Chapitre 42 : Plage

Ce matin, Haeli et moi nous sommes levé à cinq heures du matin afin d'atteindre la plage dans les alentours de sept. Nous avons acheté des fruits, une grande serviette de plage, des shorts de bain assortis (un à fleurs rouges pour moi et l'autre à bleues pour ma poupée). Puis, nous avons loué un parasol et sommes partis nous baigner.

Étant donné qu'il n'y a presque personne, l'environnement est vraiment paisible. Je m'amuse à courir après mon soleil pour l'attraper par la taille et le jeter dans l'eau pendant que lui... essaie de me fuir. Nous rions à gorge déployée et, ayant décidé que personne ne pourrait nous reconnaître ici, on s'embrasse dès qu'on le peut. Malgré le goût salé de nos lèvres à cause de la mer, malgré notre faim qui s'intensifie au fil des minutes que nous passons à jouer et malgré le soleil qui tape sur nos peaux non protégées, je passe les meilleurs instants de ma vie.

– Excusez moi ?

Bouclette et moi nous figeons afin de regarder le trio d'adolescents qui s'est arrêté face à nous pour nous interpeller. Voyant qu'il a notre attention, un homme grand et blond (qui semble être le "leader" du groupe) poursuit son récit :

– Nous souhaitons faire une partie de handball mais il nous manque justement deux joueurs alors nous nous demandions si ça vous direz de nous rejoindre...

Non. Je ne veux pas. Laissez moi jouer tranquillement avec ma poupée ! Haeli et moi échangeons des regards interrogeurs, ne sachant que répondre. Et, soudainement, il commence à prononcer : "bonjour. Communiquer. Pardon. Cerise. Cerise. Pardon. Bonjour." en langue des signes. Je fronce les sourcils d'incompréhension mais saisis ensuite son but lorsque je vois le groupe embarrassé qui essaie de s'en aller en marmonnant des excuses... et en essayant de les mimer. Je pouffe alors de rire une fois qu'ils sont assez loins pour ne pas se retourner.

– Wow ! Je ne savais pas que tu utilisais ton savoir à aussi mauvais escient !

Il hausse les épaules en riant également.

– C'était ça ou parler coréen. Mais il y avait une fille asiatique dans le trio et les chances qu'elle parle cette langue étaient beaucoup trop élevées.

– Je vois.

Je l'attrape alors par la taille, profitant de son moment d'égarement, et le jette sur mon épaule. Il lâche un petit cri de surprise et se met à rire pendant que je me dirige vers le sable.

– Je meurs de faim, bébé.

– Ouh !~... Tu veux de la pêche, chéri ? ~

Je soupire rieusement, amusé par son côté pervers et prend sa cuisse gauche entre ma main pour la presser tendrement.

– Tu n'imagines même pas à quel point !

Arrivé au niveau de notre parasol, je le dépose délicatement sur la serviette ombrée par ce dernier et il sort les fameux fruits d'un sac en toile. Je le regarde faire, émerveillé par sa beauté. Ses cheveux bouclés dégoulinent sur son corps en un ruissellement terriblement sexy. Il a chassé sa frange en arrière, étant trop longue à cause de l'eau qui révèlent la vraie longueur de ses cheveux, à savoir, deux fois plus longs que lorsqu'ils sont secs. Cette idée de coiffure découvre son front que je ne savais pas aussi beau, ses lèvres humides m'attirent abominablement, ses muscles naissants confirment encore plus mon attirance plus éloignée de l'hétérosexualité que le soleil de Neptune, et ses yeux magnifiquement dessinées sont encrés sur le couteau entre ses mains dont il se serre pour tenter d'éplucher une pêche. Mes yeux s'arrondissent d'horreur lorsque je remarque qu'il a manqué de se sectionner un doigt au moins cinq fois en moins de cinq secondes.

– Donne moi ça.

Je lui prends alors ses objets des mains, les sourcils froncés d'agacement à cause de la simple idée qu'il puisse se blesser, et je commence à éplucher le fruit moi-même.

– J'allais réussir...

– Oui. Peut-être après trois doigts en moins.

Bouclettes roule des yeux et sort une grappe de raisins. Il en arrache une de sa branche et commence à l'eplucher habillement avant de l'ouvrir en deux du bout des doigts pour la dénoyautée délicatement. Puis, il la pose dans un bol en verre que l'on a pris de notre studio. Je l'observe, amusé. Il remarque mon regard et sourit avant de s'expliquer.

