Chapitre 33 : discussion
Ainsi le dîner s'achève sans encombre et, après avoir aidé à débarrasser la table, je dis aurevoir aux parents de Haeli et sors en compagnie de ce dernier (qui a insisté pour m'accompagner).
– Ya ! Wang Shun !
Je me tourne vers la personne qui a prononcé mon nom. Munjee. Je m'approche d'elle, demandant à ma poupée de m'attendre un peu.
– Un problème ?
– Tu sais, de tous les copains que nous à présentés mon frère, tu es celui que j'apprécie le moins.
J'imagine bien...
– J'ai toujours prévenu Haeli de ne pas te faire confiance après tout ce que tu lui as fait et de ne pas se mettre avec toi ; mais cette tête de mule n'en fait qu'à sa tête. Il est trop gentil et oublie trop vite la pourriture que tu étais.
Je déglutis. Elle me fixe avec un regard perçant qui pourrait faire trembler un rocher.
– Néanmoins, j'avoue comprendre à présent pourquoi il a choisi de te donner une autre chance.
Son regard s'adoucit.
– Tu l'aimes affreusement.
Je me mords la lèvre.
– Et comment ne pas craquer pour un type à la gueule d'ange qui n'a d'yeux que pour toi ?
Je n'arrive vraiment pas à comprendre où elle veut en venir.
– Écoute moi bien, Wang Shun, l'aimer ne suffit pas, il faut aussi que tu en prennes soins. Et je ne compte pas le nombre de fois où j'ai entendu Haeli pleurer pour toi. Je ne sais pas exactement ce que tu lui as fait, ce que tu lui fais ou ce que tu vas lui faire mais t'as intérêt à ce qu'il ne verse plus aucune larme, tu m'entends ?
J'acquiesce vivement. Mon cœur bat à la chamade et je stresse grave. Elle est trop intimidante, bordel !
– Bref. Prends soin de mon petit frère, gamin.
Sans attendre de réponse, elle claque la porte derrière elle. Déboussolé, je reste un moment comme un idiot à fixer l'entrée avant de reprendre mes esprits pour rejoindre Bouclette.
***
J'ouvre la porte de chez moi en désserrant la cravate qui m'étrangle. Je ne rêve que d'une chose : dormir tranquillement.
– Shun.
Je soupire intérieurement. Non, je pleure intérieurement ! S'il y a bien une chose que je ne voulais pas, c'était bien de devoir confronter mon frère à vingt-trois heure !
La tête penchée en arrière de desespoir, j'attrape une chaise et la traîne nonchalamment jusque devant lui, assis sur le canapé. Étant donné qu'il est en jogging, j'imagine qu'il ne travaille pas ce soir. Youpi ! (notez l'ironie).
– Quoi ?
Il claque sa langue, signe d'agacement profond.
– Réponds moi correctement.
Je lève les yeux au ciel.
– Oui, mon très cher Gēge ?
– C'est déjà mieux. Bref. Je sais que tu m'avais prévenu que tu allais chez ton... voilà quoi, donc ne t'affole pas, je ne vais pas te faire un sermons dessus.
Alléluia ! Mais ne nous réjouissons pas trop vite, matelot, il a certainement une autre raison de me faire chier. Et peut-être qu'elle est beaucoup, beaucoup plus saoulante.
– Baisse ta garde, je ne vais pas te gronder ou autre. Je veux juste... discuter.
Parler, parler, parler – tout le monde veut me parler ! C'en ai même trop prévisible.
– À quel sujet ?
– Ton homosexualité.
Argh ! Je vous l'avez dit ! C'est toujours pire ! Plus vous pensez vous sortir d'une situation défavorable, plus elle devient sujet à vous faire péter une crise ! Là en plus, c'est atroce puisque vous savez comme Tao est intolérant et exaspérant la dessus ; donc je vais faire un monologue et il va me casser à coup de "tu te trompes", "ce n'est qu'une phase" et plein d'autre connerie du genre. Essayons de fuir !
– Je ne veux pas.
– C'est pas toi qui décide.
– D'accord.
Tentative échouée. Mourrons à présent dans les flammes infernales des leçons de morale de mon frère.
– Shun, tu sais pourquoi je t'ai mis dans une école privé international ?
Pour me faire chier.
– Je sais ce que tu penses, ce n'était pas par pur désir de t'embêter.
Hein ? Il lit dans mes pensées maintenant ?
– Je... je n'ai jamais pensé ça...
– Peu importe. La raison pour laquelle je t'y ai placé est bien plus recherchée. Je voulais que tu sois parmis une diversité d'élève. Un environnement où les gens sont tellement différents les uns des autres que plus personne ne remarque cette différence, elle devient normale.
– Qu'est-ce que ça a à voir avec le fait que je veuille sauter un gars ?
Ne vous inquiétez pas, j'ai intentionnellement choisi des termes aussi grossiers afin de le mettre mal à l'aise et ainsi me venger de ses propos de la dernière fois.
– Je... j'y viens.
Il s'éclaircit la voix.
– Plus simplement dit, je voulais être sûr que tu ne sois pas discriminer pour ta différence.
Je crois que je commence à comprendre où il veut en venir.
– J'ai tout fait pour que tu n'aies pas à subir le racisme ici, ou bien même la différence de classe sociale en te donnant les mêmes choses que n'importe quel gosse de riche.
Je détourne le regard.
– J'ai fait mon possible pour que tu ne sois pas différent et toi... tu es gay.
J'ai envie d'exploser de rire. A croire que c'est de ma faute ! Bordel, je savais que ça allait se terminer par un reproche !
– Ok donc tout ton speech c'était pour me dire que j'ai gâché tout tes efforts à cause du fait que j'aime un homme ?!
– Écoute, Shun...
– Non je ne vais pas t'écouter, Tao, tu me saoules ! Vraiment, t'es chiant !
Je me lève, hors de moi.
– Combien de fois est-ce qu'on devra avoir cette conversation, putain ?! J'aime Haeli, et alors ? C'est un homme, et alors ? Ça te dérange ? Et alors, bordel, et alors ?! Tu vas m'empêcher de le voir ou de l'aimer ?! Être heureux pour moi est trop compliqué ? Tu ne peux pas te réjouir que j'ai enfin une raison de vivre ? Hm ? Tu ne peux pas être un minimum... tolérant ? Un minimum compréhensif ?
Merde. Pourquoi est-ce que ma gorge doit-elle tout le temps se serrer lorsque je me fâche ?
– Shun...
Il se lève à son tour, me prend dans ses bras, mais je le repousse avec rage en me dirigeant vers ma chambre, sentant que les larmes menacent de couler.
– T'es vraiment... horrible, gēge.
Je me précipite dans ma chambre, claque violemment la porte et me laisse tomber sur mon lit en posant rageusement mes mains sur mon visage.
Putain, fais chier ! Putain de vie de merde, putain de situation de merdre, putain de famille de merde, putain de...de tout ! Depuis quand est-ce que c'est un putain de problème d'être gay, bordel ?! Et puis... je suis même pas gay ! Je suis juste... amoureux de Haeli ! Je suis... Haeliophile. Oui, c'est ça. Ma sexualité est basée entièrement sur l'idolâtrie de Song Haeli. Mon Song Haeli.
Je pouffe de rire face à ma conclusion et saisis mon téléphone afin de lui envoyer un message. Il répond instantanément et s'en suit ainsi une longue conversation remplie de cœur rouge, de "Je t'aime" et de sourires niais.
Je m'endors ainsi, submergé par tout cet amour.
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Fin du chapitre 33.
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