Chapitre 21 : Jun

Le lendemain, je me reveillai paisiblement, dans les alentours de treize heure ; et immédiatement les souvenirs de la veille refurent surfaces. Mais au lieu de me sentir excité ou même juste heureux de penser à ça, j'étais inquiet. Je me demandais si les choses n'allaient peut-être pas trop vite entre nous, si, même s'il était consentant, je ne l'avais pas influencé d'un manière ou d'une autre.

Je sais que je ne devrais pas, mais je ne peux m'empêcher de le voir comme un enfant dans ce genre de situation. Je vous l'accorde, c'est très bizarre et mal placé dis comme ça seulement... détrompez-vous, je ne le vois pas comme un gamin à proprement parlé quand on le fait mais plutôt – je le devrais. Dans le sens où il ne sait peut-être pas réellement ce qu'il veut et qu'il n'a peut-être pas la maturité nécessaire pour prendre du recul par rapport à quelque chose qui a tant d'ampleur.

Enfin peu importe. Pour l'instant, on n'est pas vraiment allé jusqu'au bout et Haeli n'a pas eu l'air d'être dérangé par ce qu'on avait fait après. Et puis on ne ressayera probablement pas avant longtemps donc... n'y pensons plus. Je passai alors mon dimanche à procrastiner, rêvasser et écrire. Qu'est-ce que j'écris vous me demandez ? Eh bien, ça ne vous regarde pas. J'ai le droit de garder un minimum de vie privée, non ? Déjà que je vous dis même quand je me branle...

Bref, le week-end étant passé ( beaucoup trop vite à mon goût ), je devais retourner au lycée. Néanmoins, depuis un certain temps déjà, cette idée ne me déplaisait pas puisque je vais voir ma poupée. Je me preparai donc, limite en chantonnant, me parfumant et me coiffant à la perfection pour Haeli ( et moi-même ) avant de monter sur ma moto, prenant un deuxième casque au cas où, et de partir en direction du lycée.

Une fois arrivé, j'apperçu Bouclette discutant avec son groupe d'amis au loin. Je lui fis signe et il accouru vers moi, un grand sourire aux lèvres. Il s'arrêta ensuite à quelques centimètres de moi et me dit, sur un ton enjoué :

– Bonjour, Shun !

– Salut, répondis-je un sourire aux lèvres.

– Tu as passé un bon dimanche ?

– J'ai préféré le samedi.

Haeli détourna alors le regard, embarrassé, ce qui m'amusa fortement. Puis, me souvenant d'une chose que je voulais lui demander, je changeai de sujet.

– Au fait, bébé, tu ne penses pas que tu devrais passer plus de temps avec tes amis ?

– Pourquoi ?

– Parce que tu dois leur manquer à trop rester avec moi.

– Peu importe.

– Que...

– Mes amis ont des amis alors que toi non. Donc je ne peux pas te laisser pour eux.

Pour une raison ou pour une autre, je me sentis vexé. Alors, je ne retorquai rien et me dirigeai vers l'entrée du bâtiment, Haeli me suivant des prés. Arrivée en classe, je m'installai et sortai mes affaires avant de fixer la fenêtre ou plutôt ce qu'il y avait derrière.

L'heure du déjeuner arriva enfin. J'avais passé – deux heures auparavant – la récréation dans la classe, refusant de sortir tandis que Bouclette était parti, voyant que je ne venais pas, rejoindre ses amis. Mais puisque je ne suis vraiment pas d'humeur à lui parler, je compte passer aussi cette heure en classe.

– Shun ? prononça Haeli, debout devant moi.

Assis et les mains dans les poches, je ne lui répondit pas, trouvant les oiseaux plus intéressants.

– Tu viens ?

– Non.

– Tu boudes encore ?!

– Je ne boude pas. J'ai juste pas faim.

– C'est pas grave, tu peux quand même venir pour qu'on passe du temps ensemble.

– Non.

Haeli soupira bruyamment.

– Pourquoi tu agis toujours comme ça ?!

– Si ça ne te plaît pas, tu peux t'en aller.

– Pfff... si je m'en vais tu ne seras que plus triste.

– Je ne suis pas triste.

– Si.

– Non.

– Bien sûr que si.

– Ferme la, putain. Tu me saoules.

Un long silence se plaça entre nous. Et merde... j'ai déconné. Wang Shun t'es vraiment le pire des connards !

– Finalement, tu n'as pas du tout changé, déclara Haeli avant de se diriger vers la sortie.

Je restai un moment à réfléchir avant de courir après lui. Bordel, il est vraiment rapide ! Où est-il passé ?! Je scrutais chaque recoins de la cour en alternant maladroitement entre la marche rapide et la course lorsque je me souvins d'un endroit plus qu'évident où il était certainement. Je m'y rendis donc le plus rapidement possible. Pourquoi ? Eh bien... parce que j'ai peur que la moindre seconde qu'il passe de plus en mon absence le fasse me détester définitivement.

– Haeli...

S'essuyant désespérément les joues, ma poupée était debout sur le toit, dos à moi.

– L... Laisse moi, Shun...

