[Ranpo xR] Rêves de grandeurs (2/2)

A/N : Et voici cette partie deux! En principe j'avais prévu d'autres évènements en plus de ceux présents dans ce chapitre, mais je me suis dit que ce n'était pas si mal en l'état... Pour une fois que je réussis à me retenir d'écrire encore et encore T^T Au moins ça me laissera de quoi écrire pour une prochaine fois, tout n'est pas perdu!

Bonne lecture à vous~

La personne qui se tenait devant elle n'avait strictement rien à voir avec Ranpo. A la place de la mine boudeuse et adorable de son petit ami, un homme en costume noir se trouvait là, un grand sourire sur son visage, à la regarder intensément, la mettant légèrement mal à l'aise d'emblée.

-Bonsoir mademoiselle, vous avez encore terminé à une heure pas possible à ce que je vois... Vous rentrez chez vous?

Cet homme n'était personne d'autre que le vigile embauché par le département, en poste la plupart des nuits devant l'entrée de la section des capacités spéciales. Un peu envahissant, mais pas horrible à vivre pour autant de ce qu'elle avait pu remarquer.

Elle échangeait régulièrement quelques paroles avec lui lorsqu'elle partait à point d'heure de son lieu de travail (ce qui arrivait souvent), mais guère plus que des salutations et des bavardages sur la santé et des choses futiles.

Yuna n'avait pas vraiment d'opinion sur cet homme. Il était sympathique, certes, mais il avait quelque chose en lui qui ne la mettait pas entièrement en confiance. Sans savoir quoi exactement. Peut-être parce qu'il ne connaissait pas vraiment la notion d'espace personnel?

Mais qui était-elle pour lui faire la morale, sur l'un de ses traits de caractère très certainement? Tout le monde était différent, après tout. Et ce gardien de nuit l'était aussi.

Elle se munit ainsi d'un sourire fatigué, s'excusant presque de devoir se montrer devant lui aussi exténuée.

-Oui, je n'ai pas vu l'heure passer à vrai dire... J'ai même réussi à m'endormir sur mon clavier, d'ailleurs!

Le rire hystérique de son interlocuteur, qui résonna dans le hall désert ainsi que dans son esprit embrumé de sommeil, comme si elle venait de lui raconter la meilleure blague de tous les temps, lui donna mal à la tête.

Il avait toujours eu tendance à faire les choses en grand, voire même à exagérer si elle se permettait la nuance, une chose qu'avait appris Yuna au fil des conversations de quelques minutes qu'ils avaient eues jusqu'à présent. Mais, ce soir, l'envie de tranquillité était bien plus forte que le reste.

Avec la frustration, la fatigue et la culpabilité qu'elle ressentait encore vis-à-vis de Ranpo, l'envie de pleurer n'étant jamais bien loin non plus, elle n'avait pas vraiment envie d'entendre le vigile s'époumoner de la sorte.

Elle n'avait pas envie de parler tout court, en fait.  Mais c'était sans connaître l'individu.

-Vous m'avez l'air bien épuisée, en effet... Vous allez pouvoir rentrer seule chez vous? Est-ce que vous auriez besoin, éventuellement, que je vous ra-

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'il fut projeté sur le côté par quelque chose qui venait de lui rentrer dedans à toute vitesse, le faisant tomber sur ses fesses avec un cri de douleur qu'il n'avait pas réussi à retenir.

Yuna, ouvrant un peu plus ses yeux sous la surprise, du moins autant que la fatigue le lui permettait, détourna finalement le regard de l'homme à terre, seulement pour se rendre que, devant elle, à la place qu'avait occupée le vigile quelques secondes plus tôt, se trouvait quelqu'un d'autre.

-Pardon de t'avoir faite attendre, voilà pour toi~

Bien évidemment, la fusée humaine n'était nulle autre que Ranpo, qui n'avait même pas l'air d'avoir remarqué ce qu'il venait de faire. Mais Yuna, elle, n'était pas dupe.

Son petit ami l'avait fait exprès, bien entendu. Il avait un grand sourire collé sur les lèvres, et lui tendait une tasse en carton fumante, qu'elle prit dans ses mains gelées en soupirant à la chaleur qu'elle lui procura presque aussitôt.

-Excusez moi, mais vous n'avez pas l'impression que quelque chose ne va pas? Vous pourriez vous excuser au moins! Vous êtes qui d'abord, comment êtes-vous entré ici?

Aux questions interminables du garde, qui s'était relevé entre temps, Ranpo prit un air ennuyé, daignant, dans sa grande bonté, tourner son attention vers l'homme furibond.

