Chapitre 26-1

Desya

1 mois plus tard

Je me souvenais de m'être réveillé à l'aube, avec cette soudaine envie de me rendre sur la tombe de mes parents.

Je fixai la pierre tombale recouverte d'une épaisse couche de neige qui scintillait comme du cristal. Une éternité que je ne m'étais pas rendu au cimetière. La dernière fois remontait bien avant mon séjour en prison. Aujourd'hui, c'était différent. Je ne ressentais aucune envie de vengeance, aucune rage ne m'habitait. L'endroit me semblait même différent. Le soleil se levait doucement à l'horizon donnant à ce moment, une quiétude quasi édénique.

Blue me manquait terriblement, chaque jour, chaque minute de chaque heure. La journée, ses sourires simples d'une gaieté limpide ne mourraient pas dans mon esprit, bien au contraire. La nuit, d'autres images me hantaient et m'empêchaient de trouver le sommeil. Surtout celle où elle m'avait dit adieu sous la pluie. Ses lèvres bleuies par le froid, ses larmes, et cette souffrance. Oui, cette souffrance dans son regard me pourchassait encore maintenant.

Après son départ, j'étais rentré à l'appartement pour m'enfermer dans la salle de bain et m'étais griffé le torse jusqu'au sang pour faire disparaître ce tatouage que je haïssais par-dessus tout. C'est là, en voyant mon reflet dans le miroir, que j'avais pris la décision la plus importante de ma vie.

En revenant dans l'Upper East Side, je m'étais attelé à mettre mon projet sur pied. J'avais depuis, passé toutes mes journées et mes soirées à travailler pour oublier le temps. Frederick me poussait à sortir, à voir du monde, à pardonner à Charlotte, mais je préférais de loin la solitude pour me retrouver avec moi-même.

Je m'accroupis et posai une main sur la pierre tombale, pour caresser du bout des doigts, les noms de mes parents qui y étaient gravés.

— J'aimerais tellement ne pas vous en vouloir, murmurai-je. Malheureusement, vous êtes la cause d'une grande partie de mes tourments. Pourquoi ne m'avez-vous pas montré que la vie pouvait être remplie d'un arc-en-ciel de couleurs ? Que les rires pouvaient se mélanger ? Que la musique pouvait avoir des notes différentes ? La différence n'existait qu'à travers vos yeux.

Un corbeau se posa à cet instant sur le haut de la stèle. Sa tête pivota à droite, à gauche en me fixant. Un triste sourire étira mes lèvres. La réponse venait de me parvenir.

— Un Crow reste un Crow.

Je me relevai et fermai le col de ma veste avec ma main pour ne pas que le vent s'engouffre sous mes vêtements. Avant de m'en aller, j'adressai à mes parents ces derniers mots :

— C'est fini. Le corbeau que j'étais est mort. Il est mort à l'instant où cette femme a posé ses yeux sur moi. Et je suis triste de savoir que vous êtes partis sans jamais avoir connu dans votre vie un Emilio, une Julieta, un Diego. Maman, je sais que tu aurais aimé Bluebell.

Le silence se fit, un intense soulagement m'envahit. Je restai quelques minutes encore devant la tombe puis mon téléphone vibra dans la poche de ma veste. Un message de Frederick :

" Les journalistes sont là. La conférence de presse va commencer".

C'était l'heure.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top