4.

Les semaines, elles leur coulèrent entre les doigts. Elles préféraient courir plutôt que de rester en compagnie du trio, âmes sœurs aussi bien dans le réel que dans le pas vraiment.

Pendant toute une année, les trois filles s'amusèrent comme des folles, enchaînant les soirée pyjamas, les goûter du mercredi et les rêveries auxquelles, parfois, Melly voulait bien se joindre. Après avoir déblatéré pendant de longues minutes, celle–ci acceptait toujours de les accompagner dans leur monde que seul les enfants pouvaient voir, non sans un faux soupir poussé trop fort. Cam' et Bergamote le savaient, au fond, elle adorait ça, Mélisse. Elle aussi, elle avait besoin d'un refuge, de s'évader loin du collège, des devoirs qui se faisaient de plus en plus nombreux, des professeurs méchants.

Mais bientôt, arrivèrent les jours pluvieux.

Ces maudits après midi tout gris qui sapaient le moral d'absolument tout le monde. Fini les cris dehors, le soleil qui tape, les pique–nique, la balançoire et les balades le long de la Corniche. La ville, comme à son habitude, se drapa de morosité et d'hiver, laissant ses larmes inonder les massifs de fleurs.

Pourtant, malgré le froid et les flaques de gadoue tous les deux mètres, Bergamote mourrait d'envie de retourner au parc, de s'asseoir sur un trottoir ou sur le sol, de s'abandonner à des histoires farfelues en compagnie de Camille qui, elle, passait maintenant le plus clair de son temps chez la famille. Il n'y avait pas un grand dîner qui se fasse sans Cam', une sortie sans sa compagnie, elle était maintenant indispensable pour les Larsen.

Seulement, cette année, Mynthe et Taym avaient décidé qu'il n'en serait pas ainsi ; Bergamote et Cam' était condamnées à rester dans la maison, loin de leur extérieur tant chéri.

En conclusion, il fallait trouver un autre endroit propice à l'imagination, loin des regards et des oreilles, où elles pourraient parler à leurs amis imaginaires sans s'attirer des regards interrogateurs. Ce fut vite fait. Dans la cuisine trônait fièrement un meuble en ébène, long d'au moins deux mètres et assez large pour y rentrer deux filles menues. C'était parfait, si jamais elles arrivaient à se serrer entre les conserves et la pile de serviettes, leur cachette serait toute trouvée.

C'est ainsi que le reste de l'hiver fut passé à se raconter des histoires dans cet endroit exigu, leurs deux petits corps serrés entre les planches de bois brun. Bergamote aimait sentir la chaleur de Cam' qui, à chaque fois, emmêlait ses jambes dans celles de son amie, calait sa tête contre son épaule tout en contant distraitement les aventures rocambolesques de princesses en armure, d'ogres qui n'était pas si méchants que ça. Parfois, celle–ci lui racontait comment elle se battait avec des garçons, la façon dont elle leur mettait la pâtée, les faisait fuir d'un seul regard noir. Bergamote ne comprenait pas trop pourquoi elle leur en voulait à ce point, elle ne comprit jamais.

Et l'année passa.

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