-Comment je suis rentré? Facile, il faut croire que les vigiles ne font pas bien leur travail ici... marmonna-t-il en secouant sa main distraitement, comme si l'objet de ses dires n'était pas juste à côté de lui en ce moment.

Quant aux autres questions, elle restèrent finalement sans réponse, Ranpo préférant reposer son regard sur quelque chose qui en valait bien plus la peine. En tendant une main, celle qui ne portait pas sa propre boisson, le brun attrapa celle glacée de sa petite amie, qui se laissa volontiers faire, trop fatiguée pour résister.

Pas qu'elle en aurait spécialement envie, de toute manière. La main de Ranpo était si chaude qu'elle ne ressentait aucunement le besoin de la laisser filer. Au contraire, elle se pressa un peu plus contre lui, la joue posée sur son épaule, et se laissa ainsi guider en direction de la sortie par le garçon aux cheveux bruns.

Son chevalier en armure brillante venait de la sauver d'une situation délicate, de laquelle elle n'aurait pas su se dépêtrer toute seule. Non seulement de son travail en lui-même, mais également du vigile un peu trop envahissant.

-Merci Ranpo, murmura-t-elle non loin de son oreille, faisant de son mieux pour ne pas s'endormir ici et maintenant.

Elle sentit la main du brun se resserrer un peu plus autour de la sienne, qui commençait progressivement à se réchauffer à son contact. 

-Je vois pas de quoi tu parles, lui répondit-il de sa plus belle voix innocente, en prenant une longue et bruyante gorgée de sa boisson, à l'aide de la paille qui y était plantée.

Yuna se contenta de rire légèrement, avant de porter sa propre boisson à ses lèvres, la goûtant pour la première fois. Il s'agissait d'un chocolat chaud, loin d'être le meilleur et également celui qu'elle prenait tous les jours au travail, mais dans son état d'épuisement intense tout lui paraissait délicieux.

Ranpo avait eu le réflexe de lui rajouter du sucre, comme elle l'aimait. Et lui aussi, accessoirement. Sur ce coup-là, ils partageaient tous les deux la même passion pour les choses sucrées.

Bien qu'elle n'en mangeait pas autant que Ranpo, c'était certain.

Avant même de pouvoir arriver à l'arrêt de bus qui allait les ramener chez eux, leurs chocolats respectifs avaient été terminés jusqu'à la dernière goutte, et leurs emballages jetés dans la première poubelle qui croisa leur chemin.

Maintenant qu'elle y pensait, connaissant un minimum le garde de nuit de son lieu de travail, il était étrange qu'il ait abandonné la partie aussi facilement, si elle osait le dire ainsi. Elle avait déjà essayé, par le passé, de lui faire comprendre qu'elle n'était pas vraiment dans le bon état d'esprit pour discuter, mais il n'avait jamais eu l'air de comprendre.

Ou peut-être ne voulait-il pas comprendre, justement?

Elle n'était pas la petite amie du plus grand des détectives pour rien. Elle se doutait que cela avait quelque chose à voir avec ce dernier, mais cependant elle ne savait pas quoi. Est-ce le fait de la savoir déjà en couple qui avait découragé le vigile?

Elle ne pouvait pas avoir plus raison que présentement. Car, à son insu, quelques minutes plus tôt, alors qu'ils se trouvaient encore dans le hall, sur le point de partir et qu'elle venait tout juste de poser sa tête sur l'épaule de Ranpo, celui-ci avait jeté un regard si meurtrier au pauvre homme qu'il n'avait pas osé ajouter quoi que ce soit d'autre.

Puis, alors qu'il s'éloignait avec Yuna contre lui, il avait pointé ses deux yeux de son index et de son majeur, avant de faire de même en direction de l'importun, lui promettant silencieusement que, s'il osait de nouveau parler à cette fille, il en subirait les conséquences directes et irréversibles.

Mais cela, Yuna ne l'avait pas vu. Elle s'en doutait, mais elle n'aurait pas pu l'affirmer à cent pourcents pour autant. Surtout que le visage enfantin de son petit ami, lorsqu'il faisait de grands signes devant le bus pour que ce dernier s'arrête, disait tout le contraire.

Comment un garçon si innocent serait-il capable de menacer de mort quelqu'un d'autre?

La réponse tenait en un seul mot: impossible. Et pourtant...

Et pourtant.

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Elle failli s'assoupir durant le trajet de retour, le visage bien calé entre la joue et l'épaule de Ranpo. Heureusement, avant qu'elle n'ait le temps de plonger dans le pays des rêves une fois de plus, ce fut la voix du brun qui l'en empêcha.

