Chapitre 26 : le Galion
Après un voyage en hélicoptère au cœur de la nuit, Michewa conduit sa petite troupe loin des dunes, au large du port de Santos, afin de rejoindre Ken Walton. Leur point de chute est un ancien vaisseau militaire transformé en hybride de navire de pêche excentrique, centre de recherche philanthrope et base d'exploration sous-marine. Dans les lueurs des phares de position, Mark en copilote, a tôt fait de reconnaître les ombres de l'équipement du navire qu'ils survolent :
— Walton a le bras long et un compte bancaire bien fourni, confie-t-il à Mich via le casque d'écoute. De plus, remarque que ce rafiot navigue en eaux territoriales au nez du gouvernement !
— Il a dû rendre aussi quelques services incognito pour avoir l'immunité, réplique le pilote.
— Tu lui fais confiance ?
— Nous lui avons fourni les renseignements pour sa fille et nous parlons le même langage que lui, celui des billets verts. Donc, on devrait s'entendre.
Mich jette un regard entendu vers son ami, puis ajoute :
-— Non... je ne lui fais pas confiance.
-— C'est ce que je pensais. On a l'équipe de Chen pas trop loin ?
— Ils terminent certaines petites choses pour nous et ils seront en standby pas trop loin. Le temps de voir sur les lieux ce dont nous aurons besoin, ils peuvent nous rejoindre avec des renforts en 30 minutes environ.
— Tu penses à tout, Ninja !
Gan sourit à son ami et entame les manœuvres pour se poser sur le navire de Walton. Alors que l'hélico se dirige vers la poupe par tribord, Mark discerne sur la carlingue le nom du navire : « Le Galion ».
. .. ... .... .....
— Heureux de vous retrouver Monsieur Shen Liang ! s'exclame Walton en les accueillant à leur sortie de l'hélicoptère. Je suis à même de constater avec joie que les dernières rumeurs sur votre double soudaine disparition ne sont pas fondées...
Mich accepte la main tendue :
— À vrai dire, Monsieur Walton, ce Shen Liang était plutôt un fantôme qui a maintenant disparu de la réalité de Santos.
— Comme de nombreux fantômes avant lui, Monsieur Gan, répond Ken Walton avec un grand sourire entendu.
Michewa ébauche un sourire contri et un peu suspicieux. Sous le faisceau des lumières du pont de vigie, situé juste sous l'aire d'atterrissage, il tente de discerner les intentions de son interlocuteur. Derrière lui, il entend les pas de ses amis qui le rejoignent, bien accompagnés par des gardes du bateau. Une lueur sur la crosse d'un fusil attire son regard. Les voici à la croisée des chemins : ami ou ennemi ?
— Vous accepterez, ajoute Michewa, mes plus plates excuses pour cette façade de fumée. Je me devais de paraître aussi peu lié à cette ville que possible, vous comprenez ?
— Je puis comprendre que l'on veuille demeurer discret parfois, vous savez, déclare l'homme en replaçant ses lunettes sur son nez. De plus, vous avez su me démontrer votre bonne volonté. En effet, grâce à vos renseignements, l'enquête sur la disparition de ma fille a fait un bon de géant. Mais, je manque à mes obligations d'hôte...
Derrière ses verres, il lance un œil sur Jessie et Naïsha qui sont soutenues par Mark et Charles :
— Je vais vous faire reconduire à vos cabines et nous pourrons discuter demain, après que vos amis se soient remis de leurs émotions.
— Si vous le permettez, je préférerais établir une entente dès ce soir, affirme Mich. Le sommeil m'importe peu et le temps coule.
Il se retourne vers Charles et Mark :
— Assurez-vous que nous sommes bien installés. Et Mark : ensuite tu viens nous rejoindre ...
Le rouquin opine de la tête.
— Un de mes hommes vous reconduira au Mess des officiers, Monsieur Rileys.
Mark acquiesce, un peu surpris de ces appellations bien militaire. Walton serait-il haut gradé et il aurait loupée cette info sur le net ? Réfléchissant encore sur le bras – décidément très long – de ce mystérieux homme d'affaire – il emboîte le pas aux deux hommes en uniforme près de lui.
— Monsieur Gan, suivez-moi.
Avec un dernier coup d'œil à ses amis qui s'engouffrent dans une coursive, Mich accompagne Ken Walton et deux de ses gardes du corps. Il remarque encore une fois leur armement. Il s'interroge sur la place du militaire et du civil sur ce bâtiment.
Son katana lui chauffe le dos quelque peu.
