[Dazai xR] Une seconde chance
A/N : Pour cette fois-ci j'ai décidé de sortir de ma zone de confort et d'écrire sur un personnage peu connu de BSD... C'est faux bien entendu. Pour la quatrième fois, il me semble, voici un petit OS sur Dazai! Et préparez-vous à en avoir beaucoup pour les chapitres à venir, je préfère prévenir XD Il est préférable d'avoir vu la saison trois pour lire, et aussi attention à quelques mentions de sang!
Le OS sur Tachihara que j'ai promis à l'une d'entre vous arrivera bientôt, ne vous en faites pas! Bonne lecture à vouuuus~
Il s'ennuyait. Ferme, même.
Il n'était pas étranger au fait que ce genre d'endroit puait bien plus la mort et la souffrance que la joie et la bonne humeur, mais cela ne devait pas pour autant devenir un prétexte pour laisser les patients sombrer dans l'ennui le plus total.
Il ne demandait pas grand chose, honnêtement. Juste une télévision, même un livre ferait l'affaire. Les infirmières qui passaient dans sa chambre étaient divertissantes l'espace de quelques minutes, surtout lorsqu'il les voyait perdre la tête sous son regard à la passion exagérée.
Mais, bien sûr, elles ne pouvaient pas rester indéfiniment à son chevet. Leur travail passait avant tout le reste, même avant l'écoute de leurs patients. Qu'elles étaient censées soigner, rien que ça.
Au lieu de cela, elles passaient volontiers davantage de temps à errer dans les couloirs sans but plutôt que de tenir compagnie à leurs malades. Les discussions allaient bon train, et bien souvent les appels désespérés des résidants temporaires passaient quasiment inaperçus des infirmières.
Les potins avant tout, évidemment.
Dazai, vêtu de sa chemise d'hôpital ridicule, se laissa une fois de plus tomber sur son oreiller, qui entra en contact avec son dos dans un froissement de tissus et un grincement de lit, qui n'était vraisemblablement pas de la première jeunesse.
L'infirmière venait de partir à l'instant, en lui aillant bien entendu soutiré au moins trois tubes de sang au passage. Pas qu'il en ait quelque chose à faire ; à force de recevoir des prises de sang, il ne ressentait plus aucune douleur. Enfin, lorsque l'infirmière était douce, bien évidemment.
Avec ses passe-temps douteux, il avait l'habitude de terminer à l'hôpital. En plus ou moins bon état, selon les cas. Pour cette fois-ci, il devait avouer qu'il avait fait fort. Se prendre une balle d'un sniper était un luxe qu'il ne s'était accordé que peu de fois, voire pas du tout.
Il avait eu extrêmement mal, ce qui le confortait dans ses décisions: cette méthode n'était pas adaptée à sa personne. Trop douloureuse, et non létale dans l'immédiat si la balle ne se logeait pas au bon endroit.
Foutu Dostoïevski, pensa le brun en poussant un soupir, la douleur de sa blessure se réveillant ce faisant. Les choses promettaient de devenir intéressantes, mais cela n'allait pas se faire sans peines malheureusement.
Qui sait combien de personnes allaient mourir alors qu'il se trouvait à l'hôpital, sans pouvoir faire quoi que ce soit, sans même un téléphone pour communiquer avec l'extérieur, qu'on lui avait interdit d'utiliser jusqu'à nouvel ordre?
Il ne se faisait guère de soucis pour ses collègues de l'agence, car ils étaient tenaces. Mais il ne pouvait s'empêcher de se sentir frustré. Surtout en sachant que leur patron, de même que celui de la Mafia, étaient aux portes de la mort. Si rien n'était fait, les deux mourraient dans quelques heures à peine.
Le regard de Dazai s'était perdu dans la contemplation de cette mince parcelle de liberté que lui offrait sa fenêtre, mais qui lui interdisait d'y accéder pour le moment, jusqu'à ce que les médecins l'autorisent à s'en aller en d'autres termes. Ou s'il décidait de s'éclipser discrètement avant, qui sait...
La porte de sa chambre s'ouvrit en grand, alors même que ces pensées mesquines passaient dans son esprit. Le faisant presque sursauter, tandis qu'il se mettait à bafouiller quelques mots inaudibles, se redressant d'un seul coup sur son matelas grinçant.
-Je pensais à rien d'interdit, promis...!
Lorsqu'il posa ses yeux écarquillés sur la porte d'entrée, le brun s'aperçu qu'une infirmière se tenait là, immobile et incertaine, qui avait très certainement entendu ce qu'il venait de dire et qui se questionnait actuellement sur sa santé mentale.
