[Dazai xR] Les maux de mon âme


A/N : Petite question importante : pour les OS les plus longs, comme celui-ci qui fait plus de 5600 mots, est-ce plus confortable pour vous que je le fasse en une seule partie, ou bien que je le découpe en plusieurs? En tout cas profitez bien de ce "petit" OS sur Dazai, c'est rare que j'en fasse sur lui 😗 bonne lecture~

Présence de sang mais rien de bien méchant au fait *^*  

Mariko était une modeste petite employée de la célèbre agence des détectives armés, avec une capacité inutile au combat mais fort appréciée pour les enquêtes tout simplement. On lui donnait souvent des affaires à résoudre seule, sachant qu'elle les menait toujours à bien en donnant le meilleur d'elle-même à chaque fois, si bien qu'elle avait fini par devenir une membre incontestablement précieuse pour leur petite agence.

A ses yeux, cependant, ce qu'elle faisait n'avait pas vraiment de valeur, surtout lorsqu'elle le comparait à ses collègues. Ranpo résolvait des énigmes aussi facilement qu'il respirait, Yosano possédait un pouvoir de guérison hors du commun qui avait de maintes et maintes fois sauvé la vie de ses alliés (Mariko comprise), Kunikida était le détenteur d'un esprit combatif et d'une détermination sans bornes, leur patron dirigeait d'une main habile cette grande diversité de personnes, avec bien entendu tous les autres membres, tous plus incroyables les uns que les autres.

Mariko, elle, avait simplement la capacité de réfléchir incroyablement vite, ce qui n'était cependant rien comparé à Ranpo, qui n'avait même pas de pouvoir pour commencer. Bien qu'il ne veuille pas l'avouer, ni aujourd'hui et encore moins demain.

Le fait de se comparer systématiquement aux autres était tout ce qu'elle avait toujours fait, depuis qu'elle avait pris conscience du regard qu'on pouvait lui porter selon ce qu'elle faisait ou disait. Elle regrettait souvent l'insouciance de sa jeunesse, des années où elle ne se préoccupait nullement de ce que les autres pensaient d'elle. A présent, et depuis des années entières, elle vivait dans la crainte constante de ne pas être à la hauteur.

Ses collègues louaient souvent ses prouesses et ses réussites, mais elle n'avait jamais réussi à accepter pleinement ces récompenses, même si elle arborait toujours un sourire timide et poli lors de ces occasions.

Elle savait qu'ils n'étaient pas réels, ces sourires. Car, au fond d'elle, l'anxiété de ne pas être à la hauteur quoi qu'il arrive la rongeait de l'intérieur. Et si elle ne réussissait pas ses missions, et si ses collègues commençaient à se demander ce qu'elle faisait ici, et si, et si...

Toutes ces questions, derrière son apparence calme, tournaient en boucle dans son esprit, à un point tel qu'elle se sentait sur le point de craquer à tout instant. Dans ces moments difficiles, elle se rendait compte que sa capacité, qu'elle ne trouvait que guère utile en temps normal, devenait tout simplement abominable.

Réfléchir plus vite que les autres, avec le nombre affolant de questionnements qui s'immisçaient en elle à longueur de journée, la torturait littéralement de l'intérieur. Elle avait un jour appris que les personnes qui apprenaient beaucoup, et qui s'intéressaient à bon nombre de sujets divers et variés, étaient les plus sujettes à la déprime et à la mélancolie.

Pour elle, qui était sans cesse noyée d'informations nouvelles, de son plein gré ou non, vivait cette existence comme un enfer. Un enfer silencieux, qui se déchainait derrière ce masque calme et tranquille qu'elle portait en permanence.

Qui avait dit que les capacités étaient quelque chose d'agréable, presque un cadeau de Dieu? Encore une fois, ces pensées égarées la suivaient comme son ombre, où qu'elle aille, même sur son lieu de travail d'aujourd'hui.

Elle avait rempli sa mission sans même s'en apercevoir, avait été remerciée par les clients, et était rentrée à l'agence à pas lents, regardant sans réellement les voir les passants autour d'elle, qui souriaient grandement, qui riaient de façon authentique, en un mot comme en cent qui étaient heureux.

Mais n'était-elle pas heureuse, elle aussi? Elle possédait des choses que d'autres personnes désiraient plus que tout, alors elle devait forcément l'être. 

Elle ne s'était même pas rendue compte avoir atteint sa destination, ni même d'avoir salué avec son sourire habituel le patron du café situé sous l'agence, dont elle monta les marches lentement, comme pour se reconnecter à la réalité.

