Chapitre 14-1
Desya
J'étais couvert de peinture. Julieta avait ce don de venir vers moi pour me parler de tout et de rien en agitant son pinceau dans l'air. Je faisais preuve d'une patience que j'ignorais avoir au fond de moi.
Blue était distante depuis hier. Sa dispute avec Paolo l'avait vraiment retourné. J'avais essayé de la joindre sur son téléphone, plus tard, dans la soirée, mais sans succès. Je comptai bien avoir une discussion avec elle, cet après-midi, après cet atelier. Elle avait fait le tour de chaque groupe depuis que nous avions commencé en évitant soigneusement le mien. Finalement, vers la fin, Bluebell se décida à venir voir comment je me débrouillais.
— Tu t'en sors ? demanda-t-elle, l'air indifférent.
Putain, c'est quoi son problème ? Son attitude m'irritait. Cinq semaines à faire des efforts, à jouer un rôle à la con pour passer après ce connard de Mora. Voyant que je ne répondais pas, elle s'accroupit à côté de moi. J'essayai de ne pas mater ses seins sous son débardeur blanc qui moulait, comme son jean slim, ses formes pulpeuses.
— Desya ?
— Oui ! lâchai-je avec la même indifférence. Tu arrives un peu tard.
Je continuais mon dessin avec Julieta sans prendre la peine de lui jeter un regard. Désabusée, elle tourna la tête ailleurs avant de revenir sur moi puis déclara à voix basse :
— Tu n'es pas tout seul. Je dois m'assurer que chaque groupe ne manque de rien.
Je levai mon pinceau du mur et tournai mon visage vers Blue qui se figea instantanément. Son regard descendit doucement sur mes lèvres. A priori, je lui faisais toujours de l'effet. J'en concluais qu'elle se battait encore avec ses propres désirs, mais pour combien de temps ? Plus les jours passaient, plus je la retenais dans mes filets. L'étau se resserrait. Mon envie de la salir, de la posséder m'obsédait du matin au soir.
Blue remit une mèche derrière son oreille et détourna ses yeux pour regarder vers le mur. Sa chevelure luxuriante et brillante au soleil descendait en cascade sur ses épaules. Je fixai ses pommettes légèrement poudrées puis descendis sur son cou. Une soudaine envie de poser mes lèvres dans le creux pour goûter sa peau me saisit. Je fermai les yeux de toutes mes forces pour ne pas succomber à mes pulsions primaires, mais ça ne suffit pas à me calmer.
— Tu as deux minutes ? soufflai-je. Je veux te parler.
— Non !
Son ton cassant m'indiqua qu'il y avait vraiment quelque chose d'autre qui la dérangeait. Sa résistance m'obligea à changer de ton. Je me levai brusquement et jetai mon pinceau dans le pot de peinture.
— Julieta, demande à Blue pourquoi elle boude, aujourd'hui.
Bluebell ouvrit de grands yeux et se redressa rapidement sur ses jambes. Un sourire se dessina sur mes lèvres en la voyant aussi mal à l'aise.
— Arrête de bouder, Blue ! s'écria la petite fille sur un ton plein de reproches. Desya est mon ami, tu n'as pas le droit de l'embêter avec ta colère.
Bluebell croisa les bras sur sa poitrine en me jetant un regard assassin. Je soulevai les épaules. Ses yeux n'étaient plus que deux fentes.
— Je rêve ou tu te sers d'une enfant ?
Mon sourire arrogant s'étira un peu plus sur mes lèvres. Elle soupira profondément puis leva les bras au ciel.
— Très bien ! céda-t-elle. Allons discuter à l'écart.
— Non, je veux te voir en privé, seul à seul.
Mes yeux se posèrent sur Julieta pour lui faire comprendre que je n'hésiterais pas à me servir de nouveau de la petite fille si elle refusait.
La seconde d'après, Blueme demandait de la suivre. Je la laissai passer devant moi, heureux de cettepremière victoire.
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