Chapitre 12 : Menteur
Suite à cette confrontation, Tao m'a rendu mes cigarettes car «de toute façon s'il me les confisque, j'irais m'en procurer autrepart» et est ensuite parti pour le travail. J'ai alors enfilé un paquet entier, n'arrivant pas à me calmer. Mais malgré ça, mon état s'empire jusqu'à la crise d'angoisse. Les palpitations de mon cœur accélérent follement, j'ai du mal à respirer et ma tête me fait un mal de chien.
Et ça, juste parce que je me suis remis en-tête mon séjour à l'orphelinat. J'essaie vraiment d'oublier et de me répéter que c'est passé, mais j'ai constamment cette impression qu'on viendra me chercher pour m'y enfermer à nouveau.
Peu importe. J'imagine que vous vous doutez que ma nuit n'a pas été de tout repos. Je me réveille néanmoins afin d'aller au lycée ; très, très, très mal en point. Je suis épuisé de mes deux heures de sommeil, j'ai faim et mon moral est vraiment au plus bas. Rien ne me rend heureux et rien ne me stimule. Je suis littéralement déprimé au plus haut point ; et l'idée d'aller au lycée ne m'enchante pas plus.
Pourtant, j'avais oublié une chose : mon soleil y est. J'entre donc en classe ( après tout le monde évidemment), et pose machinalement les yeux sur lui. D'un coup, une vague de chaleur emplit mon corps et une joie incompréhensibles me prend. Sa beauté, sa gaieté, sa voix... tout de lui me fait de l'effet et me fait souhaiter qu'il m'appartienne encore plus.
Alors je me dis que, peu importe si je me prend un râteau, peu importe si toute l'école est ensuite au courant ; je vais faire ma déclaration à ma poupée aujourd'hui. Non pas le simple "je t'aime" que j'ai lâché la veille ou un baisé volé, mais une vraie déclaration ; argumentée, rythmé et poétique. Le genre qui, même si vous n'êtes pas amoureux de la personne qui vous confie ses sentiments, vous fait rougir. C'est cet effet là que je veux faire ressentir à Haeli.
J'ai donc réfléchi à quand, où et dans quel contexte je pourrais le faire ; et ai finalement trouvé une idée génialissime. Aujourd'hui, on a une heure de pause donc je trouverai un prétexte pour l'emmener dans une salle de classe, rien que nous deux, afin qu'on puisse parler tranquillement.
Restait à savoir comment. Je ne peux pas rester dans une classe vide durant une heure alors qu'elles sont toutes fermées. Il me faudrait l'autorisation d'un professeur...
Une pensée me vient instantanément en-tête. Je me rends donc dans le salle des professeurs et demande à parler à monsieur Stevenson.
Depuis "l'incident" je séche les cours de biologie ( il ne me compte évidement pas comme étant absent), je ne l'ai donc pas réellement revu depuis le voyage ( pour mon plus grand plaisir ).
– Chun... ? dit-il en sortant de la salle, fermant la porte derrière lui.
– Bonjour.
– B... Bonjour ! Je devais te parler d'ailleurs... ça fait un moment déjà ! m'informe-t-il d'un ton rieur, concernant la dernière fois... j'étais vraiment pas dans mon état normal et... bref ! T.. Tu sais, j'ai une femme et des enfants... je ne voudrais pas...
– Je ne porterais pas plainte.
– Ah ! Génial ! Hum... qu'est-ce que tu veux en échange ? Des bonnes notes, non ? Ou bien... des clopes ? Tu veux que je t'en procure ?
– Non. J'aurais besoin du laboratoire de quatorze heure à quinze heure.
– Tout ce que tu voudras ! s'exclame-t-il, mais... pour quelle raison ?
– Sauf votre respect, vous n'êtes pas en position de poser ce genre de question.
– Ou... oui, tu as raison, excuses moi.
Monsieur Stevenson retourne ensuite d'où il était avant de ressortir avec une clef et de me la donner.
– Autre chose ?
– Dîtes à Song Haeli de se rendre au labo à la même heure, déclaré-je en m'éloignant.
Il est à peine 10h. Donc je dois encore attendre quatre heures avant de pouvoir enfin parler à Haeli. D'un côté, je stresse énormément ( pour cause : c'est la première fois que je fais ce genre de confession à qui que ce soit ) et de l'autre, je suis plus qu'impatient.
Pour être sûr de ne pas tout faire foirer en lui parlant entre-temps (on sait tous comment nos discussions se terminent), je me retiens de le regarder et de penser à lui. Néanmoins, mon "plan d'attaque" est au point. Je l'ai vu, revu et examiné sous tous les angles ; avec toutes les issues possibles.
