Chapitre 4
J'arrive sans trop de mal à la serre botanique, heureusement, sinon, je ne sais pas ce que je serais devenue si je m'étais perdue en suivant des panneaux. Presque tous les élèves sont déjà là. Je rejoins ma place dans le plus grand silence, et Enoha me lance un regard noir plein de réprobation. Madame Marion, notre professeure sur les plantes et les terrains est aussi présente. Elle chantonne une mélodie dans une langue inconnue. Elle doit avoir environ une vingtaine d'année, c'est une elfe des plantes. Quand tous les élèves sont installés, les portes se ferment, Madame Marion arrête de chanter, des plantes apparaissent devant nous et elle dit :
- Bonjour mes petits bourgeons, je suis votre professeure de plantes et de terrains. Je m'appelle Marion et mon nom de famille est Marion, mais vous pouvez m'appeler par mon prénom. Aujourd'hui nous allons découvrir si les terrains et les plantes ont un caractère et une personnalité propre. Qui peut me donner son avis ? Aqualia, nous t'écoutons.
- Pour moi, les plantes ont une personnalité.
- Et pourquoi ? Peux-tu détailler.
- Ce sont des êtres vivants, elles ont donc une personnalité et un caractère.
- C'est exact, elles ont un caractère et une personnalité. Vous savez tous que les lieux de Orryl ont des noms presque incroyables comme : le désert du passé, le bois des cauchemars, la source de la vérité et les montagnes des fautes... pourquoi ? Pourquoi pore-t-ils ces noms ? ...Aqualia, nous t'écoutons de nouveau.
- Si chaque lieu a un caractère propre, ce caractère va alors définir sa fonction. C'est le rôle de certains elfes de la nature. Ils arrivent à savoir le caractère d'une plante et il la replante dans l'endroit idéal pour qu'elle puisse s'épanouir.
- Toujours exact, mais tu ne réponds pas à ma question. Alors pourquoi ?
-Le caractère va alors être multiplié, il va donc devenir une fonction. Par exemple dans le bois des cauchemars, il n'y a que des arbres qui font faire des cauchemars. L'effet de masse de ces arbres va alors augmenter leur pouvoir, le cauchemar ne va plus être que dans la tête de la personne mais en vrai, en face d'elle, ce cauchemar peut alors lui faire du mal.
- Parfait, c'est ce qu'on appelle le caractère d'un lieu.
- Alors dans ces conditions, comment peut-on les vaincre, enfin, je veux dire dans le bois des cauchemars ? demande une anigis griffon
- Il suffit de trouver l'origine de cette peur, de ce cauchemar, sinon tu la combats. Néanmoins, le plus efficace est de trouver l'origine. Tu peux aussi l'admettre quand c'est une peur cachée qui te tourmentes mais ça ne fonctionne pas à chaque fois. Maintenant, qui peut me parler de la montagne des erreurs ? Encore Aqualia, nous t'écoutons.
- La montagne des erreurs est un lieu où les prisonniers sont enfermés, jusqu'à qu'ils expient leur faute.
- Mmm... Bien, mais ton explication est incomplète. Qui pourrait compléter son explication. Très bien Enoha, nous t'écoutons.
- Avant de pouvoir expier sa faute, le prisonnier va devoir la reconnaitre, savoir pourquoi est-ce qu'il est là. Ce lieu permet donc de réfléchir sur soi-même. Le but ultime c'est de parvenir à regarder la faute en face, de l'admettre et bien sûr, d'en accepter les conséquences
- Excellent !
- Donc on peut aussi envoyer des enfants là-bas, pour qu'ils comprennent que toute chose a des conséquences. dit une feufolet
- Surtout pas ! s'exclame madame Marion, Peu de personne revienne de cette montagne, et les peu de personnes qui reviennent ne sont plus jamais les mêmes.
Un silence de mort tombe sur toute la classe, Marion regarde sa montre et brise ce silence :
- Vous pouvez sortir, dit-elle en entendant la sonnerie vous devez écrire le caractère d'un lieu, choisissez celui que vous voulez.
Je note rapidement les devoirs, puis me précipite dans ma chambre, impatiente de trouver un livre que je peux lire sur la cité sacrée. Je pose mes cahiers sur mon bureau, change mon bandage imbibé de sang et pars vers la bibliothèque. Sur le chemin, je croise Mattéo qui m'intercepte et me dit :
- Enoha m'a dit que tu as failli arriver en retard en cours cet après-midi, est-ce vrai ?
- Oui. dis-je en baissant les yeux
- Ce n'est pas grave, c'est le premier jour, mais je ne veux pas que cela se reproduise.
- D'accord.
- Elle m'a aussi dit que tes yeux étaient devenus bleu vif lorsqu'un feufolet t'a battue en combat, est-ce vrai ?
- Enoha devrait arrêter de parler. Murmuré-je
- Tu as dit quelque chose ?
