinq années qui venaient d'avoir lieu.
Son arrivée impromptue pour lui, qui l'avait désorienté, presque étouffé, a cause de l'angoisse, des sentiments qu'il ressentait précédemment également.
Son premier combat, face à une épeiste tout aussi peu douée que lui a l'époque, avec des bâtons. Sa première victoire, quelques jours plus tard, contre la même jeune fille. Sa première bataille, face à l'ennemi qu'il allait vaincre aujourd'hui.
Sa première amie, qui l'avait rendu fou, stupide, d'amour, mais qui l'avait rejeté à la première occasion. Sa meilleure amie actuelle, Madzie, qui l'avait toujours supporté dans tous les défis qu'il s'était lancé. La remise de son équipement héroïque, qui était devenu un prolongement de son corps. Sa rencontre avec Equinoxe, en plein millieu d'un combat.
Son premier voyage, uniquement accompagné de Sacha et de leur montures. Ses premiers cours théoriques, épuisants mais nécessaires.
Puis son dernier cour. De la physique, sa matière préférée. Quand il était sorti, les élèves l'avaient applaudi. C'est pour cela aussi que ça le gênait d'être l'élu.
Ses adieux déchirants avec Sasha et tous ses autres amis, par ce qu'il ne les rêverai pas en refaisant le chemin inverse. Ses inquiétudes pour le sort d'Equinoxe à présent. La monture avait été si fidèle pendant les cinq années où elle avait été celle de Camille.
Il se rassura en tatant le bracelet argenté qui lui permettait l'accès à son équipement héroïque, cachée dans l'une des poches de sa veste. Il savait qu'il s'avançait, résigné, vers sa dernière bataille, son dernier combat, et, il l'espérait, sa dernière victoire. Cette idée le faisait vaciller, tout autant émotionnellement que physiquement. Et puis, c'était aussi sa première tentative d'assassinat.
Il répéta l'entrée et courut les mètres qui le séparaient de la plaque d'iridium. Le métal violet était, selon ses connaissances purement théoriques, la signature de son adversaire.
Il prit une profonde inspiration, toxique pour ses poumons, mais bienfaisante. Il utilisa un de ses pouvoirs, la télékinésie, pour soulever la plaque d'entrée, qui l'aurait autrement brûlé au toucher. Il enfila son bracelet argent, qui se mit alors à scintiller, alors qu'il liberait l'accès à l'entrée.
Il expulsa autant d'air que possible pour que son corps, pourtant fin, puisse passer par l'ouverture étroite. La base sous-terraine était plongée dans une obscurité pesante, tranchante et assourdissante, comme si les ombres allaient soudainement se métamorphoser en monstre. La lumière dégagée par son bracelet, usuellement puissante, suffisait à cet instant à peine pour voir les murs à ses côtés. Les ténèbres étaient magiques, donc les sbires qui pouvaient l'attaquer pourraient sûrement voir.
Il brisa alors le silence assourdissant en sortant une lampe torche et un paquet de biscuits de son sac à dos. Il consomma les biscuits sur le champ en ne portant que peu d'attention au bruit qu'il faisait. Il en profita pour vérifier que son ouïe n'était pas modifiée. Mais tout allait bien.
Il alluma sa lampe torche. Cela fonctionnait. Au moins, il était capable de voir si il était repéré. Par précaution, il garda son doigt sur l'interrupteur, en équilibre, pour pouvoir l'éteindre à tout moment, comme le ferait un enfant coupable de lire après l'heure du coucher.
Il se rememora la carte des lieux qu'il fouillait. Sa cible, la salle de contrôle, était à cinq escaliers de distance, bien que deux étages seulement de différence, au vu de la formation du bâtiment, censée rendre les intrusions le plus difficile poosible, particulièrement pour accéder à la salle la plus sensible du bâtiment. Bien sûr, il y avait un escalier qui menait directement à la salle, mais il était équipé d'un détecteur de signature magique.
