Chapitre 8-2

Je me levai de mon fauteuil au moment où mon oncle pénétra dans la pièce. Un sourire fendait son visage. Plus réservé, j'étais aussi heureux que lui de le revoir. Sans perdre une minute, il s'approcha de moi pour me saluer avec une chaleureuse et longue accolade. Il était venu me voir à de nombreuse reprise en prison, mais aujourd'hui c'était différent. J'étais libre, sans aucune obligation de respecter une certaine distance de sécurité.

Frederick s'écarta de moi pour me demander comment j'allais. À peine plus grand que lui, je lui ressemblais beaucoup. Même couleur d'yeux, de cheveux sauf qu'il les avait plus longs avec une touche de gel pour les discipliner. Dresser devant moi, de toute sa taille, dans son costume impeccablement coupé, mon oncle dégageait une certaine aura d'autorité. Il avait la réputation d'être un homme d'affaires sans scrupule, méthodique jusqu'à la rigueur. C'était mon modèle depuis des années.

— ça va, répondis-je avec retenue.

Il tapa sur mon épaule en hochant la tête puis se tourna vers Bluebell qui s'était levé pour le saluer. Frederick lui serra la main sans se départir de sa bonne humeur. Règle numéro un des Olsen : ne jamais montrer ses sentiments. Les apparences sont trompeuses. Derrière le sourire chaleureux en façade de mon oncle se cachait un profond dégoût pour la communauté hispanique. Je me doutai bien que serrer la main de ma tutrice avait été pour lui le prix d'un immense effort.

— Monsieur Olsen...

— Frederick, la coupa mon oncle sur un ton séduisant.

— Frederick, je suis Bluebell Rojas et je m'occupe d'accompagner Desya durant sa période de liberté conditionnelle. Il est important que votre neveu soit bien entouré. L'absence de visites et d'encouragements pourrait avoir un effet négatif sur son moral. Je ne peux pas remplacer la famille ni les amis. Plus Desya coopérera avec nous et suivra correctement le programme, plus le juge sera clément dans sa décision finale.

— Merci pour ces informations. En effet, Desya a besoin des siens.

Rojas plissa les yeux avec une expression de contrariété sur le visage. Mon oncle s'empressa de rectifier ses paroles :

— Je voulais dire de sa famille comme vous venez de le mentionner. Ces temps de visites serviront à faire le point et j'espère lui donner les meilleurs conseils. Desya a beaucoup mûri en prison, il regrette profondément ses actes.

Bluebell se força à sourire comme si elle cherchait à exprimer poliment ses sentiments. Le discours de mon oncle ne paraissait pas la convaincre. Le doute sur son visage s'accentua au fur et à mesure que Frederick parlait de moi. Debout, à côté de lui, je l'écoutai silencieusement sachant pertinemment qu'il ne croyait pas un seul mot de ce qu'il disait. Diplomate, il fallait admettre qu'il savait tourner la situation à son avantage.

Après avoir abordé plusieurs points ensemble, Rojas proposa à mon oncle de partir se promener avec moi dans le jardin, à l'arrière de la bâtisse. De son côté, elle resterait ici pendant ce temps de visite afin de nous laisser le plus d'espace possible.

Avant de quitter la pièce avec Frederick, je me retournai pour lui lancer un regard peu amical. Elle laissa échapper un soupir de résignation puis ferma les paupières pour ne plus avoir à me regarder.

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