Il fallait qu'elle se reprenne. Elle devait encore écrire le rapport de sa mission fraîchement accomplie, et partir pour les suivantes aussitôt cette formalité effectuée.

Elle rentra dans l'agence en adressant ses salutations aux quelques membres présents, qui lui rendirent distraitement. Elle se dirigea ensuite, dans le calme, vers son propre espace de travail, déposant ses affaires non loin, prête à s'installer devant son ordinateur lorsque la porte menant au bureau de leur patron s'ouvrit, lui faisant redresser la tête.

Le sourire qu'elle avait sur les lèvres se fana lentement lorsqu'elle se rendit compte que, non seulement il ne s'agissait pas de leur chef mais de Kunikida, et que, à côté de lui, se trouvait une personne qu'elle n'avait encore jamais vue jusqu'à aujourd'hui.

Un homme aux cheveux bruns, aux yeux quasiment de la même couleur, vêtu d'un manteau beige et à la peau couverte de bandages par endroits. La première impression, qui vint à l'esprit naïf de Mariko, fut que cet homme, presque aussi grand que Kunikida, devait être très maladroit pour être enveloppé de pansements de la sorte.

Était-il un client de l'agence, puisqu'elle ne l'avait encore jamais rencontré? Retrouvant la raison, et tentant avec toujours autant de succès de calmer ses pensées innombrables, Mariko laissa de nouveau un sourire étirer ses lèvres, se préparant mentalement à saluer poliment les deux nouveaux venus.

Elle attendit que les deux hommes soient arrivés à sa hauteur, et que Kunikida présente de lui-même le brun à ses côtés. Elle eut ainsi l'immense surprise d'apprendre qu'il ne s'agissait nullement d'un client, mais bien d'un nouvel employé.

Cela faisait une éternité depuis la dernière fois qu'un nouveau collègue était arrivé.

-Je m'appelle Mariko, enchantée Dazai, se présenta-t-elle d'une voix qu'elle voulu enjouée, alors que, en réalité, les questions étaient revenues, plus abondantes que jamais.

Avait-elle fait une bonne première impression auprès de ce nouveau camarade? L'avait-il trouvée bizarre, par quelque aspect que ce soit? Avait-elle trop exagéré en dosant les aigus de sa voix? La beauté et la prestance qui s'échappaient de cet homme n'arrangeaient rien à son malaise intérieur, et elle se sentait presque sur le point de craquer, sous le poids de ses pensées au flot inarrêtable.

Les joues entièrement rouges, la sueur commençant à couler en même temps que les bouffées de chaleur arrivaient, sans oublier la honte qui la prenait aux tripes, Mariko baissa le regard sans pouvoir s'en empêcher, comme elle le faisait lorsqu'elle était dans une situation qu'elle jugeait délicate. Ce qui arrivait TRÈS souvent.

Elle n'entendit même pas la réponse du brun, mais pu en revanche voir la main qu'il lui tendait, et elle conclut plutôt rapidement qu'il souhaitait la saluer par une poignée de main. Ce qui la fit paniquer encore davantage.

Lorsqu'elle était stressée, elle avait les paumes extrêmement moites. Et s'il le remarquait également, et si elle passait pour quelqu'un de dégoûtant à ses yeux? Transpirer était chose normale, certes, mais sans qu'elle ne sache réellement pourquoi ce fait, pourtant naturel pour les êtres vivants, était extrêmement mal perçu par ces derniers. Signe que, encore et toujours, le regard des autres pouvait avoir des conséquences désastreuses sur l'esprit de leurs pairs, rien qu'avec de simples mots ou de simples interactions.

La main tremblante, ne trouvant pas de moyen d'échapper à cette véritable épreuve, Mariko vint la déposer dans celle de Dazai, sans qu'elle n'entende quoi que ce soit hormis le bourdonnement de toutes ses interrogations silencieuses, qui l'assourdissaient littéralement.

Cependant, alors que leurs deux mains s'étaient à peine touchées, un éclair bleu avait surgi de nulle part, faisant écarquiller les yeux à la jeune femme, qui releva le nez sans comprendre, presque apeurée.

Qu'est-ce que c'était que ça, au juste? Que s'était-il...?

Avant qu'elle ne puisse réfléchir davantage, cependant, son esprit se vida entièrement, comme si quelqu'un venait d'appuyer sur l'interrupteur qu'elle n'avait jamais réussi à atteindre, même la nuit, alors qu'elle tentait désespérément de s'endormir. Le calme plat venait d'envahir son cerveau, un calme limpide et olympien, qui la fit oublier en un instant toutes ces années passées à souffrir de ces interrogations, sans réponses pour la plupart.

