Chapitre 3 : Tu me détestes ?


Après la pause déjeuner, je me suis installé à ma place pour attendre le début du cours. Tout le monde est ici sauf Haeli. J'espère qu'il va bien. Non, ne pense pas à lui de cette manière, tu dois le détester. La porte s'ouvre alors et il apparaît, les yeux bouffis et le visage figé. Il se met devant sa table, et, Dojin qui se trouvait un peu plus éloigné, se précipite vers lui. Il s'accroupit face à lui et prend sa tête entre ses mains, inquiet.

– Qu'est-ce qu'il t'es arrivé, Haeli ? Ta lèvre est fendue et...

Il me jette un rapide coup d'œil.

– C'est lui ? commence-t-il, c'est lui qui t'as fais ça ?! Ce genre de type n'est pas fréquentable ! Même à toi, il a réussi à faire du mal !

– Quoi ?! Wang Shun t'as blessé, Haeli ? demande un.

– Comment a-t-il pu faire une chose pareille ?! s'indigne un autre.

Et petit à petit, tout le monde s'est agglutinés autour de Haeli. L'étouffant d'innombrables questions, plus soucieux que jamais. Tandis que lui, ne bouge pas et maintient un silence de mort. L'atmosphère est insupportable pour moi et je ne pus rester une seconde de plus entre ses murs lorsque j'apperçus Dojin prendre Haeli dans ses bras.

Je me lève bruyamment, sous le regard méprisant de la classe, avant de me diriger vers la sortie. Je m'arrête néanmoins quand j'arrive au niveau de Haeli, ne pouvant m'en empêcher. Je veux lui demander moi-même s'il va bien, s'il ne veut pas soigner sa lèvre. Mais la raison me rattrape.

– Tu peux pas arrêter de chialer ?

Une larme roule sur la joue de Haeli. Il la chasse immédiatement mais en suit une multitude qu'il essuie désespérément.

– Putain de tapette, me forcé-je à dire en reprenant ma marche.

Dojin se place face à moi.

– Bouge.

– Tu vas trop loin, Shun. Excuse toi auprès de lui tout de suite !

– Sinon quoi ? le testé-je en avançant d'un pas, le regardant de haut.

– Sinon je...

– Tu ?

– Je...

– Je vais t'expliquer ce qu'il va se passer, petite pute. Si tu restes encore une seconde de plus face à moi, je pète ta putain de gueule. Entendu ?

Il continue à me tenir tête durant quelques fractions de seconde avant de dégager le chemin, la tête baissée et les poings serrés. Malgré tout, je ne peux m'empêcher de le pousser au sol avant de quitter la pièce.

Je sors du bâtiment et monte sur ma moto avant de démarrer jusqu'à mon immeuble. Là, je descends de mon véhicule et me dirige vers l'intérieur quand quelqu'un m'interpelle.

– Hé ! Tao ! clame-t-il en me regardant.

– Désolé, je suis son petit frère.

Il a sa main dans sa poche, semblant vouloir en sortir quelque chose, mais en apprenant que je ne suis pas celui qu'il cherche, il la sort et semble beaucoup moins enjoué.

– Je peux lui faire passer un message si vous voulez.

– Tu dois être Shun, non ?

– En effet.

– Bien. Dans ce cas, oublie que tu m'as vu et rentre chez toi.

Ces dernières paroles ressemble plus à des menaces qu'autre chose. Donc je monte avec hâte. Arrivé devant mon appartement, j'insère la clef avant d'ouvrir la porte. Je pénétre à l'intérieur, et veux me diriger vers le frigo lorsque je remarque, avec effarement la présence de mon frère.
Bordel ! Pourquoi est-il ici à chaque fois que je rentre ?! Je ne peux pas être tranquille deux secondes ?!

– Pourquoi tu n'es pas en cours ?

– À ton avis, rétorqué-je en fermant le réfrigérateur, prêt à me diriger vers ma chambre.

– Où est-ce que tu penses aller ? J'en ai pas fini avec toi.

Agacé, je m'arrête.

– Quoi ? Qu'est-ce que tu vas faire ? Me forcer à aller au lycée ?!

