Chapitre 31 : acceptation

– Je ne suis peut-être pas aussi parfait que j'en ai l'air, prononce-t-il avec le sourire le plus radieux que je n'ai pu apercevoir de lui.

Je le fixe, horrifié par tant de beauté dans ce masque qu'il arbore sans difficulté. Jamais je n'aurais pu voir à travers ces fissures si bien camouflées. Et, je me demande s'il a déjà été heureux à mes côtés. S'il était sincère lorsqu'il me souriait avec tant de joie. Si cette joie ne serait pas que mensonge tout comme ceux qu'il prétend ne pas savoir prononcer. Song Haeli, tu es le meilleur menteur de l'univers. Finalement, toi que je pensais le seul sincère avec moi, tu es peut-être celui qui m'a le plus menti. C'est à n'y rien comprendre. Il y a quelques mois à peine, je te giflais par peur que tu me trahisses et à présent je veux t'enlacer pour en comprendre la raison.

– Haeli...

Il profite de mon instant de déstabilisation pour libèrer son bras de mon emprise, avant de sauter joyeusement hors du lit.

– Bref ! On va manger ? Je nous ai fait des bentos délicieux ! Tu sais à quel point je cuisine bien, non ? Haha. Je ne dis pas ça pour être narcissique ou autre, mais... de toute façon, la fausse modestie ne sert à rien ! Et puis...

– Haeli !

Il sursaute légèrement.

– Haeli, arrête ça je t'en prie. Laisse moi connaître les raisons de ces marques, s'il te plaît. Tu ne te rends pas compte de ce que tu représentes pour moi. Tu ne te rends pas compte du mal que ça me fait de te voir dans cet état. Alors, je t'en supplie, si tu m'aimes comme tu le prétends, si tu n'en n'as pas rien à faire de ce que je ressens pour toi, explique moi tout. Fait moi confiance, s'il te plaît.

Il reste un moment les yeux fixant le sol, un regard sombre les voilant, avant de ricaner sans joie.

– Si je t'aime, tu dis ? Sous prétexte que je t'aime je dois te dévoiler mon sombre passé sans rien dire ? Hm ? Alors que, toi, tu n'étais pas fichu de me dire où tu étais hier soir ? Va te faire foutre, Wang Shun.

Sur ce, il s'en va précipitamment. Je contracte ma mâchoire, retiens mes sanglots et me rue vers lui pour le prendre dans mes bras et ainsi l'empêcher de me fuir. Il ne se débat pas pendant que je le serre comme un fou en embrassant ce que je pouvais atteindre de son corps. Je marmonne frénétiquement des excuses qui le laissent silencieux et vide d'émotion.

– Quand je te raconterai tout, tu pourras en faire de même, s'il te plaît ?

Haeli lache un son d'approbation à peine audible avant de se défaire délicatement de mon corps.

– Shun... ça te dirait de rencontrer mes parents ?

Béant, je reste les yeux écarquillés, le temps que mon cerveau enregistre l'information. Rencontrer... ses parents ? Moi ? Que... qu'est-ce que c'est comme connerie encore ? Vous me voyez m'assoir à une table en face de ses géniteurs et discuter ? Moi ? Et qu'est-ce que je pourrais bien leur dire ? "Oui bonjour, je suis l'ancien harceleur de votre fils, je le fais pleurer toutes les semaines et j'ai essayé par deux fois de lui prendre sa virginité !" Bordel... c'est quoi comme plan foireux ça ?

Voyant que je ne réponds pas, Haeli murmure "Je m'en doutais." puis s'éloigne de moi. Merde... combien de fois ai-je foiré aujourd'hui ? Trois ? Quatre ? Et si... et s'il veut me quitter parce que je suis trop atroce avec lui ?! Et si c'était un test pour voir si je suis sérieux dans notre relation ? Et s'il voulait s'assurer que je ne suis qu'un lâche ? Et si... il ne m'aime plus après ça ?

Mon cœur se tord à la pensée de cette horreur et, par peur que cela ne se réalise, je hurle :

– C'est d'accord !

Il se retourne.

– D... donne moi une date, une heure et je serais là. Peu importe quand, je ferais en sorte d'être le meilleur gendre possible !

Il me regarde longuement avant d'exploser de rire adorablement. Je m'apaise à l'entente de cette harmonie pour l'admirer mais mon sourire s'estompe légèrement en pensant au fait que ce n'est peut-être qu'un énième mensonge.

– Super alors ! Tu vas voir, mes parents vont t'adorer !

– Je... j'oses espérer.

– Hm. Suis moi, on va manger.

Après ce passage à l'infirmerie, on a mangé tranquillement sur le toit et le reste de la journée s'est déroulée au mieux, pour mon plus grand plaisir. Il faut croire qu'on passe toujours de merveilleux moment après s'être disputé. Pendant une fraction de seconde je me suis demandé si je ne devrais pas être exécrable pour qu'on s'énerve plus souvent. Mais bon... j'ai peur d'atteindre la limite de patience de ma poupée.

