18 décembre 1997 :

"J'étais pratiquement sûr que tu serais là."

Ron ne bougea pas d'un pouce.

"Pratiquement. Tu étais pratiquement sûr. Donc il y avait une chance que ce ne soit pas le cas, répondit-il en chuchotant.

-Très bien, je rectifie. J'étais sûr à quatre-vingt dix-neuf pour cent.

-Ça laisse quand même un pour cent.

-Tu n'as pas l'air surpris de me voir.

-Disons que j'étais pratiquement sûr que tu viendrais.

-Pratique-

-À quatre-vingt dix-neuf pour cent, le coupa le rouquin."

Blaise grommela quelque chose d'inaudible.

"Tu me laisses une place ? demanda-t-il au bout d'une petite minute de silence."

Ron replia les jambes laissant au métis la place de s'installer, les jambes repliées, sur le rebord de la fenêtre.

"Ils savent que tu viens ici ?

-De qui ? Harry, Hermione et Ginny ? Non absolument pas. Je pense qu'ils n'ont pas fait attention quand j'ai demandé ce qu'il y avait après à Dobby.

-Moi j'ai fait attention."

Le Gryffondor fit un sourire ironique.

"Tu me dragues ?"

Son homologue rougit.

"Non.

-Mouais...

-Ah mais je t'assure !

-Que tu dis...

-Tu ne me crois pas.

-Non.

-Ce n'était pas une question."

Un silence confortable s'installa. Ron avait le regard rivé sur l'extérieur, précisément sur le parc de Poudlard et Blaise le regardait.

"Bon..."

Le rouquin commença à se lever.

"C'est bientôt l'heure d'aller manger, tu viens ?

-Oui j'arrive, ne t'inquiète pas. Dans cinq secondes.

-OK, pas de problème.

-Tu viens souvent ici ? demanda précipitamment le métis alors que le rouge et or descendait les premières marches des escaliers.

-Tous les soirs à vingt et une heure et quand j'ai besoin de réfléchir ou d'être seul.

-Oh. Je te dérangeais.

-C'est un peu tard pour le faire remarquer, tu ne crois pas ? ironisa Ron.

-Tu aurais pu me le dire. Je ne m'appelle pas Draco, je ne me serais pas vexé. "

Le rouquin haussa les épaules.

"Tu ne me dérangeais pas plus que ça.

-Trop aimable. "

Ron ricana.

"J'y vais.

-Je te rejoins plus tard.

-Comme tu veux."

Et le Gryffondor disparut au tournant des escaliers. Blaise soupira. Il allait y arriver. Pas tout de suite mais bientôt. Très bientôt.

oOo

Est-ce que je l'aime ? Non. Non, non, oui. En amie c'est évident.

Mais est-ce que je l'aime vraiment ? Aimer d'amour. Comme dans les livres. Non pas comme dans les livres. De toutes façons, il n'y a pas de couples lesbiens dans les bouquins. Ou alors je ne les ai pas lu. Est-ce que je l'aime ?

Ginny se tourna dans son lit pour la trente quatrième fois. Oui, elle avait compté. Elle se mettait tout d'abord sur le côté gauche, puis sur le dos, revenait au point de départ, après sur le ventre, sur le dos, à gauche et la routine reprenait. Tente quatre fois.

Gauche, dos, gauche, ventre, dos. Jamais la droite. Jamais droite. Il ne faut pas regarder à droite. À gauche, c'est l'armoire. En haut, c'est le plafond. En bas, c'est le coussin. À droite. Il ne faut pas regarder à droite. À droite. Y a Pansy. Il ne faut pas.

Est-ce que je l'aime ? Est-ce que tu l'aimes ? Hein Ginny, est-ce que tu l'aimes ? Est-ce qu'elle l'aime ? Est-ce que Ginny aime Pansy ?

Pansy, qui est attentionnée, qui se moque gentiment d'elle, qui la regarde comme personne ne l'a regardé avant, qui la considère comme une fille, comme une fille qui sait se défendre, qui sait où est sa place, qui n'a pas besoin de frères ou de meilleur ami pour se protéger. Parce qu'elle est comme ça Ginny. Une fille. Mais qui a dit que les filles avaient besoin d'hommes ? Qui ?

Est-ce que je l'aime ? Gauche. Parce qu'il faudra bien un jour. Après tout, elle finira bien par l'aimer.

Dos. Alors pourquoi pas aujourd'hui ? Pourquoi pas ? Mais...

Gauche. Est-ce que aimer ça se décide ? Est-ce que on se réveille un jour et on se dit "c'est bon, je suis amoureuse"? Comment fait-on ?

