Chapitre 17 : Une journée

Une semaine s'est écoulée depuis que je me suis mis avec Haeli... et que je me suis fait tabasser. Concernant ce dernier point, j'ai longuement réfléchi à en parler à Tao mais me suis finalement dit que ça n'allait que le faire s'inquiéter encore plus et que, de doute façon, il doit se concentrer sur sa guérison. Et puis comme je n'ai pas eu affaires de nouveau au type de la dernière fois, je me dis que ça servirait un peu à rien de me faire du soucis.

Bref. À part ça ma relation avec Haeli, n'a jamais été aussi génial ! On passe toutes nos heures de pauses ensemble ; que ce soit les récréations ou le déjeuner. Je plains vraiment ses amis...
Mais peu importe, je suis privilégié et c'est normal puisque je suis son copain, haha !

Aujourd'hui, et comme tous les jours depuis... quelques jours, Haeli et moi nous rendons sur le toit afin de manger. Il s'assoit, comme à son habitude, en tailleur et je me place face à lui.

– Bébé... j'ai froid.

– Tu veux qu'on aille à la cantine ? me propose-t-il.

– Non il y a trop de monde.

– Alors qu'est-ce que tu veux que je fasse ?

– Viens on sèche aujourd'hui. Je t'emmènerai au restaurant et après on irait au cinéma.

Haeli ne répond rien et se contente d'enfoncer sa cuillère dans une espèce de riz frit qui semble pimenté avant de me la présenter.

– Tu ne veux jamais rien faire avec moi, dis-je en prenant en bouche ce qu'il m'offre.

Un rictus se dessine sur son visage et il me donne un thermostat en forme de bol ainsi qu'une cuillère.

– Bois, ça va te réchauffer.

– C'est quoi ?

– Un bouillon de kimchi. Normalement il y a des nouilles avec mais je me suis dis que t'en avais peut-être marre d'en manger.

Je bois simplement, encore énervé qu'il ne daigne même pas à répondre à ma proposition, avant de prendre mon téléphone et de vérifier mon fil d'actualité.

– Tu boudes ?

Je ne réponds rien.

– Shun ?... Shunie ?... Daddy ?

Je ne peux m'empêcher de sourire à l'entente de ce surnom et pose, malgré moi, les yeux sur Haeli. Il tapote alors sur ses cuisses et, sans me faire prier, je me lève avant de m'allonger au sol, la tête posé sur lui. Bouclette se met à jouer avec mes cheveux pendant que je le regarde inlassablement.

– Je me suis dis un truc, commencé-je, à un moment donné, j'aurais dix-huit ans et toi toujours quinze... ça fait un peu pédophile, tu ne trouves pas ?

Haeli éclate de rire.

– Ça n'arrivera pas, ne t'inquiète pas.

– Comment tu peux en être si sûr ?

– Je suis née en Janvier donc j'aurai certainement seize ans avant que tu en aies dix-huit.

– Oh ! Ton anniversaire est le mois prochain !

– Hm. Qu'est-ce que tu comptes m'offrir ?

Je prends un temps pour réfléchir avant de déclarer, un rictus aux lèvres :

– Notre première fois.

Haeli détourne le regard, embarrassé.

– Non, c'est dans trop longtemps, marmonne-t-il.

Mon sourire fond et mon visage s'enflamme. J'ai dis ça seulement pour plaisanter. Mais, non seulement il l'a pris au sérieux, mais en plus il insinue clairement vouloir le faire plus tôt !

– Tu... tu dis ça sérieusement ?

– J... j'y ai un peu réfléchi tu sais... et j'aimerais vraiment faire ce genre de chose... avec toi.

Je me redresse et me tourne vers Haeli avant de poser ma main sur sa nuque afin qu'il plonge son regard dans le mien.

– Ça te dirait qu'on essaie ce week-end ?

– C'est pas... un peu tôt ? dit-il en détournant le regard.

Je prends sa tête entre mes mains afin de maintenir notre contact visuel.