Elle se sentait plus apaisée que jamais, et ce différentiel aurait normalement dû lui faire peur, lui faire se demander ce qu'il se passait exactement. Mais, étonnamment, plus aucune question ne surgissait, et elle se sentit... Bien.

Si bien que, sans s'en rendre compte, ses yeux se fermèrent entièrement, alors que son esprit dérivait tranquillement elle ne savait où, toujours dans ce calme inégalé jusqu'à présent.

Elle ne remarqua pas s'être évanouie, sous les yeux grands ouverts de ses collègues, et notamment de la nouvelle recrue, dans les bras de laquelle elle vint atterrir en silence, les traits de son visage plus détendus que jamais.

D'abord paniqués et dans l'incompréhension totale, Dazai et Kunikida furent légèrement rassurés lorsqu'ils se rendirent compte que leur camarade dormait tout simplement, malgré la frayeur qu'elle leur avait donnée. Mais était-ce normal de s'endormir ainsi, au juste?

Elle fut très vite amenée à l'infirmerie, où Yosano leur assura qu'il n'y avait rien d'anormal avec elle, et tous se retrouvèrent à observer, intrigués, cette jeune femme allongée, profondément endormie, avec un visage paisible.

Juste avant que tout ne vite au drame, quelques secondes plus tard.

-Qu'est-ce que tu lui as fait?? murmura Kunikida de façon colérique, en jetant un œil meurtrier à Dazai, qui haussa les épaules, tout aussi perdu que lui.

-Je sais pas, répondit honnêtement le brun, en chuchotant lui aussi. C'est la première fois qu'une jeune femme s'évanouit en me voyant pour la première fois... Peut-être qu'elle a été subjuguée par ma beaut-

Il n'eut pas le loisir de terminer sa phrase puisqu'il fut traîné hors de la pièce par un Kunikida énervé, laissant la porte se refermer sur la belle au bois dormant, apparemment inconsciente de ce qu'il se passait non loin d'elle.

Le silence retrouvé dans l'infirmerie, Yosano s'avança alors en direction de sa collègue assoupie, l'observant un moment, avant qu'un petit sourire ne vienne étirer ses lèvres. Un sourire rassuré, rempli de soulagement.

-C'est rare de te voir aussi détendue, murmura la médecin en remontant la couverture de sa "patiente".

Car, même si elle faisait tout son possible pour le cacher, ses collègues étaient pour la plupart tous au courant de la bataille intérieure que menait Mariko, que même le pouvoir de leur patron n'avait pas réussi à soulager.

Jusqu'à, cependant, l'arrivée d'un certain brun. Qui, par un simple contact, avait réussi cet exploit que personne n'avait jamais réussi à accomplir jusqu'à présent, malgré toutes ces années.

-Repose-toi bien, ajouta Yosano en éteignant les lumières et en sortant, refermant silencieusement la porte derrière elle.
      

    
    
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-Tu as coupé tes cheveux, ma petite Mariko? Tu es incontestablement la plus belle femme que cette Terre ait jamais porté...!

Cela faisait plus de deux ans que Dazai avait rejoint l'agence, apportant avec lui un torrent d'énergie nouvelle qui s'était déversé sur ses nouveaux collègues sans prévenir. Pas que ces derniers étaient malheureux auparavant, non.

C'est juste que, même si Ranpo et plus récemment Kenji débordaient d'énergie (de façon plus ciblée du côté de Ranpo bien entendu), l'agence avait pour habitude d'être un endroit calme, tranquille, et cela à cause notamment de Kunikida (ou grâce à lui, elle ne savait pas vraiment).

La tranquillité de ce travail allait de pair avec l'apparence de Mariko, mais beaucoup moins avec ses combats intérieurs. Depuis qu'elle s'était évanouie dans les bras de son nouveau collègue, ces interrogations étaient revenues, plus nombreuses que d'habitude, avec une certaine dose de honte non négligeable.

Comme première impression, on avait déjà vu mieux, c'était certain. Elle avait par la suite appris que Dazai était capable d'annuler les pouvoirs de ceux qu'il touchait, et elle n'avait pas échappé à la règle elle aussi. Elle avait été effrayée, mais en même temps elle n'avait pas pu résister à l'envie de pleurer, au moment de se réveiller dans l'infirmerie, en constatant que ses pensées s'étaient tues, même une fraction de seconde, et ce à chaque fois qu'elle établissait un contact avec Dazai. Elle avait réussi, par la suite, à s'empêcher de s'évanouir, fort heureusement.