Je m'approchai alors de lui et enroulai mes bras autour de sa taille, enfouissant ma tête dans son cou.

– Pars...

– Je ne suis qu'un imbecil, tu le sais ça ?

Il ne répondit rien.

– Je suis jaloux, possessif, je me vexe pour un rien et je dis des choses que je ne pense pas juste parce que je sais qu'elles blessent affreusement. Je suis vraiment désolé, Haeli, tu sais que je t'aime, hm ?

– P... peu importe... tu es trop méchant.

– Pardonne moi, bébé.

– Non.

– S'il te plaît, chéri, murmurai-je en embrassant son cou, je ferais tout ce que tu veux...

– Je m'en fiche.

Un sourire se dessina sur mes lèvres.

– Vraiment ? Même si... je te propose un tour en moto ce soir ?

Il garda le silence.

– On ira à la vitesse de l'éclair, on traversera les rues tellement rapidement que les flics vont se mettre à nous courser donc on accélérera encore plus et... Pew ! Pew ! Ils nous tiront dessus mais... Vroooom on ira encore plus vite !! Dégagez le passage !! Haeli ! Attrape la carabine et défonce leur bagnol ! Quoi ? Qu'est-ce que tu dis ? Il n'y a qu'un bazooka ?! Peu importe, du moment que ça pète ! Et...

Ma poupée laissa échapper un éclat de rire avant de déclarer :

– T'es vraiment fou...

– C'est toi qui me rend comme ça, bébé.

– Pfft ! C'est nul comme disquette !

– Hé !! Je trouvais que c'était hyper recherché !

Haeli rit de plus belle pendant que je souriais légèrement, attendri par cette beauté hors du commun.

– Je t'aime.

Il s'arrêta et détourna la tête, embarrassé.

– M... Moi aussi, marmonna-t-il.

Le reste de la journée se passa super bien – peut-être même mieux que normalement – et puisqu'on finissait à 14 heure aujourd'hui, le fameux tour à moto arriva plus rapidement que je ne le pensais. Et, non sans stress, je fis monter Haeli derrière moi avant de démarrer immédiatement.

Nous voici donc, traversant les allées et les maisons, l'un collé à l'autre. Le vent était tellement froid que même mon casque ne parvenait à le parer. Je me demandais si Haeli le ressentait autant que moi. Alors, par précaution, je ralentis légèrement afin de faire moins de vent. Au bout de quelques dizaines de minutes à rouler ainsi, je me garai près d'un Starbucks où j'achetais un caramel Macchiato pour Haeli et un café pour moi avant de m'asseoir sur un banc avec lui. Ainsi, on sirotait nos boissons chaudes presque en silence.

– Tu aimes ? J'ai pris la première chose qui me semblait bien mais je ne suis pas sûr que ça soit à ton goût...

– J'aime le caramel donc logiquement ça aussi, déclara-t-il un sourire aux lèvres.

– C'est vrai, tu me l'avais déjà dis en plus.

On resta encore un moment sans rien dire mais ce n'était pas vraiment dérangeant et je pense que c'est exactement la raison pour laquelle j'apprécie tant être avec lui ; le seul fait qu'on soit ensemble est agréable.

– Hum... Shun ?

– Hm ?

– Je voulais savoir si... tu sais... à propos de samedi...

Une vague de chaleur me pris.

– Dis moi tout, bébé.

– Si... on pourrait... ce week-end... Hum... re... réessayer...

À mesure des mots qu'il essayait de prononcer, Haeli baissait encore plus la tête ; ce qui m'amusait inéluctablement.
Et, le bras posé sur son épaule, entourant son cou, je pinçai sa joue tendrement.

– Tes désirs sont des ordres, poupée, affirmai-je en parlant dans le creu de son oreille.

Haeli se mordit alors la lèvres inférieure, n'osant poser ses yeux sur moi.

– Hey !! Wang Shun !! cria soudainement quelqu'un dans la rue.

Je retirai brusquement mon bras de sur Bouclette et nous séparai rapidement, apercevant un groupe de motard arriver dans notre direction.

– Merde... Jun, marmonnai-je.

Il s'arrêta devant nous, Kenta et les autres derrière avant d'enlever son casque.

– Je savais pas que les gamins sortaient aussi tôt de l'école ! s'exclama-t-il.

– Tss... j'ai fini plus tôt, imbécil.

– T'aurais pu nous prévenir ! me gronda Kenta.

– Vous n'êtes pas mes darons que je sache.

– Ouch... je me sens offensé dans mon cœur, plaisanta Jun en simulant une attaque cardiaque, après tout ce qu'on a fait pour toi... !

Je levai les yeux au ciel. Putain... quand est-ce qu'ils vont partir ? Je ne veux pas que ma poupée les fréquentes.

– Tu nous présentes pas, Shunie ? demanda soudainement Kenta.

– Ah... Hum... Haeli voici mes potes et les gars, voici Haeli mon... enfin, un ami du lycée.

– Enchanté, lacha Jun en souriant.

– D... De même, répondit Bouclette.