– Surveille comment tu me parles. Tu es confisqué de téléphone, ça te feras réfléchir.

– Pfft ! Comme si j'en avais quelques choses à foutre, lui dis-je en balançant mon portable au sol.

Je me précipite ensuite dans ma chambre. Mais à peine ai-je fermé ma porte qu'elle s'ouvre avec fracas, laissant apparaître Tao plus énervé que jamais. Sans que je n'ai le temps de réagir, il me prend par le col et me plaque brutalement contre le mur. Mes pieds frôlent à peine le sol. Tao me regarde dans le blanc des yeux, les sourcils froncés tandis que je suis complètement apeuré.

– C'est quoi ton putain de problème, Shun ?! Tu penses que parce que je te fais à manger, tu peux me traiter comme un chien ?! Frère, si une seule personne me parle comme tu viens de le faire, j'éclate sa gueule contre un mur ! Je vais te dire une seule chose avant que je ne reparte travailler. Tu as beau être mon petit frère, la prochaine fois que tu oses me manquer de respect, je te frapperai assez fort pour que tu retiennes la leçon, entendu ?!

J'acquiesce lentement, ayant du mal à respirer. Il me relâche ensuite et me prend dans ses bras.

– Explique moi ce qu'il t'arrive, Shun. Pourquoi manques-tu les cours ?

– J'ai... j'ai merdé, Gēge.

– Comment ça ? Avec qui ?

– Une personne... que j'aime.

Tao me relâche et ébouriffe mes cheveux, affichant un sourire amical.

– Ça arrive. Tu es encore jeune, les ruptures amoureuses sont douloureuses mais naturelles. Tu as le droit de pleurer, tu m'entends ? Tu es encore un enfant.

Sur ce, il tapote mon épaule avant de partir. Moi, j'ai passé le reste de la journée dans mon lit à dormir. Aish... de quoi j'ai peur ? C'est juste entre vous et moi ici, je peux dire ce que je veux. Bon, voilà, j'ai pleuré... beaucoup pleuré. Contents ?

Après cet incident, les semaines sont passés, se ressemblants abominablement. Haeli et moi nous ignorions quand il y avait du monde. Mais quand on se croisait dans les couloirs, juste nous deux, je le bousculais ou le poussais carrément. Lorsqu'on se retrouvait seul face au distributeur, je le poussais hors de mon passage. Et quand il devait me parler pour une raison x ou y, je lui ordonnais de se taire.

Ainsi deux mois se sont écoulés sans que rien ne s'arrange entre nous. Pourtant, un jour, on a été assimilé dans un même groupe de biologie pour un exposé. Rapidement, Haeli m'a demandé très formellement à ce qu'on travaille ensemble durant une de nos heures de pauses. J'ai accepté immédiatement, minant l'indifférence.

Ainsi, je me trouve dans une salle, seul avec Haeli à mes côtés. Cette seule pensée m'enchante terriblement. Mais je ne peux démentir le fait qu'il me déteste et que je le ressens. Voilà pourquoi je me suis mis à faire de même. Il a promis d'être toujours là pour moi et pourtant il me tourne le dos. Certe j'ai fauté mais de là à mériter ce qu'il me fait endurer ?

– Donc quand tu vas parler des atomes, n'oublie pas de...

– La ferme.

Il soupire bruyamment avant de reprendre.

– N'oublie pas de mentionner leurs origines et la façon dont...

– Tu es sourd ? Je t'ai dis de te taire.

Haeli se lève brusquement et me regarde droit dans les yeux. Chose qu'il n'a pas faite depuis longtemps.

– Écoute, Wang Shun, j'ai tout autant de mal que toi à partager cette pièce à tes côtés mais je prends sur moi pour ne pas déguerpir. Tu me détestes, je te déteste, on se déteste, d'accord. Mais s'il te plaît, mettons, juste pour cette heure, nos différents de côtés afin de terminer ce projet au plus vite.

Ses paroles me transpercent telles des coups de poignard.