Elle s'était évidemment aperçue, à son grand regret, que le brun s'intéressait à de nombreuses filles, mais étonnamment pas à ses collègues, et encore moins Yosano, comme s'il était terrorisé par la jeune médecin. Ce qui ne devait pas être très loin de la réalité.

Mais, sans qu'elle ne sache pourquoi, elle était l'exception à la règle, à défaut de ne pouvoir échapper au pouvoir du jeune homme. Peut-être était-ce parce qu'il la trouvait étrange et intrigante depuis leur première rencontre, ou peut-être parce qu'elle avait des réactions aussi prévisibles qu'étonnantes lorsqu'il lui faisait des compliments, parfois sortis de nulle part. Elle ne savait pas vraiment.

Cela n'était donc pas une surprise de l'entendre dire de telles choses, même si elle n'était toujours pas habituée. Elle n'avait jamais cru aux louanges des autres, alors pourquoi cela changerait-il avec une seule et unique personne?

Toujours était-il que, lorsqu'elle se trouvait près de Dazai, elle sentait son esprit lui accorder un peu de répit. Sachant très certainement quel effet il avait sur sa capacité, il ne perdait pas une seule occasion de poser sa main sur sa tête, caressant ses cheveux doucement, et elle se retrouvait à pouvoir respirer de tout son soûl, calmant ses pensées en une fraction de seconde seulement.

Avec Dazai à ses côtés, elle se sentait plus apaisée que jamais. Et, lorsqu'il s'éloignait, elle sentait les incertitudes revenir. Peut-être était-ce cela, la chose qui lui manquait pour être heureuse? Faire le vide dans son esprit, tout oublier même pour quelques instants, jusqu'au regard que portaient les autres sur son petit être insignifiant?

Encore une fois, elle sentait la main du brun passer doucement sur ses cheveux fraîchement coupés, et elle se félicita mentalement d'être passée chez le coiffeur plus tôt dans la matinée, si cela lui avait permis d'obtenir l'attention de Dazai. Plus que celui des autres, le regard que Dazai portait sur elle était devenu le plus important de tous, et elle faisait tout son possible pour continuer à être à la hauteur des attentes que son collègue avait éventuellement à son égard.

Elle ne savait pas vraiment s'il en était réellement ainsi. Mais tout être humain normalement composé, de ce qu'elle avait compris, n'était-il justement pas fait pour juger ses pairs, que ce soit positivement ou négativement?

Si tel était le cas, Dazai, qui était lui aussi un être humain, n'échappait pas à la règle. Elle ne savait pas quels étaient les standards du brun, alors elle faisait de son mieux pour être irréprochable en tous points, même si cela était quasiment chose impossible.

Peu importe à quel point elle essayait d'être parfaite, elle n'arrivait pas à arrêter les comparaisons avec les autres, et en particulier les femmes que Dazai abordait dans la rue en leur demandant de mourir avec lui.

Il ne lui avait jamais demandé cela, depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Même si elle n'avait aucune raison de l'être, sachant la nature de cette demande... incongrue, Mariko ne pouvait pas s'empêcher de se dire que, sans qu'elle ne sache quoi exactement, il y avait quelque chose chez elle qui n'allait pas, qui n'arrivait pas à la hauteur de ce que Dazai classait dans la catégorie "jolie femme à qui proposer de mourir ensemble".

Mais, pour le moment, même si ces questions tournaient encore et toujours dans son esprit, elle se disait que, avec le temps, elle ne pourrait que devenir meilleure. Plus parfaite que jamais, plus parfaite que n'importe qui, plus parfaite que la petite employée parmi tant d'autres qu'elle était.

Toutes ces résolutions et ces espoirs avaient cependant volé en éclats un jour en apparence anodin, où elle avait décidé de s'arrêter au café situé sous l'agence. Elle était rentrée aussi timidement que d'habitude, et avait eu la surprise de voir que plusieurs de ses collègues étaient déjà là. Parmi eux, Dazai, bien entendu. Ce qui l'avait autant ravie qu'angoissée.

Sans que personne ne la remarque, discrète comme toujours et aidée par la conversation endiablée que tenaient ses collègues, Mariko s'était avancée vers le comptoir, et avait demandé au patron, d'une voix pas plus haute qu'un murmure, un café bien noir, histoire de lui donner de l'énergie pour la journée qui arrivait.