Ok maintenant, ils vont partir, non ?

– Ouahh !!! Notre Shun a réussi à se faire un ami !! Vous vous en rendez compte, les mecs ?!! Genre... Shun quoi... le loup solitaire du coin !! Il faut fêter ça !!

Et merde.

– Carrément ! Viens, Haeli, on va te baptiser, suggèra Jun.

– Vous n'allez rien faire du tout, intervins-je.

Jun descendit de sa moto et se plaça devant Haeli, ce même sourire agaçant aux lèvres puis il dit en se penchant, levant son menton en même temps :

– Tu vas voir, petit, ce que c'est que les vrais sensations de la bécane...

Je me levai alors et poussai Jun violement.

– Arrête tes conneries, enfoiré.

– Putain, Shun ! Pour qui tu te prends, mec ?! C'est à Haeli de décider, pas à toi !

– J'en ai rien à foutre, tu ne le touches pas.

Jun m'observa un moment avant d'éclater de rire.

– Attend, mec... c'est ton pote ou ta meuf là ?

Je me figeai, ne sachant que répondre. Merde... on est devant toute la bande, je ne vais pas avouer que je sors avec lui mais si je ne fais rien il sera sans défence face à eux. Non, hors de question de laisser ça arriver !

– Figure toi que...

Haeli se leva brusquement et avança vers Jun.

– On est juste ami, déclara-t-il. Alors, on le fais ce fameux tour ?

Kenta explosa de rire en regardant Jun.

– Il est trop mignon !!! s'exclaffa-t-il.

Jun sortit alors un casque de son coffre et le posa sur la tête de Haeli avant de déclarer :

– Mec, tu déchires, t'es au courant ?

Bouclette s'apprêtait à monter derrière lui quand j'attrapai son poignet.

– Déconne pas, Haeli, l'avertis-je.

Il chassa mon bras et déclara en s'asseyant sur le siège :

– Je fais ce que je veux.

Sur ce, la moto démarra à toute vitesse. Bordel de merde !
Je me precipitai alors sur mon véhicule et les suivit immédiatement. Putain... je roule vite mais Jun c'est un vrai taré ! Je peinait à le suivre ; il traversait les voitures comme n'importe quoi, manquant d'arracher ses rétroviseurs, grillait des feux rouges, prenait des virages tellement serrés que c'était à peine si son genou ne frôlait le sol et accélérait comme un bourrin. Les voitures les klaxonnaient inlassablement tandis que je les perdais de vu littéralement à chaque virage et j'ai bien cru qu'ils allaient crever lorsque Jun freina, sans ralentir, afin de se garer, près d'un Macdonald, faisant tourner sa moto en même temps.

J'arrivais quelques secondes plus tard, sortis immédiatement de mon véhicule et attrapai le bras de Bouclette qui descendait déjà en enlevant son casque.

– Mais c'est quoi ton putain de problème, Haeli ?!! Tu veux crever c'est ça ?!! Je t'ai dis que j'avais des mauvaises fréquentations, bordel !!! Et toi tu montes derrière lui comme si c'était ton pote ?!! T'es taré ou juste con ?!!

– Pfft ! Calme toi, Shunie, intervint Jun. C'est bon, c'est pas la fin du monde, on n'est pas mort...

– Toi, tu te la ferme !

– J'ai le droit de prendre mes propres décisions, Shun ! répliqua Haeli.

– Non, justement ! Tu trouveras jamais la maturité de faire les bons choix !

– Arrête de me prendre pour un gamin !

J'eclatai de rire, sans joie.

– T'as quinze piges, putain, quinze ! Bien sûr que t'es un gamin !!

Haeli me regardait avec rage en se mordant la lèvre avant de me contourner, marchant vers je ne sais où.

– Reviens, Bouclette, je te ramène.

– Je peux me débrouiller seul.

– N'agis pas comme ça... laisse moi te ramener.

Il ne répondit rien et s'en alla simplement. Je voulus le suivre mais m'y résignai.

– Dis moi, Shun, tu sors avec lui, non ? me demanda soudainement Jun.

Je détournai la tête, ne sachant que dire.

– Je ne le dirais à personne, si tu veux mais réponds moi clairement.

– Je... oui... on est ensemble.

Il passa sa main dans ses cheveux en soupirant bruyamment.

– Désolé, marmonna-t-il, je n'aurais pas du... faire ça.

– Ouais.

– Tu l'as dis à Tao ?

– Pas... pas encore.

– T'es au courant que ce genre de chose ne doit pas être caché ? Imagine la merde que ça pourrait créer autour. Sortir avec une fille et être avec un gars c'est complètement différent, tu devrais...

– Je gère, le coupai-je, occupe toi plutôt de toi.

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J'espère que ce chapitre vous aura plu ^^

À partir de maintenant, il y en aura seulement 2 par semaine mais ça pourra peut-être très vite reprendre à 3 si j'arrive à m'organiser mieux que ça.
En attendant le prochain chapitre,  se dit à bientôt ~

PS : N'hésitez pas à laisser un petit commentaire, ça me fait toujours plaisir ^^

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