Chapitre 40 : Un long voyage
À la suite de deux heures de trajets supplémentaires (durant lesquelles Haeli a soigné mes blessures plus efficacement que moi), on est arrivé à la capitale de Tennessee : Nashville. Ma poupée ne voulant pas me dire où on était par peur de gâcher la surprise, j'ai dû le découvrir en scrutant les panneaux à l'arrêt de bus.
Il m'a alors expliqué qu'on devait en prendre un autre mais que, puisqu'il partait deux heures plus tard, on pouvait visiter un peu cette ville.
Nous avons donc parcouru de nouvelles rues en prenant des photos de tout et de n'importe quoi. Haeli passait son temps à vouloir faire des selfies. Ce qui m'agaçait au début, devint de plus en plus naturel, jusqu'à ce que je me mette à en faire également (enfin... je le prenais plus en photo que je ne faisais de photos avec lui).
Ensuite, vers seize heure, nous nous sommes assis à un café et avons commandé une part de gâteau de crêpes. C'était sucré et plutôt bon même si je n'était pas très fan. J'ai laissé Haeli finir et nous avons pris des sandwichs pour le trajet à venir. Néanmoins, au moment de sortir, ma poupée remarqua qu'il s'était trompé d'horaire et que le bus ne passait non pas à dix-sept heure vingt, comme il le pensait, mais à quinze !
On a alors couru à toute allure, manquant de se faire écraser par des voitures et bousculer par des bodybuilders. Heureusement, on parvint tout de même à être à l'arrêt à l'heure et à embarquer comme tout le monde.
Le trajet se passa sans encombre, on s'amusait à faire des vidéos "vlog" et des "capsules" comme les appelle Haeli. Apparemment, il voulait faire un album de nous depuis longtemps mais ne le pouvait pas à cause du fait qu'il oublie tout le temps de prendre des photos avec moi lorsqu'on est ensemble.
Ainsi, on s'est endormi dans le bus jusqu'à la nouvelle destination : Atlanta.
On arrive à vingt-et-une heure trente (heure locale) malgré le fait qu'on ait passé cinq heures dans le bus. On doit maintenant marcher quelques minutes afin d'arriver à la station de métro Garnett. On monte dans le wagon direction gold vers Doraville. Cinq minutes plus tard, on descend à Civic center.
Puis, nous marchons à peine une minute pour atteindre Marta, une énième station de bus. On monte donc, s'assoit et, malgré notre fatigue grandissante, on passe le trajet à rire, faire des selfies et des concours de dessins (j'ai remporté la compétition d'un point).
Environ huit heures plus tard (on s'est endormi entre temps), nous acostons à la station RedCoach d'Orlando.
Ayant quarante minutes de battements avant le prochain bus qui nous emmènerait à la destination finale, nous entrons dans un diner où on se nourrit d'œufs brouillés, de saucisses grillées, de bacon et de jus d'orange (comme de vrais américains). Puis, notre petit déjeuné étant terminé, nous prenons notre dernier véhicule, à présent habitués aux longs voyage.
Cette fois, nous jouons à apprendre quelques mots en langues des signes grâce à un petit livret qu'on nous a donné dans la rue (c'était une vielle dame qui essayait de nous recruter dans un stage d'apprentissage). Je ne trouvais pas tellement l'intérêt puisque je ne suis ni sourd ni en couple ou ami avec un sourd mais je me suis tout de même prêté au jeu jusqu'à ce que j'apprenne le plus accablant : c'est la langue des signes... française ! Aish... s'il y a bien une langue qui devrait être internationale, c'est bien celle ci ! J'ai alors perdu toutes motivations. Autant, j'aurais pu rencontrer un américain sourd par hasard dans ma vie ; autant un français sourd est encore plus improbable.
Néanmoins, Haeli qui a déjà retenu toute l'alphabet en moins de trente minutes, m'a convaincu de continuer en me disant qu'on pourrait s'en servir comme langage secret. Requinqué par cette idée génialissime, je me suis appliqué à apprendre le mieux possible. Et ainsi, nous avons passé les quatre heures de route à communiquer silencieusement.
***
– Attend ! me dit Haeli lorsque je suis sur le point de me lever pour sortir du bus.
Je me tourne vers lui, agacé mais surtout impatient d'en finir avec ce voyage certe amusant mais plus qu'inconfortable. Je meurs d'envie de m'allonger sur un lit !...
