Chapitre 32

Si c'est la maison de mon frère, j'ai le droit de rentrer. C'est avec cette pensée que je pousse la porte d'entrée et que je rentre dans sa maison. Elle est poussiéreuse et la seule source de lumière est celle qui arrive à traverser l'épaisse couche de poussière qui recouvre toutes les fenêtres et les meubles. Je me dirige vers le centre de la pièce, il y a une table avec un papier dessus. Je m'approche de la table et attrape le papier en tremblant. C'est une lettre, elle m'est adressée. Je n'ose pas l'ouvrir, je suis encore trop en colère contre les jumeaux. Non, je n'en veux qu'à Anaël. Nathanaël, c'est tout l'inverse, je lui en suis reconnaissante. Je range la lettre dans une de mes poches et continue la visite qui ne dure pas très longtemps. En effet, la maison de mon frère est vraiment petite et ne contient qu'un salon, une cuisine et une chambre. Je fouille toutes les pièces dans l'espoir de trouver un quelconque indice. Mais rien, alors que je m'apprête à sortir, le reflet de la lumière dans un objet attire mon attention. Elle provient du salon, d'une petite boite sur la table. Elle n'a rien de particulier elle contient simplement un jeu de cartes. Alors que je m'assois sur le canapé, que je pose délicatement la boite sur mes genoux et que j'effleure les différents symboles du bout de mes doigts, Anaël se matérialise à côté de moi. Il tient une bougie, à côté de lui, il y a une enfant, de 6 ans au plus. Elle dort, la tête sur les genoux de mon frère. Il la regarde, sourit, lui caresse lui cheveux, puis sort une plume, de l'encre et un papier. Il raconte à voix ce qu'il écrit, comme si l'enfant pouvait l'entendre :

- Vois-tu, un jour peut-être ces notes serviront. Tu dois encore vouloir pour aujourd'hui, tu n'as vraiment pas apprécié le changement de collier. Mais vois-tu je ne le fais que pour ton bien. D'après moi, ton pouvoir est trop puissant pour toi. Il va te tuer un jour. Mais, je ne veux pas, alors j'espère que ces notes, que j'affinerai avec le temps serviront et me permettront de t'aider, et de m'aider à comprendre ton pouvoir.

Il range les notes dans un jeu de cartes, puis le range dans un tiroir avant de revenir vers l'enfant et la regarder.

Quand je reviens dans le présent, car j'en suis sûre, ce que je viens de voir est mon passé, je prends quelques secondes pour comprendre ce que je viens de voir. Puis, quand j'ai complètement retrouvé mes esprits, j'ouvre la boite et sors le jeu de cartes. Soit, il n'est pas dans un tiroir mais c'est exactement le même. Je retire les cartes et la notice, mais, aucune note. Alors, je ne sais pas, mon instinct surement me dicte de déplier à notice. Même si l'idée absurde, je le fais. Je la déplie et découvre, surprise, les notes de mon frère. Je m'enfonce un peu plus dans le canapé et commence à les lire :

Jour 3 : L'entrainement se passe bien, j'ai l'impression qu'elle maitrise un peu plus son pouvoir. Si je comprends bien, elle matérialise une sorte d'animal. Note : demander des conseils à un elfe de la nature pour les animaux

Jour 5 : Il y a eu un accident, elle vient de perdre le contrôle, il y a eu des blessés cette fois. Je ne crois pas qu'elle soit capable de le maitriser. En parler avec mon frère.

Jour 7 : Mon frère est contre le collier, il dit qu'elle doit apprendre à se maitriser. Cependant, il a vu mes calculs qui prouvent que ce pouvoir va la détruire. Emelyne a oublié ce qu'il s'est passé, elle va bien même si elle reste fragile.

Jour 8 : J'ai contacté notre mère qui refuse de lui brider ces pouvoirs, elle veut absolument qu'elle se maitrise. En attendant, cette créature semble avoir une volonté propre, veut-elle du mal à ma sœur ? D'ailleurs, pourquoi est-ce qu'elle ne maitrise pas les mots ? Est-ce en rapport avec cette tâche qui est apparu sur la coquille de l'œuf ?

