CHAPITRE 29
Je le regardais pénétrer dans la maison avec tout le naturel du monde alors qu'il s'apprêtait à me détruire, à faire de ma vie un enfer. Son attitude détachée enflammait mes veines, contractant mes muscles. La colère commençait à envahir mon corps, s'appropriant chaque petit recoin de mon être.
Je ne pouvais pas le laisser faire. Je ne pouvais plus rester muette et accepter tout cela. Il fallait que je me batte pour mon bonheur.
Comment pouvait-il me faire ça? Comment pouvait-il être aussi décontracté alors qu'il s'apprêtait à détruire une vie? J'avais été naïve de penser qu'il pouvait comprendre, que le petit Nicholas à qui je confiais mes plus noirs secrets, le garçon à qui je faisais autrefois entièrement confiance puisse faire encore partie de cet homme superficiel et égoïste.
J'en avais plus qu'assez d'être gentille et polie. Certes, on m'a toujours inculqué qu'il fallait se montrer respectueuse envers une quelconque personne, mais là c'était au-dessus de mes forces. Il ne méritait pas mon respect, ni ma gentillesse. Il ne méritait rien d'autre que de la haine.
Je refermais mes mains en point, avançant à grand pas vers lui, déterminée. Je ne le laisserai jamais m'enlever Harry. Jamais!
Rapidement, je le dépassais, arrivant à la fin de mon entrée, presque au début de mon salon. Je me dressais devant lui, le fixant durement. Malgré que sa grande taille règnait au-dessus de la mienne, je restais immobile, sur la défensive ne perdant pas une once de mon courage.
« Tu sais quoi? Vas-y! Vas tout rapporter à mon père! » Dis-je en hurlant tout en le fixant durement. « Je compte sur toi pour appuyer le fait que je suis éperdument amoureuse d'un autre que toi, qui lui, me rend heureuse. » Je le vis avaler sa salive difficilement. Le fait d'entendre ça lui faisait mal. « Mais sache que ce n'est pas en faisant cela que je tomberai amoureuse de toi. En fait. » Je me repris. « ça n'arriva jamais parce que tu incarnes tout ce que je déteste! Alors vas-y, amuse-toi à tout avouer à mon père, mais n'ose pas penser une seule seconde que ça m'empêchera de voir Harry! » Je criais, m'en brisant presque les cordes vocales.
Je sentais ma veine battre contre ma peau douloureusement alors que mon coeur battait si fort de rage que je manquais de souffle. Ma gorge me démangeait et je commençais à avoir mal aux mains tellement mes doigts étaient contractés contre ma paume avec violence.
Nicholas, lui, restait immobile, surprit par mes paroles remplies de haine. Un sentiment de fierté naissait en moi alors que je regardais son visage décomposé. Je me retournais, les yeux légèrement humides par cet excès de colère. Je remarquais alors ma mère un peu plus loin, se tenant devant la porte du salon, me fixant elle aussi avec surprise. Je baissais les yeux, perdant brutalement tout mon courage. Je pinçais mes lèvres entre-elles nerveusement. Elle n'était pas sensée assister à cette scène. Personne ne le devait.
Sans regarder une dernière fois ma mère ou Nicholas, je grimpais les escaliers rapidement et m'enfermais à double tour dans ma chambre. Mon coeur battait la chamade et mes muscles étaient engourdis. Qu'est-ce qu'il m'avait pris? Je regardais mes mains, m'attardant sur mes paumes abîmées par des arcs rouge sang laissés par mes ongles. Je ne me reconnaissais plus. Jamais je n'aurais pensé qu'un jour je puisse devenir si brutale avec une personne et que je puisse ressentir le sentiment de haine. J'avais l'impression d'être une autre personne.
« Une personne libre de ses propres choix. » glissa ma conscience, se voulant rassurante.