– Quoi ?
Il se redresse, sors un masque de nuit en soie bleue foncée et me le tend.
– Mets le pour faire durer la surprise !
Je roule des yeux et m'aveugle de ce bandeau. Je sens ma poupée se déplacer avant que ma fermeture éclaire ne descende sous la pression de ses doigts fins.
– Que... qu'est-ce que tu fais ?!
– Fait moi confiance, Daddy.
Je souris niaisement. Il sait parfaitement comment me faire céder à toutes ses requêtes.
Ses mains me découvrent habilement, me faisant frissonner à cause de la climatisation du bus.
– Tu veux que je meurs d'hipothermie ?!
Je l'entends rire doucement. Il prend ma main et m'entraîne vers la sortie avec délicatesse.
– Attention à la marche.
Je tribuche et manque de m'écraser contre le sol, arrachant un rire moqueur à Bouclette. Je rougis jusqu'aux oreilles.
– T... tu aurais pu me prévenir plus tôt !
– Désolé, désolé ~
Très vite, je prends conscience de la chaleur inhabituelle de l'air sur ma peau. C'est quoi ce...
Je chasse vivement le masque de sur mes yeux, devant positionner ma main entre eux et le soleil éblouissant de...
– Bienvenue à Miami, Shunie ! ~
"Miami."
Mes yeux s'arrondissent de stupeur et, la bouche béante d'incrédulité, je ne peux m'empêcher de scruter activement les longs palmiers qui s'élèvent jusqu'au ciel bleu de l'après-midi, les buildings aussi différents que communs avec ceux de Chicago, les cocotiers gorgés de leurs fruits exorbitants... tout, tout est magnifique. On est vraiment... dans le même pays ?
– Ça te plaît ?
Je pose mon regard sur ma superbe poupée aux bouclettes noires et la prend dans mes bras. Je le porte en le faisant tournoyer en même temps que moi, le faisant rire adorablement. J'embrasse sa joue et le repose au sol avant de prendre son visage en coupe.
– Tu es vraiment... parfait.
Il sourit grandement avant de déclarer sur un ton enjoué :
– Je sais.
Suite à cette déclaration d'amour, on prend un taxi (que je paye) et, une trentaine de minutes plus tard, il nous dépose devant une petite maison beige. Une femme dans la quarantaine nous accueille aimablement et, après quelques formalités, elle nous donne les clefs et s'en va. Haeli ouvre la porte et entre. Je le suis.
– Je n'ai pas réussi à trouver de studio plus près de la plage mais on pourra tout de même y aller en quelques heures de transports.
Je regarde autour de moi. C'est une chambre très sobre, constituée d'un lit double aux draps blancs immaculés, d'une télé accrochée au mur face à ce dernier, d'une courte table avec deux chaises en dessous de l'écran et, à droite du matelas, se trouve une cuisine ouverte. Il y a ensuite une porte arrière qui mène à une petite salle de bain impeccable. Globalement, c'est un lieu idéal pour dormir, se doucher et passer la journée dehors.
– J'avais peur que ça ne soit pas très propre mais c'est vraiment super !
– Ça t'a coûté combien tout ça ?
– Trois cent quatre vingt neuf dollars.
– Qu... quoi ?!! Pour un mois j'espère !
– Cinq jours, déclare-t-il en retirant son sac, et en commençant à se déshabiller.
Mes yeux s'écarquillent de surprise (je suis tout autant surpris par le prix que par le fait que Haeli n'a aucune gène face à moi).
– On ne peut pas trouver un endroit moins cher ? Ou bien ou pourrait passer un jour et ensuite retourner à Chicago comme ça tu...
Il me fusille du regard. Je me tais, intimidé.
– Je pensais pourtant avoir été clair. Je te protégerai aussi longtemps que je le peux financièrement.
– Oui mais...
– On passe cinq jours ici, on va ensuite dans un endroit moins cher pour deux semaines. Durant ces dernières, on trouve un travail et on déménage dans un studio d'un loyer hebdomadaire puis...
Il marque une pause. Il réfléchit.
– On verra.
Je soupire et baisse la tête. Bordel... je suis en train de ruiner sa vie. Passons quelques jours ici et ensuite je trouverai un moyen pour contacter ses parents pour qu'ils puissent venir le chercher.
– Comme tu voudras, Haeli.