Je ne lis pas la fin de ces notes, je ne peux pas rester un instant de plus dans cette maison où l'atmosphère est pesante, de plus, Diafi semble agitée, comme si quelque chose l'a dérangée. J'ai de plus en plus envie de tuer mon frère, comment peut-il m'avoir cachée tout ça ? Pourquoi avoir désobéi à notre mère ? Et, de quelle tache parle-t-il ? Diafi s'agite, comme à chaque qu'elle a la réponse mais qu'elle ne peut pas le dire. Je n'insiste, et n'ose pas lui demander, car je sais qu'elle va répondre par la négative, et je sais qu'à chaque nouvelle réponse de sa part, je désespère un peu plus. Je ne découvrirai jamais le secret de ma naissance.

Sortie de la maison, je ne sais quoi faire. Je n'ai pas envie de rentrer au village pour le moment. Non, pour le moment, j'ai besoin d'être seule pour réfléchir et admettre la dure réalité. Je regarde autour de moi dans l'espoir de trouver cet endroit magique où je pourrais m'évader. C'est la forêt qui retient mon attention. Au début, je marche lentement, puis, plus je me rapproche, plus mon pas accélère, et quand j'arrive à l'intérieur du bois, je cours. Je cours jusqu'à ne plus pouvoir respirer. Je cours pour oublier mes problèmes, mes échecs et mes cauchemars. C'est devant un étang que ma course s'arrête. Je le reconnais au premier coup d'œil, c'est ici que j'ai blessé Louis. Cependant, je ne suis pas seule, un animal est en train de s'y abreuver. Je l'observe plus attentivement pour savoir à quelle espèce il appartient, puis je commence à paniquer : c'est une créature de l'ombre. Je recule prudemment, mais fais malheureusement craquer une branche. La créature tourne rapidement sa tête et m'aperçoit. Elle arrête de boire et s'approche de moi. Je matérialise Diafi pour qu'elle puisse me défendre, cependant avant qu'elle n'attaque, je tombe de fatigue. La créature s'approche, elle semble ravie que sa proie tombe juste devant elle, vraiment, c'est son jour de chance. Cependant, un homme apparait juste devant moi, il l'attaque. Avant de m'endormir, je vois la créature disparaitre en un cri, en un nuage de fumée. Elle est morte grâce à cet individu.

Je me réveille dans une chaumière avec un tissu mouillé sur le front. Etrangement, je ne suis pas inquiète, au contraire. Je ferme de nouveau mes yeux pour me reposer, mais les cauchemars ne me laissent pas le temps de dormir. Ils reviennent à la charge. Mais cette fois, cette fois je veux découvrir la fin, même si j'ai peur e que je suis terrorisée. Oui, je veux découvrir la fin et ce qui m'arrive. Néanmoins, Diafi semble d'un avis différent puisqu'elle me réveille au même moment qu'à chaque fois. Je me redresse et regarde autour de moi, désorientée. Un homme, celui qui a tué la créature apparait alors. Je suis surprise et recule d'un coup. L'homme se lève, se place en face de moi, me regarde dans les yeux et dit :

- Calme-toi mon enfant. Tu es en sécurité ici. Tu t'es bien battue, mais tu n'es pas encore prête à savoir la vérité. Alors, repose-toi maintenant.

N'ayant pas la force de protester, je me rallonge. Même si cet homme est un inconnu, il me semble familier, comme si je le connaissais déjà. Je l'observe me rapporter un petit bol rempli de potage. D'habitude, Diafi serait sortie pour l'empêcher de s'approcher, de me toucher, mais là, non. Au contraire, elle laisse cet homme me nourrir et semble lui faire confiance. Pourquoi ? Je n'en ai aucune idée. L'appréhension des premières gorgées passée, j'engloutis sa soupe aux patates douces. Elle est délicieuse. Quand je suis bien repue, que j'ai retrouvé des forces et mon esprit de réflexion, je lui demande :

- Mais qui êtes-vous ? Et que s'est-il passé près de l'étang ?

