[Dazai xR] Adieu, je t'aime

A/N : Encore un nouveau recueil...? Et pourquoi pas? Au point où j'en suis, un de plus ou de moins... Cet écrit était précédemment publié sur mon recueil de OS en tous genres, certains l'ont donc déjà lu.

La musique dont je me suis inspirée pour écrire ceci se trouve à la fin du OS! Il faut connaître le passé de Dazai pour lire. Présence de sang et mention de suicide, à lire avec prudence. Bonne lecture!

Peu importait le nombre de fois où elle avait essayé. Encore et toujours, il continuait de plonger dans l'obscurité à chaque pas qu'il faisait, à chaque pensée qu'il avait.

Elle ne comptait plus le nombre de fois où il avait tenté de mettre fin à ses jours. Même si les autres prenaient ce fait à la légère, à force de le voir essayer sans jamais arriver à ses fins, Shigure ne trouvait rien de drôle à cela.

De surcroît, Dazai était rongé par quelque chose contre lequel il n'arrivait pas à prendre l'avantage. Elle avait essayé de le comprendre, de lui montrer qu'il avait sa place dans ce monde comme chacun d'entre eux, mais rien n'y faisait.

Une personne qui se borne à ignorer la lumière ne peut être sauvée par quelques paroles rassurantes et un peu d'amour jeté par les fenêtres. Peut-être que leur appartenance à la Mafia n'arrangeait pas les choses, loin de là.

L'obscurité régnait en maître sur la vie de cet homme, depuis bien avant que Shigure ne fasse sa connaissance. Elle n'était pas réputée pour sa gentillesse, préférant ignorer les maux des autres la plupart du temps, mais avec Dazai les choses étaient différentes.

Le fait qu'ils soient très souvent envoyés en mission ensemble les faisait nécessairement se côtoyer de nombreuses fois. Et Shigure avait pu voir de ses propres yeux cet homme essayant par tous les moyens possibles et imaginables de s'ôter la vie, toujours avec ce sourire tout sauf authentique.

Pour la première fois, elle éprouvait une certaine empathie envers quelqu'un, aussi étrange soit-il. Mais comment s'y prendre pour lui faire passer l'envie du suicide, qui semblait être le fondement même de son existence?

Et, surtout, comment faire pour ne pas soi-même sombrer dans les ténèbres, tout en essayant vainement de sauver quelqu'un qui ne souhaitait apparemment pas être sauvé? Elle avait essayé tout ce qui était en son pouvoir, du moins elle l'espérait.

Sans même qu'elle ne sache pourquoi. Leur travail était dangereux au possible, et perdre ses camarades était une chose inévitable. Alors pourquoi s'était-elle autant attaché à Dazai, sans savoir s'il éprouvait la même chose de son côté?

Elle avait peur de se perdre elle-même. Elle l'affectionnait, indéniablement et honteusement, mais elle ne pouvait plus supporter cette atmosphère morbide qui irradiait de lui comme une seconde peau.

Comment pouvait-elle continuer à l'aimer si même lui ne s'aimait pas?

C'était ce genre de questions qu'elle se répétait à chaque fois que la douleur empoignait son cœur, lorsqu'elle se rendait compte de son impuissance face à cet homme. De toutes les missions qu'elle avait accomplies, celle-ci était la seule à être, encore aujourd'hui, inachevée.

Incomplète.

Comment faut-il aimer quelqu'un qui se déteste? Qui ne sait tout simplement pas comment vivre?

Elle avait donc prit la douloureuse décision de prendre de la distance avec Dazai. Une décision lâche, elle le savait parfaitement, mais qui n'avait pour objectif que de l'épargner elle-même. Pour ne pas avoir à sombrer elle aussi, surtout avec leur travail macabre, elle avait prit la décision d'abandonner Dazai à son triste sort.