Il enroule une serviette autour de sa taille et dit en se dirigeant vers la salle d'eau :
– Tu viens ?
Je me déshabille alors et l'imite. On se met sous la douche, l'un face à l'autre, faisant couler l'eau chaude sur nous. Haeli commence à se savonner habilement tandis que je le regarde faire, le trouvant particulièrement sexy.
– Tourne toi, m'ordonne-t-il.
J'exécute sa demande. Il passe le savon sur mon dos, le faisant mousser sur ma peau avec une sensualité déconcertante. Je me repositionne face à lui, haletant d'excitation. Il me fixe intensément, dans le même état. Je chasse vivement mes cheveux humides qui me voile les yeux, vers l'arrière, afin de pouvoir observer mon amour dans toute sa splendeur. Je glisse mes mains sur sa nuque. Il pose les siennes sur mes poignets.
Je me penche lentement vers lui, faisant durer le plaisir de l'attente. Puis, une fois nos lèvres s'étant frôlées, je les scelle pour l'embrasser délicieusement. Je m'approche de lui et il enroule ses bras autour de mon cou pendant que je glisse mes mains le long de son dos pour enlacer sa taille. Je le saisis par les cuisses et le plaque, avec une délicatesse contrôlé, contre le mur. Il entrelace ses doigts à travers mes cheveux pour intensifier le baiser et lui donner une allure presque sauvage.
Je ne m'en plains pas. J'adore.
Haeli serre ses jambes autour de mon buste et je commence à faire bouger son bassin en le collant encore plus au mur. À cause de cette initiative, je glisse et manque de tomber avec mon prince dans les bras. Je parviens à me rattraper tant bien que mal en m'aggripant au robinet, mon cœur battant vivement de panique. On s'immobilise une seconde, arrêtons tout mouvement, avant d'éclater de rire.
Je le pose au sol et on finit de se doucher sans plus d'interaction.
Une fois secs et habillés confortablement d'un short et d'un large haut à manche courte, on se permet enfin de s'allonger sur le lit. Je laisse échapper un soupire d'aise, me délectant de la sensation exquise d'être allongé dans toute ma longueur. Je m'étire.
– Mon pauvre géant, ce voyage a dû être une torture pour tes os.
– Tu n'imagines même pas à quel point, mon petit nain.
Il pouffe de rire et me fait rouler afin que je me retrouve sur le ventre. Là, il s'assoit sur le bas de mon dos, retire mon t-shirt et induit ses mains de monoï (c'est une huile doré au parfum des fleurs de tiaré et de noix de coco). Ainsi, ma poupée commence à appuyer doucement de mes omoplates à mes trapèzes en montant vers ma nuque. Puis, il longe lentement ma colonne vertébrale jusqu'à mes muscles dorsales qu'il vient presser délicatement tout en descendant vers mes lombaires. Il insiste dessus, puis, encore un peu plus bas, avant de remonter très lentement de mes trapèzes intérieurs pour arriver aux supérieurs préalablement masser. Haeli redescend ensuite en appuyant avec ses pouces sur chacune de mes vertèbres.
Je ne peux m'empêcher de lâcher quelques gémissements et soupire d'aise tout au long de la démonstration de son énième talent. Il me masse encore un peu avant de déclarer la fin et de s'allonger à mes côtés.
– Tu veux un massage ?
– Non merci. J'ai juste besoin...
Il se glisse dans mes bras et ferme les yeux.
– ... D'une peluche.
Je soupire rieusement et l'enlace. Je sens sa respiration ralentir et son corps s'allourdir avant qu'il ne s'endorme complètement. Je souris.
Il a certainement dû passer la nuit à tout préparer. De plus, ce voyage n'a pas été très reposant d'autant plus qu'il s'est appliqué à suivre le trajet à la lettre sans faire aucune faute.
Je ferme les yeux à mon tour, rassuré par mon soleil entre mes bras, avant de tomber dans ceux de Morphée.
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À suivre...
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La légende raconte que j'ai réellement cherché le trajet Chicago-Miami et les tarifs des hôtels, studios et motels là bas afin d'avoir une histoire la plus réaliste possible... (j'ai même cru avoir trouvé THE hôtel : 60$ la nuit, 4,4/5 sur TripAdvisor, et près de l'aéroport... mais c'était au Canada ㅠㅠ (ne me demandez pas comment je suis tombé dessus...))
Enfin brefff. J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
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