CHAPITRE 16
J'ouvrais silencieusement la porte d'entrée de la maison. J'espérais pouvoir me faufiler jusqu'à ma chambre et m'enfermer dans celle-ci sans être repérée pour éviter de voir nos invités.
Mais évidement cet espoir ne fut que de courte durée. « Quelle naïve je suis. » pensais-je.
À peine avais-je posé un pied dans la maison que ma mère avait bondit sur moi, me bousculant jusqu'au salon où Nicholas et son père se trouvaient en compagnie du mien, bien évidemment.
« Voilà la retardataire. » annonça ma mère alors que tous les regards étaient tournés vers moi.
Mes yeux se posèrent timidement sur Nicholas qui portait un beau costume noir qui laissait entrevoir une chemise blanche parfaitement repassée.
C'est vrai qu'il était élégant et beau, mais il n'était pas Harry.
« Bonsoir. » dis-je en souriant nerveusement.
Nicholas, en parfait gentleman se leva et vint à ma rencontre en déposant un doux baiser sur ma joue.
« Bonsoir Isabella. » dit-il d'une voix mielleuse.
Je souris poliment avant de saluer son père qui était toujours assis dans le canapé.
« Nous parlions justement de ton avenir ma chérie. » énonça mon père.
Je lançais un regard à ma mère, intriguée.
« Mon avenir? »
« De toi et Nicholas. »
J'eus soudainement un vertige. « Il fallait s'en douter. » ma conscience prit la parole.
Encore et toujours cette histoire de mariage avec monsieur parfait. Je me retins de lever les yeux au ciel.
« Il n'y a pas de moi et Nicholas! » Mes paroles sortirent sans que je m'en rende compte. Je contractais mes doigts retrouvant mon calme habituel. « Je veux dire, on n'est même pas ensemble » bégayais-je presque.
Je sentais tous les regards sur moi et ça m'agaçais. Je me sentais ridicule tout d'un coup. Mais je ne pouvais laisser mon père décider pour moi. C'était ma vie et j'avais parfaitement le droit d'en faire ce que je voulais. Et cela comprenait aussi choisir mon futur mari.
Mon père me fixait toujours. Je pouvais voir dans ses yeux la surprise de mon affront. Mais surtout de la colère. Je n'avais jamais osé hausser le ton avec lui, ou même le contredire.
Une tension désagréable s'installa dans la pièce alors que je gardais toujours mes yeux plongés dans ceux de mon père.
« Isabella, tu peux venir m'aider pour le thé s'il te plaît? » Dit ma mère pour détourner la conversation et enlever cette affreuse atmosphère.
Je soufflais bruyamment avant de suivre ma mère dans la cuisine. Je savais ce qui m'attendait. J'allais tout d'abord me faire sermonner par ma mère, d'une manière assez douce, puis par mon père d'une toute autre manière. Et c'est celle que je redoutais.
Arrivée dans la cuisine, je pris dans le placard les tasses de thé et les posais sur le comptoir. Ma mère était restée immobile au milieu de la cuisine, me fixant. Ses bras croisés contre sa poitrine et ses sourcils froncés n'annonçaient rien de bon.
« Je peux savoir ce qu'il t'a pris, Isabella? » Sa voix était plus grave.
« Je ne pouvais pas laisser papa faire ça! » Dis-je en posant la cuillère que j'avais en mains sur le plateau où les tasses étaient disposées, faisant résonner un bruit sourd dans la cuisine.
« Il fait ça pour ton bien, mon coeur. » Elle retrouva son ton normal, ce qui me perturbais.
Je soufflais. Je savais qu'il ne voulait que mon bien mais il s'y prenait mal, vraiment très mal.
« Je sais. » lâchais-je dans un souffle.
Elle se rapprocha de moi et rajusta une de mes mèches.
« Et puis Nicholas est un homme très bien. Il est charmant, gentil et attentionné. Il saura prendre soin de toi, comme il l'a toujours fait. » Dit-elle en caressant ma joue avec tendresse.
« Je sais que Nicholas est un homme bien, mais- »
« Katie, Nicholas et Carl attendent le thé, tu peux allez les servir s'il te plaît? » me coupa mon père en entrant dans la cuisine à son tour.
Ma mère me regarda un instant hésitante avant de saisir le plateau et de quitter la cuisine, me laissant avec mon père qui fulminait de colère.
J'allais m'en mordre les doigts.
« Je peux savoir ce qui t'a pris Isabella? » Je souris légèrement, remarquant qu'il avait utilisé la même syntaxe que ma mère un peu plus tôt. « ISABELLA! Répond-moi bon sang! » Cria-t'il, me faisant sursauter.
