[Oda xR] Le fil rouge de ton souvenir

A/N : Tada! Je sais qu'Oda n'est pas le personnage le plus connu de BSD, mais comme je l'aime beaucoup et que j'ai eu une idée sur lui... Bah voilà, ça donne un OS! Bonne lecture à vous~

Spoils pour l'histoire originale au fait, il faut connaître l'intégralité du passé d’Oda pour lire ceci!

   
-Qui êtes-vous? 

Cette phrase, elle avait l'impression de la connaître depuis toujours, comme si elle était gravée en elle depuis sa naissance.

Ses maigres souvenirs revinrent quelques instants plus tard, alors qu'elle se réveillait lentement d'un sommeil sans rêve. Elle avait une capacité spéciale. Elle était capable, à l'aide d'un sablier qu'elle faisait apparaître, de stopper le cours du temps pendant une durée déterminée.

Les grains de sable qui se trouvaient dans le verre ouvragé cessaient de tomber tandis qu'elle utilisait son pouvoir, et elle pouvait ainsi faire ce qu'elle désirait durant ces quelques minutes hors du temps.

Jusqu'à présent, dix minutes était le maximum qu'elle puisse faire. Mais, avec le temps, elle ne cessait de repousser ces limites. Cependant, avec un tel pouvoir...

Il y avait toujours une contrepartie. Qu'elle utilise ou non sa capacité, la finalité était la même: tous les trois ans, jour pour jour, elle perdait l'intégralité de ses souvenirs. Seul restait un seul et unique fragment de sa mémoire, celui qu'elle avait décidé de garder.

Au moment de perdre sa mémoire, elle pouvait en effet choisir un seul souvenir de sa "vie" précédente, dont elle se souviendrait jusqu'à ce qu'elle change éventuellement son souvenir sélectionné pour sa "prochaine vie".

Jusqu'à présent, elle avait souhaité conserver le souvenir de sa mère, qui était décédée lorsqu'elle était encore enfant. Elle avait oublié tout le reste, mais le sourire de sa mère était toujours bien ancré dans son esprit à chacune de ses "vies". Bien entendu, elle se souvenait également du fonctionnement de sa capacité à travers ses "vies", ce qui lui avait permis de survivre jusqu'ici.

Cela la rassurait de savoir que ce n'était pas la première fois qu'une chose pareille lui arrivait. Perdre ses souvenirs était une chose horrible, mais elle y était désormais habituée.

Présentement, elle en était à sa cinquième "vie" ; elle devait normalement avoir quinze ans désormais. Elle s'était réveillée dans un lit, dans une chambre sobrement décorée, avec pour seuls repères le souvenir de sa mère et celui de sa capacité. Un homme lui faisait face, ainsi qu'un second un peu plus en retrait.

L'homme le plus proche d'elle avait les cheveux bruns, et était couvert de pansements. Il la regardait d'un œil rempli de tristesse, les mains croisées sur son torse, avec un long manteau reposant sur ses épaules.

Elle devait très certainement le connaître de sa vie précédente, pour qu'il la regarde ainsi. Elle ne le reconnaissait absolument pas, et il ne lui disait rien du tout. Il devait avoir son âge, si elle estimait bien.

-Dazai Osamu, l'un de tes collègues, se présenta-t-il finalement. Comment te sens-tu?

-Bien... Je suppose? J'ai encore perdu mes souvenirs à ce que je vois...

Elle disait cela sur un ton détaché, comme si cela lui arrivait tous les jours... Ce qui n'était pas bien loin de la réalité, justement. Alors que le brun couvert de pansements s'asseyait sur son lit, la jeune fille vit du coin de l'œil l'autre homme bouger.

Elle se permit alors de le détailler un peu, et sans surprise il ne lui disait rien lui aussi. Un parfait inconnu, élégamment habillé, avec des cheveux noirs mi-longs tirés en arrière et des yeux violets.

-Bonjour, ravi de te revoir ma chère Rina, même si tu ne te souviens plus de qui nous sommes. Je m'appelle Mori Ougai, je suis ton supérieur. Je pense que Dazai saura répondre à tes questions et sera à même de te rafraîchir un peu la mémoire, si j'ose dire, afin que tu puisses te remettre à niveau au plus vite. 

Elle s'appelait donc Rina.

Elle se contenta d'hocher la tête de haut en bas, saluant le dénommé Mori alors qu'il s'éclipsait de la pièce. La jeune fille se retourna alors vers la seule personne restante avec elle, le brun aux pansements.

-Dazai, c'est bien ça...?

Elle vit l'adolescent lui sourire tristement, alors qu'il hochait la tête en guise d'approbation. Comme l'avait souhaité leur supérieur, si elle ne disait pas de bêtise, il lui indiqua tout ce qu'elle avait besoin de savoir sur sa vie précédente.

