Quand j'y arrive, je me dirige vers le rayon des prophéties et des légendes. Il est juste au-dessus de celui de la cité sacrée, mais contrairement à celui-ci, il y en a beaucoup plus de livres. J'en choisis un au hasard et monte au deuxième étage pour faire mon devoir d'histoire. Je l'ouvre à n'importe quelle page et lis la légende inscrite dessus.

Quand la nuit sans lune reviendra, les temps sombres reviendront au même moment sur Orryl. L'onde négative qui ébranlera cette terre réveillera les ennemis de la Grande Guerre. Ces ennemis prendront leur temps et grandiront dans l'ombre. Quand les temps sombrent reviendront de nouveau sur Orryl, les descendant des grandes lignées disparues apparaîtront dans les différentes tribus et mettront fin au chaos. Mais le mal est en chacun de nous, seront-ils assez puissants pour résister à la tentation ?

L'enfant qui ébranlera cette terre sera différent. Il ne fera partie d'aucune grande lignée pourtant il sera tout aussi puissant. Il ne trouvera sa place nulle part, pourtant il combattra pour sauver ce monde qui le hait tant.

Euh, c'est quoi cette prophétie ? Elle date de quand ? Je cherche une date mais n'en trouve nulle part. C'est elle déjà produite ? Ou est-ce plutôt un avertissement ? Je n'aurais peut-être pas dû choisir celle, parce que, pour l'analyser, bonne chance. Je sors qu'en même mon cahier et essaye de comprendre le sens de cette prophétie. Qui sont les ennemis de la Grande Guerre ? Parle-t-on des créatures de l'ombre ? Mais, je croyais qu'elles avaient disparues ! Comment une espèce éteinte peut revenir soudainement à la vie ? Et les grandes lignées, comment peuvent-elles réapparaitre ? Ce ne sont pas les dieux les créent en s'unissant avec un Orrylien ? Alors, comment, elles aussi peuvent-elles revenir ? Les dieux ne viennent plus sur Orryl depuis la Grande Guerre. J'ai vraiment mal choisi ma légende. Je referme donc le livre et le repose. Cependant, mes interrogations, elles, ne s'en vont pas en même temps que le livre. Ce n'est pas grave, il faut absolument que je termine mon devoir. Finalement, au bout d'une heure, je le termine. J'ai choisi d'écrire sur la déesse de la musique, Nurella.

Le reste de ma journée passe à une vitesse folle, et, sans que j'ai le temps de m'en apercevoir, il est déjà l'heure de dormir. Je me lave et inspecte mes cicatrices. Elles sont refermées, et, celle de ma main a déjà disparu ! En revanche, je crois que je vais garder celle dans le dos, heureusement, personne ne pourra la voir. Je me couche et attend que Morphée vienne me chercher. Je crois qu'il s'est perdu, ou à oublier ma chambre puisqu'il n'arrive, je n'arrive pas à dormir. Quand j'étais petite cela m'arrivait souvent, et, à chaque fois, Wizard m'emmenait faire une balade au clair de lune. Alors, malgré le règlement, je me lève et sors. Les couloirs sont silencieux et je suis guidée par la lumière de la lune. Là, dans l'oasis, je me promène entre les arbres et vois cette animal sombre. Je n'en ai pas peur, au contraire, il m'attire. Au village, il y avait beaucoup d'animaux sauvages, j'ai donc l'habitude et connais les réflexes et la manière dont il faut régir. La créature me regarde droit dans les yeux s'approche de moi. Je lui tends mon poing fermé et attend. Elle le lèche, je suis surprise, ces animaux ont d'habitude peur de nous. Plus elle reste près de moi, plus je sens mes forces me quitter. Je ne la reconnais toujours pas, mais, elle aspire mon énergie et me donne envie de dormir, comme les rêveuses, des créatures qui apportent le sommeil aux enfants égarés pour ensuite pouvoir les manger. En mon for intérieur, je rigole, finalement, Morphée m'a trouvée.

Le lendemain, je me réveille dans mon lit, sans aucun souvenir de la manière dont je suis revenue ici. Je me lève et pars pour le petit déjeuner. Quand j'y arrive, Mattéo me regarde bizarrement et ses yeux me lancent pleins de reproches. Qu'est-ce que j'ai encore fait ? Non, ce n'est pas Mattéo qui va gâcher ma journée. Aujourd'hui, j'ai mon premier cours sur les créatures magiques, et je suis impatiente. Je me hâte de terminer mon petit déjeuner pour rejoindre ma salle de classe. Je suis en avance, mais notre professeur l'est encore plus. Il est assis à son bureau en train de lire. Je rentre, il ne me jette même pas un coup d'œil, il se contente de soupirer avant d'ajouter :

- Tu vas changer de place, maintenant, tu seras en face de mon bureau, Emelyne;

Je le regarde surprise, pourquoi ? Je m'étais habituée à ma place au fond. Je m'assois en face de cet étrange personnage et me lamente sur mon sort. Ce n'est que quand tous les élèves sont installés que notre professeur pose enfin son livre. Il nous examine un à un avant d'annoncer :

- Bonjour, je suis Edwin et serai votre professeur de créatures magiques cette année. Pour introduire ce cours, nous allons en forêt, plusieurs animaux et collègues vous y attendent.