Mais, contre toute attente, un grand sourire se glissa sur les lèvres de cette nouvelle venue, qui referma doucement la porte derrière elle, regardant quelque chose sur le porte-document qu'elle avait dans les mains.
-Vous êtes bien Monsieur Dazai Osamu?
Il avait reprit son sang froid en quelques secondes seulement, et son sourire charmeur également, alors qu'il observait attentivement cette infirmière, des pieds à la tête. Elle était vêtue de l'uniforme réglementaire, et ses cheveux étaient relevés en un chignon soigné, derrière sa coiffe blanche.
-En effet, c'est bien moi... Je ne vous ai encore jamais vue malgré mes nombreuses visites, vous êtes nouvelle? Vous êtes bien jolie, ma foi...
La jeune femme se trouvait maintenant juste à côté de son lit, et lisait les notes laissées par les précédentes infirmières pour être le plus à jour possible concernant son patient.
-En effet, je viens tout juste d'être transférée ici, j'étais dans un autre hôpital avant. Quand j'ai appris que j'allais être affectée à ce service, on m'a tout de suite prévenue qu'il existait un fameux Dazai, qu'ils appellent "la terreur humaine" entre eux... Mais juste en vous voyant comme ça vous m'avez l'air sympathique, je pense que mes collègues sont un peu médisant entre vous et moi...
Alors, comme cela, il avait un petit surnom "affectif" parmi le personnel hospitalier? C'était vrai qu'il venait ici souvent, mais que justifiait un tel sobriquet? Il n'était pas si horrible que cela, si...?
Dans un coin de sa tête, les flirts incessants avec les infirmières, ainsi que les appels désespérés aux médecins pour l'autoriser à sortir d'ici, qu'il ignora du mieux qu'il put. Un grand sourire sur ses lèvres, il feignit l'ignorance.
-N'est-ce pas? Je ne comprends absolument pas comment ils ont pu penser que ce genre de surnom ne me blesserai pas... Si vous ne m'aviez pas tenu au courant, je serai resté dans l'ignorance de cet affront pendant une éternité encore... Merci Mademoiselle... (il baissa les yeux sur le badge que portait la jeune femme) Shizue! Je peux vous appeler ainsi?
L'infirmière rigola légèrement, sans qu'elle ne montre une quelconque gêne ou même un début de rougissement. Peut-être était-elle habituée à ce que l'on flirte avec elle? Ou bien n'y faisait-elle réellement pas attention?
Il existait deux types d'infirmières selon lui, de ce qu'il avait pu apprendre de ses nombreuses visites. Les premières se perdaient en bégaiements et en joues écarlates à peine croisaient-elles son regard ; les autres, elles, jouaient les dures et les inaccessibles en premier lieu, mais dès qu'il leur faisait un compliment elles rejoignaient très rapidement la première catégorie.
Cette Shizue, elle, restait souriante comme lors de son entrée dans la chambre, sans montrer aucune once de sentiment autre que l'amabilité et la gentillesse. Même les compliments n'étaient pas parvenus à la déstabiliser, ses yeux restaient tels quels, alors même qu'ils étaient le meilleur moyen de lire ce que pensait la personne à l'intérieur.
-Si vous le voulez, ça ne me dérange pas. Tout le monde m'appelle par mon prénom, même mes patients, répondit-elle légèrement, tout en sortant l'appareil utilisé pour prendre sa tension.
Il remarqua, en posant les yeux sur la montre que portait la jeune infirmière à son poignet gauche, qu'une bonne heure s'était écoulée depuis le passage de sa collègue, celle qui avait effectué la prise de sang. Cela voulait dire qu'il était resté une heure entière à fixer la rue?
Ennui, que ne nous fais-tu donc pas faire, pensa-t-il en sentant la bande de tissu se resserrer autour de son bras, alors que le son de son propre cœur lui parvenait plus distinctivement que jamais aux oreilles.
-Vous avez une bonne tension, Monsieur Dazai! J'ai le résultat de votre prise de sang, tout va bien à part peut-être une petite carence en vitamine D... Rien de grave, rassurez-vous! reprit bien vite la jolie infirmière, ne souhaitant pas achever sa tirade sur une note négative.
Elle constata que son patient lui souriait simplement, d'un sourire qui n'atteignait cependant pas ses yeux. La nuit commençait à tomber lentement, et toute la ville plongée dans l'obscurité croissante ne manquerait pas d'allumer toutes ses lumières au plus vite.
