Chapitre 10 - Circonvolution

L'homme, tout sourire, prend l'enveloppe que la femme lui tend alors qu'elle se dirige vers le mur vitré derrière son bureau.  Finalement, la soirée barbante, organisée à la demande de ses investisseurs, aura eu de bons côtés.  Il garde un instant les yeux sur la silhouette, ombre découpée sur les lumières de la ville, vingt étages plus bas.  La vue est agréable il est vrai : son bureau, qui ne possède pas la plus grande superficie de l'immeuble de la Walton Corporated, il l'a choisi pour cela.  Mais le coup d'œil appréciateur qu'il lance en ce moment ne concerne nullement le paysage.  Un peu jeune peut-être mais elle a de la classe.  Aussi articulée, intelligente que jolie, avec ces yeux si pâles sous sa chevelure noire - un style asiatique mais sans l'être vraiment - ce Shen Liang a du goût.

— Vous pouvez vérifier le montant si vous le désirez, fait la voix teinté d'un accent chinois de son interlocuteur assit devant lui.

L'homme d'affaire quitte sa distraction et se redonne une contenance en replaçant ses verres sur son nez.

— Monsieur Shen Liang, votre réputation vous précède.  Vous êtes un investisseur avisé, je n'en doute pas.

— Je vous en prie, faites Monsieur Walton, ajoute l'homme avec une courbette de la tête, je tiens à ce que les choses soient limpides entre nous.

Ken Walton ouvre l'enveloppe richement identifiée et en sort un chèque dont le montant lui fait pousser un discret soupir d'agrément.  Ce n'est pas qu'il est radin, mais les liquidités entrantes sont un peu moins présentes depuis un moment.

— Je ne m'en attendais pas moins, monsieur Liang.  Vous serez un partenaire d'affaire très comblé, je vous en donne ma parole.

— Je n'en doute point, monsieur Walton, réplique le chinois en avançant son athlétique silhouette sur le bout de son siège et en posant une main à plat sur le bureau.

C'est le signal.  La jeune femme s'approche doucement de Walton, une main derrière le dos.

— Je tiens cependant à vous prévenir, murmure le chinois en le tenant de son regard d'onyx, que ce chèque n'aura aucune valeur monétaire à moins que vous ne fassiez exactement ce que je vous demande.

— Que voulez dire ?  C'est du chantage ! réplique Ken outré, en se raidissant.

« Pas encore... » pense-t-il.

Ce disant, doucement, sous le bureau, le bout de son pied tatillonne vers la droite, cherchant le déclencheur d'alerte.

— Tss Tss, reproche la femme.

Elle roule la chaise pour l'éloigner un peu du bureau et, de derrière son dos, elle exhibe et pointe un revolver sous le menton de l'homme d'affaires.  Puis, d'une voix douce et calme, elle rajoute près de son oreille, tout en glissant un œil vers son acolyte :

— Nous ne désirons pas de compagnie.

— Vous n'obtiendrez rien de moi.  Vous êtes sous surveillance depuis votre arrivée à cette soirée.  Il y a des caméras partout et des vigiles...

— Désolé, rajoute les lèvres rosées près de son visage, mais nous avons un ami qui a bousillé... quelque peu votre équipement.  Vos vigiles observent des images vieilles de trente minutes.  La soirée donnée pour vos investisseurs bat son plein, monsieur Walton, mais nous n'en sommes pas.

— Nous sommes des fantômes, rajoute Liang.

Il glisse un œil malicieux vers sa complice :

— Bien jolis, d'ailleurs.

La femme lui rend un sourire entendu.

— Monsieur Liang, vous faites une grave erreur ! clame Walton en tentant de se lever mais la femme le repousse, avec une force surprenante, au fond de son siège.

— C'est vous qui la feriez si vous ne nous écoutez pas, réplique-t-elle.

Walton observe le pistolet appuyé maintenant sur sa poitrine alors que Liang s'est levé pour subtiliser le 9mm caché sous le bureau.  Il voit le chinois le désarmer habilement d'une seule main, empocher les munitions et jeter l'arme dans un tiroir.  Il porte ensuite la main à son oreille pour activer un communicateur Bluetooth.