Son café brûlant en main, la jeune femme resta cependant debout de longues secondes, à regarder ses collègues discuter aussi "calmement" que possible, notamment Kunikida, qui hurlait sur Dazai pour une raison encore inconnue, ainsi qu'Astushi, non loin, qui observait la scène sans savoir comment empêcher les choses de s'envenimer davantage. Parfaitement immobile, elle se demandait encore si elle oserait venir les déranger dans leur petite conversation, ou si elle se résignerait à s'asseoir au comptoir ou à une autre table afin de ne pas les déranger, lorsqu'une phrase en particulier retint son attention.

-Comment ça, elle est venue dormir chez toi?? hurla Kunikida en secouant Dazai dans tous les sens. Tu as laissé une jeune femme innocente rentrer dans l'antre d'une bête comme toi??

En disant ceci, le blond avait pointé du doigt une autre personne, que Mariko n'avait pas vue avant cela, une magnifique fille aux cheveux noirs. Mais les paroles de Kunikida, associées à la capacité destructrice de Mariko, eut l'effet d'un coup de poing pour cette dernière.

Dazai avait laissé une femme dormir chez lui.

Elle ne se rendit compte avoir échappé son café brûlant que lorsque tous les yeux se tournèrent vers elle, et elle se sentit tout d'un coup mise à nu, sous les regards de toutes ces personnes, même si elles étaient ses propres collègues.

En s'excusant maladroitement, la jeune femme se baissa pour ramasser les morceaux de sa tasse brisée, qui s'était écrasée par terre quelques secondes plus tôt, alors que la panique commençait doucement à s'immiscer en elle. Tout ce qu'elle voulait, présentement, c'était s'enfuir de cet endroit.

Mais elle ne pouvait pas laisser tout ce désastre derrière elle pour autant. Elle ne remarqua qu'on appelait son prénom que lorsque quelqu'un vint s'accroupir près d'elle, et, en relevant la tête, un air paniqué sur ses traits, elle se rendit compte qu'il s'agissait d'Atsushi, qui la regardait avec inquiétude.

-Tout va bien...! marmonna-t-elle rapidement. Désolée pour le désordre, je vais tout ramasser promis... 

Et, avec ceci, la jeune fille s'excusa encore et encore, alors que ses doigts tremblants peinaient à saisir les morceaux de sa tasse en miettes, qui glissaient de ses mains encore et encore, la forçant à les serrer de toutes ses forces dans ses paumes, afin de ne plus les faire tomber.

Elle était presque parvenue à rassembler tous les morceaux, la rapprochant toujours plus de sa fuite prochaine, lorsque deux autres mains vinrent saisir ses poignets, la faisant échapper tout ce qu'elle avait réussi à ramasser.

-Arrête! lui intima la voix d'Atsushi, inquiète au possible, la faisant presque sursauter. Tu ne vois pas l'état dans lequel tu es? 

Ce ne fut qu'à cet instant que, dans la cacophonie de ses pensées, le bourdonnement de ses oreilles cessa presque entièrement l'espace d'un instant, alors qu'elle baissait la tête sur ses mains, couvertes de sang. Elle n'avait même pas senti les morceaux de porcelaine couper sa peau, dans l'état de panique dans lequel elle se trouvait.

Ses pensées revinrent en une fraction de seconde, alors que leur bruit assourdissant l'empêchait de nouveau d'entendre ce qui se passait autour d'elle. Elle se redressa en manquant de trébucher, et ne perdit pas un instant de plus à s'élancer en dehors du café, abandonnant derrière elle le carnage qu'elle avait commis.

Atsushi essaya de la retenir, Kunikida appelant son prénom, mais la jeune femme ne se retourna pas, comme si le diable était à ses trousses, ce diable qui avait comme toujours élu domicile dans son esprit bien trop fécond pour une si petite chose.
      
     
     

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Elle avait repris conscience de la réalité sur le palier de son appartement, sans savoir comment elle avait fait pour trouver le chemin de chez elle dans son état. Seulement, alors que l'adrénaline redescendait et que son souffle erratique se stabilisait, elle se rendit compte qu'elle n'avait pas la clé.

Elle avait laissé son sac au café, et dans la panique n'avait pas eu le réflexe de le prendre avec elle. Résultat, elle se retrouvait sur le pas de sa porte, sans pouvoir rentrer, les mains pleines de sang, dont la douleur commençait doucement à se réveiller.

Lorsqu'elle se laissa glisser le long de sa porte d'entrée, atterrissant sur son tapis, qui lui piqua la peau sans qu'elle ne réagisse pour autant, elle se rendit compte que le triste bilan ne s'arrêtait pas là.