. .. .... .... .....
Quelques instants plus tard, Mich et Mark se retrouvent attablé au Mess, face à Walton qui leur sert un breuvage ambré, auquel le tibétain trempe à peine les lèvres alors que Mark semble grandement apprécier son verre. Devant eux sont éparpillés des plans de la Baie de Santos, des piles de relevé de communications et d'autres paperasses dont ils ignorent le but. Pendant que Walton s'installe, un homme en chaise roulante sportive se joint à eux.
— Laissez-moi vous présenter mon bras droit non officiel : Monsieur Salim Koulamiba.
L'homme en impose même dans sa position assise. Tout en tendant une grande main noire au bout d'un bras musclé et nerveux, il jette un œil perçant vers les deux nouveaux venus. Sous ses cheveux crépus entretenus très court, des cicatrices barrent sa physionomie et lui donnent un rictus constant de sarcasme sur le côté gauche du visage. On voit dans l'encolure de son chandail de vieille laine grise, que les reliquats de quelque accident se poursuivent sur son torse. Il serre la main tendue de Mich et Mark. Ce dernier a une mine réjouie.
— Ne vous fiez pas à cette pitoyable carcasse que je traîne sur deux roues, les salue l'homme d'une voix grave, je suis en toute possession de mes capacités autre que physique en deçà de la vertèbre L5, même plus que la moyenne, je dirais.
— Vous êtes LE Salim Koulamiba ? interroge Mark, ébahi. Mais vous êtes mort ?
— Pas tant que cela on dirait, ricane l'homme.
Michewa lance un œil interrogateur à son acolyte.
— Koulamiba a été diplômé de Harvard et de l'ETS*, champion de formule 3, de Indy Car, de Iron man, le mec qui passe à travers tous les défis intellectuels ou physique... avant d'avoir été victime d'un terrible accident d'avion, qu'il pilotait. Vous étiez ...
— Je suis, corrige Salim avec un sourire.
— Vous êtes une idole, un modèle, un...
— ... un rescapé et un miraculé. Ceci grâce à Ken !
— Pourquoi ne pas être revenu à la vie publique ? questionne Mark. Vous auriez eu un succès monstre !
— Après les funérailles nationales auxquelles j'ai eu droit ? ricane l'homme en s'adossant à son fauteuil fièrement. Jamais ! Je suis une ombre et je compte le demeurer. Je ne me suis jamais senti aussi bien. La pression des médias et des paparazzi : je laisse cela aux autres. Avec Walton, la vie est trépidante et je peux faire fonctionner mes neurones au services des muscles !
Puis il tourne sa tête vers ce dernier :
— Et j'avoue que je ne me passerais plus de ce visage pâle ! ricane Koulamiba.
— C'est surtout de mes ressources, pour expérimenter tes inventions, dont tu ne peux plus te passer ! riposte Walton en fronçant ses épais sourcils blonds. Moi, je ne suis que celui qui signe les contrats. Cela m'arrange, après tout, tant que tu ne casses pas trop le matériel !
Walton tend une bouteille d'eau à Salim avec une bourrade, puis se retourne vers Mich. Salim s'approche et s'installe à la table avec eux. Mark observe que même assit dans son fauteuil, l'homme les surplombe de sa stature. La venue de ce personnage nonchalant a eut l'effet d'une baume de confiance entre les hommes. L'atmosphère s'est nettement détendue et même Gan réalise que son intuition a cessé de s'alarmer. S'installant plus à son aise, Walton fait signe à ses hommes qui s'éloignent sans un mot. Les quatre hommes se retrouvent seuls dans cette pièce où l'on entend en arrière-fond, les bruits de la mer et le ronronnement du vent océanique, et de temps en temps, les cliquetis de quelques équipement balloté par la houle qui berce le navire toujours à l'ancrage.
— Vous savez, commence Walton les yeux sur sur verre ambré, suite à votre aiguillage, le juge Calligan a été d'une très grande efficacité avec le rassemblement de preuves sur la disparition de ma fille Lydia et de trois autres représentants de la jeunesse de Santos.
Il fait une pause avant d'ajouter :
— Mais l'enquête ne m'a pas permis de la retrouver malheureusement. Je ne vous en veux pas ! rajoute-t-il en levant la paume de sa main pour empêcher Mich ou Mark de répliquer. Les coupables sont futés et surtout puissants ! Ceci m'a ammené à me poser des questions – Dieu sait que j'ai eu le temps de réfléchir – et une question me revient sans cesse : Pourquoi ? ... Pourquoi s'en prendre à ma fille ? Une orthodontiste de talent, qui a participé à la mise au point du nouveau procédé de synthèse de prothèse de polymère par imprimante 3D. Je le sais, elle m'en parlait tellement durant ses recherches ! D'accord, le procédé est prometteur, mais est-ce suffisant ? De fait, les jeunes diplômés qui ont disparu partagent tous des études brillantes et un avenir prometteur.
