Le bout du nez dans les chaussures
Les passants avaient leur nez dans leurs chaussures. Cela leur posait problème pour marcher droit. Ils avaient inévitablement le morale dans les chaussettes. Ils marchaient donc penauds, sans savoir où aller, sans voir où est-ce que leur grise mine les menait. On ne percevait que leur dos courbé par le poids de leurs larmes et leur cœur recroquevillé qui ne demandait qu'à se faire entendre par leur âme chagrinée. Leurs pieds les guidaient comme des pantins désarticulés d'un pas languissant en traînant derrière eux les bras baissés depuis longtemps.
Le soleil brillait peu dans leurs yeux. Le temps était toujours pluvieux, c'est pourquoi ils le passaient à ouvrir leur parapluie et à baisser les yeux pour que leurs larmes se mêlent à celles du ciel. Ils ne priaient pas, n'ayant plus d'espoir que le ciel se remette un jour à éclairer leur chemin. Ils étaient perdus et s'abandonnaient à leur chagrin. Le cœur en pleurs et le corps en larmes, ils étaient toujours trempés, dégoulinant sur le pavé de la rue lessivée.
Cette rue où erraient ces passants était fatiguée d'être battue par des pieds se laissant guider par leur nez incapable de suivre une quelconque piste. Toujours dans un mouchoir humide le nez n'était plus un bon guide. Quant aux yeux ternes et larmoyants, ils ne voyaient pas plus loin que le bout du nez. C'était donc aux oreilles de les mener vers un endroit plus ensoleillé. Toutefois, ces oreilles ne savaient pas distinguer ce qui était le plus lumineux contrairement aux yeux. Elles entendaient surtout les reniflements des autres passants.
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