Camille n'eut aucun problème en ce qui concernait les deux premiers escaliers. Ils étaient vides, et sa vigilance combinée à sa magie lui permettait d'éviter toute menace.
Il poussa la porte des escaliers bizarrement construits. Elle grinca dans ses gonds, ce qui fit sursauter le jeune adulte. Cependant, le grincement de la porte s'estompa, et personne n'arriva.
Personne. Absolument personne ne se promenait dans les couloir, ils étaient tous vides.
Le dernier escalier, tout aussi vide que les précédents, était cependant éclairé, alors il rangea sa lampe torche et mangea un autre sachet de biscuits pour vérifier son audition aussi bien que pour se donner du courage.
Il prit son sac à dos à la main et le posa juste avant la porte, récupérant le poignard qui y était caché pour le glisser dans une de ses nombreuses poches de pantalon.
Il prit une grande inspiration et posa sa main sur la porte. Il abaissa la poignée en expirant doucement. Une armure d'un métal blanc, assez léger mais cependant très rigide s'était matérialisée autour de lui. Une épée plus lourde, elle de couleur argentée, était dans sa main, parfaitement équilibrée. Elle était faite pour être tenue à deux mains, et donc comparativement plus légère. Il entra.
-Je sais que tu es là. Montre toi.
-Vraiment ? Qui suis-je alors ?
Camille eut un sourire et referma la porte du pied. La lumière s'alluma.
Son adversaire ne ressemblait pas à ce à quoi Camille s'attendait. Il s'attendait à un homme gigantesque et tout en muscles, au format bodybuilder, armé d'une arme à feu, problèment une mitrailleuse, le crâne proprement rasé, et habillé d'une tenue similaire à la sienne. Mais surtout, il s'attendait à ce qu'il aie la peau verdâtre, comme tous les indigènes.
Jamais il n'aurait cru à un jeune homme de son âge à peu près, habillé d'une cape, d'une chemise et d'un pantalon souple. Il ne s'attendait pas à le voir armé d'une épée. Il ne s'attendait pas à une silhouette svelte et à des cheveux longs. Il ne s'attendait pas à ce qu'il aie la peau sombre, et encore moins les yeux violets, le même violet que celui des cheveux de Camille.
Avoir des cheveux, des yeux, ou une partie du corps violette, particulièrement couleur lavande, était uniquement possible lorsqu'on venait de la terre 1353 et qu'on avait vécu sur un autre endroit suffisamment longtemps.
Camille eut un sourire, en voyant la faiblesse apparente de son opposant.
-Tu es celui que je dois combattre pour rentrer de là où l'on vient.
-C'est ce que tu veux ?
Camille leva un sourcil, puis souffla du nez, comme un rire bref et moqueur.
-C'est aussi protéger des dizaines de vies. Le choix est vite fait.
-C'est ce qu'ils te disent ? J'ai tué des dizaines de personnes ?
Le jeune garçon qui lui faisait face souriait, comme sûr de sa victoire, mais aussi incroyablement curieux.
-J'avais des dizaines de prédécesseurs, qui sont morts à cause de toi.
-C'est ce qu'ils racontent ?
-Et c'est la vérité. J'ai combattu dans les guerres que tu as provoqué.
-C'est pratique de tout mettre sur mon dos.
-Tais toi. Arrête de mentir. Je ne suis pas là pour cela. Je suis venu t'eliminer.
Son opposant hocha la tête avec un nouveau sourire, assez moqueur. Il marmonna comme pour lui même.
-Mais certainement, Camille-le-soldat
Camille prit son épée avec sa deuxième main également et fonça sur son adversaire, qui l'esquiva d'un pas de côté et faucha sa jambe avec son pied. Déséquilibré, celui-ci se ratrappa sur son épée qu'il dû reposer au sol. Il se vengea cependant d'un coup de genoux dans le ventre de son opposant qui ne portait pas de protections.