– Peu m'importe la date, c'est vraiment toi le plus important. Si tu ne te sens pas prêt, dis le moi.

Il semble réfléchir longuement, scrutant le sol avant de déclarer :

– Ça ira... ce week-end.

Heureux, je me remets à ma position initiale ( donc sur ses cuisses).

– On va chez-toi ou chez-moi ?

– Chez toi, mes parents sont là toute la semaine.

– Il n'y a jamais personne chez moi mais... c'est un peu petit.

– Du moment qu'il y a un lit, c'est bon.

Je tente de dissimuler un rictus, en réaction à l'idée qu'il veuille réellement le faire. Je veux dire... il est vraiment d'accord, il y pense et se permet de dire ce genre de chose. C'est vrai que ça peut paraître rien et que ma réaction semble exagérée, mais ça me rend tellement comblé !
Pourtant, je ne peus m'empêcher de réfléchir trop, jusqu'à dévier sur un autre sujet.

– Haeli... ?

– Oui, bébé ?

Le rouge me monte aux joues. C'est juste un surnom, alors pourquoi est-ce que ça me fait autant d'effet ?!

– Pourquoi tu es sorti avec Dojin si tu ne l'aimais pas ?

– Pourquoi me poser ce genre de question... maintenant ?

– Je veux juste savoir.

Il prend un temps pour réfléchir.

– Pour essayer de t'oublier, je pense.

– Oui mais... tu n'allais pas te mettre avec n'importe qui, il devait te plaire un minimum.

Haeli détourne les yeux et tente alors de dissimuler un sourire.

– C'est vrai que Dojin est très beau.

Je grimace, me sentant tout de même vexé. Aish... je sais que c'est qui lui ai demandé mais il n'aurait pas pu mentir un minimum ?!

– Qu'est-ce que tu aimes chez lui ?

– Ses yeux, ils ont la couleur de l'océan. Mais aussi... sa taille, il est grand.

– Je suis plus grand que lui.

Bouclette laisse échapper un rire avant de tirer ma joue.

– Tu es jaloux, Daddy ?

– Je vais acheter des lentilles de couleur bleue.

– Les yeux noirs te vont mieux, ils te donnent un regard de... mauvais garçon.

Cette remarque me fait rire spontanément, malgré mon agacement.

– Mais je suis un vrai mauvais garçon... affirmé-je en le fixant droit dans les yeux.

– Hum... avant oui mais je trouve que tu fais des efforts.

– Comment ça ?

– Tu commences à apaiser ton cœur.

Cette dernière phrase me fait taire. Est-ce que... je commencerais à pardonner sans m'en rendre compte ? Suis-je entrain d'oublier ? Ou bien... ai-je simplement tourné la page ? Non, rien de tout cela. À chaque fois que je me rappelle tous ces événements, je ne peux éprouver qu'une haine douloureusement et inétanchable. Peut-être mes pensées sont elles simplement remplacées par du bonheur quand je suis avec lui ; me donnant l'impression de me sentir mieux sans que ce ne soit réellement le cas.

La journée se termine ensuite paisiblement et sans encombres ni éléments à relever. Je rentre donc chez moi, tout de même épuisé après huit heures de cours ( notre lycée est très particulier car son système de travail est similaire à celui des établissements français. C'est pour ça qu'il est dit international). Bref, arrivant dans ma chambre, je me jète impatiemment sur mon lit et ferme les yeux quelques instants avant de réaliser une chose.

C'est bien beau de ma part d'accepter directement de le faire avec Haeli mais je ne sais absolument pas comment m'y prendre ! Enfin je sais à peu près, comme toute personne normale ; mais pas assez pour me dire connaisseur. Je me rends donc sur mon ordinateur et tape dans la barre de recherche : «porno gay» avant de cliquer sur le premier lien qui s'affiche et d'aller sur la première vidéo de la page. Les premières minutes sont essentiellements basées sur une discussion interminable entre les deux acteurs, avant qu'ils ne se décident à commencer à se déshabiller.