– Les graines sont désagréablement amers lorsque l'on les croque accidentellement et la peau est difficile à mâcher en général.

– Je vois, je vois. Continuez, princesse.

Il pouffe de rire moqueusement.

– Tu seras très content lorsque tu mangeras uniquement la tendre chaire de ce fruit !

Comment lui dire que j'ai l'habitude de l'avaler sans retirer autre chose que la branche ?...

– Je t'en remercie d'avance, Bouclette.

Ainsi, nous continuons à préparer notre déjeuner. Une fois que j'ai fini d'éplucher les péches et de les découper en quartiers, je m'occupe du melon et de la pastèque pendant que Haeli est brièvement parti acheter des smoothies au fruit de la passion. Il se rassoit en tailleur tandis que je me suis allongé sur le dos en l'attendant. Ses jambes repliés au niveau de ma tête et son visage penché vers le mien, je l'admire d'un autre angle.

– Tu es terriblement joli.

– Oui. Ils n'avaient pas de nectarines, désolé.

J'explose de rire.

– C'est tout ce que tu trouves à répondre à mon compliment ?

– Que veux-tu ? Tu me complimentes tout le temps. Au bout d'un moment, je ne peux rien faire d'autre qu'acquiescer !

Je ris de plus belle et Haeli dépose un raisin dans ma bouche pour me faire taire. Je le mange sans rechigner. Ma poupée prend un quartier de pêche entre ses lèvres et l'entoure en laissant la moitié en évidence.

– Je ne raffole pas de ce fruit, commencé-je, tu peux tout pren...

Il se baisse alors vers moi et pose le bout du morceau visible, sur mes lèvres. Je les ouvre. Je me redresse légèrement de façon à ce que l'entièreté de la moitié se retrouve sur ma langue et la sectionne avec mes dents en même temps que mes lèvres caressent les siennes. On se met à manger chacun notre bout en mouvant nos bouches l'une sur l'autre. J'adore la pêche.

Une fois le fruit terminé, Haeli se redresse et recommence avec un quartier de melon. Et, comme cela, à chaque fois qu'il reproduit ce geste, je glisse mes doigts à travers ses cheveux pendant que l'on s'embrasse en mangeant. Lorsque toutes les pêchent et les melons sont dévorés, Bouclette reste un moment au dessus de mes lèvres, haletant d'excitation mélangée à de l'essoufflement tandis que je souris en faisant danser mes doigts sur sa nuque.

– Je ne pensais que manger des fruits serait aussi fatiguant, le taquiné-je.

– Tais toi...

Je pouffe de rire et pose un baiser sur sa joue.

– Comment allons-nous déguster les autres ?

Haeli se redresse, approche le bol de pastèque coupées en dé près de moi avant de prendre un bout pour le mettre dans ma bouche. Tout simplement, et pourtant, il le fait avec une sensualité et une habilité des plus indécentes. Je fais alors de même et nous nous nourrissons mutuellement en se regardant droit dans les yeux. Par moment, mon pouce vient se glisser sur sa lèvre inférieure, faisant le jus sucré dégouliner sur son menton. Je l'essuie et me laisse nourrir en même temps qu'il s'amuse parfois à appuyer un morceau de pastèque sur ma langue.

– Tu connais la théorie de l'œuf ? demande-t-il soudainement.

– Oui.

Globalement, c'est une idée selon laquelle il n'existerait qu'une seule personne dans le monde. Les autres humains seraient alors la réincarnation de cette seule personne et, ainsi, chaque Homme est son prochain. Alors, cela signifierait que dans ma vie antérieur j'étais quelqu'un d'autre, que j'aurais pu interagir avec mon "moi" de cette vie et donc que chaque personne que je rencontre ne serait autre que ma réincarnation future ou passée mais également que je suis leur réincarnation future ou passée.

– Je déteste cette théorie, dis-je.

– Ah oui, pourquoi ? Moi je la trouve formidable !

– Parce que ça signifierait que tu es moi.

– Et alors ?

– Et alors je refuse que tu sois moi. Je t'aime beaucoup trop pour t'imaginer comme un être abominablement laid et misérable.

Je vois ses sourcils se froncer gravement. Il pose sa main sur ma joue et me regarde droit dans les yeux. Je ne peux détourner les miens.

– Depuis quand... te détestes-tu autant, Shun ?