- Je ne puis te révéler mon identité pour le moment. En ce qui concerne l'étang et la créature, tu n'as pas à t'inquiéter, elle est morte. Maintenant, rendors-toi, tu es épuisée.

Effectivement, juste après sa phrase je baille. Je m'allonge, ferme mes yeux et me rendors.

Je suis réveillée par un oiseau qui se pose sur mon visage. Je garde les yeux fermés quelques secondes pour profiter de la sensation de ses petites pattes sur ma peau. Je suis bien, reposée, au calme... C'est comme si tous les événements de ces dernières semaines et les cauchemars ne s'étaient jamais produits. L'envol de l'oiseau me sort de ma rêverie. Je me relève et regarde autour de moi. Je suis près de l'étang où la créature de l'ombre m'a attaquée et il n'y aucune trace de l'inconnu. Qui était-ce ? où étais-je ? Je pose toutes ces questions à voix haute dans l'espoir que quelqu'un me réponde. Mais l'absence de réponse ma rappelle qu'ils sont partis, mes amis ne sont plus là. Ils m'ont abandonnée pour accomplir leur destin. C'est à ce moment que Diafi décide de parler :

- Retourne là où toute à commencer, où la magie a disparu, tu retrouveras ton origine. Suis ton passé, il te montrera le chemin et tu découvriras ce que tout le monde a oublié.

C'est quand elle répète cette phrase que je comprends. Je comprends ce que les autres ont réussi à saisir avant moi. Il faut que je retrouve ma famille, mes parents et mes frères. Je me relève, pleine d'espoir et de courage, mais rapidement, cet élan d'énergie retombe. Par où dois-je commencer ? Je sens le poids de la lettre de mon frère dans ma poche. Oui, peut-être qu'elle me donnerait quelques indices, mais, il est hors de question de lui faire confiance de nouveau ou bien de lui devoir quelque chose. Alors, n'ayant aucune piste, j'interroge Diafi :

- Diafi, est ce que je peux te poser des questions ?

- Oui bien sûr Emelyne.

- Sais-tu comment retrouver ma famille ?

- ...

- Diafi, tu es toujours là ?

Mais, aucune réponse. Vraiment, pourquoi est-ce qu'elle ne me répond jamais ? Bon, peut-être que finalement, je n'ai pas le choix, je vais devoir lire cette lettre. Je la sors de ma poche, l'ouvre et commence à la lire :

Ma chère, je sais que tu m'en veux (nan sans blague) et que tu ne veux surement pas que je te cherche (oui, tu as raison). Cependant, je vais quand même le faire, (mauvaise décision). Néanmoins, ton autre frère a fait différemment, il est retourné auprès de nos parents, il pense, à tort, que tu es à leur recherche et surtout, qu'il faut te laisser tranquille. Je ne sais pas si tu vas lire cette lettre, mais sache que si tu le cherches, que tu cherches notre famille, il faut que tu suives les lunes, elles connaissent le chemin.