— D'autres liens entre eux ? demande Gan.
— Ou avec des entreprises de Santos ? complète Mark.
— Ils étaient tous des universitaires, des chercheurs brillants dans leurs domaines, en plus d'être associés à une action d'aide auprès des sans-abris de la ville avec l'organisme le Coeur sur la main...
Salim intervient :
— Je rajoute que ce sont ces facteurs communs qui nous ont dirigé dans nos recherches. Car, ce sont tous des génies qui ont disparus. Des jeunes talentueux et sur-intelligents. Oui Ken, ta fille est unique ! Elle est géniale...
Walton se retrouve avec les yeux embués, alors que Koulamiba poursuit :
— J'ai eu l'occasion de travailler avec elle pour l'organisme ̶ anonymement naturellement pour ne pas me faire reconnaître. Elle voulait aider plein de gens... Elle s'impatientait en particulier contre l'inaction des autorités sur la propagation d'une nouvelle drogue dans la ville... distribuée auprès des étudiants universitaires, des cadres mais aussi auprès de la lie de la ville. En la voyait proliférer en particulier auprès des jeunes, cela l'insultait ... Une nouvelle cochonnerie, qui bousille le cerveau. L'Ombre sombre, un truc comme cela.
La main de Gan, dans sa poche de blouson, se referme sur le sac plastifié qu'Adan lui a confié. Les gélules lui brûlent le bout des doigts. Il vient pour intervenir mais la voix rauque de Walton le précède :
— Ma fille ne touchait pas à ce truc Salim, tu le sais... Que vont-ils penser ? Non, je vous le jure, ajoute-t-il en se tournant vers Michewa et Mark. Et de plus... je n'aime pas que l'on parle de Lydia au passé !
— Pardon Ken, tu sais que moi aussi je tiens à elle, ajoute Salim en échangeant un regard compatissant avec Walton qui ne fait que répondre en agitant la tête.
Michewa constate de la force du lien qui unit les deux hommes. Les deux se préoccupent sincèrement du sort de la fille Walton.
— Loin de moi cet idée monsieur Walton, admet Gan, les recherches que nous avons faites ont démontré que votre fille est un exemple d'empathie et d'entraide. Cependant de bonnes personnes se sont fait prendre, vous savez. Cette drogue semble partout. Et à ce que je constate, elle pourrait bien avoir un rôle à jouer dans le mystère qui plane sur Santos....
Il songe à Adan ...
Walton se redresse et pose ses mains bien à plats sur la table. Il prend une grande respiration comme un athlète avant une course :
— Je vais faire cartes sur table, messieurs, commence-t-il en ajustant ses lunettes. Vous avez requis mon aide pour une plongée dans l'herbier au large de Santos, dans l'Anse de l'épave. Monsieur Rileys m'a affirmé qu'il s'agissait d'une entreprise en lien avec notre précédente rencontre, donc ayant un rapport avec ma fille. Cela suffit pour me rallier à vous. Cependant, nous devons avoir un véritable lien de confiance et j'ai constaté vos regards suspicieux envers mes hommes et leurs armes, vers les installations militaires de mon navire... Oui, je suis disons... assez amateur de tous ces joujoux . Ils m'ont permis, par leur pouvoir de persuasion de conserver mon statut de malfrat auprès de groupes non recommandables, appelons-les comme cela. Mais aussi, j'ai pu envoyer de petites équipes réaliser des missions top secrètes pour des personnages et des agences tout aussi secrètes et officielles. Cela dit, la personne qui se trouve devant vous n'est ni le requin des finances, ni le chef d'entreprise qui profite de tous les marchés, ni le commandant de troupes de mercenaires. Non. Je veux collaborer avec vous car j'y trouve un intérêt tout simple : Je recherche ma fille... et mes recherches, grâce à vos informations, me mène au SSCC. Et vous me semblez être aussi dans leur collimateur.
Il fait une pause et ajoute :
— Cette plongée que vous désirez effectuer, cette recherche d'une épave, a un lien avec la mésaventure de votre villa Monsieur Gan ?
— En quelque sorte, oui. En fait... un lien direct.