-On est arrivés~ chantonna-t-il doucement, sachant que dans des moments comme celui-ci Yuna aimait que l'on parle à voix basse, pour ne pas lui vriller les tympans.

Pas comme le garde de nuit de plus tôt, en somme. Ce qui lui fit gonfler le cœur de fierté, sachant qu'il était le seul à connaître la jeune femme de la sorte. Il la comprenait même mieux qu'elle se comprenait elle-même, si c'était possible.

Arrivés chez eux, après quelques minutes de marche supplémentaires, Yuna se dépêcha de prendre une douche, trop pressée d'aller au lit pour profiter de l'eau chaude comme elle le faisait habituellement.

Ce fut au moment de sortir, alors qu'elle prenait sa serviette pour éponger l'eau sur sa peau, qu'elle réalisa qu'elle avait oublié de prendre son pyjama. Elle grommela des insultes à voix basse, trop épuisée pour tenter de les contenir comme elle essayait d'ordinaire, qui s'évanouirent cependant au moment où elle découvrit que ses vêtements de nuit étaient tout simplement...

A côté du lavabo. Elle était pourtant certaine de ne pas les avoir pris... Fut ce qu'elle pensa avant de trouver d'elle-même la réponse à sa question. Avec un sourire attendri, elle enfila le pyjama, avant de sortir de la salle de bain et de se diriger vers la chambre à coucher, vérifiant au passage si la porte d'entrée avait bien été verrouillée.

Elle éteignit les lumières sur son chemin, et ferma doucement la porte de la chambre derrière elle, seule la lueur de la lampe de chevet illuminait encore la pièce.

Sans pouvoir résister plus longtemps, la jeune femme se laissa choir sur le matelas moelleux du lit double avec un soupir vaincu, qui était mille fois plus confortable qu'un bureau et qu'un clavier, c'était certain. Elle était tellement reconnaissante envers son petit ami qu'elle aurait pu en pleurer si elle l'avait vraiment voulu.

Trouvant le courage de se reprendre quelque peu, Yuna se mit alors à ramper à même le matelas, afin de pouvoir atteindre l'autre moitié du lit, où se trouvait déjà allongé son petit ami, lui aussi en pyjama, et qui était occupé à lire un livre.

Elle vint se blottir contre lui, passant sous les couvertures chaudes et les remontant jusqu'à son nez, alors qu'il déplaçait un instant ses bras pour lui permettre de se rapprocher de lui, avant de les rabaisser tout en l'enlaçant doucement, le livre toujours dans ses mains.

La jeune femme entremêla ses jambes avec celles de Ranpo, qui siffla doucement à la froideur de ses pieds contre sa peau chaude, arrachant un petit rire amusé à Yuna.

Elle jeta un œil distrait au livre qu'il lisait, réalisant qu'il s'agissait d'un ouvrage de son ami écrivain, qu'il avait certainement ramené dans le but de l'évaluer.

Fermant finalement ses yeux exténués, elle vint enfouir son nez dans le pyjama de Ranpo, accordant à son corps le repos qu'il avait tant mérité.

-Merci.

Que ce soit pour être sorti à une heure pareille pour aller la chercher, pour lui avoir acheté ce chocolat, pour l'avoir défendue contre un garde un peu trop collant, sans oublier son pyjama qu'il avait glissé dans la salle de bain lorsqu'il s'était aperçu qu'elle l'avait oublié...

Et puis, tout simplement pour rester à ses côtés malgré tout, malgré son obsession parfois préoccupante pour son travail,  qu'elle accomplissait par moments jusqu'à n'en plus pouvoir et jusqu'à tomber d'épuisement à même son bureau.

Si Ranpo n'avait pas été à ses côtés, elle savait que ses rêves de grandeur ne seraient restés qu'au stade de songe, purement et simplement.

-Mmmh? Je vois pas de quoi tu parles, répondit le brun d'une voix faussement distraite, faisant mine d'être plongé dans son livre et de ne pas savoir ce qu'il se passait autour.

Mais elle le connaissait trop bien pour se laisser berner. Elle savait que, même après n'avoir lu que quelques pages, il avait déjà deviné qui était le meurtrier. A la place, elle passa ses bras autour de la taille de son petit ami, trouvant le sommeil en quelques secondes à peine, grâce à la main qui caressait lentement ses cheveux.

Celle de Ranpo, aux lèvres étirées par un doux sourire, qui regarda un instant sa petite amie ainsi assoupie.

Chaque soir, lorsque Yuna et lui s'endormaient enlacés de la sorte, il savait.

Que c'était là son propre rêve de grandeur qui se réalisait une fois de plus.

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