Ses jambes, à travers le collant qu'elle portait, étaient elles aussi couvertes d'une multitude de petites coupures, très certainement causées par les morceaux de tasse qui avaient volé ici et là, ainsi que le fait de s'être accroupie au beau milieu. En passant une main sur l'une de ses blessures, elle retint de justesse un gémissement de douleur.

Elle s'était en plus de tout cela brûlée avec le café, visiblement. Qu'est-ce qui pouvait lui arriver de pire, à présent? La journée n'avait même pas encore commencé, et voilà qu'elle se retrouvait en boule sur son tapis, couverte de coupures, de sang et de brûlures, avec la honte qui lui tordait littéralement les tripes.

Sans oublier bien entendu la douleur qu'elle éprouvait en repensant aux paroles de Kunikida. Pourquoi était-elle étonnée d'apprendre que Dazai voyait une autre fille, au juste? Ne s'y était-elle pas déjà attendue, à voir à quel point le brun plaisait aux femmes en général?

S'en douter et en avoir la confirmation étaient deux choses diamétralement opposées, cependant. Et elle se sentait plus stupide que jamais, à pleurer comme une enfant sur le pas de sa porte, comme elle le faisait actuellement.

Pourquoi était-elle aussi triste, au juste? Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait les garçons pour lesquels elle avait le béguin partir avec d'autres filles. Tout simplement parce qu'elle n'avait jamais osé leur adresser la parole, trop peu sûre d'elle pour ce faire.

Comme elle était bien trop ennuyante à son goût, elle n'avait jamais eu le courage de s'ouvrir aux autres, et personne ne l'avait jamais abordée dans un but étranger à celui de l'amitié. Alors, lorsque Dazai était arrivé, et avait commencé à la complimenter de la sorte, elle s'était sentie plus spéciale que jamais.

Peut-être avait-elle trop espéré, peut-être ne s'était-elle pas assez posé de questions, comparé à d'habitude? Peut-être avait-elle été trop aveuglée par ces louanges peu familiers qu'elle avait reçus, qui différaient complètement à ses yeux de celles de ses amis et collègues?

Ou, justement, est-ce que Dazai n'avait jamais fait que la traiter comme une amie, et avait-elle été influencée par le fait qu'il puisse annuler son pouvoir et ainsi toutes les pensées qui allaient de pair? Était-ce la raison pour laquelle elle était tombée amoureuse de lui...?

Elle ne savait pas depuis combien de temps elle se trouvait là, sur le pas de sa porte, à attendre Dieu seul savait quoi. Peut-être que, si elle patientait encore quelques temps, ses collègues auraient le temps de sortir du café, lui permettant ainsi d'aller récupérer discrètement ses affaires, et en profiter pour présenter ses excuses au patron?

Elle se sentait honteuse. Tellement honteuse qu'elle n'avait plus aucune envie d'aller sur son lieu de travail. Quelle image avait-elle donnée d'elle-même, avec cet incident? Qu'avaient donc pensé ses collègues? L'avaient-ils prise pour une folle?

Roulée en boule, recroquevillée contre sa porte, ses pleurs silencieux s'interrompirent soudainement, au moment où elle sentit quelque chose se déposer sur ses cheveux, commençant à les caresser doucement. Elle n'avait pas besoin de lever les yeux pour savoir qui était là, juste devant elle, sachant à quel point elle se sentait apaisée à présent.

Son esprit s'était vidé en un instant, et seule une personne avait le pouvoir de réaliser une prouesse pareille: Dazai. Cependant, une fraction de seconde plus tard, malgré le contact physique avec le jeune homme, les pensées revinrent, bien que plus ordonnées que plus tôt.

Ne pas avoir accès à son pouvoir ne signifiait pas qu'elle pouvait empêcher toutes les questions d'émerger, même si elles n'étaient plus aussi abondantes. Mais toujours aussi virulentes, bien évidemment.

Elle se sentait plus honteuse que jamais, à un tel point qu'elle l'étouffait toute entière. Elle se recroquevilla encore un peu plus, retenant un gémissement de douleur lorsqu'elle serra ses jambes couvertes de blessures entre elles.

-... on va pas te laisser ici dans cet état, dit finalement une voix familière, alors que la main avait cessé de caresser ses cheveux. Tu peux te lever? Je vais ouvrir la porte.

Sans savoir pourquoi, ni comment elle avait réussi cet exploit, Mariko se redressa en silence, la tête toujours baissée et ses cheveux cachant ses yeux gonflés, et attendit patiemment que Dazai déverrouille son appartement.