Je me laissais glisser le long de ma porte en bois, mes jambes s'étalant contre la moquette de la chambre. Appuyée contre ce rectangle, je mis quelques secondes à réaliser ce que je venais de faire. Avant ma rencontre avec Harry, je n'aurais jamais agit comme cela. Je me serais laissée faire, acceptant qu'on puisse construire ma vie sans me demander mon avis. Je serais restée cette marionnette sans vie.
Après cette réflexion, je compris que cette fille pleine de colère qui avait envoyé baladé Nicholas était moi. Mon vrai moi. Je venais de couper les fils qui me dirigeaient depuis ma plus tendre enfance. Je venais de me libérer, et tout ça grâce à Harry.
Je me redressais d'un bond et me dirigeais vers mon placard, attrapant un grand sac de voyage avant d'y mettre les premiers vêtements que je trouvais dans mon armoire. Tout ce que je voulais c'était de partir loin, pour un moment. Je voulais souffler, échapper à cette situation étouffante.
Je pris quelques chaussures que je jetais négligemment dans mon sac avant de courrir vers la salle de bain pour réunir dans une trousse de toilette mon strict nécessaire. Une fois mon sac fini, je le fermais et attrapais le chargeur de mon portable, le rangeant dans la pochette avant. Je mis sur mes épaules une veste et pris un peu d'argent dans ma boîte d'économie que j'engouffrais dans la poche droite de mon jean.
Il fallait que je fasse vite. Je devais partir avant que mon père rentre du bureau et aie sa discussion avec Nicholas.
Arrivée sur mon balcon, je refermais ma baie vitrée derrière moi, cherchant une solution pour descendre sans faire de bruit. Mes yeux se posèrent alors sur le grillage fixé contre le mur de la maison où le lierre grimpait jusqu'au balcon. Hésitante, je me rapprochais du grillage, le saisissant. Je mis doucement un pied dans un des trous où peu de lierre était présent, puis le deuxième, veillant à garder mes mains bien agrippées au grillage. Je descendis lentement, faisant attention à ne pas perdre l'équilibre et tomber, ce qui était difficile avec le poids de mon sac sur le dos.
Arrivée en bas, je soufflais et analysais le jardin. Il n'y avait personne. Je pouvais fuir sans qu'on ne me repère. Je me dirigeais rapidement vers la route, m'efforçant de faire le moins de bruit possible. Quand je fus au niveau du trottoir, je me mis à courrir aussi vite que je le pouvais pour être le plus loin de la maison.
Cette fugue avait un goût délicieux de liberté et de bonheur retrouvés. C'était à la fois affolant mais exquis.
Assez loin de la maison, je m'empressais de saisir mon portable pour envoyer un message à Harry pour qu'il vienne me chercher devant le fleuriste Joy. Je me sentais légèrement honteuse de m'imposer comme cela chez lui, mais étrangement, c'était le seul lieu où je voulais aller. Pourtant, je savais que Camille se ferait une joie de m'accueillir mais je voulais être avec Harry. C'était une telle évidence pour moi que je n'avais même pas pris le temps d'y penser où peser le pour et le contre.
Après avoir reçu un message de confirmation de sa part, je me mis en route. Sur le chemin, je me suis imaginée toutes sortes de scénarios sur les conséquences de ma fugue et des révélations de Nicholas. La confrontation avec mon père me faisait très peur et je voulais la repousser au plus tard possible.
Le ciel devenait de plus en plus sombre et les lampadaires s'allumèrent un à un. Mon père n'allait pas tarder à rentrer et moi et je serais déjà loin. Du moins, c'est ce que j'espérais.
Arrivée devant le fleuriste, je déposais mon sac sur le sol et massais mes épaules endolories par le poids qu'elles venaient de porter. J'entendis soudain le bruit affolant d'un moteur et de pneus qui dérapaient contre le sol de la route. Mes yeux se posèrent sur la voiture bleu électrique d'Harry qui roulaient à toute vitesse dans ma direction. Dans un geste brusque, il se gara parfaitement devant le fleuriste. Et en quelques secondes, je le vis sortir du véhicule, accourant à toute allure vers moi, totalement paniqué.
