[Poe xR] Cette voix qui est la tienne

A/N : Je ne peux décemment pas continuer à écrire dans ce recueil sans le faire sur Poe, que j'adore tout simplement :3 J'espère que ce OS sera à votre goût, je vous en souhaite une bonne lecture! Aucun spoil à déplorer au fait hehe

-Et voilà! Je pense que celle-ci sera beaucoup mieux que la précédente, on va essayer ça tout de suite!

Quelques instants après que la jeune femme ait pianoté sur son propre téléphone, un doux chant d'oiseau avait envahit les alentours auparavant silencieux. Il mit quelques secondes de plus avant de se rendre compte que le son provenait bel et bien de son portable, que venait tout juste de lui restituer sa camarade.

Sur l'écran, le nom de Yumi était inscrit, juste au-dessus d'une phrase qu'il ne voyait que peu de fois: "appel entrant". Il n'eut cependant pas le temps de décrocher, sans savoir pourquoi il avait ressentit ce besoin puisque ce n'était pas le but de la manœuvre, alors que l'écran redevint noir.

-Cette sonnerie est quand même bien mieux que ces cris de corbeaux stridents que tu avais mis, tu ne penses pas Ed?

Ne sachant pas quoi dire, Poe se contenta d'hocher la tête de haut en bas, ses cheveux couvrants comme d'habitude ses yeux et ses joues légèrement rouges. Karl, fidèle à lui-même également, reposait sur le sommet de sa tête, se prélassant comme si les lieux lui appartenaient.

Honnêtement, il ne se souciait pas vraiment de sa sonnerie de téléphone, pour le peu de fois où il avait le loisir de l'écouter. Mais, si cela suffisait à donner le sourire à sa camarade, alors il voulait bien y accorder un peu plus d'attention que d'ordinaire.

Et puis, même s'il sursauterait inévitablement en constatant que quelqu'un l'appelait, au moins ce serait d'une façon un peu plus douce à présent.

-Je te contacterai aussi souvent que possible, comme ça tu pourras entendre les petits oiseaux encore et encore. Ça te va? sourit Yumi en parlant de sa voix douce caractéristique, cette voix qu'il aimait tant entendre.

S'il avait eu la possibilité de choisir lui-même sa sonnerie, il aurait très certainement porté son choix sur un sample de la voix de la jeune femme. Ainsi, aucune chance pour lui de prendre peur. Au contraire, il attendrait avec impatience le moindre appel qu'il pourrait recevoir.

Mais c'était extrêmement bizarre, alors il en était absolument hors de question. Yumi était très compréhensive, c'était indéniable, mais elle aurait de bonnes raisons de s'inquiéter si jamais cela venait à arriver réellement.

A la place, il rangea précieusement le téléphone à l'intérieur de sa poche, un petit sourire joyeux sur les lèvres. Karl choisi cet instant pour sauter de sa tête, afin d'atterrir sur les genoux de Yumi, qui rigola légèrement à cela.

-Tu veux des câlins, petite chose mignonne? 

Comme s'il était réellement en mesure de la comprendre, le raton-laveur se retourna sur le dos, afin de laisser la jeune femme gratter son estomac doucement. Quelques instants passèrent ainsi, dans un silence apaisant, alors que le vent caressait lentement leurs formes assises au pied d'un arbre aux feuilles d'un vert luxuriant.

Un silence qui était loin d'être nouveau pour eux, qui avaient seulement besoin de la présence l'un de l'autre pour se rassurer et savourer cet instant magique. Un instant qui restait gravé dans son âme encore aujourd'hui.

Mais, aujourd'hui, il avait envie d'autre chose.

Il voulait entendre sa voix, alors le silence l'attristait. Comme s'il avait peur que quelque chose n'arrive et qu'il ne puisse plus jamais l'écouter.

Yumi, toujours fidèle à ses habitudes, sembla remarquer que quelque chose n'allait pas chez lui avant même que lui ne s'en rende compte. Elle le voyait se mordre les lèvres d'inconfort, tortiller ses doigts les uns avec les autres, comme s'il souhaitait dire quelque chose qui ne voulait pas sortir, et la tension de ses épaules allait également dans ce sens.

Poe était toujours plus ou moins tendu et craintif, ce n'était pas nouveau, mais en sa présence il avait appris à se relâcher malgré tout. Le fait qu'il soit aussi crispé présentement ne pouvait signifier qu'une chose: il y avait quelque chose qui le dérangeait.

Si elle lui demandait de face, il se contenterait de bégayer que tout allait bien. Alors, comme elle avait appris à le faire, elle l'observa en silence, suivant le regard du jeune homme qui fixait...

Ses genoux, là où était allongé Karl, qui la laissait caresser sa fourrure avec grand plaisir. Et là, tout de suite, elle compris. Elle laissa un doux sourire se dessiner sur ses lèvres, rigola légèrement, avant de demander au raton-laveur de se pousser pour quelques instants.

Puis, alors que l'animal obéissait, bien qu'en grognant de mécontentement, Yumi vint tapoter ses genoux, plongeant ses yeux dans ceux à moitié visibles de Poe, le faisait écarquiller ses pupilles sombres.

-Tu viens? Je ne sais pas si mes genoux sont les plus confortables que la Terre ait jamais portés, mais Karl a semblé s'en contenter quelques instants... Tu devrais essayer toi aussi!