Ventre. Ca ne s'apprend pas à l'école. On sait comment transformer une botte d'épingle en hérisson, mais on ne sait pas ouvrir un compte à Gringotts. On sait les sorts de protection mais pas l'amour. On n'apprend pas.

Dos. Est ce que je l'aime ? Un peu ? Sûrement. Beaucoup ? Je ne sais pas. Elle ne sait pas vous comprenez ? Elle ne sait pas.

Pansy, si. Elle sait. Dans son lit, à droite de Ginny, elle a comprit. Depuis un bout de temps déjà.

Elle l'aime. Pas un peu. Beaucoup. Elle sait. Mais ne sait pas Ginny.

Est-ce que je l'aime ? Vraiment ?

Droite.

oOo

19 décembre 1997 :

Huit heures quatorze.

C'est ce qu'affiche le réveil.

Huit heures quatorze, un dimanche matin. Trop aimable.

Pansy essaya de se relever mais un bras la retint. Elle réessaya. Toujours pas. Le bras ne veut pas bouger. Alors elle le poussa, le souleva, se tortilla. Et au moment où elle réussit à se dégager, une jambe se glissa entre les siennes.

"Draco bouge, grogna-t-elle. Tu m'étrangles."

Draco ne se leva pas. Mais il grogna, enleva son bras puis ses jambes permettant à Pansy de se retourner. Chose étrange... Le blond était devenu roux. Très étrange... Au même moment, il se retourna et Pansy put voir son visage. Visage qui tenait plus de Ginny que de Draco au passage.

"Par Merlin ! Mais qu'est-ce que tu fais dans mon lit ?"

La rouquine commença à bouger, émergeant petit à petit. Elle papillonna des yeux jusqu'à les ouvrir en grand, son regard se posant sur sa colocataire.

"Pansy ?

-Qui d'autre ? grommela-t-elle.

-Qu'est-ce que tu fais dans mon lit ?

-C'est plutôt à moi de te retourner la question.

-Mais je suis dans le mien !

-Et moi aussi !"

Les deux adolescentes s'étaient assises se fixant en chien de faïence.

" Ginny, j'ai besoin de toi pour-ouh. Je dérange."

Harry les regarda tour à tour, s'adossant à la porte entrouverte.

"Je suis content pour vous les filles. "

Il leurs fit un grand sourire avant de sortir avec un dernier clin d'œil. Les jeunes femmes se regardèrent confuses. Et leurs regards tombèrent sur les lits.

Ou plutôt le lit.

oOo

"Mais on n'est pas ensemble !

-Je vous juge pas ! C'est très bien les filles. Je suis content pour vous.

-Mais on ne sort même pas ensemble !

-Relax Gin'. Si tu veux pas que je le dise, y a pas de problème.

-Je vais faire un meurtre, ce n'est pas possible.

-Harry... Il n'y a rien à dire parce qu'il en se passe rien tu comprends ?

-Donc vos lits n'étaient pas réunis en un seul ?

-Non ! Si mais... C'est compliqué !

-Qu'est-ce qui est compliqué ? "

Les trois adultes se tournèrent vers Ophelia.

"Rien !"

Les trois avaient parlé d'une même voix.

" Ok... Bon bah... J'y vais hein. Je ne vais pas déranger plus longtemps, pas besoin d'être agressifs."

La Gryffondor s'en alla perplexe.

"Je disais... reprit Pansy. Nous ne sommes pas en couple.

-J'ai le droit de pas vous croire ?

-NON ! crierent simultanément les deux filles.

-Ok ok... Je demandais juste.

-Et bien abstiens-toi pour la prochaine fois.

-Je dis plus rien.

-Et tu ne diras rien. Clair ?

-Limpide.

-Bien."

Harry hocha la tête, les lèvres pincées comme pour retenir le secret qui menaçait de déborder de sa bouche.

oOo

"J'ai un de ces scoop !

-Oula ! Je t'arrête tout de suite, je suis pas une commère Potter c'est clair ?

-C'est assez... important.

-Pourquoi moi ?

-Parce que je ne suis pas censé le dire et que personne ne te croira si tu racontes que ça vient de moi.

-Sympa...

-Et parce que je te fais suffisamment confiance pour ne pas le répêter ?

-Oh...

-Toujours pas envie de savoir ?"

Draco grommela quelques mots inaudibles avant de poser son magazine et de croiser les jambes, son menton dans sa main.

