Chapitre 2
Maya se réveilla. Ce n'était qu'un mauvais rêve, ou plutôt un souvenir du jour de son arrivée au bunker.
Cinq ans avaient passé depuis ce fameux jour et elle n'était toujours pas sortie, ni Will. Elle avait 17 ans et ne savait pas à quoi ressemblait le monde extérieur. Elle ne savait même pas si il y avait encore un monde à l'extérieur. Elle ignorait tout de ce qui se passait en dehors des portes en béton et acier indestructibles du bunker. Comme tout les autres elle n'avait eut aucune nouvelles de sa famille, une chose particulièrement horrible. Elle ignorait si ils étaient vivants ou morts. Un énorme sentiment de tristesse la prenait lorsqu'elle pensait à ceux qu'elle avait laissé en venant ici. Mais, certes, elle n'avait pas eu d'autres choix; ses parents l'y avaient forcée pour qu'elle puisse continuer à vivre.
Depuis cinq ans, elle vivait avec les mêmes personnes tout les jours. Le jour de leur arrivée, on leur avaient réexpliqué ce qu'ils faisaient ici, pourquoi on les appelaient les "odhes" ou les "sauvegardés" et surtout on leur avait expliqué dans les moindres détails le fonctionnement du bunker ainsi que ses règles.
Le bunker était au commandement des plus âgés, intelligents et rationnels. Ils étaient environ 50 adultes sur les 200 personnes présentes à l'intérieur du bloc indestructible. Leur âge ne dépassait pas 45 ans. On y comptait aussi 100 enfants entre 7 (pour les plus jeunes) et 13 ans ainsi que 50 adolescents de 14 à 19 ans.
"La raison pour laquelle nous sommes assez jeunes c'est que nous sommes la relève de l'espèce humaine en quelque sorte. Nous sommes les Odhes. Nous avons été choisis pour assurer à l'Humanité de subsister, de survivre. Le virus plonge le monde dans le chaos et si par malheur les gouvernements ne trouvent aucun point d'entente pour venir à bout de cette crise, alors nous serons la dernière chance de notre "race"."
Maya sentit un sourire amer étirer faiblement ses lèvres. Celui-ci s'effaça très rapidement. Elle ne savait pas pourquoi mais ces mots lui étaient restés à l'esprit.
On les appelait les Odhes car ils étaient des humains en bonne santé, intelligents et résistants aux maladies. On leur avait fait passer des tests d'intelligence ,de logique et psychologique et proposés des situations délicates desquelles ils avaient dû se sortir le plus rapidement possible et on avait sélectionné les meilleurs; ceux qui sauraient le mieux se sortir de situations compliquées. Les personnes qui leur avaient fait passer ces tests faisaient partie de l'ODEH, une organisation dont le nom signifiait pompeusement Organisation du Dernier Espoir de l'Humanité. Même le nom de cette organisme avait été choisit à la va-vite dans la détresse et l'urgence du moment. Elle réunissait plusieurs gouvernement, du moins tout ceux qui avaient survécu au Virus, et mettait en commun les différents atouts et ressources de ces pays-membres à des fins de préservation de l'Humanité.
La jeune fille détestait le fait qu'on choisisse les personnes saines qui rentraient dans le bunker. Elle pensait que c'était tout simplement comme si on choisissait du bétail. On l'observe, on le fait marcher, on regarde ses capacités et si on juge qu'il le mérite on l'achète. Seuls les meilleurs sont pris. Et ceux dont personne ne veut voient leur arrêt de mort. On les envoient à l'abattoir.
C'est injuste, songea-t-elle, chacun a quelque chose à apporter à la société, ce n'est pas parce qu'on est pas "suffisamment intelligents" que l'on ne doit pas avoir sa chance. On est totalement insignifiant pour le gouvernement. Il a perdu pied. Il devient fou. Ce projet des bunkers et cette organisation l'ODHE en sont la preuve. Des millions de personnes méritent d'être sauvées.
Elle se prit le visage dans ses mains.
Cinq ans qu'elle était là, cinq ans et elle se rappelait toujours de sa dernière journée à l'extérieur.
La porte de la chambre s'ouvrit et la lumière blanche et crue s'alluma juste après un petit "clic!" sonore.
- Salut Myi! fit une voix masculine d'un air enjoué.
- Salut Will, grommela-t-elle.
Elle enleva ses mains de son visage et regarda le nouveau venu. Will avait changé en 5 ans mais son regard était le même, doux et profond et ses cheveux bruns étaient toujours ébouriffés. Il avait grandi durant toutes ces années( il devait mesurer dans les 1 mètre 80) et sa musculature s'était développée.
- Woah, t'en fais une tête! On dirait une revenante.
Ils rirent un coup puis le jeune homme reprit.
- Non sérieusement, ça va?
- Oui, répondit-elle sans grande conviction, encore le mauvais rêve.