Notre protagoniste se rendit alors compte de son avantage. Son adversaire n'était manifestement pas préparé pour se battre. Mais cet instant d'inattention fut récompensé par un violent coup du plat de l'épée ennemie sur son flanc gauche.
Le coup résonna violemment et coupa un instant le souffle de Camille, mais le soldat parvint à utiliser l'énergie cinétique pour renvoyer un coup de tibias dans son flanc gauche. Le jeune homme en profita pour asséner un coup de la poignée de son épée dans la mâchoire de son opposant, qui sembla sonné un instant, ce qui permit à Camille de le pousser au sol.
Son ennemi tomba au sol. Il tenta de reculer, mais le pied droit de Camille était posé sur sa cape. Il posa son autre pied sur son poignet gauche un instant pour le forcer à lâcher son épée qu'il eloigna d'un coup de pied.
Son adversaire eut l'air véritablement effrayé. En fait, si Camille avait cherché à s'en souvenir, il avait l'air terrifié depuis le début du combat. Il n'était pas là pour combattre.
-Connais-tu au moins mon nom ?
L'idée de dialoguer sembla un peu le rassurer, mais Camille fit semblant de ne pas s'en rendre compte.
-Ferme la. Je n'ai pas besoin de connaître ton nom pour être au courant de tes méfaits !
Il hocha la tête.
-Tu n'as pas tord Camille. Mais qu'est ce que tu peux dire d'autre sur moi alors ?
-L'iridium est ton métal préféré.
-Faux. L'iridium est un métal qui ne peux pas être touché par quelqu'un qui ne vient pas de 1353. Tout cet endroit est construit pour pouvoir être dangereux pour n'importe qui ne vient pas d'ici.
Le ton de son opposant était calme, un peu faible, mais assez sûr de lui, comme un professeur faisant la leçon.
-Tu ments. J'en suis sûr !
Camille parla un peu plus fort que ce qu'il avait initialement souhait, sous le coup du stress.
-Pourquoi est-ce que tu veux me tuer ? Questionna le brun. Par ce que c'est héroique ? Proposa-t-il, un sourcil relevé. Par ce que tu penses que ça rendra tes parents fiers ? Continua-t-il, se relevant légèrement.
-Tu ne connais pas mes parents, martela le soldat, tu ne les a jamais rencontré ; et ils ne m'ont pas rencontrés non plus. Pas vraiment.
-Les miens n'étaient pas mieux, avança le héros avec un léger rire autodérisoire, ils m'ont jetés de chez moi. Je ne peux pas dire qu'ils me connaissent.
Camille pencha la tête, son vécu résonnant avec celui de son vis-à-vis. Celui-ci, voyant son air surpris, continua le sourire aux lèvres.
-Tu ne pensais quand même pas qu'ils prenaient n'importe qui pour sauver leur monde. Ils ont besoin de quelqu'un qui ne manquera pas à la société. J'ai passé une centaine d'années ici, ils auraient l'air intelligent si ils faisaient disparaitre quelqu'un d'important pendant près d'un an.
Le jeune homme aux cheveux violets fronça les sourcils et mordit sa lèvre.
-Tout ça n'a aucun sens ! Tu mens. Et puis comment est-tu arrivé ici ? Comment tu peux être ici depuis cent et avoir l'apparence de quelqu'un de vingt ans ? Je ne comprends pas. Le souffle du jeune homme s'était saccadé, son volume sonore avait augmenté.
-Une question à la fois. Je suis arrivé ici de la même manière que toi. J'ai juste pris une porte différente. Et si j'ai l'apparence se quelqu'un de vingt ans, c'est par ce que je peux choisir quel âge à mon corps. Tu peux aussi le faire d'ailleurs. C'est très pratique pour les blessures graves, le corps a juste besoin de revenir à comment il était auparavant. Et ensuite, quand tu es dans un endroit où tu peux te faire soigner
-Alors, dans ce cas là, si je te tranches la gorge, hésita Camille, ça ne te feras rien ?
