Chapitre 13 : Soleil
Vous vous souvenez quand je vous ai dis à quel point se lever pour aller au lycée était éprouvant ? Et que je préférais rêver éveillé plutôt que d'affronter la réalité ? Eh bien... me croirez vous si je vous dis que, ce matin, je me suis réveillé de bonne humeur ? Aussitôt mon réveil a-t-il sonné que j'ai bondi en dehors de mon lit, couru vers la salle de bain pour ensuite être entièrement prêt à l'heure à laquelle je me réveille habituellement ( j'ai même eu le temps de manger !).
Je suis donc parti avec une demi-heure d'avance et, après avoir fait quelques courses pour l'après-midi, je suis enfin arrivé au lycée. Pour une fois, je rentre en même temps que tout le monde ( à la surprise générale ) mais ne trouve pas l'occasion de saluer Haeli. Vous vous souvenez ? Il est particulièrement populaire donc tout le temps entouré d'un millier de personne. Je ne peux donc m'incruster parmis eux tous et lui lacher un "salut" avant de m'en aller.
Je m'installe alors directement à ma table et regarde la fenêtre. J'avoue que ça m'énerve un peu...
Hier encore on était enlacés amoureusement et aujourd'hui on se comporte comme de parfaits étrangers. C'est de sa faute, il aime trop être au centre de l'attention. Alors, même s'il s'en fiche certainement, je ne pose pas les yeux une seule fois sur lui.
En vrai, c'est plus une punition pour moi que pour lui mais... peu importe ! Il ne mérite pas mon attention de toute façon. Ouais c'est ça, je lui ai fait une super déclaration hier et ai fait des effort monumentaux pour ça, tandis que lui n'a rien fait du tout.
Je passe donc la matinée à fixer la vitre mais, à l'instant où la sonnerie annonçant le déjeuner retentit, je me précipite devant sa table et y pose énergiquement mon sachet en plastique rempli de toutes sortes de choses.
– J'ai pris du pain à la crème et des bières au gingembre, l'informé-je fière de moi.
Haeli reste un moment à me regarder avant de pouffer de rire ce qui, je l'avoue, m'embarrasse un peu.
– Tu penses vraiment que je mange toujours la même chose ?
Je détourne la tête, honteux.
– Si tu n'en veux pas t'as qu'à le dire... pas besoin de me ridiculiser, dis-je en mettant mes mains dans mes poches.
Haeli se lève alors et saisit le sac en souriant.
– Allons, ne boude pas, Shunie, je vais manger avec toi.
Je vire alors à l'écarlate à l'entente de ce surnom ( que je déteste normalement d'ailleurs). Haeli se tourne vers ses amis ( qui nous observent avec étonnement) et leurs informe, sans attendre de réponse supplémentaire, qu'il déjeunera avec moi aujourd'hui, avant de se diriger vers la sortie. Une ridicule fierté me prend alors et je le suis ; un sourire, malgré moi, aux lèvres.
Une fois arrivé à notre ancien endroit habituel (le toit ), je lui tends un pain fourré à la crème ainsi qu'une canette de bière au gingembre. Sachant que j'ai acheté tout cela à la supérette près de chez moi, il y avait donc plus de choix et je pus me prendre une bière alcoolisée. Je m'accoude à la barrière censé nous protéger d'un possible chute, en observant Haeli siroter ce que je lui ai apporté. Ça fait quelques minutes déjà qu'on reste debout sans rien dire quand je décide d'engager la conversation :
– Désolé, je ne suis pas très bavard.
– Pourquoi devrais-tu t'excuser pour ça ?
– T'as laissé tes amis pour manger avec moi aujourd'hui... et je ne dis rien. Ça doit être ennuyant pour toi.
– Au contraire ; c'est apaisant.
C'est vrai. Malgré le froid glacial du vent, être loin de tout le monde est agréable.
– Alors qu'est-ce que tu dirais de rester toujours à mes côtés ? osé-je lui proposer.
– Commençons plutôt par voir comment ça se passe entre nous pour l'instant. On décidera ensuite si ça nous convient.
– Comment ça "nous" ? Moi j'ai déjà pris ma décision ! Je veux qu'on soit ensemble tout le temps, qu'on partage des moments comme celui-ci, qu'on...
– Shun, m'interromp-il, tu ne peux pas comprendre que je n'arrive plus à te faire confiance ? Certe tu t'es excusé hier...
– Et c'était sincère !
– Je n'ai jamais dis le contraire mais si à chaque fois que tu me blesses, tu t'excuses et je te pardonne, je passerais pour quoi moi ? Alors, s'il te plaît, donne moi du temps.
Je baissai la tête, dépité.
– Tu as raison, je me suis laissé emporter.
Un long silence s'installe entre nous. Qu'est-ce que je m'imaginais ? Qu'on allait sortir ensemble du jour au lendemain après tout ce que je lui ai fait ? Je devrais réfléchir correctement avant de dire des choses aussi insensées. À aucun moment je me suis mit à la place de Haeli. Ça doit déjà être très dur pour lui de rester avec moi alors qu'il y a quelques jours à peine je l'ai humilié.
Je sens alors sa douce main se glisser silencieusement dans la mienne. Je tourne les yeux vers lui, surpris. Fixant l'horizon, un sourire voulu dissimulé aux lèvres, Haeli évite mon regard.
– Alors comme ça je suis ton premier amour ?