Il ne lui en avait même pas voulu, chose qu'elle avait constaté aux sourires toujours plus faux qu'il continuait de lui envoyer lorsqu'ils se croisaient de loin. Comme s'il était préparé à une telle finalité, comme s'il avait l'habitude de ce genre de chose. Qu'on l'abandonne par manque de courage et de détermination.

Comme s'il savait que son mal-être était une partie de lui, une partie qu'il ne pourrait jamais effacer et qui l'accompagnerait jusque dans son dernier soupir. Ce dernier soupir qu'il recherchait comme un véritable trésor.

De toutes les personnes, Dazai était celle qui incarnait le mieux les ténèbres, comme s'il était fait pour vivre dedans. C'était pour cette raison que, lorsque l'annonce de son départ était parvenue jusqu'aux oreilles de Shigure, celle-ci n'en avait pas cru ses oreilles.

Dazai avait quitté la Mafia et avait rejoint une agence de détectives, quelques années plus tard, directement opposée à son monde d'origine. Laissant les ténèbres de leur organisation derrière lui, comme s'il s'était finalement débarrassé de cette seconde peau qui le poussait à mourir.

Mais l'on ne quittait pas la Mafia aussi facilement, loin de là. Surtout lorsque l'on était aussi talentueux que l'était Dazai, et aussi indispensable pour le bien de leur organisation. Penser qu'il était à présent dans le camp adverse ne jouait absolument pas en la faveur de la Mafia.

Shigure avait cessé de compter le nombre de personnes qui, avant Dazai, avaient tenté de reprendre une vie normale, loin des meurtres et des trafics douteux. Elle avait également cessé de compter le nombre de personnes qu'elle avait tuées ainsi, afin de leur faire regretter leur décision et leurs aspirations chimériques.

Lorsque l'on naît dans l'obscurité, lorsqu'on vit dans le sang depuis toujours, émettre le désir d'en sortir était une chose impensable. Et pourtant, lorsqu'elle avait pris son ancien collègue en filature, elle avait été étonnée au possible de voir qu'il s'accommodait plutôt bien à sa nouvelle vie, entouré de nouvelles personnes chaleureuses et pétillantes.

Comme s'il avait oublié les nombreuses années qu'il avait passées aux côtés de la Mafia. A ses côtés à elle.

L'avait-il totalement oubliée, finalement? Après avoir lui-même été abandonné par Shigure, Dazai s'était-il convaincu qu'il ne valait plus la peine de penser à son ancienne collègue?

Comment pouvait-il se permettre cela alors qu'elle pensait toujours à lui? Ses nouveaux camarades étaient-ils parvenus à réussir là où elle avait si lâchement abandonné?

Si elle avait su trouver les mots justes pour le retenir, serait-il resté à ses côtés...?

Savait-il encore qui elle était, seulement? Ou avait-il balayé son souvenir d'un revers de main, au même titre que son passé tumultueux?

Le regard qu'il lui avait lancé, au moment où ils s'étaient finalement retrouvés face à face, disait tout le contraire. Elle l'avait suivi lorsqu'il rentrait chez lui, tard le soir alors que la pluie commençait à tomber de plus en plus fort, et il n'avait pas paru étonné une seule seconde de la voir. Comme s'il s'attendait à cette situation depuis toujours.

Comme s'il savait qu'il ne lui restait que peu de temps à vivre, maintenant qu'il avait quitté la Mafia. Et qu'il savait que, tôt ou tard, quelqu'un allait être envoyé pour le faire taire à jamais.

Il ne s'était cependant pas attendu à ce que ce soit Shigure en personne qui ait reçu l'ordre de le tuer. Mais, après réflexion, cette finalité n'était pas si horrible que cela.

Dazai avait toujours été davantage doué pour réfléchir que pour se battre. Contre une combattante du calibre de Shigure, il savait qu'il ne ferait pas long feu. Il connaissait assez la jeune femme pour savoir qu'elle était sans pitié avec ses cibles, et surtout à quel point elle était forte. Il pouvait esquiver la plupart de ses coups, mais à quoi bon? La finalité resterait la même.