— Zombie, est-ce que c'est clair ?

« RAS Jackie.  La pièce est blanche.  Vous avez encore 15 minutes pour convaincre notre homme et sortir de l'immeuble. »

— Compris, répond le chinois en jetant un œil vers la femme qui acquiesce.

Liang s'assoit sur le coin du bureau, les mains calmement croisées sur son genou, alors que la femme se poste derrière le siège de cuir.

Walton est hypnotisé par les volutes de tatouages qui tracent le coté du faciès de son interlocuteur.  Dire qu'il lui trouvait un air exotique-sympathique lors de son arrivée.  Maintenant, il dirait plutôt effrayant.  Il réprime un soupir exaspéré : le voici encore mêlé à une extorsion de fonds.  Il a pourtant bien d'autres chats à fouetter. 

— Écoutez-moi bien Monsieur Walton, commence Liang avec une voix où l'on ne perçoit plus aucun accent.  Je sais que je mets ici ma tête sur le billot, mais je dois faire confiance à votre jugement et surtout à l'attachement que vous portez à votre petite fille.

— Lydia...?

— Oui, Lydia.  

— Qu'a-t-elle à faire avec vous ? 

— Rien directement, ne vous en faites pas.  Mais, nous savons qu'elle a disparu depuis trois semaines et que vous êtes en train de dilapider votre fortune pour la retrouver.  Vos démarches sont vaines et vous avez versé des sommes faramineuses à ceux qui disent la tenir en captivité.  Nous savons aussi qu'ils vous mentent.  Les vrais kidnappeurs de votre petite fille n'ont que faire de votre richesse.  S'ils le veulent, ils vident votre compte bancaire au petit déjeuner et obtiennent la totalité des actions de votre compagnie avant même d'avoir fini de prendre le thé.

Il a scandé ses mots d'une voix sèche et claire.  Il ajoute plus doucement :

— Cessez de vous faire flouer Ken.

— Qu'est-ce qui m'assure...  Et si vous avez tort !?

— C'est pour cela que je vous apporterai une preuve.  Ce chèque au porteur que je vous ai donné, n'a aucune valeur.  Il vous donnera cependant accès à un coffre sur un compte à numéros à la National de Santos.  Dans ce coffret, vous trouverez toutes les preuves pour incriminer les faux kidnappeurs et leurs méfaits.  Vu votre réputation auprès de la magistrature, vous retrouverez votre oseille assez rapidement.  De plus, dans les dossiers que je vous lègue, il y aura aussi assez d'indices pour d'autres cas d'escroqueries touchant certains de vos collègues millionnaires de la région.  Donnez le crédit à votre agence d'inspecteurs privés habituelle, je ne veux aucune pub.  Vous serez un héros, monsieur Walton.

— Ce n'est pas mon but vous savez, répond Ken qui a retrouvé son aplomb.  Retrouvez Lydia est ma priorité.  Comment savoir que vous ne me menez pas en bateau ?  Et puis, comment avez-vous pu avoir ces informations alors que la police...

— La police de Santos n'en a cure de votre petite fille ! riposte l'homme qui pointe ensuite un doigt sur Walton.  Ne lui faites pas confiance.  Vous apporterez ces preuves au Juge Calligan et à personne d'autre.  Nous savons qu'il est intègre et vous aussi.

— Le juge Calligan ? Mais c'est le juge...

- Oui, oui.  Le juge Luis Grover, le coupe l'asiatique.  Un conseil :  oubliez votre ami Grover.  En fait, oubliez tous vos contacts habituels.  Cette ville est remplie de ripoux.  Ce n'est pas un gage de sécurité, et tout ce qui porte le sigle suivant n'augure rien de bon.

Liang lui tend une carte avec le sigle de SSCC.

— « Santos Sciences » ?

— Partout où vous verrez ce sigle...  c'est danger !

Ken ajuste ses lunettes et fixe le pictogramme des deux 'C' entrelacés.

— Que voulez-vous en retour ? demande Walton suspicieux.

— Aucun argent, je n'en ai pas besoin.  Seulement une porte d'entrée officielle dans certaines industries de Santos qui pourraient bien être à l'origine de l'enlèvement de votre Lydia...  Et aussi un accès à votre bunker technologique qui opère en couverture de l'armée.