La fameuse heure arrive enfin. J'attends quelques minutes avant de me rendre dans la salle en question. Une fois arrivé à l'intérieur, Haeli y est déjà, probablement entrain d'attendre le professeur de biologie ( qui a certainement dû lui faire croire à un entretien imprévu).
– Salut, marmonné-je, soudainement intimidé.
– Qu'est-ce que tu fais ici ?
– J'ai... besoin de te parler.
Il semble réfléchir longuement avant de se diriger vers la sortie.
– Où vas-tu ?
– Monsieur Stevenson ne viendra pas, n'est-ce pas ?
Je détourne la tête.
– N... non.
– Alors je n'ai rien à faire ici.
Une fois arrivé devant la porte, il abaisse la poignée mais elle ne s'ouvre pas. Haeli soupire alors bruyamment avant de se tourner vers moi.
– Ouvre là, m'ordonne-t-il.
– Je dois te parler d'abord.
– Et moi je n'en ai aucune envie, alors laisse moi sortir.
Le voir si réticent m'agace. Pourquoi ne peut-il pas juste... rester ? Je ne lui demande jamais rien de compliqué mais il faut toujours qu'il refuse !
– Bordel ! T'es vraiment chiant ! Tu ne vois pas tout ce que je suis obligé de faire juste pour te parler ?! Et toi tu veux partir sans même écouter ce que j'ai à dire ?!
– Tu aurais pu me parler dans un autre contexte.
– Non, justement ! Tu m'évites constamment et ne me laisse jamais m'exprimer ! La preuve : tu veux déjà t'en aller.
– C'est parce que je suis occupé. Je n'ai pas le temps de discuter avec toi.
– Tu n'as jamais le temps de toute façon !
– T'as raison. Mais pose toi plutôt la bonne question ; si je n'ai pas le temps de te parler, c'est peut-être parce que je ne le souhaite pas. Alors, fiche moi la paix et déverrouille cette porte !
Merde... maintenant je ne suis même plus d'humeur à lui dire quoique ce soit, encore moins que je l'aime.
Je croise les bras en m'asseyant sur une table.
– Alors vas-y, pars.
– Tu sais très bien que je ne le peux pas.
– Exactement.
On reste un moment à se dévisager avant qu'il ne comprenne.
– Ouvre la porte.
– Écoute moi d'abord.
– Je ne veux pas.
– Alors te ne sortiras pas tant que tu n'accepteras pas.
– Très bien.
Haeli sort son téléphone et se met à composer un numéro.
– Tu appelles qui ?
– Dojin.
Je me précipite alors vers lui et arrache son téléphone des mains avant de le balancer au sol.
– Qu'est-ce que tu...
Énenvé, je le plaque contre le mur et lève son menton vers moi.
De toute façon, cette déclaration est déjà foirée donc autant en ressortir un minimum avantageux.
– Retiens ta respiration et ouvre ta bouche.
Mais à peine ai-je frôlé ses lèvres qu'il me repousse violemment.
– Tu as vraiment décidé d'être chiant aujourd'hui, m'énervai-je.
– C'est toi qui veux m'embrasser contre mon gré et c'est moi qui te fais chier ?! Tu ne trouves pas que tu exagères ?! Tu penses sérieusement que je vais finir par t'apprécier si tu continues avec ce genre de chose ?! J'ai beau te dire que je te déteste, tu ne comprends rien ! Ou bien ça t'amuse de jouer avec moi, c'est ça ?!
– Tu me saoules vraiment avec ton histoire de jeu à deux balles !
– Si ce n'est pas ça, pourquoi es-tu toujours agaçant ?! Pourquoi agis-tu toujours de manière déplacée ? T'es bipolaire ou autre ?!
– Pfft ! Tu déconnes, là !
– Alors c'est quoi ton putain de problème ?! hurle-t-il.
– Je ne sais juste pas comment me comporter avec la personne que j'aime !
Haeli écarquille ses yeux grandement en me fixant, déboussolé. Le temps semble s'être arrêté. Je n'entends rien d'autre que les battements anormalement rapides de mon cœur, le chahut lointain des élèves bruyants dans la cours et ma respiration calme et pourtant saccadée qui trahit mon visage de marbre. Je plonge mon regard dans celui de Haeli, ne sachant que faire.
– Ce... ce n'est pas drôle, marmonne-t-il.
Je m'agenouille face à lui et pose mes mains sur mes cuisses, la tête baissée.
– À l'instant même où j'ai commencé à t'aimer, j'ai tout gâché. À ce moment, je ne l'avais pas encore compris et... et j'ai paniqué. Te voir m'avouer tes sentiments si facilement et me promettre de rester toujours à mes côtés, m'as fait paniquer. Je... je ne me sens pas de t'expliquer exactement pourquoi je t'ai giflé ce jour là ni pourquoi je t'ai dit toutes ces horribles choses, mais, pour le moment, dis toi simplement que j'ai pris peur.