Je ne prends pas la peine de lire la fin de la lettre, j'ai obtenu toutes les informations que je souhaitais. En effet, en même que la lecture de cette, je me souvenue que Louis m'a montré des livres à la bibliothèque. Des livres sur les lunes. Je me transforme en dragon, tout excitée à l'idée de trouver des informations. Je survole la forêt, et la citée puis, juste devant la bibliothèque, je me retransforme en Orrylienne. Je fonce vers la porte d'entrée, retourne à la table. Le bibliothécaire n'a pas rangé les livres, et, je ne vais pas m'en plaindre. Après avoir survolé les différents ouvrages, je décide d'en sortir d'autres sur les dieux et les grandes lignées. J'essaye de faire des rapprochements et des combinaisons grâce à mes faibles connaissances. Mais, alors qu'un silence de mort règne dans la bibliothèque, mon ventre émet un gargouillement, d'une puissance inimaginable. Gênée, je me lève et pars au self. Sur le chemin, je ne croise personne, ils sont surement tous en train de manger. Effectivement, quand j'y arrive, la salle est bondée de monde. J'aperçois des entraineurs, reconnaissable avec leur longue cape violette, mes anciens entraineurs, quelques rares enfants, surtout des intemporels et de très grands sorciers. Je reste plantée au milieu de la salle avec mon plateau ne sachant pas où m'asseoir. C'est Cerise qui se lève et qui m'invite à m'asseoir avec elle. Alors que je déguste mon plat, Cerise commence à parler :

- Ça fait du bien de te revoir Emelyne. Après la destruction de la cité, et ta disparition, nous étions morts d'inquiétude. Que s'est-il passé ?

- Après avoir mis le feu, mon frère est tout de suite arrivé. Je ne me souviens pas de ce qu'il a fait, mais, quand je me suis réveillée, je n'avais plus aucun souvenir. J'ai été recueillie par les anigis dragon. Et, que s'est-il passé après mon départ ?

- Après que tu ais mis le feu, nous avons dû aménager quelques temps dans la cité des intemporels, mais, grâce à leur aide, la cité a rapidement été reconstruite. Puis, nous avons continué à entrainer les jeunes. Nous avons gardé la reconstruction de la cité secrète...

- Pourquoi ?

- Je ne sais pas vraiment, c'était un ordre de ton frère, et, tu sais que nous ne pouvons rien lui refuser.

- Je ne comprends, tu es plus puissante que lui, non ? Et ce n'est pas le chef, il ne peut vous donner des ordres.

- Oh par Kroünos non. Je suis puissante, mais ton frère l'est encore plus. Je ne sais pas si tu es au courant, mais il, enfin, vous, toute ta famille descend de Tinùviel, un dieu. Donc, vous êtes plus puissant que la norme. Enfin, cette règle s'applique à toutes les grandes lignées. Et, il n'est peut-être pas notre chef, mais, je ne sais pas comment t'expliquer, quand il nous donne un ordre, il peut être très convaincant.

- Oui je sais. En même, c'est normal, il manipule les mots.

- Il n'y a pas que lui, toute ta lignée manipule les mots.

- Tu veux dire que nous avons tous le même pouvoir dans une même grande lignée ?

- Oui, à peu près, il y a quelques différences mais, ça reste généralement le même.

- Mais alors, pourquoi est-ce que j'ai pu manipuler l'eau quand je vivais avec les anigis dragon ?

- Comme tu l'as dit, le pouvoir de ta lignée est les mots. Ton frère a dû te convaincre que tu ne pouvais maitriser que l'eau. Puis, quand tu as commencé à retrouver ta mémoire, ton vrai pouvoir, c'est-à-dire les mots s'est déclenché.

Alors que je m'apprête à la contredire, à lui demander pourquoi est-ce que j'ai un pouvoir différent, pourquoi est-ce que je peux matérialiser une créature divine, Diafi m'en empêche.

- Ne lui dit rien ! siffle-t-elle

- Mais pourquoi ? De toute façon, elle t'a vue quand j'étais petite, alors, pourquoi ?

- Elle a oublié, ton frère a convaincu tout le monde que tu maniais les mots.

- Emelyne, tu vas bien ? me demande Cerise

- Oui, désolée, j'étais dans les nuages. Euh, sais-tu où je peux trouver ma famille justement.

- Non, désolée. Personne n'a jamais su que ta lignée existait, alors son emplacement, il ne faut pas rêver. Dit-elle en se levant, Bon, je te souhaite une bonne soirée, je vais m'occuper des enfants.

- Bonne soirée.

Je me retrouve seule à ma table devant mon plat refroidi. Je mange rapidement mon dessert et sors.

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