« Je ne veux pas épouser Nicholas. » dis-je doucement.
« Excuse-moi? Depuis quand ne veux-tu plus l'épouser? »
« Depuis que je suis tombée amoureuse. » lui répondais-je dans mes pensées.
« Je me suis rendue compte que je ne voulais pas passer ma vie avec lui, papa. Je ne veux pas me forcer à l'aimer, alors que je sais pertinemment que je ne l'aimerai jamais. » dis-je, osant affronter ses yeux bleus qui me fixaient. « Tu m'as toujours appris à suivre mon coeur et c'est ce que je fais. Je veux épouser l'homme dont je serai amoureuse et non l'homme que tu auras choisi pour moi. » finis-je en tripotant mes doigts nerveusement.
Il souffla bruyamment posant sa main sur son front.
« Il fallait y penser avant, Isabella. Je me suis engagé auprès de la famille Hudson et je me dois de tenir mes engagements. Et par conséquent toi aussi. Nicholas est un charmant jeune homme qui saura t'apporter une bonne situation et une jolie famille. Je ne doute pas une seconde qu'il saura faire ton bonheur. » Il souffla durement, passant sa main dans sa nuque la massant légèrement. « Maintenant monte dans ta chambre, je vais arranger tout cela. »
« Tu ne comprends vraiment rien! » lui balançais-je les larmes aux yeux avant de le doubler et sortir de la cuisine, furieuse mais surtout triste.
Je montais les escaliers rapidement avant de courir dans ma chambre, claquant la porte dans un bruit sourd qui résonna dans le couloir.
Il n'y avait donc aucune échappatoire?
J'enfonçais mon visage dans un coussin mou, laissant mes larmes couler le long de mes joues. Je sentais mon coeur se comprimer et c'était affreusement douloureux. J'avais l'impression que le monde entier était contre moi. Qu'il ne voulait pas que je sois heureuse. Que je trouve l'amour moi aussi.
J'enfonçais plus durement mes doigts dans le coussin, et je poussais un cri le dissimulant dans le coussin. Je lâchais toute ma souffrance, toute ma tristesse et ma colère dans ce cri qui était totalement déchirant.
Malheureusement, cela n'apaisa pas ma peine. Elle restait intacte, me brûlant de l'intérieur. Un grand feu qui me dévorait le ventre et le coeur.
Tout ce que je désirais à ce moment était qu'Harry soit à mes côtés. Je désirais sentir ses bras musclés autour de ma taille, me serrant durement contre son torse et sentir son souffle chaud s'écraser contre ma peau pendant que son puissant parfum vienne envahir mes sens.
Il était le seul remède à ma souffrance, ma tristesse et ma colère. Il était le seul qui pouvait m'apaiser.
Mais il n'était pas là. Non, j'étais seule dans cette grande chambre, à souffrir.
Assise sur un siège du bus quatre cent quarante, je maintenais fermement mon carton à dessin contre moi.
Le week-end était passé à une vitesse incroyable, tout comme mes journées de cours. J'avais du mal à réaliser que nous étions déjà mercredi.
L'atmosphère à la maison était assez froide. Je passais en coup de vent, ne parlant presque plus à mes parents. Je restais enfermée dans ma chambre et ne sortais que pour le dîner ou le déjeuner.
Je leur en voulais tellement. Je ne comprenais pas comment ils pouvaient laisser une telle chose arriver. Je pensais qu'ils souhaitaient mon bonheur comme tout autre parent, mais j'avais tort.
Tout ce qui intéressait mon père, c'était de tenir cette foutue parole qui me forçait à épouser Nicholas et vouer ma vie à un homme que je n'aimerais jamais.
Je sortis mes écouteurs de mon sac les branchant à mon cellulaire. Je glissais ensuite ceux-ci dans mes oreilles, laissant la musique pop se jouer dans mes oreilles. Je secouais légèrement la tête suivant le rythme lourd de la musique, regardant la verdure défiler à travers la vitre.
L'arrêt d'Harry arriva rapidement. Je le cherchais du regard voyant monter un groupe de jeunes puis une femme avec ses sacs de courses. Quand je rencontrais enfin ses beaux yeux, je souris de joie.
Il suffisait qu'il soit à mes côtés pour que je sois heureuse.
En réalité, je ne demandais pas grand chose. Mon bonheur dépendait simplement d'un seul être : Harry.
