CHAPITRE 12

La tête appuyée contre l'épaule d'Harry, je regardais le paysage défiler à travers la vitre. Il faisait sombre dehors et je distinguais à peine les immeubles.

Mon père allait vraiment me tuer.

J'entendis mon arrêt résonner dans le bus. Le moment tant redouté était arrivé. Il fallait que je le quitte pour retrouver mon père qui allait être sans aucun doute en colère.

Le magnifique rêve que je vivais prenait désormais fin.

Je déposais un doux baiser sur la joue d'Harry lui disant au revoir. Puis, je descendis du bus tristement, le coeur serré.

J'aurais voulu que cet instant passé avec Harry dure toujours. Mais malheureusement, cela était impossible. 

Une fois dehors, mes yeux cherchèrent instantanément Harry.

Il affichait un doux sourire qui avait le don de me réchauffer le coeur et de faire disparaître un instant la peur que j'avais de retourner chez moi.

Mais ce moment dura qu'un court instant. J'eus  à peine le temps de lui faire signe de la main que le bus l'emmena loin de moi. Silencieuse, je regardais le bus rouge créer une distance entre l'homme que j'aimais et moi.

Une fois le bus hors de mon champ de vision, je me retournais et commençais à marcher en direction de ma maison familiale.

Après quelques minutes de marche j'arrivais enfin devant la porte d'entrée de ma maison. Je me figeais devant celle-ci et soufflais, essayant de rassembler le peu de courage que j'avais.

J'insérais ensuite ma clé dans la serrure et entrais dans la maison essayant d'être la plus silencieuse possible. J'espérais que mon père ne soit pas encore rentré.

J'eus un sursaut de surprise quand je vis mon père posté droit, en tapant du pied devant moi. Il avait un regard dur et sévère.

Il n'était vraiment pas content.

« Puis-je savoir où tu étais Isabella ? » me demanda-t-il durement.

«  Je suis restée à la bibliothèque pour étudier. » C'était la seule excuse que j'avais trouvée.

« Tu aurais pu nous prévenir au moins! J'étais mort d'inquiétude! » Il hurlait désormais. « Je n'ai pas accepté que tu prennes le bus pour que tu en profites pour rentrer tard Isabella! » Je sentais de la déception dans sa voix. « Si cela se reproduit, je demanderai à un chauffeur de te conduire à ton école et de te ramener à la maison comme avant, c'est bien compris? »

J'hochais la tête positivement. Je sentais son regard dur sur moi et je détestais cette sensation.

J'avais toujours été proche de mon père et les fois où il m'avait grondée pouvait se compter sur les doigts d'une seule main.

J'avais toujours été une fille exemplaire. C'était la première fois que je faisais quelque chose de travers, du moins à cet âge, parce que petite j'étais une vraie pile électrique qui faisait bêtises sur bêtises.

« Je suis désolée. » dis-je doucement en regardant mes pieds.

Il souffla bruyamment se calmant un peu.

« Bon, ce qui compte c'est que tu ailles bien. » Je relevais les yeux le regardant se toucher le menton avec ses doigts. « Il faut maintenant que j'appelle Philip pour lui dire que tu es à la maison. »

Je me mordis la lèvre nerveusement. Je m'en voulais de l'avoir inquiété. Surtout qu'il avait demandé à Philip et ses hommes de partir à ma recherche alors qu'ils avaient sûrement mieux à faire que de chercher la fille de leur patron.

Je m'en voulais d'avoir causé tout ce dérangement. 

 « On ne va pas tarder à passer à table alors va te changer. »

Je ne rajoutais rien et montais dans ma chambre pour me laver et me changer. Je pris dans mon armoire un de mes pyjamas après avoir posé mon sac sur mon bureau. Puis je me dirigeais vers la salle de bain.

Je posais mon pyjama près de la baignoire et fis couler l'eau chaude. Je sentis mon portable vibrer dans la poche de mon jean. Je le pris alors dans mes mains et le déverrouillais. Un sourire se dessina sur mes lèvres quand je lus le nom que mon cellulaire affichait.

                                                      From : H <3

                                               Alors toujours vivante ?




-

Appuyé contre le siège du bus, je tenais mon cellulaire contre mon oreille. La voix féminine de ma mère résonnait dans le mobile me rappelant de ne pas oublier de me préparer pour la soirée d'inauguration du nouvel hôtel de mon oncle.