Nous nous levons et le suivons dans la forêt. Sur le chemin, nous croisons plusieurs cages avec des animaux à l'intérieur. Je peux presque tous les reconnaitre, il n'y en a qu'au fond, où je ne peux pas les voir et donc, les identifier. L'ensemble des cages forment un cercle, et en son centre, des personnes en uniformes rigolent. Quand ils nous voient arriver, ils se mettent en ligne. Notre professeur se met entre eux et nous, puis explique :

- J'ai effectué des groupes en fonction de vos résultats et de vos compétences. Vous irez chacun avec un de mes collègues voir une créatures, est-ce clair ?

- Oui monsieur. répondons-nous en chœur

- Parfait.

Il appelle les groupes, qui, au fur et à mesure partent vers une cage. Je suis dans le dernier, avec Enoha et des aquae, notre responsable est Edwin. Il nous amène jusqu'à une cage où se trouve une magnifique biche.

- Chacun votre tour, vous allez entrer dans l'enclos avec la biche puis vous ne bougerez plus, laissez faire la biche. Quand vous entendrez stop, vous sortirez par la deuxième sortie. Commençons par Enoha.

Elle sourit en entendant son prénom, puis rentre dans la cage, un brouillard apparaît alors, nous empêchant de voir ce qui se passe à l'intérieur. Au bout de cinq minutes, le professeur dit stop et un autre élève rentre. Tous les élèves passent chacun leur tour, je suis la dernière. Quand j'entre dans l'enclos, la biche se rapproche un petit peu, elle est magnifique. Elle ne ressemble à aucune autre biche, ses taches ne sont pas blanches mais dorées. Elle se rapproche de plus en plus de moi et me lèche mes doigts. Je ne bouge pas, je la laisse faire.

Je suis assise dans un arbre. Je regarde autour de moi, j'aperçois des hommes, des femmes et des enfants avec des armes à la main. Je regarde mes mains, elles me paraissent beaucoup plus petite. J'entends alors la corne de brume, tout le monde se précipite dans la forêt. Je les regarde, personne n'a l'air de me remarquer. C'est là que je la vois. Une magnifique biche aux taches d'or. C'est une espèce très rare, il est donc interdit de la tuer. Ce qui fait ça rareté ce sont ses taches, au lieu que ses taches soient blanches, elles sont en or, sa fourrure a donc une très grande valeur. Soudain, j'aperçois des hommes en train d'essayer de lui tirer dessus. Je sens la colère monter en moi, en quelques secondes les balles que les chasseurs ont tirées se retournent contre eux, ce qui les blessent.

Je referme les yeux, quand je les ouvre, je suis de nouveau dans l'enclos, la biche me lèche encore mes doigts. Qu'est-ce qu'il vient de se passer ? Est-ce un souvenir ? c'est vrai que la première fois que j'ai vu cette biche, elle me semblait familière, mais, maintenant, je ne sais que penser. Est-ce que c'était moi cette enfant ? Ai-je déjà rencontré cette biche ? J'entends le signal, mais, mets quelques secondes à sortir de l'enclos, encore étonnée par cette découverte, par mon souvenir. Quand je suis sortie de l'enclos, je remarque que mes doigts sont légèrement argentés. Je me rapproche de mon groupe, le professeur regarde mes doigts, surpris, quand je le remarque, je les cache directement dans mes poches.

Nous regagnons le centre, et Edwin dit :

- Nous allons changer d'animaux, vous gardez les mêmes groupes et vous suivez votre responsable qui vous guidera jusqu'à un nouvel enclos.

Notre groupe se dirige vers un nouvel enclos, l'un de ceux qui est vers le fond, où nous ne pouvons pas voir l'intérieur. Notre professeur annonce :

- Les règles sont les mêmes que tout à l'heure. Vous ne pouvez pas sortir avant la fin des cinq minutes et garderez le même ordre.

