chapitre vingt-huit

23 décembre 1997 :

Harry toucha ses lèvres pour la cinquantième fois de la journée. Il n'y avait aucune preuve du baiser de Draco, seuls restaient ses souvenirs. Souvenirs qui, parfois, étaient d'une origine douteuse. Car après tout, cela pouvait bien être assez fou pour qu'Harry puisse avoir inventé ça. Qui aurait pu dire que Draco Malfoy aurait embrassé Harry Potter ? Quoique "rouler une pelle" aurait sans doute été plus approprié... Qui le croirait ? Tout le monde se serait foutu de se gueule, surtout quand il aurait ajouté un "mais c'est tellement flou que je me demande parfois si ça s'est réellement passé". On lui aurait répondu que "mon pauvre Harry tu deviens marteau, rêver de Malfoy, tu ne peux pas tomber sur pire."

Sauf que si, Harry avait des biens pires personnes en tête. Des meilleures ça restait à voir...

Et soudain, le brun comprit ce qu'avait pu ressentir le blond. Cette idée d'irréel, se demander toutes les cinq minutes si on n'avait pas inventé ça, le goût des lèvres qui persistait, se demander si on y avait répondu et le flou. Le flou du souvenir, comme un voile. Un voile qui embrumait sa mémoire, un crépitement sonore qui empêchait d'écouter convenablement la radio, un tissu vaporeux qui floutait les contours de la robe, la rendant vaporeuse. Harry était perdu dans son monde de souvenirs fait de brouillard.

Il était resté silencieux tout le reste de la journée, n'avait pas rigolé ni bronché quand Rogue lui avait enlevé quinze points, n'avait pas répondu à la question de Sirius lors du cour de DCFM, si bien qu'on l'avait envoyé à l'infirmerie avec pour motif "n'est pas dans son état normal". Pomfresh l'avait inspecté sous toutes les coutures, vérifier son pouls, sa tension, lui avait fait passé les tests qui caractérisent une commotion cérébrale, analyser ses réflexes, poser les questions comme "qui est le ministre de la magie actuellement" ou "quel est ton âge" et rien.

"Comment te sens-tu ? demanda-t-elle finalement."

La réponse tarda à venir.

"Bien..."

Il marqua une pause.

"Je crois, ajouta-t-il. "

Pomfresh hocha la tête. Elle le fit sortir de l'infirmerie en l'informant que c'est juste un petit coup de mou et que ça passerait. McGonagall vint le voir un peu plus tard et lui demanda son diagnostic.

"Oh rien qu'une petite prise de conscience, lui répondit-elle malicieusement."

oOo

"Tu m'aimes ?"

Pansy s'était figée à deux mètres de sa salle commune.

"Oui je t'aime, répondit Ginny.

-Ah bah c'est pas trop tôt, marmonna un Serdaigle qui passait par là."

Aucune des deux filles n'y fit attention.

"Donc si je t'aime et si tu m'aimes...

-On pourrait s'embrasser ?

-Exactement."

Aucune des deux filles ne bougea.

"Ou sinon... tenta Ginny.

-Sinon ?

-Ça te dit de venir marcher avec moi un peu dehors ?"

Pansy la regarda, interdite.

"Oui."

oOo

"Qu'est-ce qu'il lui arrive ?"

Sirius emmena le huitième année vers un lit vide.

"C'est compliqué.

-Dites toujours, soupira Pomfresh en commençant à sortir divers objets.

-Il ne parle pas, il ne sourit pas, il ne bouge pas. Il reste là, planté comme un piquet ou il marche très lentement. Comme un vieux c'est pour vous dire. Il a les yeux dans le vide, même un mort est plus vivant que lui !

-En clair ?

-Il n'est pas dans son état normal."

Pomfresh songea à prendre sa retraite mais commença néanmoins à osculter Ron.

oOo

"Blaise ? J'ai fait une connerie.

-Pour changer, marmonna Théo.

-J'ai embrassé Potter.

-TU AS QUOI ? hurla le métis.

-Chhhh ! Pas si fort.

-Pardon, autant pour moi. TU AS QUOI ?! murmura-t-il.

-Embrassé Potter, répéta Drago.

-Ce ne sera pas la première fois, signala Théo en continuant de lire.

-...

-Techniquement, si on compte la fois où Harry était bourré et qu'on ajoute celle-là, donc je fais un plus un et je dirai que ça fait deux. En somme, ce n'est pas la première fois.

-Merci Théo, ironisa le blond. Je me sens putain d'aidé.

-Tu veux qu'on te dise quoi ? Félicitations tu as réussi à embrasser ton âme sœur.

-Vous êtes des amis formidables.