Sans avoir besoin de recourir à sa capacité, qu'elle savait de toute manière inutile contre celle de Dazai, Shigure avait finalement accompli sa mission: sa lame s'était plantée en plein dans la poitrine de son adversaire, ratant le cœur de peu, qui s'effondra l'instant suivant en crachant du sang.

Le propre cœur de Shigure battait furieusement, l'adrénaline pulsant dans ses veines alors que sa cible s'écroulait sous ses yeux. Passées quelques secondes, elle laissa échapper un grand éclat de rire en voyant ce triste spectacle, alors que la pluie s'intensifiait encore un peu plus, noyant ses rires dans la cacophonie des gouttes qui entraient en contact avec le sol ensanglanté.

Lorsqu'elle baissa un regard victorieux sur celui qu'elle venait de poignarder, ses rires se fanèrent presque aussitôt dans sa gorge. Dazai lui souriait, allongé dans son propre sang, d'un sourire qu'elle ne lui avait jamais connu auparavant.

Plus authentique que jamais, alors que la flaque sombre sous son corps grosisssait à vue d'œil. Elle savait que ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne rende son dernier soupir. Sa mission allait être couronnée de succès au moment même où le cœur du traître cesserait de battre.

Ce sourire la fit chuter à son tour à même le sol, alors que ses jambes se dérobaient sous son poids. Ses genoux atterrirent dans le sang de son ancien collègue, éclaboussant ses vêtements noirs de jais dans le processus, alors que sa lame échappait à son emprise, dans un grand bruit de ferraille étouffé par la pluie.

-Pourquoi est-ce que tu souris...? murmura finalement Shigure d'une voix tremblante, regardant Dazai droit dans les yeux.

Celui-ci vit son sourire s'agrandir encore un peu plus aux mots de la jeune femme, lui répondant d'une voix brisée mais néanmoins satisfaite.

Comme si la douleur qu'il ressentait, une véritable agonie, n'était rien de plus qu'une simple constante de sa triste vie.

-J'ai toujours rêvé de mourir des mains d'une jolie fille.

Ainsi, en fermant les yeux, le dernier soupir de l'homme passa ses lèvres, qui étaient dorénavant figées dans un ultime sourire indélébile. Un sourire qui hanterait les pensées de Shigure pour le restant de ses jours.

Quelques secondes plus tard, alors que la pluie battante imbibait ses vêtements et coulait le long de sa peau à torrents, son corps tressauta de nombreuses fois, tandis que ses sanglots se faisaient de plus en plus prononcés.

Elle fini par laisser ses pleurs la consumer toute entière, alors qu'elle s'accrochait au corps désormais sans vie de son ancien collègue, de ses mains couvertes du sang de ce dernier, ses cris étouffés par la nuit pluvieuse et silencieuse.

Pourquoi les choses avaient-elles dû se terminer ainsi? Pourquoi avait-il accepté son sort sans même chercher à se défendre, comme s'il...

Comme s'il attendait cette occasion depuis toujours.

A présent, Dazai était partit. Définitivement.

Lorsqu'il avait quitté la Mafia, elle s'était sentie dévastée sans savoir pourquoi. Aujourd'hui, elle comprenait enfin la raison derrière ce sentiment abominable.

Elle lui en voulait d'être parti en la laissant derrière lui. Était-ce cette sensation qu'il avait éprouvée lorsqu'elle l'avait elle-même abandonné, trop lâche pour continuer à l'aimer...?

Elle avait échoué à le rendre heureux, la seule et unique mission qu'elle n'arriverait jamais à accomplir. Mais le pire, dans tout cela...

C'était que, malgré tous ses efforts, malgré tous ses sacrifices, elle s'était au final perdue elle-même.

En enfonçant sa lame dans la poitrine de Dazai, c'était son propre cœur qu'elle avait achevé.

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