Ses pieds se mirent en marche d'eux-mêmes, suivant le brun docilement jusque dans la cuisine, où son collègue la fit asseoir sur l'une des chaises, tandis qu'il s'éclipsait vers elle ne savait où. Son corps était ici, mais son esprit était comme toujours ailleurs, à la dérive sur une mer agitée, une mer de pensées toutes plus douloureuses les unes que les autres.

Elle ne se rendit compte que Dazai était revenu que lorsqu'il vint s'accroupir devant elle, la faisant tourner la tête sur le côté en toute hâte, terrifiée que le brun voit à quoi elle ressemblait à l'heure actuelle.

Celui-ci ne fit aucun commentaire sur le sujet, et demanda plutôt à Mariko de lui montrer ses mains, et la jeune femme s'exécuta en silence, sans pouvoir s'empêcher de trembler frénétiquement, les paumes moites de sueur.

Les doigts de Dazai, entrant en contact avec les siens, la calmèrent instantanément, elle et ses mains tremblantes, et elle laissa une expiration soulagée et tremblante lui échapper, maintenant qu'elle se trouvait dans un endroit qu'elle connaissait bien, son appartement. Elle se sentait un peu plus en sécurité, surtout avec la présence de son collègue, même avec ce qu'elle avait entendu plus tôt.

Elle ne pouvait pas nier que, malgré tout, se retrouver avec Dazai l'apaisait énormément. Mais, s'il était avec une autre femme, il n'allait plus jamais être aussi proche d'elle qu'il l'était actuellement, non?

Sans pouvoir l'empêcher une fois de plus, malgré la proximité avec le brun, elle sentit son corps se remettre à trembler, alors que ses yeux se remplirent de nouveau de larmes. Dazai paru s'en apercevoir lui aussi, puisqu'il s'arrêta brièvement, avant de continuer à envelopper ses doigts blessés dans des bandages fraîchement déballés, avec une dextérité de haut niveau qui lui était étrangère, à elle et à ses mains incertaines.

-Il ne faut pas écouter tout ce que raconte Kunikida. Tu sais comment il est. Et tu sais comment je suis, également. Je ne peux pas m'empêcher de le faire tourner en bourrique.

La voix calme de Dazai s'éleva dans l'appartement autrefois silencieux, et elle se figea totalement, alors qu'elle réfléchissait au sens des mots du jeune homme. Avec son pouvoir annulé, elle prenait beaucoup plus de temps que d'habitude.

D'ordinaire, elle arrivait à trouver des solutions avant même que la personne ait fini de parler. Enfin, des solutions aux problèmes des autres, du moins.

-Il est vrai que j'ai laissé cette fille dormir chez moi en prétextant qu'elle n'avait aucun autre endroit où aller, mais c'était surtout pour la surveiller. Il ne s'est absolument rien passé.

Elle ne savait pas si elle avait réellement le droit de se sentir aussi soulagée que maintenant, mais c'est ce qu'il se passa. Son esprit lui apparu beaucoup plus clair, plus clair que jamais, comme si la capacité de Dazai avait redoublé d'efficacité sur elle.

Même avec ses mains en contact avec celles du brun, elle parvint à réfléchir presque aussi efficacement qu'en temps ordinaire, maintenant qu'elle s'était calmée.

-Cette femme a quelque chose à voir avec l'une de tes missions? Celle sur le Messager Azur, non? répondit-elle d'une voix cassée, encore enrouée par les pleurs précédents.

Maintenant qu'elle y pensait, à esprit reposé, elle se souvenait qu'une telle requête était arrivée il y a peu à l'agence des détectives. Pourquoi n'y avait-elle pas songé auparavant, au juste? Son pouvoir était-il vraiment si inutile que cela...?

Non. C'était juste que, comme toujours, les pensées étaient si nombreuses qu'elle avait du mal à les départager et à les regrouper, surtout lorsqu'elle était perturbée. Car, lorsqu'elle remplissait ses propres missions, elle le faisait toujours sans difficulté.

-Exactement, déclara Dazai avec un sourire, qu'elle décela dans l'intonation de sa voix sans même avoir besoin de le regarder.  Wahou, regarde! Tu me ressembles, avec tous ces pansements!

Mariko tourna son attention vers Dazai, sans pouvoir s'en empêcher, et constata que le brun avait placé ses mains juste à côté des siennes, paumes vers le ciel, afin de lui montrer à quel point ils étaient assortis. Elle ne put retenir un rire face aux pitreries de son collègue, observant à quel point elle avait de petites mains à côté de celles de Dazai.