– Pffrt ! Tu me déteste ?! Laisse moi rire ! À chaque fois que je pose maladroitement les yeux sur toi, tu perds tes moyens ! Laisse moi t'apprendre une chose, Bouclette, quand une personne te rejette, tu es sensé arrêter de l'aimer. Alors cesse de jouer les gentils et prêtant me détester avec un peu plus de crédibilité ou bien assume tes sentiments pour moi.

– J'éprouvais peut-être quelque chose à  ton égard avant mais à présent le seul fait de te regarder me révulse.

– Et moi alors ?! Tu croyais sérieusement que je me sentirais flatté qu'un homme pense à moi de cette façon ?! Tout comme je te l'ai dit et redit, tu me dégoûtes. Depuis la première fois où j'ai posé les yeux sur toi à maintenant. Ton allure de pédale, ta taille de tapette et ta gueule de meuf, tout est... écœurant.

– C'est pas toi qui me disait constamment à quel point j'étais adorable ? Donc, si je comprends bien, tu es tombé amoureux de moi et a pris peur donc tu te retrouves à me persécuter parce que je suis la raison pour laquelle tu aimes les hommes. Je me trompe ?

– Tch ! C'est ridicule. Tu as une trop grande estime de toi, Bouclette. Il me semble que tu es aussi un pervers qui s'excite au moindre contact... je me trompe ?

Il fronce gravement les sourcils. Amusé, je me lève alors afin de l'intimider avec notre énorme différence de taille et me met à le fixer intensément.

– Toutes les conditions sont réunies pour que le processus marche. À présent, laisse moi voir quelle expression ton visage écœurant peut faire lorsque tu es en chaleur.

Je lève mes mains, prêt à les poser sur ses joues mais il les retint énergiquement.

– Oh ! Ho ! Tu veux vraiment qu'on joue au plus fort, Bouclette ?

– Je sais que tu en meurs d'envie, mais ne me touche pas.

– Pourquoi es-tu si sérieux d'un coup ? On est sur le point de s'amuser là, tu ne le vois pas ?

– Fais toi une raison, Wang Shun, je ne t'aimerais plus jamais. Tu as déjà manqué ta chance.

– Pfft ! C'est à toi de te rentrer dans le crâne que je ne t'ai jamais aimé !

– Dans ce cas, pourquoi est-ce que tu t'obstines vouloir me toucher ?

– C'est uniquement pour te faire réagir ! Parce que ça m'amuse !

– Bien, commence-t-il en relâchant mes poignées, fais le. Mais en me touchant, non seulement tu confirmeras ce que je viens de dire, mais en plus tu ne te sentiras qu'offenser de constater que, malgré la réunion de toutes les conditions, tu ne me fais plus aucun effet.

Pris dans un dilemme, je ne sais que faire. Dans les deux cas, Haeli ressors de cette situation victorieux. Et dans les deux cas j'en ressors perdant. Que faire ? Non... comment faire pour qu'on redevienne comme avant ? Chaque mot que je lui dis sors, malgré moi et à cause de ma stupide fierté, comme une insulte. Et si je lui avouais tout depuis le début ? Et s'il savait tout ? M'aimerait-t-il à nouveau ? Ça, il n'y a qu'une seule raison de le savoir.

– Song Haeli, écoute. La... la dernière fois que l'on avait discuté... amicalement. Enfin, la fois où je t'ai frappé, je...

– Tu... ?

– J'ai réagit par réflex et...

La porte de la salle s'ouvre avec fracas en même temps que je parle, couvrant ma voix. Apparait alors mon professeur de biologie, monsieur Stevenson.

– Désolé de vous interrompre, les jeunes, mais le petit bout-de-chou que vous voyez là, dit-t-il en pointant Haeli du doigt, est convoqué dans le bureau du proviseur.

– Quoi ?! m'indigné-je.

– P... pourquoi ? questionne Haeli.

Monsieur Stevenson hausse les épaules avant de demander à Bouclette de le suivre. Me laissant là, seul dans cette pièce.

Moral de l'histoire : même quand je tente de faire de bonnes actions, le destin m'en empêche.

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Fin du chapitre 3.

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