-Ouais ouais on sait. Mais tu vois, continua Blaise. J'ai aussi des hypogriffes à fouetter, donc tes problèmes de cœur tu te les remballes et t'en parles à Théo ici présent.

-Blaise Zabini a des problèmes de cœur ? se moqua Drago.

-Surprenant, marmonna d'un ton flegmatique Théo.

-C'est sûr que toi avec ta Hermione d'amour, tu n'as pas de problème.

-Les disputes de couple ça existe.

-Me fais pas croire que toi et Miss Parfaite avez des disputes, ricana Drago."

Théo ne répondit pas.

"Donc Blaise, c'est quoi ton problème de cœur ?

-Qui te dit que je veux en parler ?

-La possibilité torture que je t'infligerai si tu ne le fais pas ?"

Le métis soupira.

"Tu vois Drago, ton problème c'est que tu as embrassé ton âme sœur. Moi le mien, c'est que mon âme sœur m'a embrassé. Sur ce, bonne journée."

oOo

24 décembre 1997 :

"Je ne veux pas être méchante mais..."

Gwenny fit une pause.

"En fait si je vais être méchante."

Elle fixa les parents.

"Vos disputes, embrouilles et compagnie, vous vous les gardez pour vous pendant deux jours. Vous faites mine que vous vous aimez, vous vous évitez, faites ce que vous voulez je m'en fous ! Mais par pitié, ne gâchez pas notre Noël avec vos disputes. Je le dis au nom de tous parce que personne avait assez de courage pour le faire donc je m'y colle. Après c'est pas comme si certains étaient à Gryffondor ici.

-Hé ! protesta Cissa.

-Pour faire court, on veut passer un Noël tranquille, dit Justine.

-Et si vous pouvez vous mettre en couple ce serait un beau cadeau, rajouta Noah.

-Noah !!

-Quoi ?

-On est ensemble avec Ginny. "

La remarque de Pansy surprit tout le monde.

"Bonne journée. "

Elle prit la main de sa copine et sortit avec elle de la salle commune.

"Bon... C'était...

-Inattendu ? proposa Elena.

-Maman et mère sont ensemble ? demanda Lucas.

-Oui, sourit sa sœur. C'est terminé."

Elle rigola comme une bien heureuse sans faire attention aux regards tristes des autres.

"Je vais dire ça à mes amies ! Je vous laisse."

Et elle partit en coup de vent.

"Nous on va aller manger, dit Hermione."

Elle commença à partir avec Théo avant de se tourner vers ses meilleurs amis.

"Harry ? Ron ? Vous venez manger ?

-Hmmm ? Euh oui.

-Quoi ? Je... Ouais."

Les deux avaient retrouvé leur langue ce matin, mais restaient néanmoins stoïques, perdu sur on ne sait quelle galaxie. Ils les suivirent d'un pas traînant. Derrière eux, Blaise et Draco souriaient l'air un peu triste toute fois.

oOo

Dean fit claquer ses doigts devant Harry.

"Hé mon vieux ! Réveille toi !"

Il n'obtient aucune réaction.

"Tu crois que si je dis n'importe quoi il va réagir ? demanda Seamus.

-Essaye toujours, soupira Dean.

-Honnêtement ? Non, répondit Neville.

-Hé Harry, tu ne sais pas la dernière, commença Seamus. Dumby et McGo couchent ensemble."

Rien.

"Le pire c'est que Sirius a démissionné et c'est Ombrage qui le remplace."

Toujours rien.

"Oh et Malfoy sort avec une Poufsouffle.

-Quoi ?!"

Harry leva la tête brusquement, ses yeux retrouvant leur vivacité. Seamus rigola.

"Ah bah enfin ! C'est pas trop tôt mon vieux !

-Il déconnait tu sais, continua Dean. Malfoy ne sort pas avec une Poufsouffle.

-Ah."

Harry fronça les sourcils et repartit dans ses pensées.

"J'hallucine, dit l'irlandais en arrêtant brusquement de rire."

Neville sourit.

"Ça lui passera. Juste le temps de faire une sorte de... mise à jour dirons-nous. Allez j'y vais. Salut tout le monde."

Et il sortit de la salle, sans avoir claquer un bisou sur la joue de Ginny en passant.

"Au moins Harry mange, soupira Dean avec un regard navré vers Ron. "

Le rouquin était encore plus paumé que son meilleur ami et c'est Hermione qui le forçait à manger en lui présentant la fourchette à la bouche comme à un enfant. Cela aurait pu être drôle s'il n'y avait pas le regard triste des enfants Gryffondor sur lui.

Quelle plaie quand même l'amour...

À suivre...

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