Au-dehors, le ciel était presque entièrement orangé. Shizue observa ce spectacle un moment, avant de se souvenir qu'elle n'avait pas encore terminé son travail, loin de là.
-J'aurais aimé pouvoir rester parler avec vous quelques instants de plus, mais je dois malheureusement aller voir si on a du travail pour moi ailleurs... Je repasserai vite, ne vous en faites pas!
Bien évidemment, comme il l'avait pensé plus tôt, Dazai savait pertinemment que les infirmières et les médecins n'avaient guère de temps en plus à consacrer à leurs patients, juste le strict minimum. Il comprenait parfaitement qu'ils avaient du travail, mais les jours comme aujourd'hui par exemple, qui étaient relativement calmes, échappaient à la règle. Ils préféraient cependant traîner dans les longs couloirs ou les salles de repos pendant leurs moments de libre, que de les passer auprès des personnes qu'ils étaient censés soigner et choyer.
Il les voyait régulièrement arpenter les couloirs sans réel but, lorsque les environs étaient calmes comme aujourd'hui, alors il était parfaitement au courant de ce qu'ils faisaient.
S'ils ne pouvaient réellement pas venir, pourquoi ne pas mettre de télévision dans les chambres par exemple, pour empêcher leurs patients de tourner en rond comme un lion en cage?
Il devait se l'avouer, l'ennui qui se profilait de nouveau à l'horizon ne le réjouissait absolument pas. Les pensées de ses camarades qui combattaient à l'extérieur lui revinrent en mémoire, alors qu'il voyait l'infirmière partir, fermant doucement la porte derrière elle.
La mort dans l'âme, il se laissa de nouveau aller contre son oreiller, levant le nez pour observer le plafond sans même le voir. Puis, en fermant les yeux, il se força à dormir quelque peu, ce qui pourrait certainement l'aider à tromper son ennui.
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Il se réveilla, plusieurs heures plus tard, par le son de sa porte que l'on ouvrait lentement. Croyant qu'il dormait toujours, l'intru marcha sur la pointe des pieds jusqu'à son lit, et il resta aussi immobile que possible.
Qui était-ce? Les infirmières et les médecins n'avaient pas pour habitude de faire aussi attention aux bruits qu'ils faisaient lorsqu'ils rentraient dans les chambres de leurs patients. Et, surtout, ils allumaient la lumière, quitte à aveugler le malade qui souhaitait juste pouvoir dormir tranquillement pour récupérer de leurs malheurs.
Cet hôpital était un hôpital de sauvages, il l'avait toujours dit.
Un bruit de grattement se fit entendre non loin de son oreille, alors que ses propres yeux s'entrouvrirent lentement, assez pour qu'il puisse voir quelque chose mais pas suffisamment pour que l'intru s'en rendre éventuellement compte. Sa respiration était toujours calme, mais ses pensées fusaient à cent à l'heure.
Était-ce l'un des hommes de main de leurs ennemis, qui l'avait retrouvé et qui avait reçu la mission de l'achever, comme par exemple en glissant du poison dans sa perfusion?
Il ne servait à rien de continuer de faire semblant de dormir, à présent. La personne était toujours là, et si elle désirait vraiment lui faire du mal il n'avait aucun moyen de se défendre. Autant accepter les choses sans résister.
Sa main silencieuse atteignit l'interrupteur juste au-dessus de sa tête, et la lumière de son lit illumina alors l'intégralité de la pièce, prenant par surprise l'intru, qui laissa tomber quelque chose dans sa panique, qui vint rencontrer le sol avec un bruit sourd.
Seulement, au lieu de trouver un homme, envoyé ici pour le tuer, ce fut une jeune femme dans un uniforme d'infirmière qui se trouvait là, le regardant avec ses yeux écarquillés.
-Ah...! Vous ne dormiez pas? Je vous ai réveillé, pardon!
Il reconnu très vite l'infirmière de plus tôt, avec sa gentillesse exacerbée mais sincère et sa remarquable résistance à ses flirts grossiers. Que venait-elle faire ici, au juste? Il n'était pas rare, quoique peu fréquent s'il était honnête, que des personnes passent dans sa chambre la nuit pour s'assurer qu'il n'était pas mort, mais jamais dans le noir complet.
Comme une voleuse, pensa-t-il en haussant un sourcil de curiosité. Ce sentiment fut renforcé lorsqu'il posa les yeux sur ce que venait de faire tomber la jeune femme. Par terre, un livre, que la dénommée Shizue se dépêcha de récupérer.