- Non, ne t'inquiète pas, ce n'est rien.
- Tu t'es fait mal à la main ? demande-t-il en voyant mon bandage taché de sang
- Ce n'est rien, je me suis coupée avec du verre, ne t'inquiète pas.
- Tu devrais quand même le montrer à quelqu'un. dit-il en soupirant. Si ça saigne encore demain, montre-le à quelqu'un.
Il part aussi discrètement qu'il était arrivé. Je soupire, pourquoi est-ce Mattéo notre responsable ? Pour chaque clan, il y a un responsable, un élève qui remplace notre chef à l'académie. Ils peuvent nous féliciter mais nous disputer. Leur rôle est de prendre soin de nous et de veiller à ce que nous ne ternissons pas la réputation de notre clan. Le problème, ce n'est pas Mattéo, il est sympathique et tout le monde l'adore, il est d'ailleurs l'une des rare personne à m'avoir acceptée. Non, le problème est qu'il prend sa tache beaucoup trop au sérieux.
Après cette altercation avec Mattéo, je reprends mon chemin vers la bibliothèque et j'y arrive enfin après une demi-heure de recherche. J'entre et me dirige vers le rayon sur la cité sacrée, qui, comme par hasard est celui tout au fond, et bien sûr en bas de l'étagère. Le rayon ne comporte que trois livres, étrange, comment une aussi grande bibliothèque, ne peut avoir que trois livres sur cette cité. Malgré mes interrogations, ce nombres réduits de livre m'arrange bien. Je lis rapidement le quatrième de couverture de chaque ouvrage et choisis celui qui me semble le plus approprié. Je monte donc au deuxième étage, m'installe dans un fauteuil vide et me plonge dans ma lecture. Après plus d'une heure de lecture, je n'ai rien appris de supplémentaire. Je connaissais déjà tous ce qui est écrit dans ce livre. Je le referme, dépitée, et alors que je me lève pour le reposer, je remarque que les dernières pages sont beaucoup plus épaisses que les autres. J'ouvre de nouveau le livre et gratte les pages. Au bout de quelques minutes, une autre page apparait ! cette page cachée m'apprend plus de chose que le reste de l'ouvrage. Elle raconte l'histoire d'un puissant mage qui vivait à la cité sacrée, qui aurait accompli des exploits malgré son jeune âge. Alors que je suis plongée dans le récit de ses aventures, mes sens se mettent en alerte, quelqu'un approche. C'est l'avantage d'avoir été méprisé durant mon enfance, j'ai développé un sixième sens qui m'avertit quand quelqu'un approche. Il n'est pas parfait, mais, il m'a déjà aidé et sorti de nombreuses situations. J'arrête ma lecture, fais comme si je n'avais rien remarquer et me concentre sur les magies présentes. Il y a bien sur celle du bibliothécaire que j'ai rencontré à l'entrée, celles de quelques élèves mais rien, qui n'attire mon attention. C'est quand je scanne le deuxième étage que je la capte. Cette magie puissante. Chaque magie diffère en fonction de la personne et de sa puissance, mais aussi en fonction e ses intentions. D'habitude et grâce à mon expérience, j'ai appris à reconnaitre les intentions des personnes, cependant, là, je n'y arrive pas. Je prends une grande inspiration et réfléchis, après tout, elle n'est peut-être pas venue pour moi ? Je suis juste au mauvais endroit au mauvais moment, oui, c'est la théorie la plus probable. Alors je me lève, descend et range le livre. Alors que je sors de cette petite allée d'étagère, je sens la magie juste derrière moi.
Je me retourne presque aussitôt mais elle a disparu. Je sens alors quelque chose dans ma poche. Je la sors, c'est une fiole avec un étrange liquide à l'intérieur avec un petit mot :
Ouvrir quand tu seras seule,
Je peux t'offrir ce que tu souhaites retrouver et que tu as perdu.
Je la range dans ma poche, sors du rayon et regarde. Mais il n'y a que quelques étudiants qui lisent ou se renseigne. Il n'y a personne qui serait susceptible de m'avoir donné ce flacon. Je repars alors dans ma chambre, avec encore plus de questions qu'à mon arrivée.
Le chemin du retour est aussi catastrophique que l'aller. Je me perds dans presque tous les couloirs. Heureusement, que j'ai entendu des filles dire qu'elles allaient au dortoir, sinon, je ne sais vraiment pas comment j'aurais fait. J'ai donc suivi ces filles, puis, arrivée dans ma chambre, je m'allonge sur mon lit, épuisée. Je sors quand même l'étrange fiole de ma poche, mais je ne vois vraiment pas ce que c'est. Le liquide est ambré, il sent le fruit de la passion. Je tends les bras vers le plafond comme pour l'inspecter puis, les laisse retomber, la fiole, elle, roule sur le sol. Que dois-je faire ? Est-ce que ce que je peux vraiment les retrouver ? Est-ce que je le veux ? Est-ce que cette personne peut vraiment me les offrir ? Oui, bien sûr que je veux les retrouver, et je suis prête à tout pour ça, à tout. Je ramasse le flacon et le débouche. Alors que mon bon sens me hurle d'arrêter, de jeter le contenu dans les toilettes, mon instinct, mon désir ardent de les retrouver prennent le dessus. Je bois d'un trait le liquide ambré qui a un gout de fruit de la passion. Cependant, je n'ai pas le temps de délecter de ce nectar, que je sombre dans l'inconscience.