"Je t'écoute."

oOo

"HARRY POTTER ! ESPÈCE D'INFAME SCROUTT À PÉTARD ! COMMENT AS-TU OSÉ ? TU N'ES RIEN QU'UN IMBÉCILE DE PREMIÈRE QUI-

-Miss Parkinson ? Baissez d'un ton je vous pris, l'interrompit le professeur Rogue du haut de la table des professeurs. Ne vous interrompez surtout pas cependant.

-Oui professeur, répondit machinalement Pansy, son regard scrutant la Grande Salle sans parvenir à dénicher le nid d'oiseaux qui servait de coiffure au Sauveur du Monde des Sorciers.

-Il vient de partir, répondit Ron la bouche pleine. Je ne demande pas pourquoi du coup."

oOo

"Papa ? Oui il est allé vers la Tour d'astronomie.

-Ah bon ? Je croyais qu'il était allé chez Hagrid.

-Mais non Cissa ! Là-bas c'est le terrain de Quidditch.

-Vous ne savez pas en réalité ?

-C'est-à-dire que..."

oOo

"Oncle Harry ? Pas vu non. Désolée. "

oOo

"Il est pas dans la salle commune ?

-Non. J'ai déjà cherché.

-Et sur le terrain de Quidditch ?

-Non plus.

-Je sais ! À la bibliothèque !

-Tu sais quoi ? C'est pas grave, je vais me débrouiller seule. Merci quand même James. "

oOo

"Tu cherches Harry ? Désolée Pansy, mais tu ne risques pas de le trouver. Il est disons... très fort pour se cacher. Tu m'excuses mais Théo m'attends, j'y vais ! "

oOo

"Pourquoi j'aurai vu Potter moi ?"

oOo

"Et la tour de divination ? T'as cherché ?

-C'est vraiment gentil James mais je vais me débrouiller."

oOo

"Harry ? Je l'ai pas vu depuis... ce matin je crois bien."

oOo

"Si ! Il est passé il y a dix minutes.

-Vraiment ? Où il est parti ?

-Euh... Je sais plus... Peut-être par là. Ou là alors. À moins que ce soit par ici..."

oOo

"Non Pansy, je n'ai toujours pas vu Potter. Et j'en ai, pour tout te dire, rien à foutre."

oOo

"Papa ? Non je l'ai pas vu désolée tante Pansy."

oOo

"Bah je sais pas... On le voit pas souvent le Harry. Hein Dean ?

-Sauf pour les repas.

-Ah oui c'est vrai !

-Pour les cours aussi.

-Et les matchs de Quidditch !

-T'as oublié les fois où il vient à la salle commune Seamus.

-Oui c'est vrai ça... Mais nan on le voit pas trop en ce moment."

oOo

"Je sais ! Les cachots ! T'y es allée là-bas ?

-...

-Ahah ! T'y es pas allée. Faut aller voir du coup ! Pourquoi tu soupires ?"

oOo

"Putain Pansy mais je l'ai pas vu ton Harry !

-...

-Pourquoi tu souris ? Qu'est-ce que j'ai dit ?

-Rien Draco, rien..."

oOo

"Petite question. Pourquoi tu le cherches en fait ?

-Tout simple. Je lui ais dit de ne pas dire un de mes secrets et il l'a dit.

-Le secret, ce serait pas la rumeur qui dit que toi et Ginny vous sortez ensemble ?

-Non non. Pas du tout. C'est autre chose...

-Hum hum.

-Un problème Hermione ?

-Non rien du tout."

oOo

"T'as pas vu Ron ?

-Je croyais que tu cherchais Harry.

-Oui mais Ron saurait peut-être où il est.

-Donc tu cherches Ron pour chercher Harry c'est ça ?

-Oui Blaise... Tu sais où il est ?

-Qui ça ?

-Ron...

-Ah non pas vu désolé.

-Et l'autre ?

-Qui l'autre ?

-Harry Blaise, Harry.

-Je réfléchis...

-...

-...

-...

-Nan je ne sais pas non plus."

oOo

"Ginny ! Tu l'as trouvé ?

-Nope. Et j'ai tout fouillé.

-Par Merlin mais il est où ?

-Aucune idée Pansy, mais si je le trouve je lui offre une visite chez Voldemort."

oOo

"Non je n'ai pas vu Potter pour l'amour de Merlin Pansy !"

oOo

"Honnêtement tu devrais abandonner maman."

oOo

"Tu l'as toujours pas trouvé ? Bonne chance alors."

À cinq mètres de Pansy, Harry souriait. Quelle bonne idée cette cape d'invisibilité quand même.

À suivre...