Il se rapprocha de moi, déhanchant ses épaules comme à son habitude. Il agrippa le siège devant nous avant de s'installer sur le siège à côté de moi.
Il déposa ensuite ses douces lèvres contre ma joue, ce qui me provoqua un frisson. Harry afficha un magnifique sourire qui immédiatement chassa tous mes soucis familiaux.
Je dévissais un de mes écouteurs et le lui tendis. Sans un mot, il le mit au creux de son oreille écoutant la musique que j'écoutais. Je laissais alors ma tête reposer contre le dos du siège le regardant, me délectant de la vue qu'il m'offrait.
Il commençait à balancer sa tête d'avant en arrière sur les sons lourds de la musique. Je le surpris à mimer avec ses lèvres quelques paroles du refrain qu'il semblait connaitre.
Nous avions alors les mêmes goûts pour la musique?
Ses doigts tapotaient contre ses cuisses, suivant le rythme de la musique. Il semblait vraiment être habité par la musique qui se jouait. Je me demandais même s'il ressentait toutes les musiques qu'il écoutait.
Soudain, ses yeux se posèrent sur moi. Rapidement, je déviais les miens sur la vitre à ma droite. Je pouvais l'imaginer sourire à ma réaction, ce qui fit chauffer mes joues.
« Tu te rappelles de la première fois où tu m'as dit ton prénom ? »
Je me retournais pour le regarder. Un sourire était sur ses lèvres et ses yeux me fixaient avec une pointe d'amusement.
« Oui. » répondis-je avec un sourire, les souvenirs me revenant en mémoire.
Il avait réussi à me faire prendre un risque en devenant ami avec lui. Chose que je n'aurais jamais envisagé faire un jour.
Mon père avait un énorme pouvoir sur moi. Je dois dire qu'il m'effrayait pas mal. J'avais eu l'occasion de le voir s'énerver contre certains de ses collègues au téléphone. Il pouvait devenir très violent avec les mots. Je m'étais alors juré de ne pas lui désobéir pour ne pas avoir à subir cela.
Mais Harry avait changé tout cela. Il avait réussi à me faire revenir sur mon opinion. Il m'avait donné le courage de suivre mes propres envies et non celles de mon père. Il m'avait donné confiance en moi et m'avait aidé à prendre ma vie en main.
Je le fixais toujours alors qu'il jouait avec le fil blanc de mes écouteurs.
« Et bien, je pensais réellement que tu me jetterais encore une fois. » il plongea son magnifique regard émeraude dans le mien. « Alors t'imagines pas à quel point je fus surpris de voir que tu avais accepté de me le dire et de me voir. » Il esquissa un sourire. « Cela m'a touché que tu prennes ce risque, que tu me fasses confiance. » Il humidifia ses lèvres avec sa langue. « Si tu savais comment j'étais heureux ce jour-là. » Il acheva sa phrase avec un adorable sourire.
Ces paroles me touchaient. Je n'avais jamais envisagé qu'il puisse ressentir toute ces choses. Je ne pensais pas qu'un simple prénom pouvait lui faire autant plaisir.
« Ne fais pas cette tête. » il riait.
« C'est de ta faute aussi! Fallait pas me dire des choses comme ça! » Je me justifiais alors qu'il se tordait de rire sur son siège, faisant augmenter mon malaise.
Je croisais les bras contre ma poitrine et tournais le regard. J'entendis le rire d'Harry perdre en volume avant de totalement s'éteindre.
Je sentis ses mains voyager jusqu'à mes hanches, rapprochant mon corps du sien. Je regardais toujours la vitre, boudant. Il n'allait pas s'en sortir aussi facilement.
« Jolie Bella. » Il déposa un doux baiser sur ma joue m'arrachant un frisson. « Regarde-moi. »
« Non. »
Je savais qu'il souriait. Même si je ne le voyais pas, je savais pertinemment qu'il souriait.
Il enfonça les bouts de ses doigts dans ma veste, réduisant l'espace entre nos deux peaux. Je sentais mon coeur s'emballer tout à coup.
« Je t'en prie. » me supplia-t'il d'une voix mielleuse.
« Non. »
Je me surprenais moi-même. Je ne savais pas comment je pouvais rester aussi calme face à lui parce que tout ce dont j'avais envie à ce moment précis c'était me réfugier.
« Tu es tellement têtue. » Il dit avec un léger rire.
« Et toi, un parfait idiot. »
Il ria.
« Ow, tu viens de blesser mon ego là. » me lança-t'il amusé.