Quand il arriva à ma hauteur, je remarquais qu'il portait un jogging gris qui faisait contraste avec ses belles chaussures marron légèrement abimées sur l'embout. J'en déduisais qu'il avait dû partir précipitamment, ne se souciant pas de sa tenue. Et je doutais qu'il faisait souvent ce genre de chose car je savais qu'Harry était un homme qui prenait soin de lui et faisait attention à son apparence.
Alors qu'il reprenait son souffle, ses grandes mains encerclèrent mon visage avec tendresse m'apportant du réconfort. Ses yeux analysèrent mon visage rapidement alors qu'il ouvrait la bouche, prêt à parler.
« Qu'est-ce qui s'est passé? » demanda –t'il d'une voix légèrement tremblante.
Ne voulant pas répondre et désirant un plus fort contact avec lui, je me réfugiais dans ses bras, enlaçant son corps de mes faibles bras. Ma joue contre son torse, j'entendais son coeur battre dans un rythme accéléré. Rapidement, son parfum masculin vint flotter contre mes narines, m'enveloppant dans un nuage d'épices enivrant et rassurant.
« Emmène-moi loin d'ici. » dis-je doucement, contre son torse. « s'il te plaît. »
Je sentis ses lèvres déposer un doux baiser au sommet de mon crâne avant que sa main ne trouve la mienne dans son dos, la saisissant doucement. Il me força à me détacher de lui, gardant sa main renfermée contre la mienne. Sans dire un mot, il prit mon sac avec son autre main, le hissant sur son épaule et avança vers sa voiture. Je le suivais, le regardant silencieusement. J'aimais le fait qu'il accepte mon mutisme au sujet de ma fugue. Qu'il attende que je sois prête à en parler.
J'entrais dans le véhicule, attachant ma ceinture alors que mes yeux suivaient tous les mouvements qu'Harry faisait. Je le vis déposer le sac à l'arrière avant de s'attacher à son tour et mettre le contact. Il resta un instant immobile avant de démarrer la voiture et jeter un regard curieux vers moi. Je détournais le regard, fixant la route timidement. Il s'engagea alors sur la route, sans encore une fois, insister.
Sur le trajet, je fus prise de remords envers mes parents. Je savais que ma fugue allait inquiéter ma mère et l'affoler. Je m'en voulais de lui faire du mal comme cela. Je me mordis la lèvre durement, m'efforçant de rester forte.
Alors que je pensais à ma mère et à sa future souffrance, je sentis une douce chaleur naître dans la paume de ma main. Je remarquais alors la main masculine d'Harry caresser la mienne avec tendresse, se voulant réconfortant. Je le regardais avec un demi-sourire alors qu'il restait concentré sur la route. Je liais machinalement mes doigts aux siens, scellant nos mains ensembles.
Après quelques minutes, nous arrivâmes devant une maison dont les lumières intérieures étaient toutes éteintes. Harry fit pénétrer la voiture sur le côté de la maison, la garant devant un garage. Il coupa le moteur, nous plongeant dans un silence complet. Je me détachais maladroitement et sortais de la voiture avant qu'il puisse me demander quelque chose. J'hissais mon sac sur mes épaules et posais mon regard timide sur lui. Je le vis retirer la clé de la portière de sa voiture et ensuite poser à son tour son regard sur moi, ses yeux verts étant plus sombres à cause de la faible luminosité du ciel.
Je voyais très bien qu'il attendait des explications de ma part. Je pouvais le lire dans ses yeux. Mais je fis semblant de ne pas le remarquer.
« C'est- c'est ici que tu habites? » Demandais-je pour faire disparaître cette atmosphère pesante.
« Oui, dans le garage. » dit-il en me désignant d'un geste de menton le garage en face de nous.