À partir de là, je saisis un stylo et une feuille afin de prendre des notes. Néanmoins, après quelques dizaines de minutes à regarder deux hommes entrain de simuler bruyamment, je décide d'arrêter. Non seulement je n'ai rien compris puisqu'ils ont passé les préliminaires, mais en plus ça me révulse plus qu'autre chose. Au point que je vienne à me demander si je veux toujours faire ça à Haeli.

Je choisis donc une autre vidéo, mais même schéma. Alors j'en regarde quelques unes supplémentaires avant d'abandonner ; complètement dégouté... et souillé. Ma poupée regarde vraiment ce genre de chose ? Je me souviens alors de ce qu'il avait dit lors de sa présentation, il y a quelques mois déjà et tape donc «yaoi» dans la barre de recherche.

Après avoir lu quelques chapitres d'une histoire pioché au hasard, j'ai non seulement appris tout ce qu'il fallait savoir... mais aussi surkiffé ! Je veux dire... à aucun moment je n'ai éprouvé de révulsion ou autre, le scénario est bien construit et les personnages bien développés.

Je suis sur le point de faire mes devoirs ( il est près de 22h ) lorsque je reçois un appel de Jun. Le connaissant que trop bien, je soupire bruyamment avant de décrocher. En bref, il me propose (menace) de venir le rejoindre parce qu'il est avec toute la bande et qu'il ne manque que moi... et blablabla. En temps normal, j'aurais refusé mais puisque Tao est à l'hôpital ( il ne va donc pas remarqué mon absence ), je décide donc de les rejoindre.

Grave, grave erreur. En arrivant sur place ( un terrain de basket avec des paniers qui manquent de s'effondrer à chaque dunk), je remarque la présence d'un autre groupe qui m'est inconnu. Pas besoin d'être un génie pour deviner qu'on va se battre ici et maintenant. Je retire donc mon blouson en cuir afin d'avoir plus de mobilité et me place auprès de Jun et des autres.

– T'es vraiment chiant, tu sais ? dis-je à Jun.

– Oh, c'est bon ! Faire une petite partie de basket ne va pas te tuer !

– Ouais, c'est pas comme si t'avais mieux à faire ! renchérit Kenta.

– C'est vrai que dormir et étudier c'est beaucoup moins important que de se défouler sur un terrain à 22 heure !

Jun lève les yeux au ciel avant de m'indiquer où me positionner et de se placer au milieu, face au capitaine de nos adversaires. L'arbitre lance la balle et les capitaines sautent pour la frapper. Elle atterrit droit chez l'équipe adverse, annonçant le commencement du match. La stratégie de notre équipe est basée sur une chaîne ; à chaque fois qu'un de nous a la balle, les autres se positionnent de façon à faire une chaîne jusqu'au panier, se passant le ballon essentiellement par passes.

Tandis que – si j'ai bien compris – celle de nos adversaires est de faire énormément de passes pour nous faire courir et ainsi nous épuiser avant d'attaquer. Croyez le ou non, j'ai l'impression d'être face à des titants. Je suis grand, mais ils le sont monstrueusement plus. Alors entre leur taille écrasante et leur maîtrise incomparable de ce sport, on pouvait s'estimer heureux de perdre avec seulement dix points d'écart.

À la suite de cet affront aussi humiliant qu'excitant, on s'est tous assis au sol– crevé, avant de nous mettre à discuter amicalement tous ensemble autour de bières fraîches et de fast-food acheté un peu après par des volontaires. J'ai échangé avec tous mais celui avec qui je me suis particulièrement lié d'amitié se nomme Tony. Il est extrêmement drôle et a passé son temps à me taquiner sur ma façon de jouer ( jugée trop nerveuse ). Mais, pour une raison ou pour une autre, ça ne me dérangeait pas.

On parlait tant et si bien que je n'ai remarqué, qu'en rentrant chez moi, les cinq appels manqués de Tao.
Je peux vous dire que je vais me faire défoncer à l'instant où il posera un pied hors de sa chambre d'hôpital.

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Fin du chapitre 17.

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