Cette stupide phrase me fit sourire. Et je savais qu'Harry l'avait remarqué. Mais curieusement, il ne releva pas mon sourire. Non, au contraire, il restait muet, passant ses doigts dans mes cheveux pour les décaler délicatement sur le côté.
Je sentis son souffle chaud caresser la peau sensible de ma nuque, me prévenant qu'il s'était rapproché de celle-ci. Je l'entendis inspirer profondément tout contre ma nuque avant d'y déposer un baiser chaud.
Je sentis mon corps vibrer sous ses lèvres chaudes. C'était incroyable l'effet qu'il avait sur moi.
« C'est l'amour. » me précisa ma conscience.
« Votre parfum est un délicieux accord mêlant douceur et gourmandise, qui éveille mes sens à chaque fois que je suis près de vous. » me susurra-t'il d'une voix suave.
Pendant un instant j'ai retenu ma respiration, encore sous le choc des ses précédentes paroles. J'ai ensuite papillonné des yeux, reprenant peu à peu mes esprits. J'avalais difficilement ma salive, tournant enfin ma tête dans sa direction.
Venait-il de citer un passage du roman " Amour Interdit "? Il était évident que oui.
Il avait cité l'une des paroles d'Edward qu'il avait lui-même dit à Elizabeth quand ils s'étaient retrouvés seuls dans le salon du palais de la famille Holms.
Comment connaissait-il ces paroles? Les avait-il apprit par coeur? Lisait-il lui aussi ce livre?
Soudain, le sourire de Josh quand il me disait que l'un de ses amis à lui lisait aussi "Amour Interdit " me revint en mémoire. Tout prenait sens.
Il parlait d'Harry.
Mais pourquoi Harry lirait ce livre? Il était plutôt du genre à regarder la télé plutôt que de lire un roman d'amour. J'en restais toute confuse.
Ses yeux détallaient mon visage alors que je me reconcentrais sur lui après cette réflexion.
« Comment tu-, »
Le nom de mon arrêt résonna dans le bus, me coupant dans ma question. Je lançais un regard à Harry ne sachant pas quoi réellement faire.
« Tu ne vas pas descendre? » dit –il avec un sourire aux lèvres, amusé.
Je ne répondis rien et rassemblais mes affaires dans mon sac. Harry me tendit mon écouteur que je pris dans ma main rapidement. Je me levais brusquement, issant mon sac sur mon épaule.
J'aurais voulu rester un peu plus longtemps avec Harry mais le trajet trop court qu'on partageait en avait décidé autrement. J'avais l'impression que même le temps était contre ma relation avec Harry.
Contre mon bonheur.
Je n'avais aucune envie de retrouver mes parents, surtout avec ce qui s'était passé avec Nicholas.
Je savais qu'un jour on aurait une discussion pour calmer cette atmosphère mais je ne me sentais pas encore capable de l'avoir. Pas tant qu'ils ne voulaient pas reconsidérer le mariage.
Je passais entre les jambes d'Harry pour arriver dans l'allée principale avec une petite mine. Mais avant que je fasse un pas de plus sur le sol, Harry encercla mon poignet avec ses longs doigts fins, me figeant net.
Je posais mes yeux sur lui. Il fit pression sur mon bras, tirant dessus pour me pencher au-dessus de lui.
Je sentis mes joues devenir couleur tomate, sachant que les autres personnes présentes dans le bus pouvaient nous voir.
« Et mon bisou? » Il tordit ses lèvres en une moue incroyablement adorable.
« Je n'ai pas le temps Harry, je vais louper mon arrêt. » soufflais-je, même si j'en mourais d'envie.
« Je ne te lâche pas le poignet tant que tu ne m'as pas donné mon bisou. »
Je regardais les personnes descendre du bus. Je n'avais plus beaucoup de temps.
Je reposais mes yeux sur Harry qui lui souriait fièrement. Il était incroyable.
Je basculais rapidement sur lui, déposant furtivement mes lèvres contre sa joue droite. Mais avant que je ne puisse me redresser, sa deuxième main se posa sur le dos de ma nuque faisant une légère pression pour me garder près de son visage.
« Tu es si pressée de me quitter? »
J'étais prête à lui hurler que non, que si je pouvais je passerais ma vie à ses côtés, quand il rapprocha son visage du mien pour déposer délicatement ses lèvres roses à la commissure des miennes.
Je sentis mon coeur s'affoler dans ma poitrine, rendant ma respiration difficile.
« Parce que moi, tu me manques déjà. » me susurra-t'il avec une voix suave avant de me lâcher pour que je puisse descendre du bus.
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