7.

Camille était en colère, Melly encore plus. Leur première dispute avait éclatée, sous une pluie de reproche de la part de Mélisse. Bergamote, terrée dans un coin, observait, écoutait, ouvrait en grand ses petites mirettes pour regarder l'orage et ses dégâts.

-Non mais Camille ! Tu te rends compte de ce que tu as fait ? TU TE RENDS COMPTE ?

La blonde balança sa chevelure bouclée en arrière, dévoilant ainsi ses yeux mouillées par la déception. Sa voix d'habitude assurée s'était mise à trembler sans qu'elle ne puisse rien y faire. En elle, dans son ventre, se bousculaient une tonne d'émotions contradictoires, comme si en vouloir à Cam' était trop compliqué. Mais elle se forçait. Elle devait la détester coûte que coûte.

-Tu l'a tabassé ! Son œil. Son œil, putain... Elle se rapprocha encore un peu plus près de Camille, la menaçant d'un long doigts parfaitement manucuré. C'était... mais comment es ce que tu as pu faire ça ?! Je croyais que tu savais que je l'aimais... Je te l'ai dit, tu ne m'a pas écoutée Camille, tu...

-Mais bien sûr que je savais, Mel ! La voix de Cam' se faisait petite, penaude et faible, sur le point de se briser. Comme un animal blessé, celle-ci essayait tant bien que mal de fuir l'instant fatidique où le chasseur la rattraperais. Seulement... je ne peux pas supporter ce qu'il a dit. J'étais obligée, Mélisse !

L'intéressée laissa échapper un rire amer et toisa son amie comme si, à cet instant même, elle était la chose la plus ridicule et dégoûtante qu'il lui avait été donné de voir. Elle s'approcha, l'autre recula encore un peu plus, se retrouvant presque collée au portail du collège, sous le joug de Mélisse.

-Rhooh ça va ! C'était une blague ! Contrairement à toi, lui, il essaye d'amuser les autres.

-C'était une... blague ?!

D'un seul coup, le barrage céda, les larmes de Camille prirent d'assaut ses joues. Elle murmura dans un souffle :

-Ce... ce n'était pas une blague...

Et puis elle explosa. Elle explosa d'une explosion explosive, ses mots comme pour tuer.

-Tu ne comprendra jamais de toute façon. Tu joues un rôle. Tu n'es pas dans la réalité. Dans la réalité, le collège c'est pas comme dans une série américaine. Au collège, tu te fais traiter de petite pute lesbienne et tes amies ne remarquent même pas que ça te blesse! Dans la réalité, le plus important ce ne sont pas ses ongles et les garçons, c'est les amis ! C'est les amis, Mel. Mais toi tu a décidée de devenir cette personne qui se fond dans la masse juste pour être un peu populaire ! Toutes ces star dont tu parles à longueur de journée avec les autres filles, avoue, tu n'en a jamais entendu parler ! Tu vois ? Tu es fausse !

-Merde...

-Et tu sais pourquoi il m'a insulté ? Par ce que je l'ai empêché de voler le goûter d' Eden ! Un GOÛTER. Il est puéril et tu préfères quand même lui donner raison par ce que, tout d'un coup, tout ne tourne qu'autour de lui ! Et ta sœur ? Et moi ? T'en fais quoi de nous ? Et Eden, cette fille qui reste assise dans son coin toute la journée, t'a déjà essayé de lui parler ? Par ce qu'au fond elle est vraiment cool! Mais non. Non, toi, tout ce qui t'importe, ce sont ces trucs superficiels qu'on est censé faire au collège.

Elle glissa le long du mur, essaya de se soustraire à son amie qui, maintenant, semblait accablée.

-Tu me dégoûte, Mel.

Et Camille tourna les talons.

Bergamote eut peur. Elle décida de partir. C'était triste toute cette colère, toutes ces vérités trop tranchantes et ces pleurs trop bruyants. Il fallait qu'elle parte. Oui, elle allait retrouver ses amis pas très réels et ne plus penser à tout ça, à cette fille, à Eden, qu'elle aussi parfois elle pouvait apercevoir dans la cour de récré, avec un livre. Elle oublierais ce collège trop grand et ces récrées qu'elle passait au CDI, plongée dans des bandes dessinées, pas assez courageuse pour oser aller retrouver Cam'.

Elle allait s'enfuir très loin de cette réalité qui volait des sourires à ses amies. Bergamote s'acheta un feuilleté au nutella à la boulangerie d'en face. Elle le mangea puis pris le chemin du retour, planifiant déjà ses voyages dans l'autre monde, un grand sourire aux lèvres.

C'est bon le chocolat.

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