— J'ignore de quoi vous parlez, proteste l'homme d'affaires en levant les mains en signe d'innocence.

— Ce sera à vous de voir si vous voulez jouer franc jeu ou non.

— Donc, je vous aide et je retrouve Lydia... C'est vous qui la détenez ! accuse Ken.

— Non, monsieur Walton.  Nous ne sommes pas des kidnappeurs.  La preuve : nous ne vous retiendrons pas du tout.  Nous voulons au contraire aider les gens qui,comme vous, recherchent les leurs.  Vous n'êtes pas le seul.  Cela dépasse grandement le simple enlèvement.  Vous devez cependant faire vite.  Je dois m'immiscer dans ce réseau et je ne peux utiliser les filières régulières.  Mais vous êtes le seul à pouvoir m'aider à entrer là où je le veux et à m'en donner les moyens.

« Dix minutes »

— Vous êtes un homme de cœur Monsieur Walton, murmure le chinois en se penchant vers Ken.  Pensez à votre petite fille ainsi qu'à tous ceux que votre fondation aide chaque année.  Vous êtes un philanthrope, prouvez-le en m'épaulant.

Liang pose une main sur l'épaule de l'homme d'affaire et se redresse avec un soupir alors que la femme aux cheveux noirs revient se poster près de Liang.  Ken voit avec soulagement le revolver disparaître dans la pochette de soirée.

— Comment je vous joins ? demande l'homme d'affaires.

— Je sais que vous êtes capable de trouver où j'habite, ce n'est pas un secret, vous savez.  Mais je sais que vous ne perdrez pas votre temps avec de vaines querelles.  Allez voir ce coffret de sureté : vous verrez bien si j'ai raison ou non.  Vous y trouverez aussi un moyen de me contacter en toute sécurité.  Nous pourrons alors chercher votre fille ensemble. 

— N'oubliez pas, le temps presse murmure la femme.

Walton la voit ensuite lui souffler un baiser dans les airs.  Liang lance fortement au sol un objet qui dégage immédiatement une fumée blanchâtre.  Lorsque celle-ci se dissipe, la pièce est vide.  Ken se précipite à la porte de son bureau qui donne sur le couloir attenant le pallier de la majestueuse salle de réception, où se poursuit la soirée avec la cinquantaine d'invités.  Deux gardes viennent vers lui.

— Un souci Monsieur Walton ? demande l'un d'eux en portant sa main à son oreillette pour l'ajuster. 

— Non... non. Merci, fait Ken en lorgnant le tatoo sur le poignet du grade et en avalant difficilement.  Demandez à mon chauffeur... Rick, précise-t-il, de préparer la voiture je vous prie.

— Entendu monsieur.

Walton retourne à son bureau, empoche le chèque et se sert un verre de scotch, les yeux rivés sur la carte de visite de SSCC.  Puis il saisit son téléphone et passe un appel d'un air décidé.

******

Dans le bureau du centre des médias de Santos, un homme termine les dernières touches pour son éditorial de la première heure demain matin.  Il se frotte les yeux puis gratte sa courte barbe noire en émettant un bâillement bruyant.  Puis, il se repousse dans son fauteuil pour s'étirer le dos tout en faisant craquer ses jointures.

— Dure journée Charles ? fait une voix dans la pénombre de l'encadrement de la porte de son bureau.

Charles Dunkins se redresse d'un bond, envoyant valdinguer sa chaise sur le classeur derrière lui.

— Hé ! Doucement, ce n'est que moi : Adan, remarque le jeune homme en s'avançant dans la lumière.

— Lescaux !  Tu vas bien ?  Mais... que fais-tu ici ?  Tu ne devrais pas.

Adan le voit jeter un œil mal à l'aise vers un des coins du plafond de la pièce.

— N'aie crainte, les caméras sont nazes pour un temps... disons le temps que le surveillant à l'entrée reparte le système et qu'il détruise le virus qui s'y est glissé.

« Je dirais vingt minutes » lui murmure une voix taquine dans l'oreille.

