Ce n'était rien, je t'assure
Annie ce n'était rien, je t'assure. C'était peut-être juste ta vie que t'as foutue en l'air ou ta mort que t'as devancée de 10 ans. Mais c'est rien, c'est vraiment rien je t'assure.
On s'reparlera, si tu veux, quand t'auras calé quatre ou cinq verres et tu m'avoueras peut-être que c'était une erreur. Je te laisserai me raconter à quel point il ronfle fort la nuit et à quel point il baise fort, jusqu'à-ce qu'il ne puisse même plus t'entendre. Et tu me diras sûrement que tes larmes ne sont plus les mêmes, et tu me diras que c'est rien avec ton petit sourire de l'après-guerre. Un truc qui me fera figer. Si tu veux, on s'enlacera et je te proposerai de passer le reste de la nuit chez maman. Mais il risquera d'arriver, le chapeau trop croche et la voix qui fausse. Il t'embrassera de force avant même que tu puisses me répondre. Et je partirai sûrement plus paumé que vous deux à la fois. Il s'essoufflera en mangeant tes pâtes et tu t'essouffleras sous son poids et son odeur. Sous sa voix et sa toux grasse.
Quand la nuit est à son meilleur, j'suis persuadé que tu regardes à quel point t'es malheureuse à travers les rideaux gris de ta petite chambre. Et lui, il rêve bruyamment à personne d'autre qu'à lui-même. Les matins ne sont certainement pas assez clairs pour toi, puisque là c'est toi qui ne pense qu'à personne d'autre qu'à lui.
Annie, ce n'était rien, je t'assure. Marier ce type-là, ce n'était rien. Enfin, c'est rien comparé à la lourdeur de sa bague qui pèse dans ta main gauche. Ou bien ta joie qui dégouline par les gouttières de votre petite maison. Mais c'est rien, c'est vraiment rien, je t'assure.
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