Chapitre 16

Une fois la porte fermée derrière nous, je me permis de laisser échapper un petit souffle. Je n'aimais pas vraiment marcher dans la forêt la nuit et tout ça à cause de Bernard. Nous devions nous rejoindre comme prévu, mais c'était l'hiver et la nuit tombait plus rapidement. Alors que j'avançais tranquillement dans les bois il eut la bonne idée de se faire passer pour un agresseur. Cet acte lui avait coûté une belle morsure sur sa main et une dispute qui avait duré une bonne semaine. Bien sûr nous nous étions réconciliés et il m'avait expliqué qu'il avait fait ça pour que je fasse plus attention quand je faisais le chemin seule jusqu'ici.

- Tu te dépêche Laure je meurs de faim, cria Nathan de la pièce principale.

Je secouai ma tête de ces pensées et le rejoignis. Il était déjà assis, avait posé des verres et une bouteille d'eau encore fraîche.

- Bon appétit, dit-il avant d'entamer sa première part.

- Merci, répondis-je en en prenant une.

Je mangeais en silence jusqu'à ce qu'une question me vienne à l'esprit.

- Tu as encore mal à ton genou ? Lui demandai-je sans cacher mon inquiétude.

- Non ça va beaucoup mieux, avoua-t-il en touchant par réflexe son genou droit. Ça tire par moment mais depuis que j'ai commencé le kiné les douleurs disparaissent.

Il avait eu un accident de moto avec un de ses amis l'année dernière et il avait eu de la chance de s'en sortir avec seulement une belle fracture et magnifiques égratignures. Heureusement aussi son ami n'avait eu qu'une belle frayeur. Depuis cet évènement il n'était plus remonté à bord d'une moto qu'il considérait désormais comme trop dangereuse. Je me souviens dans l'état lamentable j'étais lorsque j'avais appris qu'il était à l'hôpital, sur le point de passe au bloc pour se faire opérer. Ma grand-mère avait tout de suite accepté de nous emmener dans l'hôpital ou il avait été emmené malgré l'heure tardive. Depuis quelques temps il prenait des séances avec un kiné pour finir sa convalescence.

- Bien, soufflai-je soulagée. Sinon comment se passent les cours ?

Il leva les yeux au ciel.

- On a déjà eu cette discussion tout à l'heure, me rappela-t-il. Et de toute façon j'ai d'excellents résultats pour le moment.

C'est vrai qu'à l'inverse de moi, lui brillait dans le système scolaire. Je pris une deuxième part de pizza alors que Nathan était déjà à sa troisième. Je n'avais pas vraiment faim et la pizza n'était pas forcément très saine pour mon organisme.

- Ah je t'ai pas dit, m'exclamai-je soudain la bouche encore pleine.

Je me dépêchais d'avaler la bouchée que je venais de prendre et bus une gorgée d'eau pour faire passer tout ceci.

- Tu ne devineras jamais qui j'ai vu à la boulangerie ce matin !

Il attendit quelques secondes mais quand il vit que j'attendais sa réponse il haussa les sourcils.

- Je suppose que je dois te demander qui ?

- Non essaies de deviner, le suppliai-je.

Il souffla et continua de manger sa pizza alors que j'attendais patiemment qu'il émette une hypothèse.

- Je ne sais pas un de mes amis du lycée ? Hasarda-t-il.

- Hors sujet, dis-je rapidement en chassant d'un coup de main ce qu'il venait de dire. Théo Cratte !

- Le drogué ? Demanda-t-il la bouche ouverte.

Je hochais la tête dans l'affirmation. Il était aussi surpris que moi de réentendre parler de lui.

- Mais il n'avait pas changé de lycée et de ville ? Continua Nathan en regardant la dernière part avec envie.

- Prends-la, lui dis-je en le voyant sourire. Si d'après ce que j'avais entendu mais il m'a demandé si je voulais sortir avec lui un de ses quatre.

- Et tu lui as répondu quoi ? S'inquiéta mon meilleur ami.

- Je ne le connais plus vraiment, répondis-je en haussant les épaules. Je veux dire je l'ai connu lorsque nous étions au collège mais nous avons perdu connaissance lorsqu'il a commencé à trainer avec les mauvaises personnes.

- Je ne l'aime pas trop évite de traîner avec lui, me prévint-t-il.

- Oui papa, me moquai-je.

Nous continuâmes de parler pendant un certain temps jusqu'à ce que la fatigue prenne le dessus. Je partis prendre une douche rapide, me brosser les dents et je pus rejoindre Nathan dans le lit. Aussitôt je remarquais que quelque chose clochait.

- Tu as mis un tee-shirt, criai-je en voyant le bout de tissu noir qui cachait sa poitrine.

- Seulement pour cette fois poulette, dit-il en me voyant sourire.

Je n'allais pas avoir à me battre avec lui dans la nuit pour récupérer un peu de couette.

- Merci, murmurai-je en m'allongeant confortablement dans le lit bien chaud. Bonne nuit.

- Fais de beaux rêves, répondit-il en baillant.

Je ne répondis rien mais fermai les yeux et ramenai la couette jusqu'à mon menton.