« Je t'ai laissé ta robe sur ton lit avec une paire d'escarpins. Je serai à la maison pour 18h, alors préviens ton père pour qu'il soit à l'heure. On ne peut pas se permettre d'être en retard. »

Ma mère détestait être en retard. Je me demandais donc ce qu'elle faisait avec mon père qui lui l'était toujours.

Lui, il se contrefichait d'arriver en retard. Tout ce qui lui importait c'est qu'on y soit, peu importe l'heure. Il n'était pas aussi minutieux que ma génitrice.

« Je lui dirai, maman. »

Le bus s'arrêta, me faisant avancer un peu dans un mouvement brusque. Je me replaçais alors correctement en grognant.

Je n'aimais pas quand les chauffeurs faisaient cela. J'avais même l'impression que parfois ils en jouaient et que ceci les amusaient plus qu'autre chose.

« Dis à ton père de prendre le bouquet de fleurs que j'ai laissé dans la salle à manger, il est pour Tante Jane. »

« D'accord. »

« Tu es où là? »

« Je suis dans le bus. »

« Tu es bientôt arrivée? »

« Oui, maman. » Soufflais-je agacée par ses multiples questions.

Je vis Harry monter à bord du bus vêtu d'une veste en jeans et d'un bonnet bleu clair. Il était incroyablement beau ainsi.

Je me mordis les lèvres n'écoutant plus les recommandations de ma mère totalement hypnotisée par le bouclé qui venait de monter dans le bus. 

Quand il me remarqua, il fit un adorable sourire et se rapprocha de moi. Sa façon de marcher jusqu'à moi le rendait encore plus désirable. Il avait une façon de bouger ses hanches et faire rouler ses épaules qui me rendait dingue.

« Isabella tu es toujours là? »

« Hein? Euh, oui. »

Il s'installa à côté de moi alors que je l'admirais toujours, le mobile collé à mon oreille. Il se rapprocha de mon visage afin de compresser ses douces lèvres contre ma joue.

Il entrouvrit ensuite ses fines lèvres rosées pour me saluer, mais je posais rapidement mon doigt sur sa bouche l'empêchant d'émettre un son. Il ne fallait pas que ma mère l'entende.

Surpris, il fronça les sourcils. 

« Je m'en occupe maman ne t'inquiète pas. On se voit tout à l'heure, bisou. » dis-je rapidement pour terminer la conversation. 

Je n'attendis pas longtemps avant de raccrocher et verrouiller mon mobile. Harry me regardait. Ou plutôt me fixait ce qui avait le don de me mettre mal à l'aise.

Je retirais mon doigt de ses lèvres avant qu'il ne puisse tenter quoique ce soit et rangeais mon cellulaire dans ma poche.

« Je peux parler maintenant? » demanda-t-il en chuchotant.

« Idiot. » riais-je.

Il esquissa un sourire puis il replaça son bonnet correctement.

« Elle te voulait quoi? »

« Elle m'a dit quoi faire avant de partir pour la soirée de mon oncle. »

« Soirée? »

« Oui, mon oncle fait une soirée pour l'inauguration de son hôtel. »

« Hôtel? »

Je soufflais légèrement. Je n'aimais pas quand on me posait de multiples questions.

« L'ange d'argent  près du restaurant Napoléon. »

« L'ange d'argent? Attends attends, ton oncle a un hôtel? »

« Non. »

« Mais tu viens de dire que... »

« Il en a quatre. » complétais-je en le coupant.

Il écarquilla les yeux, surpris pas ma révélation.

« Donc tu... » il hésitait.

« Je? »

« Tu es....riche? »

« Je ne dirais pas ça non. Mon père a un travail qui nous permet de bien vivre voilà tout. C'est mon oncle qui est "riche". »  Je fis des guillemets avec mes doigts pour le dernier mot.

« Ouais et toi aussi. »

« Puisque je te dis que non! »

« Quoi? Qu'est-ce qu'il y a de mal dans le fait d'être riche? »

« Rien, c'est juste que je ne le suis pas. »

Je n'aimais pas qu'on me considère comme telle. Riche.

Petite, j'avais souffert de cette étiquette. Toutes «  mes amies » ne voyaient en moi que mon argent. Et du coup, je cachais cette partie de ma vie, ne voulant pas revivre cette dure période de solitude.