Bref. Je sors du lycée à la suite d'un petit "aurevoir" fait à Haeli, mais je me rappelle que trop tard que j'ai oublié ma moto au squat ! Je m'apprête à faire demi tour lorsqu'une voiture klaxonne derrière moi. Instinctivement je me retourne et tombe sur une BMW... conduite par Tao ! Alors, pris de frayeur, je fais mine de ne pas le voir et poursuit ma route. Sachant que j'ai plus ou moins fugé, je ne pense pas qu'il soit venu juste pour me récupérer gentiment. Sauf qu'à peine ai-je tourné les talons que je l'entends crier mon nom avec le plus de voix possible. Tous les regards se tournent vers moi. Bordel... ce connard fait vraiment tout pour m'embarrasser. Il monte alors sa musique au maximum (une sorte de rap bien grossier et humiliant m) tout en gueulant encore plus fort.

Mort de honte, je me précipite vers lui.

– Baisse le son !

– Monte.

J'ouvre la portière arrière... qui est verrouillée.

– Qu'est-ce que tu fais ?! Ouvre !

– Tu ne fais pas un bisou à ton grand frère, Aî Shun ?

– Gēge ! T'es pas sérieux, là ?!

Il me fixe alors avec le plus grand des calme en augmentant – sans sourciller – sa stupide musique encore plus. Comme par hasard, les Back sont des meufs qui gémissent à ce moment là.

Je m'empourpre et me penche rapidement vers lui pour poser furtivement un baiser sur sa joue. Satisfait, il n'ouvre pas la porte pour autant.

– Quoi encore ?!

– Viens à côté de moi, petit frère.

Ma mâchoire se resserre et je me précipite en direction du siège passager avant de m'y asseoir immédiatement. Je baisse la musique et monte les vitres en cachant mon visage du mieu que je peux, sous le rire sonore et moqueur de Tao.

– La ferme... grincé-je entre mes dents.

– T'as eu sport aujourd'hui ? T'es tout mignon dans ton uniforme !

Je lève les yeux au ciel.

– Pourquoi t'es venu ?

– Je n'ai pas le droit ?

– C'est pas ça. C'est juste que...

Je marmonne un "je n'ai pas l'habitude". Tao m'observe alors avec un sourire niais sur son visage avant de m'ébourrifer les cheveux.

– Qu'est-ce que tu es sensible pour si peu ! Si j'avais su que tu serais au bord des larmes juste parce que je viens te chercher de temps en temps, je ne serais jamais venu !

Les yeux vers la vitre, je ne réponds rien, trop agacé pour réagir à ses provocations. Et c'est seulement quand il m'ordonne de mettre ma ceinture pendant qu'il démarre, que je me rends compte de quelque chose.

– Depuis quand est-ce que tu te balades en BM' ? Ça coûte super cher, non ? Où est-ce que t'as eu cette voiture ?

– Pose pas de question, t'auras pas de réponse.

Je claque ma langue. Il m'agace lorsqu'il agit comme un type mystérieux ou une autre connerie du genre.

– Sinon tu t'es éclaté hier soir avec tes toxicos ?

– Ils sont tous clean, et ouais.

– Cool. Tu sais que tu vas devoir payer pour t'être tiré sans rien me dire.

– Le coup de l'humiliation au lycée n'est pas déjà assez ?

– Pfft ! C'est même pas le début, chéri, je vais tellement t'exploiter que la prochaine fois tu ne penseras même pas à t'enfuir !

Je soupire bruyamment. C'est pas comme si j'avais tuer quelqu'un. Il n'a pas besoin d'agir aussi sévèrement !

– Je te déposes et après je repars.

– Je m'en doutais.

La tête contre la vitre, j'observe distraitement le paysage urbain défiler. Et, dès que j'aperçois une rue que j'ai sillonner avec Haeli derrière moi, un sourire niais se dessine sur mon visage.

– Tu comptes pas enlever ce stupide collier ?

Je prends un court instant pour comprendre qu'il parle de mon bijou assorti à celui de ma poupée, avant de le glisser sous mon t-shirt pour qu'il arrête de me saouler.

– Tss... t'as dépensé combien pour cette merde ?

Agacé, je me redresse vivement.

– T'en n'as pas marre de prendre tout ce qui concerne ma relation pour cible ?! Je peux comprendre que t'acceptes pas que je sois gay, que c'est compliqué parce que j'aurais dû t'en parler, et que tout le monde est comme toi, mais juste laisse moi ! Je ne fais de mal à personne, je découvre simplement ce que c'est que d'aimer et je suis même plus heureux depuis qu'il est entré dans ma vie ! Alors ça te dérangerait tant que ça de lâcher ma veste ?! Bordel !

Un long silence prend place entre nous. C'est à peine s'il a écouté un mot de ce que je lui ai dis.

– Bref. Je penses que ce n'est qu'une phase.

– Quoi ?! T'es sérieux là ?! Je te dis que je l'aimes ! Je suis amoureux, Tao ! Ce n'est pas "qu'une phase" !

– Si tu le dis. Bon, descends, on est arrivé.

Avec rage, j'ouvre la porte, sors de la voiture, la claque et m'en vais. Quel connard ! C'est le pire des enfoirés ! Quand je vais dire ça à papa il...
Je m'arrête. Merde... comment puis-je encore prononcer ce genre de chose ? Ça fait plus de sept ans, Shun, fais toi une raison.

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À suivre...
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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^
Désolé, il est un peu court...ㅠㅠ

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