— Je peux donc y relier la disparition de Lydia et le SSCC ?
— Tout est lié malheureusement. Je ne peux vous expliquer la raison de l'enlèvement de votre fille mais, selon les renseignements que je vous ai transmis, le SSCC est en dessous de tous ces événements et bien d'autres. Nous cherchons aussi à retrouver des personnes... des amis qui ont disparues dernièrement.
— Il me semblait bien qu'il manquait une jeune demoiselle aux yeux pâles parmi vos amis
— En effet... Et nous avons besoin de votre technologie et de votre protection, mais aussi de vos effectifs.
— Vous possédez aussi certains effectifs discrets mais efficaces... Et moi, j'ai besoin de votre hardiesse et de vos informations. Sommes-nous associés ?
— Disons que nous allons joindre nos forces pour retrouver les personnes disparues et pour résoudre le mystère qui semble exister sur ces événements. Moi aussi, je vais mettre carte sur table : je suis ici pour retrouver quatre de nos amis. Le temps presse, j'en ai peur. Je suis aussi ici pour percer à jour un complot qui semble planer, entre autre sur Santos. La menace rôde aussi autour d'une autre personne à laquelle je tiens particulièrement. Tout ceci pour vous dire que je ne suis plus ici en mercenaire, ni en agent de qui que ce soit. Je ne joue aucun rôle... Je ne suis que Michewa Li Gan.
— Entendu Monsieur Gan. Ensemble, nous saurons résoudre ces mystères.
Une poignée de main est échangée et un toast est porté en silence entre les quatre hommes. Les événements ont réuni une palette fort variée d'individus et de milieux. Ensemble, ils devraient pouvoir obtenir des réponses au mystère qui plane sur Santos. Leurs motivations ont des origines variées mais les mèneront à donner tous leurs efforts et ressources dans cette entreprise. Après un silence, Gan demande :
— Salim, pouvez-vous faire l'analyse d'un produit ?
— Oui bien sûr... Légalement ? Ou selon les moyens Walton ?
Un sourire naît sur les lèvres du noir. Michewa n'hésite pas :
— Disons avec les ressources Walton.
— Montrez-moi...
Gan glisse le sachet plastifié sur la table. Koulamiba prend l'échantillon de gélules grises que lui tend le tibétain.
— L'Ombre grise, murmure l'africain. C'est de cela dont je vous parlais...
— Vous connaissez ce truc, Salim ? interroge Mark, qui se questionne intérieurement sur la manière dont Michewa a obtenu ce contenant.
— Avec Lydia, enfin Mlle Walton, nous cherchions à savoir d'où venait la nouvelle drogue qui pleuvait sur Santos, surtout sur le campus où elle offrait des services de dentiste. En cherchant un peu, nous avons réalisé que cette cochonnerie, nul n'en savait son origine. En usant de mes anciennes fréquentations – ce petit fauteuil à roulettes n'est pas le seul cadeau que mon accident m'ait laissé – j'ai pu constater que ce comprimé gris se vend une fortune et attire les gens de tout acabit. Il transite par bien des mains mais sa source semble être en Europe, dans la région de...
— ...Genève, complète Michewa laconique.
Salim ouvre de grands yeux en acquiesçant alors que Mark retient un hoquet de surprise. Voilà que cette mission revient sur le tapis, englobant le mystère de Tashi, des Máo bīng, d'Alva, de Broot, du SSCC....
— Genève, en effet... articule Salim en levant un sourcil déformé par sa cicatrice et parsemé de cils blancs. Mais toutes traces des origines sur les lieux mêmes ont été soufflées par une explosion. Toute trace partie en fumée, il y a de cela quelques mois. Depuis, il n'y a plus de transit et tout semble provenir de Santos même.
— En fumée ? murmure Mark avec un œil vers Gan qui ne sourcille pas.
— Comme votre Villa et le quartier sur la plage, ajoute Walton, suspicieux. Si je n'étais pas sur le navire le mieux armé des environs, je m'inquiéterais de me trouver en votre compagnie, Messieurs. Cependant, il semblerait bien que, par ses recherches sur cette drogue, ma fille soit allée déranger un nid de frelons.
— Oui, vous utilisez le bon terme, réplique Mich. Et croyez-moi sur parole, ce nid est en lien avec ce qui se retrouve dans le fond de l'Anse de l'Épave. Voilà pourquoi nous devons y aller grâce à votre sous-marin et y jeter un œil.