- Bonjour Emelyne.
Je me réveille d'un bond, je ne suis plus dans ma chambre mais dans une pièce sombre et vide. Je suis assise, mon dos est calé contre un mur. J'essaye de me relever mais, je ne sens plus mes jambes.
- Qui êtes-vous ? demandé-je
- Moi, cela n'est pas important. Dit une voix rock
- Où suis-je ?
- Cela aussi n'est pas important, en tout cas, pas pour le moment.
- Que me voulez-vous alors ?
- Juste te voir et vérifier quelque chose.
Je sens alors qu'une personne s'approche de moi et me prend la main que je me suis coupée. Elle retire le bandage et ajoute :
- Ça saigne.
Le mur qui soutenait mon dos disparait, l'inconnu se met alors dans mon dos pour éviter que je tombe et je sens comme une lame qui s'enfonce dans mon faux tatouage. Je hurle de douleur.
- C'est bon, je suis navré pour ce que je viens de faire.
-Et ce que j'ai perdu ? demandé-je en voyant trouble
-Tu les auras, bientôt, il faut juste être patiente.
Quand je rouvre les yeux, je suis dans ma chambre, allongée sur mon lit. Je me lève doucement et je titube jusque dans la salle de bain. Je regarde ma main, elle ne saigne presque plus ! J'enlève difficilement ma chemise et regarde mon dos, qui, lui en revanche saigne beaucoup. Je nettoie doucement la blessure à l'aide d'une éponge et d'une bassine, cependant, cela ne sert à rien, l'eau est tellement rouge, l'éponge tellement abimée, imbibée, qu'elle ne nettoie plus rien. Alors que je transpire, que je suis pâle comme un linge, j'entends quelqu'un frapper à ma porte. Vraiment ? maintenant ? Je me lève, enroule une serviette autour de moi, enfile un peignoir et va jusqu'à ma porte pour voir qui a l'audace de me déranger. Je suis surprise de découvrir Ophélie, que me veut-elle ?
- Salut, désolée, je, je ne savais que tu prenais ton bain. Bégaye-t-elle
- Ce n'est pas grave, que veux-tu ? dis-je pressée
- Oh, c'est pour te prévenir que c'est l'heure du self et Mattéo, pour je ne sais quelle raison je veux absolument t'y voir. Oh par Kroünos, tu es sûre que ça ? Tu es pâle comme un linge et tu ...
- Oui je vais bien, il faut juste que je dorme, je suis fatiguée. Peux-tu dire à Mattéo que je le vois demain.
- Oui bien sûr, repose toi Emelyne. Ajoute-t-elle inquiète
Je referme ma porte alors qu'elle n'est pas encore partie et tombe au sol. Comment ai-je pu me mettre dans une pareille galère ? Ne voulant pas salir toute ma chambre, je retourne dans la salle et finis de nettoyer la plaie. Après, j'y applique mon baume spéciale blessure et l'inspecte. Elle est profonde, grande, mais, ce n'est pas ça le vrai problème. Je ne sais pas ce qu'il m'a fait, mais, il a fait disparaitre mon tatouage, enfin, mon faux-tatouage. Heureusement que Wizard m'en a préparé d'autres, il a réussi, je ne sais comment, à les mettre sur papier. Je m'en applique un, met ensuite du sparadraps pour éviter qu'elle s'ouvre et enfile mon pyjama. Je mets juste mon ancienne chemise à tremper, je nettoierai demain. D'ailleurs, je ne sais pas comment je vais cacher ou encore pouvoir l'expliquer, surtout à Mattéo. Je m'allonge, lis pendant de longues minutes mon livre en essayant de combattre la faim qui me tiraille l'estomac, d'ignorer les gargouillis intempestifs de celui, mais, je finis par céder. Je suis faible d'esprit, et, j'ai faim. Je me lève péniblement et sors de ma chambre. J'ai la surprise de découvrir une pomme devant ma porte. Il n'y aucun mot dessus, mais, je sais de qui elle vient. C'est surement Mattéo, qui a réussi à se faufiler dans notre dortoir. Alors je déguste cette pomme, je me promets de ne plus jamais me plaindre de Mattéo et de sa passion pour sa tache de chef. Quand j'ai fini d'engloutir cette pomme, même si mon estomac n'est pas complètement satisfait, je retourne me coucher. Je tombe rapidement dans les bras de Morphée
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