« Tu es seul? »
Je me surpris à avaler ma salive avec difficulté. Je ne voulais pas affronter ses parents ce soir parce que je ne savais simplement pas quoi leur dire. Je ne voulais pas que la première image qu'ils aient de moi soit une fille qui fugue de chez elle en pleine nuit. Et puis, il se pouvait aussi qu'Harry n'ait jamais parlé de moi à ses parents alors le fait qu'ils me voient débarquer chez eux, à cette heure-ci, les auraient encore plus surpris.
« Oui, mes parents sont chez des amis pour la soirée. » dit-il me regardant toujours. Sa phrase me soulagea et Harry le remarqua. Je l'entendis expirer lourdement avant de se diriger vers le garage et ouvrir la porte. Je me rapprochais de lui silencieusement alors qu'il pénétrait dans le garage, allumant la lumière pour éclairer son loft aménagé.
Doucement, je pénétrais à mon tour chez lui, laissant mon regard voyager dans la pièce. Je me trouvais dans son salon où une table basse et un canapé étaient disposés sur ma gauche devant un écran plat. Des manettes de jeux étaient éparpillées sur le sol et une paire de chaussettes traînait sur le bord du canapé. Sur ma droite, je vis une commode où je m'imaginais ses vêtements étaient rangés. Plus loin, je remarquais un lit deux places dont les couvertures étaient défaites, contre le mur, avec sur le côté une table de chevet où des chargeurs de portables étaient posés. Je distinguais une deuxième pièce dont l'ouverture était juste à côté de sa commode. Je pouvais y entrevoir un début de carrelage bleu marine et en déduisais que c'était sa salle de bain.
Le bruit de la porte se refermant derrière moi me fit sursauter, me coupant dans ma contemplation. Je vis alors Harry saisir mon sac, le retirant de mes mains, me dépassant pour le déposer sur son lit. Je ne l'avais même pas vu retourner vers la porte!
Il continuait à me fixer intensément, m'inscitant à me livrer à lui. Timidement, je me rapprochais de lui, m'installant sur le lit, me faisant petite. Il m'imita, ne me lâchant pas du regard. Après quelques secondes, il me posa la question qui lui brûlait les lèvres depuis que nous nous étions retrouvés, ne pouvant plus attendre que je me décide à le lui dire.
« Bella, dis moi ce qui s'est passé maintenant que nous sommes loin. » dit-il tout en gardant un ton doux.
J'humidifiais mes lèvres nerveusement avant d'ouvrir la bouche pour lui répondre tout en évitant ses yeux.
« Quand je suis rentrée à la maison, Nicholas m'attendait. Il a compris que je l'avais évité pour te voir et que je lui avais menti. Alors il a décidé de tout avouer à mon père parce que c'était la seule solution qu'il lui restait pour que je ne puisse plus te voir. Et ensuite. » Je commençais à begayer, cherchant mes mots. « Je- j'étais si en colère que j'ai déversé toute ma haine contre lui alors que ma mère était juste derrière moi. Après ça, je suis montée dans ma chambre et j'ai fait mon sac. Je suis sortie par mon balcon et je t'ai envoyé un sms. » Je fis une légère pause. « Et maintenant, en prenant du recul, je me demande si j'ai bien fait. J'étais si aveuglée par la haine que je n'ai pas réfléchis aux conséquences. Je- Je ne sais pas ce qui m'a pris Harry. D'habitude je ne suis pas comme ça. Ce n'est pas dans ma nature, dans ma personnalité de faire ça. » Ma voix se faisait de plus en plus basse, se brisant à la fin de mes phrases. Mon souffle se faisait court, et même si je n'étais pas triste, je sentais mes yeux se remplir d'eau. « Je n'imagine même pas dans quel état est ma mère maintenant. Elle doit se faire du souci pour moi et être en panique totale. Tout ça, c'est de ma faute. Je n'aurais- »
La fin de ma phrase se logea contre ses lèvres chaudes qui se compressaient avec tendresse sur les miennes. Surprise, j'écarquillais les yeux, paralysée par ce rapprochement inattendu. Tout aussi rapidement, il retira ses lèvres des miennes, créant un vide immense, posant ses yeux émeraude sur moi avec un sourire au coin des lèvres.