-Je suis vraiment désolée, reprit-elle, honteuse. J'ai essayé de faire le moins de bruit possible pourtant... Je voulais déposer ceci sur votre table de chevet, et repartir sans vous réveiller... On dirait que mon plan est un fiasco, acheva-t-elle en se grattant le cou d'inconfort.
Elle lui tendit alors le livre, qu'il prit entre ses mains, intrigué. "La femme de Villon", disait le titre. Il était certain d'avoir déjà entendu ce nom quelque part, mais il ne saurait dire d'où.
-Lorsque je n'ai rien à faire chez moi j'aime me plonger dans la lecture, reprit la jeune infirmière, aillant retrouvé son sourire. Vous aviez l'air de beaucoup vous ennuyer, alors j'ai pensé vous prêter l'un de mes livres...
Dire qu'il était surpris était encore bien trop insignifiant pour décrire son état d'esprit actuel. Il était tout simplement sans voix, en regardant le livre posé sur ses genoux. Avec toutes les visites qu'il avait rendues à cet hôpital, il n'avait encore jamais connu de telle situation.
D'habitude, même s'il disait qu'il s'ennuyait à voix haute, personne ne le prenait au sérieux, et lui disaient de s'occuper en comptant les lattes du plafond (sans blague) ou en dormant. Lui apporter un peu de lecture, juste un simple livre, n'avait jamais été la priorité de ses soignants.
Le sentiment qui s'insinua en lui gonfla son cœur, et un grand sourire se dessina sur ses lèvres, alors qu'il reportait son attention sur l'infirmière.
-C'est adorable de votre part, Mademoiselle Shizue! Je ne sais pas comment vous remercier!
La jeune femme rit légèrement, penchant sa tête sur le côté en lui rendant son sourire.
-Inutile de le faire, rien que vous voir heureux me suffit! Mais si vous voulez réellement me rendre la pareille, promettez-moi de faire un peu plus attention à vous. Je serai heureuse de pouvoir vous revoir, mais l'hôpital n'est peut-être pas le meilleur des endroits pour ceci.
Il resta un moment sans bouger, avant qu'un sourire en coin ne vienne se glisser sur ses lèvres.
-Est-ce que c'est une invitation à un rendez-vous, éventuellement? Si c'est le cas je ne peux pas la refuser.
Shizue rit de nouveau, secouant légèrement la tête de droite à gauche comme pour lui indiquer qu'il disait n'importe quoi. Cependant, la réponse qu'elle lui donna fut tout à fait différente de celle qu'il avait attendue.
-Pourquoi pas? Mais je vous préviens, je n'embrasse jamais au premier rendez-vous. Ni au deuxième, en fait. Je suis plutôt difficile. Ça vous va?
Il ne put retenir un éclat de rire, qu'il étouffa bien vite lorsqu'il se souvint qu'il n'était pas tout seul dans cet hôpital. Il n'avait pas envie de se faire crier dessus par la jeune infirmière.
-Parfait. Je n'en demandais pas tant, répondit-il avec espièglerie, gagnant un regard amusé de la jeune femme.
Un son soudain les interrompit cependant, les sortant de leur petit monde créé à deux. Il s'agissait du bipeur de Shizue, qui était glissé dans la poche de sa jupe, et dont elle s'empara en grimaçant.
-J'ai échappé au regard de mes supérieurs pour venir ici, et bien entendu ils me cherchent... Je vais devoir repartir, mais j'attends votre invitation à ce rendez-vous et votre avis sur le livre de pied ferme, n'oubliez pas surtout!
Puis, en lui adressant un signe de la main, Shizue disparu par la porte de sa chambre, qui replongea dans un silence étrangement apaisant, et non plus pesant comme il l'avait été avant cette conversation salvatrice.
Il repensa un long moment aux paroles de la jeune femme, alors qu'il ouvrait le livre pour le commencer directement, curieux de voir quel genre de lecture plaisait à Shizue. Lui, "heureux"? Même s'il avait été content de voir que quelqu'un ici se préoccupait sincèrement d'un homme de son espèce, n'était-ce pas là une simple exagération?
Au fond de lui, cependant, il savait que ce sentiment qu'il ressentait était bel et bien une étincelle de bonheur. Une étincelle qui avait réussi à s'embraser dans son cœur pourtant si froid et meurtri par la vie qu'il avait vécue.
Peut-être que, s'il pouvait se permettre d'être utopiste, ce bonheur dont tout le monde parlait n'était pas si inatteignable qu'il ne lui avait apparu en premier lieu...? Qu'il méritait, comme tout le monde, une seconde chance...?
Cette jolie infirmière était sacrément douée. Et pleine de surprises, également.
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