- Ah oui, je vois, je le fais toujours aussi. C'était quelle partie cette fois?
- L'arrivée.
Un silence s'installa tandis que Maya se redressait sur les coudes et balançait ses jambes en dehors du lit. Elle jeta un regard circulaire sur la chambre qu'ils partageaient avec deux autres de leurs amis. Elle était simple, rectangulaire et ressemblait en tout points aux autres chambres du bunker. Elle comportait deux lits superposés en acier placés face à face à côté de l'entrée, une table et quatre chaises au fond de la pièce ainsi qu'une gazinière, un évier, un petit réfrigérateur et des meubles de rangement dont une vieille armoire en métal. Tous étaient de couleur grise et le plus souvent faits de métal. Une porte, au fond à droite, derrière la table et les chaises, donnait sur une petite salle de bain. C'était ce qui se rapprochait le plus d'un studio. Les couleurs étaient grises et froides comme dans le reste du bunker.
Maya passa une dernière fois une main sur son visage puis se leva du lit, un de ceux du bas.
- Bon je vais aller me laver, dit-elle.
- Ok, Dépêches-toi; t'as une séance d'UV aujourd'hui, on a entraînement après et beaucoup d'autres trucs encore à faire.
- Oui je sais, t'inquiètes pas.
- D'ailleurs ça fait combien de temps que t'en as pas fait?
- Je ne sais plus. Au moins 3 à 4 mois... Ça se voit tant que ça? Dis-moi franchement.
- Eh bien... Tu as l'air fatiguée...et tu es toute pâle, commença-t-il hésitant puis il s'empressa d'ajouter, mais tu es toujours belle.
Elle rit.
- Merci. Bon, j'y vais.
Elle se dirigea vers la porte de la salle de bain qu'elle enclencha. Elle entra puis referma la porte derrière elle.
La pièce était simple elle aussi et comme toute les autres dans le bunker si ce n'était sans compter sur leurs effets personnels tels l'amoncellement de produits pour le corps, de bouteille de mousse à raser, de rasoirs, de brosse à dents, de brosses à cheveux, de déodorants, de savons et de gels douches sur le lavabo de céramique blanche. Le meuble en dessous était plein lui aussi de serviettes de toilettes. Il y avait un toilette dans un coin, une douche à l'italienne blanche dans un autre. Le sol était en carrelage à grands carreaux gris anthracites et les murs peints en gris clair.
Elle s'approcha du lavabo et regarda son reflet dans le miroir accroché au dessus de celui-ci. Elle était livide, avait des cernes noires sous les yeux et ses cheveux bruns qui autrefois étaient emplis de reflets étaient ternes. Elle semblait malade, faible. Mais on pouvait tout de même discerner derrière les ravages de la vie sous terre la finesse des traits de son visage, sa bouche plutôt charnue et rosée et ses jolis yeux marrons noisettes qui pétillaient toujours, avec certes, moins d'intensité qu'avant mais qui pétillaient tout de même toujours. Elle s'éloigna de quelques pas pour se voir plus en globalité. Elle était fine et plutôt musclée. Cependant sa peau était aussi pâle et maladive que sur son visage.
Fut un temps, lorsqu'elle vivait encore à la surface avec ses parents, où sa peau était plutôt bronzée. Un léger hâle la colorait. Mais ce temps était visiblement révolu.
Maya soupira, Will avait raison, elle avait besoin de sa séance d'UV. Elle avait besoin de sa dose de soleil même si celui des machines était artificiel, il imitait tout de même de façon convenable le véritable astre lumineux. Ces séances n'étaient pas pour le plaisir mais pour la santé des occupants du bunker. Elle permettait à leur peau de redevenir à quelques chose près comme à leur arrivée au bunker et à leur système immunitaire ainsi qu'à leur corps de bénéficier des bienfaits du soleil. Ils tombaient ainsi moins malades grâce à cet apport de vitamines D.
Elle ôta son pyjama qui se composait d'un short et d'un t-shirt trop grand et entra dans la douche après avoir prit son savon et sa serviette.
Elle laissa couler l'eau chaude sur son corps et se sentit petit à petit mieux. Comme si le rêve partait dans les canalisations de la douche avec les milliers de gouttes ruisselant sur son corps, la lavant de ce mauvais moment. Elle resta un moment sous l'eau, oubliant la demande de Will.
Au bout de quelques temps, elle sortit de la douche, propre, ragaillardie et réconfortée par l'eau bouillante. Elle se sécha et mit les affaires qu'elle avait posé la veille dans la salle de bain. Sa tenue comportait un slim noir simple avec un t-shirt à manches courtes gris, fluide et large. Elle mit ses baskets, passa au lavabo se brosser les dents et sortit.
Elle découvrit son ami assis sur une des chaises, un verre de jus d'orange dans la main un livre dans l'autre. Sur la table face à lui, étaient posés un autre verre de jus ainsi qu'un bol de lait et une pomme.