Une boule énorme se forme dans ma gorge, et je peine à la ravaler malgré tous mes efforts de la faire s'évaporer. Je ne dis plus rien, sachant parfaitement qu'au moindre geste, d'innombrables larmes se déverseront sur mes joues.

– Réponds moi.

Je parviens enfin à détourner le regard. J'attrape un smoothie et commence à le boire pour faire passer cette peine qui m'étouffe.

– Shun, réponds moi.

Je serre ma mâchoire et m'assois pour fixer les vagues dansantes de la mer.

– Shun !

– C'est juste que... !

Je m'interromps et soupire en plongeant ma tête dans mes mains.

– C'est juste que je suis affreux. Mon caractère, mon corps, mes pensées. Tout est horrible. J'ose sourire alors que je t'ai fait tant de mal, j'ose t'aimer après tout ce que je te fais subir, j'ose te vouloir à mes côtés alors que je sais que je ne te mérite pas. Tu es tellement parfait que ça me fait mal. Tu pourrais avoir le monde entier à tes pieds mais tu ne veux que moi. Je ne sais pas comment faire pour arriver à ta cheville. Avant je me trouvais beau. Il y a quelques semaines à peine, je me trouvais beau. Mais à présent, je n'arrive même plus à me regarder dans une glace. J'étais tellement prétentieux pour... mon physique que j'en ai fini par laisser mon caractère déteindre dessus. Rien de moi n'est beau à présent. J'ai des cicatrices et des blessures de partout qui me brûlent la peau au contact du sel, du sucre, ou juste de ton corps. Mes bras sont...

Des larmes viennent étrangler ma voix. Je me tourne vers Bouclette, le voyant à peine à cause de l'eau qui m'aveugle. Je lui tends mes avant-bras.

– Juste... Juste regarde moi, Haeli. Regarde comme c'est horrible. Pourquoi, bordel, pourquoi est-ce que tu m'aimes ? Comment peux-tu m'aimer lorsque moi-même je n'y arrive pas ? Comment est-ce que tu...

Je sens soudainement ses bras entourer ma tête pour l'enfouir dans son buste. J'écarquille les yeux de surprise.

– Shun, alors que tu te vois comme ton imagination te décrit, moi, je te regarde réellement. Tu es magnifique. Tu es sensible et attentionné. Tu es sincère dans tes actions comme dans tes paroles et tu changes. La personne qui m'a giflé en septembre, celle qui me bousculait et me disait d'horribles choses par ignorance, a disparu. À présent, tu me hurles que tu m'aimes et te soucis de mes moindres maux. Tu fais deux fois ma taille, trois fois mon poids et pourtant tu arrives à me traiter avec une douceur si raffiné que personne ne pourrait me l'offrir. Personne d'autre que toi.

Il prend ma tête entre ses mains pour la relever vers moi.

– Tu es beau, Wang Shun. Ne penses plus jamais le contraire.

Ses lèvres s'abattent sur les miennes.
Je le laisse m'embrasser un temps avant de commencer à répondre à son baiser. J'entoure son corps de mes bras et le caresse en parcourant mes mains sur son dos. Il exerce une légère pression sur ma poitrine afin de me faire comprendre que je dois me pencher vers l'arrière. Je m'allonge donc sur la serviette, toujours en embrassant Bouclette. Il vient se placer au dessus de moi, son bassin sur mon ventre.

Je profite quelques secondes de sa prise en main avant d'échanger nos places pour le faire disparaître sous mon corps. Ses jambes s'enroulent autour de ma taille et je dirige mes baisers vers son cou. Il entrelace ses doigts à travers mes cheveux en soupirant d'aise à cause des mouvements de ma langue sur sa peau et ceux de ma main qui s'amuse à titiller le creu que forme la fin de son dos avec le début de ses fesses. De mon autre belle mouvante, je maintiens la tête de Haeli redressée afin qu'elle ne ressente pas de gêne à cause du sol sableux.

– Sh... Shun c'est... enfin on... est en publique !...

Je continue à le caresser de partout.

– Je sais mais tu es tellement doux que je n'arrive pas à m'arrêter.

Il pouffe de rire et tire ma tête hors de son cou pour plonger son regard dans le mien.

– Commence déjà par arrêter de pleurer, hm ?

Je souris en même temps que mes larmes se déposent sur les joues de cet homme si magnifique.

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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

(Je le trouve un peu ennuyant pour tout vous dire mais bon... ce n'est pas très grave)

En attendant le prochain, prenez soin de vous <33

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