Je fais une pause, hésitant à voir l'expression de Haeli, mais m'y résigne. Aors je continue ma tirade.
– J'ai ensuite regretté de t'avoir fais souffrir mais n'étais pas assez courageux pour m'excuser ni assez intelligent pour comprendre que tu ne pouvais pas me pardonner tant que je ne l'avais pas fais. Alors j'ai enchaîné les conneries. Je t'ai harcelé, insulté et violenté sans arrêt, par la simple frustration que tu n'éprouves plus rien pour moi. Et j'ai encore plus déconné lorsque j'ai vu que tu avais tourné la page en te mettant avec Dojin.
Le simple fait d'énumérer mes fautes me fait prendre conscience que mes sentiments pour Haeli sont bien plus dévastateurs qu'une simple haine.
– J'ai voulu me venger pour ça et ai encore plus dépassé les bornes. Mais sache que rien de ce que j'ai dis ou fait durant ce voyage était faux. D'ailleurs, je n'ai jamais été aussi honnête avec moi-même qu'à l'instant où j'ai posé mes lèvres contre les tiennes. Certe, j'avais pour but de te faire souffrir en ruinant ta relation avec Dojin ; Néanmoins, j'avoue avoir adoré chaque interaction physique qu'on a eu.
Putain... je suis vraiment le pire des connard !
– Et c'est durant la dernière nuit de ce voyage que j'ai enfin reconnu que je t'aimais. Je te l'ai même dis, mais tu dormais, plaisanté-je. Mais après ça, la réalité m'a repris de plein fouet quand, en te proposant de manger avec moi l'autre jour, tu as logiquement refusé. Ce jour là j'ai pété un plomb. J'avais l'impression qu'on était redevenu de parfaits étrangers et... et ça m'a fait affreusement mal. Tellement que je voulais que tu ressentes ce que je ressentais ; même si ça signifiait te faire me haïr encore plus.
Plus je parle et plus je me rends compte de l'absurdité de mes actions.
– Pourtant, hier, j'ai...
J'entends alors un reniflement. Et, surpris, je relève la tête vers Haeli. Il a les larmes aux yeux. Non, il semble complètement dévasté. La main sur ses lèvres et son nez, il tente de camoufler ses pleurs désespérément, me regardant avec horreur. Je me lève alors et le prends dans mes bras ; une main l'enlaçant et l'autre maintenant sa tête contre ma poitrine.
– Tu... tu es vraiment... larmoie-t-il, détestable...
– Je sais.
Je ne dois pas éprouver de la joie dans ce genre de situation. Néanmoins le sentir blotti contre moi, fais battre follement mon cœur.
– Je ne te demande pas de me pardonner, mais je veux que tu saches que je regrette de t'avoir fais souffrir. Je n'ai jamais voulu m'amuser avec toi ou tout ce que tu peux imaginer d'autres. C'est juste que... tu es la première personne que j'aime de cette façon.
– Arrête... me supplie-t-il.
– J'ai tout essayé pour enfouir mes sentiments mais à chaque fois, ils repartaient de plus belles.
– Sh... Shun... tu es vraiment cruel...
– Je suis désolé.
– C... comment suis-je sensé te détester... si tu me dis... ce genre de chose...? dit-il, en pleurant.
– Tu m'aimes ?
Il secoue sa tête de gauche à droite.
– Tu... tu fais du mal... à tout le monde... je ne peux pas t'aimer.
– Alors dis le moi. Dis moi que tu ne m'aimes pas, droit dans les yeux.
Hoquetant et reniflant, Haeli relève la tête vers moi et s'apprête à répondre quand je le coupe :
– Ne dis rien... finalement.
J'ai trop peur de sa réponse pour le laisser la prononcer. Même si c'est faux, je veux garder l'illusion qu'il m'aime encore et l'entendre m'assurer le contraire ne fera que me détruire encore plus.
– Restons ami... jusqu'à ce que je sois prêt à entendre tes sentiments.
Haeli acquiesçe adorablement, en se mordant la lèvre inférieure.
– Je peux... t'embrasser ?
Il ne répond rien.
Je pose alors ma main sur sa nuque et m'approche de son visage mais, à l'instant où je m'apprête à assouvir mon désir, je m'y résigne et pose un délicat baiser sur sa joue humide avant de le reprendre dans mes bras.
– On est juste ami maintenant. Je ne peux pas faire ce genre de chose, l'informé-je.
Même si tu le nies, ton corps ne le peux pas lui ; blotti contre moi, je sens ton cœur battre en même temps et à la même vitesse que le mien ; tu m'aimes bel et bien et tu le sais. Tu es vraiment un piètre menteur, Song Haeli.
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Fin du chapitre 12
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