Chapitre 14-2
Bluebell
Desya s'effaça pour me laisser entrer dans la salle de classe. Sur mes gardes, je décidai de rester contre le mur, juste à côté de la porte. En temps normal, j'évitais de me retrouver seule avec lui ou me débrouillai pour qu'il y ait toujours quelqu'un avec nous.
— À l'avenir, je te demanderai de ne plus mettre les enfants dans nos histoires.
Desya se plaça devant moi, grand, imposant, irrésistible. Son regard d'une intensité vertigineuse coupa mon souffle. Je baissai les yeux, impuissante.
Il répondit d'une voix contrariée :
— Si tu m'avais dit ce qui n'allait pas depuis le début, j'aurais laissé la petite Julieta tranquille.
Je rétorquai d'une voix basse :
— Il m'arrive, comme tout le monde, de passer des journées un peu compliquées.
Desya me dévisageait avec curiosité.
— Pourquoi ne m'en parles-tu pas ?
Je lâchai un rire ironique.
— C'est le monde à l'envers, dis-je en relevant les yeux sur sa beauté froide. Mes problèmes ne doivent en aucun cas interférer dans le travail que nous faisons ensemble.
— C'est rare de te voir comme ça.
— Je suis humaine ! répliquai-je un peu brutalement, les sourcils froncés.
Olsen laissa échapper un soupir et enfouit les mains dans son jean.
— La Bluebell que je connais ne craint aucune adversité. Elle m'agace avec sa foi irradiante. Il est difficile de débattre avec elle, car elle finit inévitablement par me convaincre que nous pouvons tous accomplir de grandes choses juste en ouvrant nos bras. Aucun humain ne peut déplacer les montagnes comme toi. J'aime regarder le monde à travers tes yeux, il me semble plus beau. Cette impression de pouvoir toucher un bout du ciel quand tu me parles, c'est comme si tu m'offrais un instant de quiétude édénique.
Je restai interdite face à ces paroles troublantes de sincérité. J'aurais aimé trouver quoi lui répondre, mais rien ne venait. Les mains derrière le dos, je le dévisageai, les yeux grands ouverts. Soudain, un courant d'air passa à travers les larges fenêtres faisant bouger les rideaux rouges sans arriver à rafraîchir la pièce. Je repris mes esprits.
— Je me suis disputée avec Paolo, dans le bureau du juge. Il m'a mis dans l'embarras et pour la première fois, il ne m'a pas soutenu. Ma sœur me surveille comme si j'étais une enfant et Angèle...
À son regard, je compris qu'il avait deviné où je voulais en venir. Gênée, je tournai la tête, incapable de terminer ma phrase. Mes joues me brûlaient. Desya s'approcha de moi, réduisant un peu plus l'écart. Il n'en fallut pas plus pour faire accélérer mon pouls et me perdre dans un tourbillon d'émotions.
— Angèle est jalouse, lâcha Desya. Je ne sais pas ce qu'elle t'a dit exactement, mais je me doute qu'elle a voulu marquer son territoire. Nous ne sommes pas ensemble.
Un poids énorme disparut de ma poitrine. Soulagée, je fermai les yeux. Malheureusement, la culpabilité chassa rapidement cette joie de courte durée. Je n'avais pas le droit de ressentir ça, d'être égoïste, de vouloir cet homme rien que pour moi.
Dans un immense effort, je revins planter mon regard dans celui de Desya qui m'observait, silencieux, essayant de discerner quelque chose au fond de mes yeux.
— Tu es libre de faire ce que tu veux. Angèle te donne ce que je ne pourrais jamais te donner.
Ma voix sonna peu naturelle à mes oreilles. Les yeux noirs et menaçants d'Olsen se plissèrent. Une ombre inquiétante se répandit sur son visage.
— J'ai bien plus que tu ne peux le penser, Blue. J'ai ton désir, tes fantasmes, tes péchés. La jalousie fait partie de l'envie.
Desya se rapprocha dangereusement, un sourire cruel sur les lèvres. Je tressaillis.
— Nous devrions y aller, réussis-je à articuler en ouvrant la porte.
La main d'Olsen la claqua violemment à mon visage. Je me figeai, le dos contre le mur.
— Laisse-moi.
Ma voix n'était plus qu'une supplique. Désormais tout près de moi, je pouvais sentir son souffle frôler mon visage. Le sol se dérobait sous mes pieds. Il y avait qu'un pas pour sombrer dans les abîmes de ce désir interdit. Je rassemblai mes dernières forces, mes dernières volontés pour le repousser. Mes mains se heurtèrent sur son corps musclé et c'est là que Desya emprisonna mes poignets dans une seule main en les ramenant au-dessus de moi. J'étais coincée, à sa merci. Son autre main se glissa en bas de mes reins avant de venir me plaquer contre lui.
— Tu devrais arrêter d'envoyer des signaux contradictoires, Blue. Regarde-moi dans les yeux et dis-moi d'arrêter. Je n'ai jamais forcé une femme de ma vie, je ne commencerai pas avec toi.
Ses paroles restèrent en suspens. Tu peux y arriver. Allez, fais un petit effort. Je pris une grande inspiration et le regardai fixement en priant pour que ma voix ne tremble pas :
— Arrête, Desya.
Olsen recula son visage en laissant échapper un gémissement de frustration. Au moment où je crus qu'il allait me relâcher, il me poussa contre le mur et plaqua ses lèvres contre les miennes avec plus de rage que la première fois. Je tentai de me libérer, en vain. Il me tenait fermement les poignets en resserrant encore sa pression. Soudain, son pouce se planta dans mon dos m'obligeant à ouvrir la bouche. C'est alors que sa langue rencontra la mienne faisant céder les verrous de ma volonté. J'enroulai ma langue autour de la sienne lui rendant son baiser brutal. Desya écarta mes jambes avec son genou puis pressa son érection contre mon bas ventre. Mon corps semblait exploser sous un millier de sensation que je ne connaissais pas.
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