- Eh bah! Tu sais pas te dépêcher toi! plaisanta-t-il. Je t'ai préparer ton petit déj' pour m'occuper.
- Merci, fit-elle en souriant.
La jeune fille s'approcha de la table, tira la chaise face à son petit déjeuner et s'assit.
Ils avaient le choix de manger soit dans leur chambre, soit au self de la Salle de Vie. Si ils désiraient manger "chez eux", ils bénéficiaient d'une ration suivant le nombre de personnes y mangeant et le nombre de repas souhaités. Ils n'avaient qu'à demander au Self leur ration et la cuisiner chez eux.
Elle mangea rapidement, mit la vaisselle dans l'évier et ils sortirent de la chambre. Ils marchèrent dans les couloirs de l'étage des habitations. Il se ressemblaient tous, ils étaient en béton ciré gris. Seuls les numéros à côté des portes, ainsi que les pancartes indiquant les quartiers pouvaient servir de repère. Cependant les couloirs du quartier des adolescents étaient différents, personnalisés par leurs occupants eux-même. Ils avaient fait le trajet tellement de fois qu'ils le connaissaient par cœur. Il n'y avait personne à cette heure dans les couloirs et ils parlèrent de tout et de rien comme à leur habitude.
L'étage des habitations comportait trois quartiers. Le premier, le plus grand des trois, était celui des enfants. Les enfants y dormaient mais étant pour certains trop jeunes pour rester seuls, des adultes, les enseignants surtout, étaient répartis entre chaque chambre d'enfants et les prenaient en charge. Ils dormaient dans les seules chambres individuelles du bunker qui communiquaient avec la chambre des enseignants par une porte. Ainsi l'adulte en charge des enfants pouvait s'assurer qu'ils allaient bien. Les adultes s'occupaient de 8 enfants chacun. Ces enfants étaient les plus jeunes ( entre 7 et 10 ans maintenant et 2 ans à l'arrivée au bunker pour les plus jeunes). On estimait qu'au bunker, à l'âge de 10 ans ils pouvaient se débrouiller seuls.
Le deuxième quartier était plus petit, c'était celui de Maya, Will et de leurs amis. Le quartier des adolescents. C'était le quartier le plus vivant du fait que les jeunes s'invitaient régulièrement dans leurs chambres respectives et organisaient des "soirées" avec les moyens du bord. Les plus artistiques des jeunes avaient peint et écrit sur les murs des couloirs, essayant de leur donner un aspect plus chaleureux. D'immenses fresques étaient peintes et des murs entiers de textes se dressaient çà et là, les couloirs en devenaient plus vivants et sublimes. Les adultes ne s'occupaient pas de ce quartier; ils jugeaient que les adolescents se prenaient très bien en charge.
Le dernier quartier était celui des adultes. Ceux-ci n'étant pas nombreux, il était très petit. Les adultes qui y vivaient ne s'occupaient pas des enfants. C'étaient les gérants, les chefs du bunker. Les plus hauts placés.
Il traversèrent leur quartier, descendirent l'immense escalier principal et entrèrent dans la partie de vie. Il se rendirent dans la Salle de Vie. C'était la salle où tout le monde se rendait. Elle était presque pleine à cette heure. Tout comme le reste des salles du bunker elle était en béton ciré et grise. La seule différence était qu'elle était immense. Elle faisait la moitié d'un étage du gigantesque bunker. Elle comportait un self, bondé à cette heure, des dizaines et des dizaines de tables rectangulaires en métal froid autour desquelles des chaises de la même matière étaient placées, un coin avec une scène où se trouvaient des instruments de musique et où les Gérants faisaient leurs annonces ainsi qu'un coin avec plusieurs baby-foots, des tables basses, des fauteuils moelleux et deux ou trois consoles de jeu-vidéo vieilles de 5 ans. Le tout était éclairé par des néons à UV maintenus par des morceaux de métal donnant aux lumières un style industriel, tout comme le reste du bunker. Ces lumières contribuaient elles-aussi à l'apport de vitamine D des habitants. Il y en avait dans toutes les pièces de vie, le seul endroit où les lumières étaient des ampoules basiques était à l'étage des habitations.
Will localisa leurs amis à une table et les y rejoignit faisant signe à Maya de le suivre. La jeune fille inspira un bon coup, jeta un regard circulaire à la salle et suivit son meilleur ami, prête pour une nouvelle journée bien remplie.
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Voilà le deuxième chapitre de l'histoire, j'espère qu'il vous plaira. L'histoire se met en place doucement.
Au fait le surnom de Maya a une orthographe un peu spéciale mais Myi se prononce my ( comme le mot anglais mais je ne voulais pas mettre cette orthographe alors j'ai opté pour un truc plus... spécial).
Voilà c'est tout, à la prochaine et merci de votre lecture!
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