Nous nous mettons à la file indienne et attendons. Au bout de cinq minutes, le professeur tape dans ses mains et Enoha sort. Elle est en larme, semble effrayée et elle s'éloigne de l'enclos à toute vitesse. Tous les élèves passent chacun leur tour dans l'enclos, et ressortent tous en larmes. Quand vient de nouveau mon tour, je prends trois grandes inspirations et entre. Je suis prête à affronter n'importe quelle créature. Enfin, c'est ce que je pensais jusqu'à ce que je la vois. En face d'elle, je suis désarmée, que dois-je faire ? Comment résister ? C'est vrai, elle est si mignonne. Comment résister à son charme ? La créature devant moi n'est autre qu'un chaton qui joue avec une chaussette ! Comment est-ce que les autres sont sortis en larmes ? J'ai envie de me rapprocher de jouer avec cette adorable boule de poils, soudain, je me souviens de paroles d'Edwin, ne pas s'approcher et laisser faire l'animal. Je m'assoie donc par terre et attend. Au bout de quelques secondes, le chaton se rapproche de moi. Comme pour la biche, il lèche mes doigts que je lui tends. Je le caresse, joue avec lui, lui fait un gros câlin, au bout de cinq minutes, je dois sortir.

Je râle, pourquoi je ne peux pas garder ce chat ? Je me relève péniblement et en grognant et rejoins la sortie. Mais le chaton se place juste devant moi m'empêchant de rejoindre les autres. Il commence alors à grandir et se transforme en tigre des rêves, je recule de quelques pas et manque de tomber, heureusement, l'animal me rattrape de justesse. Je le remercie et essaye de nouveau de partir, mais il me bloque de nouveau le passage. J'entends le professeur s'énerver et s'impatienter. Je regarde la créature, droit dans les yeux, mais elle ne bouge pas d'un pouce, au contraire, elle a l'air en colère. Nous faisons comme une bataille de regard interminable. Heureusement, au bout d'un temps infini, le tigre des rêves se décale et me laisse passer. Ah, j'ai gagné ! Les autres me regardent sortir, le sourire aux lèvres et me dévisagent étonnés. Le professeur, lui, ne semble pas surpris. Nous rejoignons les autres groupes qui nous attendent. Edwin fait un signe de remerciement à ses collègues, puis nous regagnons notre classe.

- Très bien, vous allez écrire une synthèse sur le premier animal que vous avez vu, puis nous ferons ensemble le deuxième animal. Vous ne sortirez avant que nous ayons terminé les deux synthèses.

Nous sortons immédiatement nos cahiers et commençons à rédiger notre synthèse. Au bout d'une demi-heure, Edwin tape dans ses mains et annonce :

- Nous allons écrire la deuxième synthèse, pour ce qui n'ont pas terminé vous devrez la terminer pour la prochaine fois.

- Monsieur ?

- Oui, Léo.

- Nous n'avons pas tous vu la même créature puisque nous sommes allés dans des enclos différents. Alors comment vous allez faire pour la deuxième synthèse.

- Vous avez tous vu le même animal, mais sous différente forme.

- Je ne comprends pas, que voulez-vous dire ? demande une aquae

- Je vais vous expliquer. Ce que vous avez vu est un métamorphe, une créature qui change d'apparence en fonction de la personne. Pour les personnes qui ont respectées les consignes, c'est à dire ne pas s'approcher de l'animal, mais de le laisser faire, il a pris une apparence rassurante. En revanche, pour les personnes qui n'ont pas respectées cette consigne, il a pris l'apparence d'une de vos peurs, d'une créature effrayante. Cette créature arrive à déceler vos émotions les plus profondes, si vos émotions changent, son apparence va, elle aussi, se modifier en fonction de ces dernières.

Nous entendons alors la sonnerie retentir.

- Très bien, pour la prochaine fois, vous devez finir la première synthèse et décrire votre expérience avec la métamorphe et m'expliquer ce que vous avez compris sur son fonctionnement. Vous pouvez sortir.

Tous les élèves poussent un gémissement, ils ont oublié de prendre des notes ! Alors que je suis en train de sortir, le professeur me retient et me demande :

- Emelyne reste quelques instants, s'il te plait, j'aimerais te parler.

Quand tout le monde est sorti de la classe, notre professeur reprend la parole :

- Que s'est-il passé, pourquoi n'es-tu pas sortie tout de suite quand tu étais dans l'enclos du métamorphe ?

- Rien de particulier, il m'a juste empêché de sortir.

- Je vois, c'est étrange. murmure-t-il

- Est-ce que je peux y aller, sinon je vais être en retard pour mon prochain cours ?

- Oui bien sûr, on se revoit demain, bonne journée Emelyne.

Je lui souhaite une bonne journée, puis je cours dans les couloirs pour arriver à l'heure.