A priori, elle travaillait au sein de la Mafia de Yokohama, en tant que membre très précieux qui plus est, tout cela grâce à son pouvoir impressionnant. Depuis qu'elle avait rejoins l'organisation, c'était apparemment la première fois qu'elle "reprenait sa vie de zéro".

Sachant qu'elle avait désormais quinze ans, elle avait rejoins la Mafia moins de trois ans auparavant. Fait confirmé par Dazai, qui lui raconta qu'elle travaillait pour eux depuis à peine deux ans, lorsqu'elle avait treize donc, alors que lui-même n'était pas encore arrivé.

Perdre ses souvenirs avait un bon côté, songea-t-elle en observant le visage à moitié caché par les pansements de son collègue, se demandant si elle avait pensé à la même chose durant ses vies précédentes. Si elle n'avait pas de souvenir auxquels se rattacher, hormis le seul et unique qui lui était possible de garder, elle était parfaitement malléable aux bons vouloirs de ses proches.

Elle ne prenait absolument pas mal le fait d'être membre d'une Mafia, ni même celui de tuer des êtres humains de temps à autres. Elle n'avait aucun moyen de savoir si ces choses étaient vraies hormis au travers du témoignage des autres, alors elle n'avait pas vraiment le luxe de décider quoi faire.

L'on pouvait faire d'elle ce qu'on voulait, puisque de toute manière elle ne s'en souviendrait pas trois ans plus tard.

Ce fut ainsi qu'elle, Rina, se replongea de nouveau dans cette vie obscure et sanglante qu'était celle de la Mafia. Avec rien de plus en tête que de survivre trois années supplémentaires, afin de garder en vie le souvenir de sa défunte mère aussi longtemps que possible.
    
    

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Elle savait que l'échéance se rapprochait à grands pas, et toutes les résolutions suivant son réveil dans cette vie étaient toutes parties à la trappe depuis longtemps. Elle ne voulait pas tout oublier encore une fois, elle ne voulait pas repartir de zéro alors qu'elle avait créé tous ces souvenirs à la seule force de ses mains.

Était-ce le même état d'esprit qui caractérisait ses fins de vie précédentes, avait-elle déjà pleuré et supplié pour que ses souvenirs ne lui soient pas retirés une fois de plus, dans le passé? Ou avait-elle, au moment fatidique, accepté ce qu'elle ne pouvait de toute manière pas fuir?

Elle savait que, dans tous les cas, elle n'avait jamais voulu de ce pouvoir. Arrêter le temps était une faculté séduisante, certes, mais la contrepartie était beaucoup trop lourde à porter une fois les trois années écoulées.

Mais, si elle n'avait jamais eu cette capacité, elle n'aurait jamais pu rentrer dans la Mafia, elle le savait. Mori était tout particulièrement intéressé par ce qu'elle pouvait faire, et la gardait auprès de lui précieusement, comme il le faisait avec Dazai ou même Chuuya, plus récemment.

Et, si elle n'était jamais entrée dans la Mafia, jamais elle n'aurait pu rencontrer Oda. Un homme plein de bonté et de droiture, qui n'avait strictement rien à faire dans une telle organisation. Il refusait de tuer, et n'était absolument pas taillé pour ce genre de travail sordide. C'était justement pour cette raison qu'il était cantonné à de petites missions sans valeur.

Mais Rina en était reconnaissante. L'homme qu'elle avait appris à aimer était un homme bien, bien plus qu'elle ne le serait jamais. Le sang de toutes les personnes qu'elle avaient tuées couvraient ses mains, dont elle ne se souvenait même pas de la moitié, mais sous le regard d'Oda elle avait l'impression de pouvoir tout oublier de nouveau.

Elle oubliait toutes les horreurs commises, et seuls les bons moments restaient. Ce qu'elle avait toujours espéré, mais sans que cela ne lui soit jamais accordé. Car, à chaque fois, les bons comme les mauvais lui étaient retirés. Sans distinction, sans même une once de sympathie.

Elle savait que, au moment où la troisième année serait passée, elle oublierait tout. Dazai serait à nouveau obligé de la renseigner sur sa vie précédente, et le souvenir de ses proches s'effacerait à tout jamais. La forçant à en reconstruire de nouveaux, encore et encore.

Lorsqu'elle croisait le regard d'Oda, elle sentait son cœur palpiter de douleur à l'idée de le perdre, lui tout particulièrement. Elle savait parfaitement qu'elle ne devait pas s'attacher, et ce pour deux raisons: tout d'abord parce que c'était inutile pour elle, mais également pour son propre bien à lui.

Si elle venait à oublier, lui ne le ferait pas. Ses souvenirs resteraient intacts, et il serait alors condamné à regarder Rina continuer à vivre sans qu'elle ne le reconnaisse. C'était pour cette raison qu'elle ne lui avait rien dit concernant son pouvoir et ses conséquences.

Oda n'était pas au courant que, dans quelques mois à peine, elle ne se souviendrait de rien. Et elle n'avait pas le courage de lui annoncer. Seul Dazai était au courant de ce fait, et lui non plus ne disait rien, respectant la volonté de Rina.