— Pour une raison que j'ignore, précise Salim, le SSCC s'est engagé pour patrouiller volontairement dans les environs de cette Anse vous savez ? C'est une cause environnementale qui s'inscrit dans leur démarche sociale.
— Volontairement ? souligne Mark avec une mine étonnée. Ils y ont donc des intérêts. Comme nous.
— J'imagine bien leurs bateaux, ajoute Mich le plus sérieusement du monde, sous le couvert de visites de routine, qui viennent inspecter les navires qui se promènent dans le coin. Peut-être même avec l'effigie de la Garde-côtière.
— Oui, c'est tout à fait comme cela qu'ils agissent. Comment avez-vous deviné ?
— Disons que nous les avons déjà croisés lors d'une balade sur un bateau, répond Michewa. Décidément, tout nous mène au SSCC et à cette anse. Je placerai des hommes à moi sur une visite secrète au SSCC. Pendant ce temps, nous irons comme prévu voir dans l'anse dès que votre sous-marin sera prêt.
— De mon côté, réponds Salim, je vais analyser ce truc et obtenir les dernières statistiques de son utilisation dans la ville et ailleurs. D'ailleurs, d'où vous vient cet échantillon ?
— Un de nos amis disparus.
Mark ravale sa surprise. Adan ?
— Dans les dossiers de police – secrets –que vous m'avez remis sur les enlèvements des trois jeunes, dont ma fille Lydia, vous savez qu'il y a eu détection de traces de cette substance sur les effets personnels appartenant à chacun ? Je ne pouvais y croire... enfin, il s'agit de ma fille ! Mais, sachez que de voir cette drogue entre vos mains, Monsieur Gan, me choque grandement.
— Ayez confiance, Monsieur Walton. Notre ami a disparu lui aussi. Nous craignons pour sa vie mais certains indices nous portent à croire à sa survie. Il m'a affirmé ne pas avoir consommé d'Ombre grise et il est loin du personnage de dealer, croyez-moi.
Un silence se pose pendant lequel le regard triste de Ken et celui, imperturbable, de Michewa se jaugent.
— En effet, soupire Walton en se levant et en serrant la main de Gan, je me dois de vous faire entière confiance. Je vais de ce pas faire compléter les préparatifs du sous-marin.
Salim les salue également puis les deux hommes quittent les lieux. Walton, avant de passer le pas de la porte, ajoute :
— Le Galion va appareiller. Si vous avez le pied marin, profitez-en pour aller prendre quelques heures de sommeil. Vous semblez en avoir besoin mes amis.
Mich et Mark se retrouvent seul à la table du Mess. Michewa se repose sur le dossier de sa chaise en fermant les yeux :
— De menace, nous sommes devenus associés, puis nous voilà amis !
— Drôle d'oiseau cet homme d'affaire milliardaire qui joue aux G.I. Joe et aux mécènes caritatifs, ajoute Mark en remplissant son verre de nouveau.
Mich s'accoude sur la table et jette un regard vers le rouquin :
— Que fais-tu ? On doit aller prendre un repos. Il a raison sur ce point.
— Se reposer ? Sur un bateau ? D'accord, mais avant on va trinquer Mich. Tu en profiteras pour me donner certains détails qui me manquent encore, on dirait, sur l'explosion de Genève; et sur la fin de ton implication auprès des « patrons » et les liens avec la Villa qui explose. Et pourquoi pas aussi du rapport entre cette Ombre et Dan... et l'Adrienne.
— Entendu. Mais pour le dernier point, tu devras attendre que Dan soit parmi nous.
— Si...
— Quand il sera là ! réplique solidement Gan.
Les yeux pâles de Mark affrontent le regard décidé de son ami.
— Oui, tu as raison Ninja. Alors voilà le deal : tu réponds à mes interrogations en savourant ce délicieux breuvage avec moi. Et moi, je t'écoute et je réfléchis à notre situation en trinquant avec toi.
Mich voit Mark prendre un cachet de gravol avec une rasade du whisky.
— Tu ne t'y fais toujours pas aux bateaux zhě péngyou ! rigole-t-il. Allez ! Laisse-moi t'occuper l'esprit pour calmer la houle de ton cœur d'écossais !
Mich trinque avec Mark alors qu'ils sentent le Galion qui quitte son ancrage. Ils s'accordent quelques instants pour échanger des informations qui souderont encore davantage leur amitié et leur détermination à retrouver leurs amis.
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*ETS : École de Technologie Supérieure, école dispensant l'enseignement pour des grades d'ingénieur (B.Sc, M.Sc et Ph.D), comme les Écoles polytechniques.
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