-Ton épée est du seul métal qui peut empêcher ça, en fait. Il grimaça. C'est pour ça que ça m'embête, mais de toute façon, en mourrant, je reprendrais mon corps d'origine, celui d'avant de partir. Sauf si j'atteinds un âge comparatif où mon corps devrait mourir, mais vu le temps que ça prends de gagner un an.. Je suis presque immortel.
-Tu parles trop ! Je suis sûr que tu ments, tais-toi !
Camille hurlait presque, plein de haine. Son adversaire ne pouvait pas dire la vérité, alors il posa son arme sur le buste de son ennemi qui s'était à présent relevé, mais il l'avait sous-estimé, car il avait de nouveau son arme en main. Il fit bouger la pointe de la lame avec la sienne.
Camille haussa un sourcil, une erreur de débutant puisqu'il fut heurté à cet instant même sur le flanc gauche par la lame ennemie. Il semblait soudainement moins maladroit et plus imposant.
-Tu ne m'auras pas petit héro, murmura le plus vieux d'un ton ferme et froid, je suis plus fort que ça.
Le centre de gravité de Camille se baissa, comme celui de son attaquant. Il se recula doucement, le plus jeune savait instinctivement qu'il n'aurait plus le droit à l'erreur. Il élargit ses appuis et se baissa précipitamment pour éviter le coup d'épée de son opposant. Il tenta de faucher la jambe de son adversaire, mais il était trop solide sur ses appuis. Celui-ci profita de inattention de l'assaillant pour lui assèner un coup du plat de sa lame sur son plastron pour l'asséner. Heureusement, il parvint à l'éviter en décalant sa tête, mais ce fut l'armure sur son bras gauche qui prit le coup. Il se releva pour être à la hauteur de son ennemi et tenta de lui enfoncer son arme dans le ventre, mais l'adversaire se décala au dernier moment, et c'est de justesse qu'il parvint à e.
Camille était en désavantage à cause de la distance qui était la même des deux côtés. Il s'en rendit compte et son arme s'allongea, se transforma en longue hallebarde. Il chargea sur son ennemi qui esquiva facilement et riposta d'un autre coup d'épée évité au dernier moment.
Le jeune homme recula pour prendre le temps de réfléchir. Il visualisa ce qu'il savait de ses cours de combat. Ne pas suivre les règles, éviter de cogner son epée à celle de l'ennemi pour prendre soin de la lame. Ce serait la dernière fois, après tout.
Il fonça jusqu'à son ennemi, son épée de nouveau en main, il tenta de le repousser d'un coup de pied, et fut surpris d'y parvenir. Il utilisa ensuite son pouvoir pour lui sauter dessus et atterrit sur ses épaules, déséquilibrant le plus vieux. Celui-ci tomba, mais roula rapidement sur le côté pour se retrouver au dessus de son opposant. Ledit opposant releva son genoux pour frapper son entre-jambe. Celui-ci eut un sourire mesquin et sembla ne ressentir qu'une douleur assez faible par rapport à celle attendue, mais il semblait cependant peiner à reprendre son souffle. Il posa sa main sur le poignet de son ennemi et dégagea l'épée ainsi lachée.
Camille voulut tourner pour reprendre le dessus, mais son adversaire était bien plus lourd et stable. Il tenta d'assener un coup de coude dans la machoire de son ennemi, mais il aperçut ses yeux violets en relevant la tête, et le doute qu'il avait semé dans sa tête l'empêcha de le faire. Ce n'est cependant pas cela qui le protégea du coup qui lui fut asséné sur la tempe, par dessus son casque.
Sa tête se mit à tourner, son champ de vision se fit nuageux, il se sentit secoué et s'évanouit.
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