Je fus alors soulagée qu'il n'insiste pas sur ce terme. Je ne voulais pas que le fait que je n'aie pas de soucis financier puisse affecter notre relation. Je ne voulais pas que cela change son avis sur moi ainsi que son attitude envers moi.

« Donc, je suppose que tu vas porter une robe? »

Je fus surprise par sa question. Pourquoi voulait-il savoir cela?

« Oui, je suis bien obligée. »

« Tu n'aimes pas porter de robe? »

« Ce n'est pas ça, c'est juste que je n'aime pas porter une robe dans ces circonstances. »

Il ne semblait pas comprendre où je voulais en venir. Il semblait bien loin de ce monde. Lui, il était plus simple. Naturel. Et c'est ce que j'aimais chez lui.

Il n'avait sûrement jamais été à une soirée comme celle-ci. Et je pouvais dire qu'il avait bien de la chance.

« Je suis sûr que tu seras magnifique dans cette robe. »

Je sentis mes joues devenir plus chaudes alors que son regard intense se posa sur moi.

Il se rapprocha plus près de moi et déposa un doux baiser sur ma joue. Un sourire prit place sur ses lèvres quand il sentit ma joue chaude sous ses lèvres.

Il m'attirait. C'est indéniable.

Il laissa glisser un de ses doigts le long de mon bras nu, effleurant ma peau du bout des doigts.

Il était d'une infinie douceur dans ses gestes. Tellement que j'en frémissais.

Il plongea ses magnifiques yeux émeraude dans les miens, me déstabilisant un peu plus alors que mon coeur s'affolait.

« Mais je suppose que tu es bien plus belle dans ta tenue d'Eve. »  souffla-t'il près de mes lèvres.

Je sentis les battements de mon coeur s'accélérer dans ma cage thoracique.

Il était bien trop près de moi. Il était si près de moi que je pouvais sentir son souffle chaud s'écraser contre mes lèvres.

On se partageait désormais le peu d'air qui nous séparait.

Il glissa une de ses mains dans le bas de mon dos, me compressant contre son corps parfaitement dessiné. Je sentis mon corps tressaillir. Il aimait manifestement être contre le corps d'Harry. Et je le comprenais.

Harry enfonça délicatement la pointe de ses doigts dans ma veste. Alors que je remerciais le bon dieu d'avoir ce bout de tissu sur moi, il colla son front contre le mien.

Mon souffle devenait saccadé et irrégulier.

Ses lèvres étaient vraiment proches des miennes. Et mon coeur, mon coeur devenait totalement fou de ce rapprochement auquel je n'étais pas préparée.

Je n'avais jamais été aussi proche d'un homme. Dans tous les sens du terme.

Je me sentais comme liée à lui. Il m'était devenu essentiel. J'avais constamment besoin de sa présence à mes côtés.

Le nom de mon arrêt résonna dans le bus, me prévenant que j'étais arrivée. Je sautais sur l'occasion pour me défiler une nouvelle fois.

Je n'avais encore jamais embrassé un homme alors je me sentais mal à l'aise quand il prenait les devants et comblait la distance qui nous séparait.

Je voulais goûter à ses lèvres. Je voulais savoir quel goût elles pouvaient bien avoir. Je voulais connaître la sensation qu'on pouvait éprouver quand on embrassait la personne pour qui on avait des sentiments. Je voulais le sentir proche de moi. Je voulais partager ce moment avec lui.

Mais je ne me sentais pas encore prête à sauter le pas. Je savais que pour lui ce genre de choses était une habitude, que cela représentait sans doute rien.

J'avais appris à connaître cette partie de lui. Ce jeu de charmeur auquel il était très doué. Je ne devais pas être la première à vouloir l'embrasser et je ne serais sûrement pas la dernière. Mais ma mère m'avait inculqué ses valeurs. Et pour moi un baiser était une preuve d'amour. C'était un échange entre deux amoureux. Et je ne voulais pas faire d'erreur.

 « Je dois y aller. »

Je déposais un doux baiser sur sa joue en le saluant, puis j'enjambais ses jambes pour aller dans l'allée principale du bus.

Je descendis de celui-ci encore troublée par ce rapprochement et cette tension qu'il y avait entre lui et moi. Je ne savais vraiment plus comment faire avec lui. Je ne savais pas si il jouait un jeu avec moi, si il faisait cela pour me taquiner amicalement où si il y avait plus.

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