— On n'a pas le temps d'un café.  Alors, un petit debriefing comme dans le bon vieux temps, sourit Adan.  Content de te revoir en ville.

— J'ai eu besoin de me recentrer un peu.  L'air salin m'a fait un bien fou.  Mais tout a bien changé depuis un temps, tu ne trouves pas ?

— Oh oui, plus que tu ne le penses.

— Je crois que tu ne devrais pas être ici, mon ami.

— Je sais... Je ne devrais être nulle part selon certains.

— Adan, j'ai su pour toi ces derniers mois.  Et en plus, le feu à l'Auberge...  Comment vas-tu ?

— Disons que ça pourrait être mieux.  Mais merci de ta sollicitude, Charles.  Je t'ai vu sur la plage.

— J'avais peur que tu y sois... resté.

— Cela a failli être le cas, répond Adan en s'approchant et en serrant la main tendue de son ancien patron et ami.

— Mes sympathies mon vieux.  Si tu as besoin de quoi que ce soit.

Adan conserve la main plus longtemps que la normale et ausculte le poignet.  Puis il fait de même avec l'autre main.  Heureux de son observation, il fait une accolade au journaliste en vérifiant ostensiblement derrière ses oreilles.  Dunkins se laisse faire mais il fronce les sourcils :

— Tu vas vraiment bien Adan ?

— Oui, sourit le photographe, t'inquiète.  Je me demandais juste où tu avais mis ta moustache !

— On change pour plaire parfois.

— Nouvelle flamme ?

— Pas vraiment.  Nouvelle vie.

« Ad... Furet...  Stop ! Tu t'égares. »

Adan sourit mais reprend son sérieux.

— Charles, si je suis ici c'est pour te demander ton aide, mais vraiment seulement ton aide car je ne sais plus à qui je peux me fier.  N'en parle à personne.

— Un nouvel article ? Des ennuis ?

— En fait, rien de journalisme... C'est vraiment sérieux et cela touche de plus en plus des lieux de Santos et il y a même des vies en jeu.

— Appelle la police.  Tu as des contacts, non ?

— Non, ils sont brûlés.  Je suis non grata presque partout. 

— C'est illégal ton truc ?

— Oui.

— Adan !!

— Non. C'est pas moi qui fait dans l'illégal, c'est eux.

— Qui ?  Et Quoi ?

— Je vais peut-être te mettre dans le pétrin...

— Trop tard.

Adan fixe son ancien ami.  Il a été son mentor durant une bonne partie de sa carrière.  Puis, la vie personnelle de Charles a mal tourné. Il faisait des crises, disparaissait durant des semaines, revenait, se relançait comme un maniaque dans le travail, tombait dans des passes de dépression.   Depuis, il a été diagnostiqué bipolaire et a appris à gérer ses vagues caractérielles. Mais dans son trajet aux enfers, il a tout perdu : un divorce décapant, sa maison, ses biens, ses investissements et son poste de tête directrice des médias écrits de Santos.  Il en a bavé.  Les seules choses qu'il a su sauver : une moto et un bateau.   Il a aussi réussi à récupérer une place de rédacteur en chef du Santos One, mais cela il le doit à sa plume assassine, ses opinions bien tranchées et sa gestion de personnel à la baguette, sans oublier son équipe de « justiciers de la plume » dont il s'est entouré depuis des années.    Adan collaborait avec eux comme photographe et reporter occasionnel.  Que Charles soit ici, lui-même et intègre, surprend Lescaux, mais l'enchante en même temps.

— Crois-moi Adan, tu es venu vers moi et j'en suis très heureux.  Si tu as besoin...

— Charles, merci.  Je suis heureux que tu sois encore là, que tu sois toi-même.

L'homme le regarde avec un air incertain.

— Mais cela demande des explications, avoue Adan avec un sourire amer.  Dis, tu as toujours la même adresse ?

— L'Adrienne, oui.  Tu t'invites ?

— Tu crois que c'est sûr ?

— Oui, je lève l'ancre et je me poserai là où le poisson est le meilleur.  Tu te rappelles ?  Demain soir !  Ça te va ?

— Entendu, vieux.

Charles donne une accolade chaleureuse à Adan.