-Tu regardes enfin dans ma direction, déclara alors ce dernier avec un doux sourire, faisant se stopper Mariko. Tes beaux yeux me manquaient.

Elle se sentit rougir comme une folle en entendant cela, surtout lorsqu'elle repensa au fait que ses yeux devaient être affreusement gonflés à l'heure actuelle, à force de pleurer. Elle devait être tout simplement repoussante, alors pourquoi Dazai continuait-il de l'observer avec un regard aussi... doux?

-Tu sais... Tu auras beau te forcer à devenir parfaite, tu n'y arriveras jamais.

La joie nouvellement retrouvée de la jeune femme s'envola en une fraction de seconde seulement, alors que son cerveau interprétait les paroles de son collègue, toujours accroupi devant elle, lui tenant doucement les mains.

-Tu veux savoir pourquoi? 

Elle n'était pas certaine de le vouloir. Mais, si Dazai lui disait ce qui n'allait pas avec elle, peut-être pourrait-elle changer, essayer de passer outre cet obstacle pour atteindre malgré tout la perfection? Peut-être ne s'y prenait-elle pas de la bonne manière, jusqu'à présent...?

En prenant soin de ne pas trop appuyer sur ses blessures, Dazai serra légèrement les mains de la jeune femme, avec toujours cette expression calme et apaisante. Presque... aimante?

-A mes yeux tu l'es déjà, parfaite. Comment atteindre quelque chose qui l'est déjà?

Elle mit un long moment à comprendre ce que Dazai avait dit. Puis, alors que ses joues éclataient d'un magnifique rouge brillant, Mariko retira machinalement ses mains de celles du brun, afin de venir couvrir son visage du mieux qu'elle le pouvait, ce qui n'empêchait pas Dazai de voir à quel point elle était empêtrée dans ses rougissements.

Il laissa un rire lui échapper, qui vrilla encore une fois le cœur de Mariko sous la joie que lui procurait un tel son, avant de se relever et de venir caresser de nouveau les cheveux de la jeune femme, comme il en avait l'habitude depuis qu'ils s'étaient rencontrés quasiment.

Elle se sentait prête à s'évanouir de bonheur... Et c'est ce qu'elle manqua de faire, au moment où elle sentit Dazai déposer un baiser sur son front complètement rouge.

-Allez, on a encore du pain sur la planche pour finir de soigner toutes ces coupures, murmura-t-il, ses lèvres toujours à quelques centimètres de la peau écarlate de la jeune femme. Et puis, on ne peut pas faire attendre ce cher Kunikida plus que de raison, qui doit sûrement être en train de fulminer... Je l'entends d'ici.

Encore une fois, Mariko ne put retenir un petit rire, ainsi qu'un sourire, qui se transforma en une expression de pure confusion lorsque Dazai releva son menton, l'obligeant à plonger ses yeux gonflés et écarquillés dans ceux marrons et calmes du brun.

Elle eut le souffle coupé lorsqu'elle sentit les lèvres du jeune homme se déposer brièvement sur les siennes, la laissant là, totalement immobile, incapable de faire le moindre mouvement.

Puis, sous le choc, arriva ce qui devait arriver. 

Comme lors de leur première rencontre, son esprit se perdit dans une immensité aussi calme que la surface d'un lac. Et, comme lors de leur première rencontre, la jeune femme tomba littéralement dans les bras de Dazai, évanouie.

Un moment passa, pendant lequel rien ne bougea. Jusqu'à ce que...

-... Je suis pas prêt d'entendre Kunikida s'arrêter de crier, marmonna le brun en continuant malgré tout de passer sa main dans les cheveux de Mariko, avec un sourire aimant.

Elle ne se rendait pas compte à quel point elle était exceptionnelle, et cela le contrariait énormément. Elle était l'une des plus belles personnes qu'il lui ait été donné de rencontrer, mais elle ne l'avait toujours pas compris. L'ensemble de leurs collègues pensait exactement la même chose que lui, alors il pouvait l'affirmer sans aucune hésitation.

Il fallait juste qu'elle accepte qui elle était, tout simplement. Accepter le fait que les autres étaient bien souvent odieux avec leurs pairs, mais que certains pouvaient aussi soigner ses maux si elle leur en donnait l'occasion.

Et puis... Elle n'avait pas besoin d'être parfaite aux yeux des autres, si elle l'était déjà aux siens. 

A/N : J'ai l'impression que j'écris des OS toujours plus longs les uns que les autres, c'est horrible.... j'espère que ce petit écrit vous aura plu, désolée si je ne mets pas beaucoup à jour ces temps-ci TwT bises~

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