Ainsi, malgré le sentiment écrasant de culpabilité, la jeune fille s'était laissée tenter par le réconfort que lui apportait Oda. Il était sa bouée de sauvetage, son phare dans la nuit. Elle se contentait de vivre pleinement le temps qu'il lui restait dans cette vie, sans se soucier de celle qui arrivait à toute vitesse.

Elle découvrait l'amour dans le creux de ses bras, le bonheur dans la chaleur de son sourire.

En moins de temps qu'il ne fallait pour le dire, cependant, le jour fatidique était plus proche que jamais. Dans quelques jours à peine, ses souvenirs lui seraient une fois de plus retirés. Et elle n'avait toujours pas eu le courage de l'avouer à Oda, lâche comme elle l'était.

Mais, et ce depuis quelques temps déjà, une solution s'était imposée à elle comme une évidence. Elle avait le droit de conserver un seul et unique souvenir entre deux vies différentes..

Jusqu'à présent, c'était le souvenir de sa mère qui l'avait accompagnée à travers toutes ces épreuves. Sa mère avait été le fil rouge de son existence chaotique jusqu'à aujourd'hui, et jamais elle n'avait pensé que cela changerait un jour.

Mais, depuis, elle avait rencontré quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui lui donnait envie de renoncer à ce fil rouge maternel, au profit du fil rouge de l'amour.

Et si Oda avait le pouvoir de la faire changer de souvenir? La réponse était simple: oui. Alors qu'elle fermait les yeux pour la dernière fois dans cette vie, elle pensait à lui encore et encore, priant pour que le souvenir de sa mère soit bel et bien remplacé par celui de son amour.

Elle ne devait rien regretter. C'était son choix.

Lorsqu'elle se réveilla, le souvenir de sa capacité s'imposa à elle immédiatement. Puis, suivant de près, celui d'un homme aux cheveux roux foncé. Oda Sakunosuke. Elle s'en souvenait parfaitement.

Celui dont elle était tombée amoureuse dans sa vie précédente. Celui qu'elle aimait encore aujourd'hui. Le fil rouge qui la guidait au travers de son esprit dépouillé de tous ses souvenirs.

-Où est Oda...? murmura-t-elle en s'asseyant sur le lit, constatant qu'il y avait une personne présente à ses côtés.

Un jeune homme d'environ son âge, avec de courts cheveux bruns et une peau couverte de pansements. Celui-ci, à l'entente de la question, sentit ses yeux s'écarquiller en réalisant ce qu'il se passait.

Rina avait changé le souvenir qu'elle souhaitait ne pas oublier. Au lieu de sa mère, c'était d'Oda dont elle avait choisi de se rappeler.

Il n'en revenait pas. Il n'en revenait tout simplement pas.

Il se laissa tomber sur le bord du matelas, soupirant tout en se mordant la lèvre, alors qu'il réfléchissait à ce qu'il devait dire. Il releva le regard, ses yeux croisant ceux interrogateurs de Rina, qui devait se demander qui il était.

Puis, d'une voix tremblante, il commença son récit.

Il lui raconta tout.

Il lui raconta ce qu'il s'était passé quelques jours plus tôt, alors que la jeune femme était encore assoupie.

Il lui raconta comment Oda avait perdu la vie lors d'un tragique règlement de comptes, rendant le sacrifice du souvenir de sa mère complètement inutile.

Tout d'abord, elle n'en avait pas cru ses oreilles. Le seul homme dont elle se souvenait, celui envers lequel elle ressentait autant de sentiments... Était mort...?

Sans savoir ni quand ni comment, les larmes avaient commencé à couler à flots le long de ses joues, jusqu'à ce que ses cris de douleur ne remplissent la chambre.

A quoi bon savoir arrêter le temps si elle n'était même pas capable de vivre comme elle le voulait? Avec qui elle voulait?

Pour les années à venir, elle savait pertinemment que se débarrasser de ce souvenir serait la bonne chose à faire. Et pourtant, peu importe ce qu'il lui arrivait, elle ne voulu pas laisser ce fragment du passé derrière elle.

Même si cela la faisait douloureusement souffrir, de se réveiller avec pour seul souvenir celui de son amour décédé, elle le gardait comme un trésor.

Dazai avait maintes fois tenté de lui faire changer d'avis, lui affirmant que l'oublier ne lui apporterait que du bon et que Oda lui-même ne lui en tiendrait pas rigueur, mais elle ne voulait pas.

Elle avait bien évidemment quitté la Mafia en apprenant que celle-ci était en partie responsable de la mort d’Oda. Elle avait suivi Dazai, et avait repris le cours de sa vie autant qu'elle le pouvait, avec l'assurance qu'à chaque réveil il serait là pour tout lui rappeler.

Excepté bien évidemment le précieux fil rouge de son amour pour Oda, qui ne se couperait pour ainsi dire jamais.

Le fil rouge de ton souvenir.

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