~19~
Chapitre 19
Le temps passa beaucoup trop rapidement et avant que je ne sois prête à la quitter je dus enfiler mes chaussures alors que Nathan m'attendait juste devant.
- Bon j'y vais grand-mère je serais de retour avant le diner, lui dis-je en la prenant dans mes bras.
- Profites de ton temps avec ton ami je risque d'aller rendre visite à la voisine, me rassura-t-elle.
Je hochai la tête et lui fis un petit bisou sur sa joue gauche. Le côté de son cœur. Je vérifiais une dernière fois que l'enveloppe avec l'argent que Claude m'avait offert pour mon anniversaire était dans ma poche et une fois sûre, je pus sortir de chez moi et rentrer dans la voiture de mon meilleur ami. Je lui fis la bise et lui embrassais le bout du nez.
- Tu aurais pu me réveiller ce matin, lui reprochai-je alors qu'il sortait de l'allée et prenait la route.
- Tu étais tellement mignonne avec ce petit filet de bave qui coulait de ta bouche, dit-il en riant et en mettant son clignotant à droite.
Je souris en imaginant ma tête. Je savais que je ne faisais pas peur le matin contrairement à d'autres mais je savais aussi que je n'étais pas à mon avantage. Ma grand-mère insistait toujours pour dire que j'avais une beauté naturelle et même si je n'avais pas une image particulièrement positive de moi, j'aimais mes cheveux et mes yeux, Nathan me disait aussi que j'avais un nez très mignon mais je ne voyais pas ce qu'il y avait de si joli, néanmoins je voyais parfaitement les quelques vergetures sur mes hanches, ma peau sèche, mon absence de vêtement dit à la mode, mes ongles rongés, mon manque de soin capillaire, ma mauvaise humeur matinale, mon caractère têtu qui me valait parfois quelques réprimandes, et mon côté assez téméraire et irréfléchi.
Je ne prenais pas forcément soin de moi et cela m'importait peu. J'étais comme j'étais et je n'allais pas changer et masquer mes défauts avec tout type de produit pour plaire à quelqu'un. J'avais accepté Nathan à l'époque lorsque tout le monde se moquait de lui pour son physique et je l'acceptais toujours maintenant que tout le monde l'enviait pour son physique. C'était la même chose pour moi, il m'acceptait telle que j'étais, accro au sport et simple dans ma façon d'être et de m'habiller et cela nous caractérisait.
- Combien de séances te reste-t-il ? Lui demandai-je en regardant le paysage défiler à grande allure.
- Une bonne dizaine avant le bilan, répondit-il sans quitter la route des yeux.
Je hochais la tête même si il ne pouvait pas le voir.
- Comment s'est passé ta journée ? Continuai-je en montant légèrement le son de la radio.
- La routine, avoua-t-il en haussant les épaules. Les gars n'ont pas arrêté de faire les cons durant les cours et je dois dire qu'au bout d'un moment j'ai presque craqué.
- On dirait que tu es un agent secret et que tu as peur de faire découvrir tes vraies allégeances, dis-je en rigolant.
Il sourit et me jeta un petit coup d'œil.
- Ils sont vraiment sympa et ils ne sont pas comme on les imagine mais par moment ils peuvent... Ils peuvent être...
Je vis qu'il avait du mal à trouver les mots justes alors je choisis ce moment pour intervenir.
- Lourd, proposai-je sans lui laisser le temps de répondre. Agaçant ? Immature ? Chiant ?
- C'est bon c'est bon j'ai compris, rigola-t-il en m'arrêtant avec une main.
- Bon on est arrivé ma belle, déclara-t-il en coupant le moteur.
Il prit dans le coffre son sac ou se trouvait sa serviette et sa bouteille d'eau. Le bâtiment était de taille normale. Nous marchâmes jusqu'à l'entrée sans échanger un seul mot, chacun regardant devant soi pour éviter de tomber.
- Bonjour j'ai rendez-vous avec Nathalie à quinze heures trente, dit-il en souriant à La secrétaire.
- Vous pouvez patienter ici elle ne va pas tarder, répondit-elle en tapant quelque chose sur son ordinateur.
Je regardais la salle et vis que toutes les chaises étaient inoccupées sauf deux. J'en choisis une qui me permettait d'avoir une vision sur la porte d'entrée. Si je devais attendre pendant une heure il fallait au moins que je sois à l'aise.
- Tu ne dois pas garder le petit de Claude et de sa femme ce week-end ? Me demanda-t-il.
Je souris en pensant à ce Max qui me donnait quand même du fil à retordre par moment.
- Si samedi soir exactement, répondis-je en hochant la tête. Et toi tu pars ce week-end avec tes parents et ta sœur voir ta tante nan ?
- Bien joué Sherlock, sourit-il en croisant les bras sur sa poitrine. Ouais j'ai hâte d'y aller et de voir mes cousins par la même occasion.
- Tu pourras me ramener quelques tablettes de chocolat ? Essayai-je en coinçant ma lèvre inférieure entre mes dents.
Sa tante habitait dans la ville du chocolat et en plus d'être de très bonne qualité il n'était vraiment pas très cher.
- Tu veux prendre des kilos avant l'été ? Se moqua-t-il.
- Tu sais très bien que ma grand-mère et moi adorons le chocolat, dis-je en levant les yeux au ciel.
Il secoua la tête et rit doucement.
- Nathan, entendis-je.
Je regardais la femme qui venait de sortir d'une des nombreuses portes. Elle nous regardait en souriant et lui fit signe de la rejoindre.
- Bon à tout à l'heure Laure je compte sur toi pour te comporter comme une grande fille, me prévint-il en prenant son sac.
Je souris et lui fis un petit signe de la main pour lui souhaiter bonne chance. Il disparut derrière la porte, accompagné du kiné alors que je regardais les deux personnes présentes dans la salle hormis la secrétaire.
Une femme plutôt âgée et un homme d'une trentaine d'année sûrement, avec deux béquilles. La salle était propre, avec les murs blancs sans aucune tâche. Je n'avais jamais été chez un kiné en tout cas pas que je me souvienne. Je pris soudain mon téléphone et décidai d'envoyer un message à ma mère.
Je vous aime bisous
C'était court, simple, mais ça décrivait parfaitement ce que je ressentais pour eux. Même si parfois je me sentais trahie sur le fait qu'ils aient décidé de choisir le travail sur leur propre fille, je me disais ensuite qu'ils faisaient tout ça pour moi et pour que je puisse vivre correctement. C'était aussi moi qui avais choisi cette vie après tout. Moi qui avais fait le choix de rester vivre ici avec ma grand-mère. Je ne voulais pas être envoyé en internat ou rester à la maison à passer mes soirées seules. Mes parents aimaient leur travail et je savais qu'en restant avec ma grand-mère ils avaient été rassuré car il n'aurait pas su gérer la culpabilité de me laisser vivre en quelque sorte par moi-même.
Mais quand je pensais à mes parents je ne pouvais cependant pas enlever cette flamme au plus profond de moi par rapport au fait qu'ils ne prenaient pas assez de nouvelles selon moi et qu'ils ne venaient pas souvent me rendre visite. J'étais perdu dans mes pensées quand je vis un jeune homme entrer dans la pièce, emmitouflé dans son manteau. Lorsqu'il enleva sa capuche ma bouche s'ouvrit légèrement. Ce n'était pas possible, cela faisait à peine une semaine que je le connaissais et pourtant le destin s'acharnait à ce que nous nous voyons.
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