Un nouveau jour avait débuté, et je sortis seul de la maison. Cette fois, ce n'était pas moi qui étais débarrassé de ces gamins, mais mon frère. Ça me donnait l'effet d'un échange de rôle. Il pleuvait encore une fois dehors. Je n'avais pas pris mon parapluie, j'appréciais ce temps, les nuages noirs, les gouttes d'eau qui tombaient du ciel et s'abattait sur mon pull qui devenait de plus en plus mouillé. C'était bien la première fois que je profitai du mauvais temps. J'avançais seul dans les petites rues qui menaient au collège. Mais cette fois, c'était bien différent. Je me retrouvais seul, sans mon frère, ni autre personne marchant par ces endroits, tout était vide. Et mine de rien je pouvais entendre circuler les voitures d'où je me trouvais. Après 10 minutes de marche, j'étais enfin arrivé devant le grillage de mon collège, et entrais lentement dans le hall. Je me dirigeais vers mon casier, et l'ouvrais ensuite pour y déposer quelques affaires de mon sac, il était clair qu'en le fermant, il allait se trouver là, accompagnés de toute sa troupe.

- Ton frère n'est pas là aujourd'hui ? Me demanda-t-il, souriant.

- Non. Répondis froidement.

- Quel dommage, on s'amusait tellement avec lui, rit-il.

Sa troupe l'imita. Je fermai mon casier brutalement.

- Crois-moi, tu vas regretter de lui avoir fait ça.

- Ouh, le petit Jeffrey s'énerve ! J'ai tellement peur !

La colère montait en moi comme la lave dans un volcan. Je sus encore me retenir de justesse.

- Dis-moi, que viens faire un handicapé comme toi dans ce collège, Jeff ?

- Tu crois que tu es quoi toi ? Le grand intellectuel ?!

Ils rirent tous. Cependant, la moitié du collège nous regardait déjà, stupéfait.

- Je n'ai pas peur de toi, repris-je.

- Je le sais. Il se pencha vers moi. Mais tu devrais.

Heureusement pour lui que la sonnerie qui annonçait le début du cours retentit. Jamais je ne me suis retrouvé dans un tel état, les poings serrés, prêts à frapper. Et pourtant, cette journée était loin d'être terminée. Après deux heures de cours, alors que je marchais dans les couloirs, je l'aperçus une seconde fois, suivi de son groupe. Ils se dirigeaient droit vers moi. Je ne tentais pas de les esquiver, non, je restais là sur place, fixant le « leader » de la troupe des yeux. C'est là que quelque chose me prit les bras, et les serra fort derrière mon dos pour que je ne puisse pas me défendre. Je savais très bien ce qui m'attendait. Je me débattais de toutes mes forces, ne remarquant pas qu'il se trouvait déjà devant moi.

- Tu es moins débile que je croyais, dit-il.

- Moins que toi.

Il me prit le visage, et me regarda avec un sourire diabolique.

- Fait attention à ce que tu dis.

Il me lâcha.

- Alors, tu comptes me faire quoi ?! Me tuer !?

- Oh non. Je ne suis pas aussi méchant que ça quand-même. Tu es bien le seul qui s'est rebellé contre moi dans ce collège. Il va falloir que tu paies. Comme ton sale petit frère d'ailleurs.

- Ne dis rien sur mon frère sale bâtard !

Il me frappa alors dans le visage. Je senti ma joue brûlée, mais je ne lâchais pas prise. Je le regardais, le sourire aux lèvres, résistant.

- Qu'est-ce que tu disais ?

- Il va bien falloir plus pour me faire souffrir.

Il s'approcha alors brusquement de moi, et me donna un coup dans le ventre cette fois-ci. Je poussai un léger cri de douleur, mais me remettais droit, malgré la douleur. Je ne voulais pas avoir l'air d'un faible.

- Ça ne t'a pas suffi ?

Il me redonna un coup au ventre, encore plus fort. Je me mis sur les genoux avec un gémissement.

- Merde y'a le directeur, vite, on se casse !

Ils coururent tous vers la sortie, pendant que moi je restai dans cet état pitoyable. Je commençai à me sentir faible, la force m'abandonnait peu à peu, puis mes paupières commençaient à se fermer. Suis-je en train de mourir... ? Non ! Ça ne peut pas être possible... !