– Que... quand est-ce que... balbuté-je encore un peu sous le choc de ce changement d'humeur soudain.
– «Tu es la première personne que j'aime de cette façon»... tu as dis ça hier.
Je baisse les yeux, embarassé.
– Pourquoi a-t-il fallu que ce soit ce passage de mon discours que tu ais retenu ?
– Parce que c'est trop mignon.
Un sourire niais se dessine sur mes lèvres.
– Je... ne vois pas en quoi.
– Ça veut dire que ton cœur n'avait jamais battu pour personne avant et que tu n'avais jamais ressenti la chaleur et la froideur de l'amour avant de me rencontrer. Je me sens flatté.
– Toi oui ?
– Bien sûr ! C'est pour ça qu'à l'instant où je t'ai aimé, je l'ai immédiatement su.
J'avoue que ça m'énerve un peu que d'autre personne ait pu profiter de la pureté des sentiments de Haeli avant moi.
– D'ailleurs... qu'est-ce qui te plaisait chez moi ?
– Hum... ton visage ? Et aussi ta grande taille et... ton caractère.
– Mon caractère ? répétai-je.
– Tu sais... toujours agacé, qui déteste tout le monde et prend tout le monde de haut.
– Et... ça te plaît ?!
Je veux dire, je suis littéralement détestable !
– Oui ! Ça fait très... prince ténébreux, comme dans les films d'amour et autre.
Je pouffe de rire.
– Donc je suis un prince pour toi ?plaisanté-je.
– Hm.
Plus je le regarde et plus sa beauté accélère mes battements cardiaques.
– Dans ce cas tu voulais être ma princesse ?
– Non. Je serai le roi.
– Le... roi ?!
– Tu sais, celui, d'un autre royaume, dont le prince est amoureux. Et d'ailleurs c'est pour ça qu'il est aussi maussade, il n'assume pas ses sentiments pour le roi. Mais à l'instant où il les accepte, il doit se battre contre l'armé du roi puisqu'ils sont dans des royaumes adverses et... et à la fin c'est le roi qui gagne donc il fait le prince prisonnier parce que lui aussi il aime le prince. Donc il va lui rendre visite régulièrement dans sa cellule et...
J'explose de rire.
– Tu as beaucoup trop d'imagination !
Haeli gonfle alors ses joues ce qui m'amuse fortement.
– Ne boude pas, poupée !
Il lève les yeux au ciel avant de croiser ses bras, relâchant ma main par la même occasion.
– Peu importe. Et toi ?
– Quoi ?
– Qu'est-ce qui te plaît chez moi ?
– Tout ! m'écrié-je spontanément.
Il sursaute légèrement, surpris, avant de reprendre son sourire habituel.
– Non mais plus précisément.
– Ah... hum... ton visage, ton corps, ton caractère, ta voix... tout ça quoi.
– Dis m'en plus.
– Tu es vraiment narcissique !
Haeli pouffe de rire.
– C'est juste que... ça m'intrigue.
Je me mets alors à réfléchir à un moyen de satisfaire sa curiosité ; mais finis par simplement laisser mon cœur parler.
– J'aime... la façon dont tu me souris ; ton visage s'illumine et m'emplit de joie, j'aime les vibrations changeantes de ta voix en fonction de tes humeurs, l'honnêteté de ton corps, les yeux que tu as quand tu es excité et... et j'adore ta petite taille. Mais ce qui m'a fait tomber amoureux de toi... je pense que c'est la manière dont tu prononces mon prénom.
Haeli me fixe, la bouche bée et les yeux admiratifs ce qui me gêne un peu.
– Tu... tu ne mens pas, pas vrai ?
Je ris nerveusement.
– Pourquoi ferais-je une chose pareille ?
– Les gens ont tendance à aimer ça...
Je pose ma main sur sa nuque afin de l'obliger à plonger son regard fugueur dans le mien.
– Regarde moi, est-ce les yeux d'un menteur qui te dévore comme je le fais ?
On reste un long moment yeux dans les yeux.
– Shun, je...
La porte s'ouvre brusquement et le concierge du lycée fit son apparition.
– Qu'est-ce que vous faites encore ici ?!Vous n'avez pas entendu la sonnerie retentir ?!
Haeli et moi nous excusons à de nombreuses reprises avant de quitter le toit avec hâte pendant que le vieil homme continue à radoter que les jeunes de nos jours ne font que manquer les cours et qu'à son époque il allait en classe une heure à l'avance pour être sûr de ne jamais être en retard... et blablabla.
À compter de ce jour, ceux qui suivirent furent encore plus excitants. Chaque matin je me levais d'une humeur rayonnante rien qu'en pensant à la journée que j'allais passer avec Haeli. Même si on ne mangeait pas tous les jours ensemble et qu'on ne passait pas beaucoup de temps tous les deux, les quelques instants entre nous étaient juste... magiques. On riait constamment et parlait de tout et de rien.
Je voulus tellement lui faire plaisir que je m'étais excusé auprès de Dojin pour l'avoir frapper. Il avait d'abord été surpris mais avait accepté plus ou moins mes excuses ( je pense que c'était surtout pour Haeli ). Malgré tout, ma relation avec mes camarades de classe n'était pas plus amicale qu'avant mais je m'en foutais ; j'ai Haeli.
Ainsi les jours passent et ma relation avec ma poupée devient de plus en plus... intéressante.
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Fin du chapitre 13
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