« Pour-pourquoi tu as fais ça? » Demandais-je, encore sous l'effet de son baiser.
« Parce que. » dit-il, se rapprochant une nouvelle fois de moi. « Je veux faire disparaître toutes tes craintes avec des baisers. » murmura-t'il doucement, son souffle chaud caressant mes lèvres.
Un sourire espiègle se logea sur ses lèvres roses alors que ses yeux se plissaient en une expression amusée, les faisant légèrement pétiller. Muette, je le fixais alors que les palpitations de mon coeur s'accéléraient radicalement. Il porta avec tendresse sa grande main masculine à ma joue, effleurant ma peau avec ses doigts et laissant une délicieuse brûlure se former sous son toucher. Inconsciemment, je me mis à mordre ma lèvre inférieure, désireuse de ses fines lèvres roses. Et comme si il avait pu lire dans mes pensées, il compressa ses lèvres contre les miennes, capturant mon visage dans le creux de ses mains, m'apportant une cette étrange sensation de sécurité.
« C'est totalement fou, tu le sais ça? » Dis-je en réprimant un sourire amusé. Il esquissa un autre sourire avant de coller son nez au mien, scellant nos yeux dans une intense admiration de ceux-ci.
« Peut-être. » sa voix était incroyablement grave, ce qui la rendait encore plus séduisant. « Mais si ça me permet d'avoir une raison de t'embrasser, je peux prétendre d'y croire. »
Après ces mots doux jetés en l'air, il captura furtivement mes lèvres entre les siennes dans une douceur infinie. Il les retira tout aussi vite, analysant mon expression. Et malgré que ce baiser aie prit fin, je pouvais encore sentir ses lèvres contre les miennes, faisant naître un frisson dans le bas de mon dos. C'était une sensation étrange d'éternité. Un baiser qui n'avait pas de fin, qui se répétait inlassablement sur mes lèvres.
Comment pouvait-il faire cela?
Il m'embrassa une troisième fois alors que l'effet du précédent résidait toujours sur mes lèvres. Je sentais mon corps faiblir sous ce contact incroyablement doux et perturbant, faisant disparaitre toute trace de peur de mon être pour y laisser que des touches de douceur et d'amour.
Ses lèvres goutèrent timidement les miennes pendant que sa main descendait dans le creux de ma nuque, capturant celle-ci avec ses doigts fins. Les yeux fermés, je m'efforçais de suivre ces mouvements lents, me laissant submergée par ce feu qui naissait dans le creux de mon ventre.
C'était si bon. À la fois délicat et puissant.
Je sentais ce feu s'infiltrer dans mes veines, animant tous mes sens sous son passage, brûlant ma peau avec délice. Je le sentis arriver au niveau de mon coeur, rendant ma respiration difficile. C'était comme si je m'étouffais, mais que j'aimais ça !.
Je n'étais plus apte à penser par moi-même. La seule chose qui me revenait en écho était son prénom. Mon corps le réclamait. Il suppliait son toucher, quémandait ses lèvres contre les miennes et implorait pour avoir son amour.
« Le plus fou dans tout ça, c'est que ça marche. » me murmurais-je à moi-même, ne faisant pas attention au fait qu'Harry avait lui aussi entendu mes paroles.
Toutes mes craintes avaient disparues. Je ne pensais plus à mes parents, à ma fugue ni même à mon horrible situation. Mon esprit était totalement concentré sur une seule personne : Harry.
Internet is back! Je vais poster plus régulièrement maintenant. Merci pour vos commentaires, vous êtes adorables ♥ ily
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