« Dix minutes. Furet tu dois te flexer. »

— Dis à la Demoiselle que tu héberges dans ton oreille que tu seras sorti dans cinq, okay ? 

Puis il rajoute avec un clin d'œil :

— Belle voix !  Tu me présenteras ?

Adan sourit, Charles reprend :

— Blonde ?

— Non, rousse.

— Oh, je crois que je vois de qui il s'agit, "Furet" !  Dis-lui qu'elle est la bienvenue.

Il donne une claque dans de le dos du photographe qui quitte les lieux avec un signe de la main.

— Je sors maintenant, murmure Adan pour Jessie/Fauvette.  Tu es libre demain soir ?  Pour une croisière ?

*****

Adan se retrouve au coin de la rue qui abrite le Santos One.  Ce quartier du Centre-ville est animé et ne semble pas savoir que la nuit est tombée.  Le photographe monte le col de son veston autant contre le vent de mer qui souffle que pour mieux se dissimuler.  Il n'en faut pas longtemps pour qu'une limousine s'arrête à sa hauteur.  La porte arrière s'ouvre et il se glisse à l'intérieur.

— Et puis, Dunkins est partant ? demande Mich, en dénouant son nœud papillon.

— Oui, il est égal à lui-même, à mon grand soulagement.  Et notre mécène ?

— C'est à lui de voir maintenant.  Tu aurais dû voir Alva... Une vraie de vraie !

— Et toi, le coup de l'accent chinois ! reprend la jeune fille en massant ses pieds endoloris par les talons aiguilles.

Leurs oreillettes sonnent simultanément. C'est Adan qui répond :

— Hello Zombie et Fauvette.

« Pourquoi Fauvette ? » riposte la voix de Jessie.

— Plus jolie que fauve non ? sourit Adan.

— Et notre richissime ami a-t-il accepté notre invitation ? demande Mich en retenant un rire.

« Il est à la banque en ce moment. » répond une voix masculine.

— Attends Mark !  Mais... c'est le soir ?

« Que veux-tu Adan ! Quand tu as des billets verts comme carte de visite, il n'y a pas d'heures de fermeture », réponds Mark Rileys dans leurs écouteurs avec un ricanement dont lui seul a le secret...

— Il va certainement faire aussi rapidement pour le juge Calligan, énonce Mich.  Je garde mon téléphone à l'œil.

— Mark ! ajoute Alva.  Pas mal ton pétard aux lycopodes ! 

« Un vieux truc du magicien sans chapeau ! » rigole l'irlandais.

— Tu devras m'en montrer d'autres !  J'ai bien aimé : comme dans les films de Ninja !

« En attendant, demain soir, on va tous faire une petite croisière. » ajoute Jessie.

« Donc, ton ami a toujours son bateau ? » demande Mark.

Adan reste silencieux un moment, le regard perdu sur les lumières de la ville qui se perdent dans leur sillage, alors qu'ils regagnent la villa de Gan.

« Dan...  Tout va bien aller. » murmure la voix de la belle rousse.

Adan reste interdit puis, constatant que les autres discutent entre eux et avec Mark, il comprend que Jessie, avec sa magie informatique, ne s'adresse qu'à lui seul.  Il se penche un peu plus vers la fenêtre, cherchant davantage d'intimité auditive.

— La femme médecin, Naisha Nu...  est venue ?

« Oui, Naisha Npundu.  Très spéciale comme Mich le disait, ironise Jess.  Mais efficace.  La situation ne l'a pas choquée plus que ça. »

— Elle était en Suisse avec Mich.  Elle s'est occupé bien souvent de notre tibétain.  Elle a sa confiance.

Il y a un silence.
« Broot va s'en sortir. » ajoute la rouquine qui devine l'inquiétude de l'homme.

— ...

« Allez Lescaux, rentre. Tu es crevé. »

— On arrive... dit Adan d'une voix un peu cassée.  Jess ?

« Oui ?»

Un autre et long silence sans que Adan ne puisse dire un mot.  Il ne les trouve pas.  Il soupire.

« Reviens vers moi. Ça va aller. »

Adan acquiesce de la tête comme si elle pouvait le voir.

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