Au comble du rougissement, Poe hésita quelques secondes avant de se décider ; s'il laissait passer une telle chance qui sait quand elle se présentera de nouveau? Il entreprit ainsi de s'allonger, tremblant à l'idée de faire un geste qui ruinerait le moment, déposant sa tête sur les genoux de Yumi avec autant de prudence que si elle avait été une poupée de verre, alors que Karl s'installait sur son torse, roulé en boule.

De là où il était, il pouvait désormais voir les yeux de la jeune femme mieux que jamais. Chaque nuance, chaque reflet, chaque couleur qui les composaient. S'il se concentrait un peu, il pouvait même apercevoir sa propre réflexion, piégée au beau milieu d'un sentiment d'adoration qui lui était bien évidemment destiné.

Yumi le regardait avec tout l'amour dont elle était capable, tandis que sa main venait se perdre dans ses mèches sombres, découvrant ses yeux grands ouverts, qui épiaient chacun des gestes de la jeune femme.

-Ferme les yeux, détends-toi, lui murmura sa camarade de sa voix douce caractéristique, tout en caressant lentement ses cheveux. Je ne vais nulle part.

Et cette simple phrase eut le mérite de lui faire monter les larmes aux yeux. Sans rien dire, Yumi vint essuyer les gouttes d'eau qui avaient commencées à couler le long de ses joues, alors qu'il fermait les yeux dans l'espoir de s'imprégner de cet instant dans les moindres détails, pour toujours et à jamais.

Le souffle du vent sur sa peau, la sensation moelleuse des genoux de sa camarade qui soutenaient sa tête, la douce caresse d'une main délicate dans ses cheveux, de même que la voix qu'il aimait tant qui chantonnait à voix basse, comme si elle lui murmurait un secret qui ne serait jamais connu que d'eux seuls.

C'était ce genre d'instant qui lui faisaient regretter la dure réalité. Car, il le savait parfaitement, tous les bons instants arrivent à leur terme un jour ou l'autre. Il pouvait certes les revivre encore et encore grâce à son pouvoir, se plonger littéralement dans ses écrits et regoûter au plaisir de ces instants passés, mais la réalité revenait toujours le chercher à un moment donné.

Lorsqu'il rouvrit les yeux, il n'y avait plus aucune trace de l'arbre, du vent ou même de Yumi. Seul un plafond gris l'accueillit de toute sa morne splendeur, alors qu'il sentait le livre de son souvenir retomber sur ses genoux, qu'il referma d'une main tremblante. Jusqu'à la prochaine fois où il voudrait revivre cette douce réminiscence du passé.

On lui avait toujours dit que, de toutes les morts possibles, la maladie était l'une de celles qui était la moins douloureuse. Un jour fatidique qui se rapprochait inexorablement au rythme de la dégradation physique et mentale de l'être aimé, et qu'on avait plus ou moins le temps de voir arriver de loin, beaucoup moins brutal qu'un accident ou qu'un suicide.

Alors pourquoi cela lui faisait-il aussi mal, malgré tout ce que pouvaient dire les autres? Pourquoi n'arrivait-il pas à se détacher de ce souvenir, à tel point qu'il l'avait couché sur le papier afin de pouvoir le revivre encore et encore à l'aide de ses pouvoirs?

Il savait parfaitement que tout ceci le faisait souffrir encore davantage, surtout lorsqu'il revenait à la réalité et qu'il se souvenait de la triste vérité. Mais, comme une drogue, il n'arrivait pas à s'en détacher.

Il n'arrivait pas à laisser partir ce livre qu'il tenait dans ses mains actuellement, et se raccrochait au mince rayon de soleil qu'il symbolisait. Qui racontait l'histoire d'une fille et d'un garçon qui s'aimaient plus que tout au monde, d'une manière si forte que la mort elle-même n'était pas assez puissante pour tout effacer.

En baissant les yeux sur ses genoux, le livre à la reliure d'or et à la couverture brune lui paraissait presque ridicule. Que ce soit à cause des lettres dorées qui étaient imprimées dessus et qui formaient le nom de sa défunte bien-aimée, ou bien tout simplement à cause de son contenu. De simples mots, de simples pages n'étaient pas en mesure d'exprimer toute la puissance de ses sentiments, toute la force de cet amour qu'il avait connu l'espace d'un soupir.

Une simple plume n'était pas capable de rendre hommage à la personne incroyable que Yumi avait été. Même la plus belle des encres de chine n'était pas suffisante pour conter le récit de cette personne incroyable qu'il avait connue.

Pour reproduire fidèlement les nuances de ses yeux, les intonations de sa voix douce.

Ses yeux dérivèrent lentement vers la droite, où reposait, sur le canapé où il était assis, un téléphone portable. Laissant de côté le livre, il attrapa le téléphone, et laissa ses doigts agir d'eux-mêmes.

Comme mus par une volonté propre, ou bien par la multitude de fois où ils avaient effectué cette action, ils trouvèrent d'eux-mêmes ce que son cœur cherchait si désespérément.

Après quelques manipulations habiles, il porta finalement le téléphone à son oreille, et attendit que les différentes tonalités aient fini de résonner dans son esprit vide. Enfin, après une attente qui lui semblait interminable, mais durant laquelle il pria inutilement tout son être pour que quelqu'un décroche réellement, une voix familière lui murmura ces quelques mots.

"Ici Yumi! Je ne suis pas disponible pour le moment, mais laissez un message et je vous rappellerai!"

Puis, alors que le bip annonçant la fin du message préenregistré retentissait, comme un rappel à la réalité suite à cette douce entrevue d'un souvenir lointain, il parla.

"Tu me manques".

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